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"Faire de ce pays, un pays de miel, de lait et de rêves" (Anwar Abu Aisha)

"Faire de ce pays, un pays de miel, de lait et de rêves" (Anwar Abu Aisha)

i24NEWS

 

Un ex-ministre palestinien prône la non-violence et la paix dans "Elie sans interdit" depuis Hébron

Anwar Abu Aisha, ex-ministre palestinien de la Culture, professeur de droit civil mais aussi ancien militant du Fatah qui a renoncé à la violence pour prôner la sagesse, le respect et la paix, était invité sur i24NEWS où il a exposé sa conception d'un futur Etat palestinien tout en dénonçant la "colonisation" comme cause de l'échec des négociations.

Dans un premier temps, il est revenu sur ses années de jeunesse, époque pendant laquelle il avait choisi de s'enrôler dans les rangs du Fatah, le mouvement de "libération de la Palestine" fondé par Yasser Arafat en 1959, afin de lutter contre la présence israélienne. Il a expliqué son engagement par la "violence" vécue durant ses jeunes années.

"C'était au début de l'occupation et c'était une occupation violente qui m'a touché directement. Mon père a été frappé devant moi. L'occupation était violente et choquante en même temps, tandis que je n'avais que 15 ans. J'ai développé alors la mentalité de la vengeance", a raconté Anwar Abu Aisha.

"Je suis maintenant contre toute sorte de violence quelle que soit la source ou la destination, que ce soit un soldat ou un non soldat. A l'époque ce n'était pas comme ça, la résistance était surtout contre les soldats. Maintenant malheureusement, nous avons beaucoup de colons dans les territoires occupés. Mais en tout cas, j'ai compris au bout de plusieurs années que personne n'a d'intérêt dans la violence et que la guerre n'est pas une solution", a-t-il nuancé.

En effet, au début des années 1970, il pensait que la seule solution pour lutter contre "l'occupation" était la résistance armée tandis qu'aujourd'hui il est convaincu que "le seul moyen c'est la résistance non armée, la résistance non violente, la résistance civile parce que nous comptons sur l'opinion publique mondiale et parce qu'il n'y a plus lieu de guerre ou de violence surtout pour des gens qui l'ont vécu comme moi".

Mettre fin à la violence

Il souligne en outre que les pourparlers doivent être directs mais juge que le gouvernement actuel israélien "empêche tout moyen de dialogue", précisant qu'il possède beaucoup plus d'amis israéliens en France qu'en Cisjordanie ou en Israël.

"Tout est fait dans le système aujourd'hui pour qu'il n’y ait pas de dialogue. Le seul dialogue qu'un Palestinien peut avoir ici dans cette rue par exemple est avec le soldat ou avec le colon", a-t-il continué saluant cependant "tous les Israéliens qui veulent le dialogue".

Selon les propos d'Anwar Abu Aisha, il semblerait que la violence palestinienne relèverait d'une autre époque mais interrogé sur les appels aux soulèvements et parfois même à une nouvelle Intifada, il se justifie affirmant que "tous ces colons autour de nous, c'est un élément pour attiser toutes sortes de violences verbales et matérielles".

"Ce qui est dommage pour les deux peuples", ajoute-t-il, avant toutefois de conclure sur ce sujet que "les obstacles à la paix sont les colons et le gouvernement israélien".

Par ailleurs, il a tenu a précisé que l'OLP a une ligne politique officielle et a rappelé que le Hamas "ce n'est pas l'OLP" et que l'une des conditions pour que l'actuel processus de réconciliation entre les deux factions puisse avoir lieu, est précisément que le Hamas adopte aussi le programme politique de l'OLP, à savoir un programme non-violent qui implique des négociations avec le gouvernement israélien.

"C'est très envisageable que le Hamas accepte (ces conditions) car si on regarde l'histoire de l'organisation du Fatah, nous avons presque pris le même chemin. Au début, on parlait de résistance armée, et ensuite on a cessé", a-t-il fait remarquer. Pour lui, le Hamas au pouvoir n'est qu'un "passage" et que la situation est en train de "se refaire", tout en soulignant l'importance de chercher à convaincre l'organisation que la voie de l'OLP est "a bonne voie", celle de la paix.

"Soutenir toutes les familles pauvres"

En revanche, Anwar Abu Aisha a exprimé une certaine confusion quand le sujet du "fonds des martyrs" - destiné à aider financièrement les familles des terroristes morts lors d’un attentat ou détenus dans des prisons israéliennes - a été soulevé.

"Le fonds ne sert pas à payer ceux qui sont allés commettre des actes de violence", s'est-il défendu. "On paye les familles, on subventionne ces familles que ce soit celle d'un martyr, d'un prisonnier ou quelqu'un qui est absent, c'est une aide sociale qui existe depuis les années 1960", a-t-il dit.

Et d'insister: "J'ai le devoir de soutenir toutes les familles pauvres".

D'autre part, il a indiqué qu'un vrai travail - impliquant à la fois l'Education et la Culture- ne pourra être fait que lorsque les Palestiniens et leur Autorité ne subiront plus la pression de "l'occupation israélienne". "Moins il y a d'occupation, moins il y a d'interdictions de liberté et plus je peux travailler sur des projets d'éducation à la paix", a affirmé l'ex-ministre palestinien.

"Je suis un des plus grands défenseurs des accords d’Oslo, et à ce moment j'ai cru que le train de la paix était parti et que rien n'allait l'arrêter. Or, qu'est ce qui a arrêté les accords d'Oslo? Ce sont les colons et c'est la colonisation", selon lui.

Et il donne un exemple "en 1967, ici à Hébron, il y avait 50.000 habitants, et on avait 5 terrains de football. Aujourd'hui on est 250.000 habitants et je n'ai à Hébron qu'un seul terrain de football à cause des colons qui ont occupé l'espace, qui ont occupé la station de bus où travaillait mon père, qui m'ont interdit de passer dans certaines rues. Quand on parle de colonisation, on parle de la disparition d'espace pour les palestiniens", s'est-il insurgé.

Cet ancien militant du Fatah a ainsi conclu l'interview en se définissant lui-même comme un optimiste et en expliquant comment il rêve la relation entre les Israéliens et les Palestiniens.

"Jusqu'à l’année 1974, notre rêve était de faire un Etat palestinien laïc et démocratique pour tous les gens qui vivaient dans la Palestine historique, qu'ils soient chrétiens, juifs ou musulmans avec des égalités de droit. Je garde ce rêve", a-t-il confié.

"Malheureusement la communauté internationale et l'Etat d’Israël ne veulent pas entendre parler d'un seul Etat. Je crois que depuis (1974), nous avons accepté, en accord avec le droit international, qu'il y ait un Etat palestinien à côté de l'Etat d’Israël dans les territoires occupés après 1967. Et moi mon rêve c'est qu'on arrive à cet Etat", a continué Anwar Abu Aisha.

Et de conclure: "Je rêve qu'il y ait après deux ou trois générations, une coexistence totale comme entre deux pays européens. Je crois que c'est ce choix qui pourra faire de ce pays, un pays de miel, de lait et de rêves".

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