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L’analyse de l’attaque de l’Aéroport de Damas

L’analyse de l’attaque de l’Aéroport de Damas (info # 012704/17)[Analyse]

Par Stéphane Juffa © MetulaNewsAgency

 

La nuit dernière, à 3h25 locales, cinq missiles ont frappé un site de déchargement et de stockage au sud-ouest de l’Aéroport International de Damas, causant des explosions entendues dans tous les quartiers de la capitale syrienne, suivies d’importants incendies. Les media de Bashar al Assad ainsi que la presse arabe ont confirmé les faits. Le chef de la Ména libanaise, Michaël Béhé, s’est entretenu par téléphone avec des témoins oculaires directs de l’attaque.

 

Cette opération fait suite à l’arrivée, plus tôt dans la nuit, de plusieurs avions cargos iraniens qui apportaient du matériel de guerre avancé à destination des miliciens du Hezbollah libanais. Il s’agit de deux Boeing 747, de deux Ilyushin IL-76, ainsi que d’un Airbus A300 de la compagnie perse Mahan Air. Toute personne possédant un ordinateur et branché sur l’un des sites publics de suivi du trafic aérien tel que Flightradar24 aurait pu suivre l’évolution de ces appareils en temps réel (voir la photo ci-dessous).

 

Pour Tsahal, il était impératif de détruire l’ensemble de ce matériel alors qu’il se trouvait encore rassemblé en un endroit unique, faute de quoi, il se serait éparpillé sur les routes en direction du Liban, rendant sa destruction aléatoire.

 

On ne possède aucune information confirmée quant au mode opératoire utilisé par les Israéliens. Notre hypothèse est que des chasseurs-bombardiers à l’Etoile de David ont tiré les missiles à partir du territoire israélien, sans avoir à pénétrer l’espace aérien syrien.

 

La sophistication atteinte par ces engins de conception israélienne, et surtout leur précision (moins d’un mètre de la cible visée) sont telles, que pour des attaques dans un rayon d’action similaire à celui de ce matin, il est inutile de risquer la vie des pilotes et l’intégrité de leurs machines. De même qu’il n’est pas nécessaire de croiser des appareils divers et variés qui pullulent dans le ciel syrien.

 

L’avantage de posséder de telles armes donne aux Hébreux la possibilité d’intervenir différemment des Russes et des Américains dans ce théâtre d’opérations ; alors que les Russes sont contraints d’envoyer des dizaines d’avions noyer littéralement leurs objectifs sous leurs bombes afin de s’assurer de leur oblitération, tout en causant d’énormes dégâts collatéraux, et que les Américains envoient des dizaines de missiles de croisière plus ou moins précis pour atteindre un résultat semblable, il suffit aux Israéliens de larguer cinq missiles, touchant chacun sa cible, pour parvenir à un résultat militairement parfait, tout en réduisant au minimum les destructions collatérales.

 

Reste que selon nos sources, une quinzaine de miliciens du Hezbollah, dont un officier supérieur, et plusieurs Gardiens de la Révolution khomeyniste ont perdu la vie lors de l’attaque de cette nuit. Il y aurait en outre également quelques dizaines de blessés. La raison de ces pertes est à chercher dans le fait que la zone de déchargement frappée est gérée de manière quasi-autonome par la milice chiite et ses mentors iraniens. Ce sous-complexe abrite des entrepôts, des hangars pour avions ainsi qu’une petite zone industrielle.

 

Depuis hier matin, et jusqu’au moment où nous publions cette analyse, l’activité du Khe’l Avir (l’Aviation militaire israélienne) est incessante sur la rédaction de Metula ainsi que sur le plateau du Golan. De plus, durant toute la nuit, un grand exercice militaire s’est déroulé sur le Golan, à proximité immédiate de la frontière syrienne. La région n’a cessé d’être secouée par des tirs d’artillerie à munitions réelles et de nombreux habitants de la région, inquiets, ont appelé la rédaction pour savoir ce qu’il se passait.

 

La tenue de manœuvres de ce genre est tactiquement intéressante lorsqu’elles se déroulent parallèlement à une opération offensive en territoire ennemi, car elle permet de déployer tout le matériel et les hommes nécessaires en cas de tentative de riposte de l’adversaire.

 

On rappelle à ce propos que le dictateur syrien Bashar al Assad avait promis, il y a deux semaines et demi de cela, juste après le raid précédent qui avait détruit un arrivage d’une centaine de missiles selon des sources militaires, que les règles d’engagement avaient changé et qu’il répliquerait à toute nouvelle attaque par un tir nourri de missiles Scud sur l’Etat hébreu. Il y a deux semaines et demi, son armée avait d’ailleurs tiré un missile de haute altitude qui avait été intercepté par un Khetz (Arrow, Flèche) alors qu’il survolait la Jordanie. Les débris s’étaient écrasés sur le territoire de la monarchie hachémite.

 

Ce jeudi matin, sur les réseaux sociaux, des officiers syriens assurent à leur tour qu’ "il y aurait une riposte à l’opération de ce matin et qu’elle ne tarderait pas à venir". Damas a toutefois été prévenu par des canaux diplomatiques qu’en cas de tentative d’attaque de sa part, non seulement les fusées de la dictature alaouite seraient interceptées, mais aussi que leurs bases de lancement et les stocks de ces armes seraient anéanties, en plus de frappes contre des objectifs militaires stratégiques et même des lieux de résidence du dictateur et de son entourage.

 

A Metula, on doute fort du sérieux des menaces d’al Assad, tant le rapport de force entre Damas et Jérusalem est déséquilibré, et tant cela participerait, pour la dictature alaouite, d’un calcul suicidaire que d’attirer Tsahal dans l’équation de la Guerre Civile syrienne.

 

Tout au plus on envisage ici que l’Armée gouvernementale et ses porte-flingues iraniens et libanais pourraient générer un incident symbolique sur le Golan, avec le risque inhérent, là aussi, de payer un prix très lourd pour une bravade de cette sorte.

 

Il est intéressant de noter que pendant le raid, le ministre israélien de la Défense, M. Avigdor Lieberman, se trouvait à Moscou pour y participer à une conférence sur la sécurité. Hier, il avait rencontré son homologue Sergei Shoigu ainsi que le ministre des Affaires Etrangères Sergei Lavrov.

 

Ils ont parlé du renforcement des mesures de coordination des vols sur la Syrie et M. Lieberman a insisté auprès de ses hôtes sur les préoccupations israéliennes face aux activités iraniennes en Syrie et sur l’usage fait par les Perses de ce territoire pour transférer en contrebande des armes au Hezbollah au Liban.

 

Lieberman a en outre averti ses interlocuteurs qu’Israël ne permettrait pas que les forces iraniennes et le Hezbollah se déploient sur le Golan.

 

Nous sommes convaincus qu’Avigdor Lieberman a informé les Russes du raid de cette nuit, même si ce fut uniquement quelques instants avant qu’il ne se produise, afin d’éviter une crise diplomatique. Nous envisageons également que l’Iran ait pu choisir la date de la présence du ministre israélien à Moscou pour tenter son pont aérien, dans l’espoir que Jérusalem s’abstiendrait de frapper durant cette visite. Nous rappelons que la Russie a déployé une vingtaine de Mig sur l’Aéroport de Damas, quoique sur un parking relativement éloigné du pôle d’activités irano-Hezbollah.

 

Nous observons aussi un durcissement du Kremlin à l’encontre du régime de Bashar al Assad ces dernières semaines. Non seulement les responsables russes ont déclaré qu’ils allaient considérablement réduire leur présence sur le sol syrien, mais aussi, des observateurs ont pu noter que ces déclarations ont été suivies de retraits effectifs d’avions et de troupes.

 

On sait que M. Poutine est excédé par les excès et le cavalier seul de Bashar al Assad, qui fréquemment ne tient pas compte des "conseils" prodigués par les Russes, qui essaie de les impliquer militairement dans des activités qui ne les intéressent pas, ou encore, qui leur prête des intentions qui ne sont pas les leurs et des propos qu’ils n’ont pas tenus.

 

Si le porte-parole de Tsahal s’est refusé à confirmer ou à infirmer l’implication d’Israël dans l’opération de cette nuit, le ministre du Renseignement, M. Yisraël Katz, a affirmé sur les ondes de la radio de l’Armée, Gaaleï Tsahal, que l’ "attaque en Syrie concordait parfaitement avec notre politique consistant à empêcher le transfert d’armes au Hezbollah". M. Katz s’est toutefois refusé à confirmer si c’était Israël qui l’avait conduite.

 

Ecouter le commentaire radiophonique de Stéphane Juffa, regarder une vidéo de l’attaque.  

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