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Maroc : La filière de l'argan mise en danger par la biochimie ?

Maroc : La filière de l'argan mise en danger par la biochimie ?

 

 

L’huile d’argan naturelle pourrait être menacée par la biochimie. En effet, l’équipe R&D biochimie des laboratoires Pierre Fabre a mis au point une technique inédite pour cultiver des cellules végétales destinées à l’application cosmétique. Si le laboratoire, qui compte commercialiser son nouveau produit dès octobre, parle de sauvegarder les arganiers, la mise au point de l’argan biochimique pourrait rapporter un gain économique non négligeable à l’entreprise française.

Et si l’huile d’argan naturelle était menacée par la biochimie ? En effet, l’équipe de Recherche & Développement biochimie des laboratoires Pierre Fabre a mis au point une toute nouvelle technique pour cultiver des cellules végétales d’argan, qui seront ensuite destinées à l’application cosmétique.

Cette nouvelle technique, indique le laboratoire, permettra d’« éviter de détruire des plantes par milliers » et « se passer de solvants liés à l'extraction chimique ». Son procédé : à partir d’une feuille d’arganier, l’équipe recrée, dans la première étape, des cellules en quantité industrielle. Une technique qui permet ensuite de disposer de toutes les propriétés de l’argan nécessaires à l’élaboration de produits cosmétiques. Pour la deuxième étape de la production biochimique de l’huile d’argan, les labos Pierre Fabre vont faire multiplier les cellules dans un bioréacteur pendant deux semaines en moyenne, avant de les transférer plus tard dans un plus grand volume.

Un procédé beaucoup moins coûteux

Pourtant, une question s’impose : si le laboratoire, qui a déposé le brevet depuis le 30 mars 2011, parle de sauvegarder les arganiers de la « surexploitation », la raison de ce procédé biochimique pourrait bien être plutôt d’ordre économique. Les questions écologiques qui poussent l’équipe à opter pour cette production biochimique soulèvent quelques interrogations. En effet, fabriquer de l'huile à partir de cellules recréées coûtera sûrement beaucoup moins cher et surtout avec de meilleurs rendements. Le laboratoire pourrait donc produire des quantités beaucoup plus importantes de produits cosmétiques à base d’argan biochimique. Ce qui constituera certainement une grande menace pour l’argan marocain, d’autant plus que plus de 3 millions de personnes vivent de façon directe ou indirecte des retombées de cet arbre.

Mais même s’il semble difficile de barrer la route à l’argan biochimique, il est toujours possible de protéger l’arbre marocain. Pour la Fondation Mohammed VI pour la recherche et la sauvegarde de l’argan (dont Pierre Fabre est président d'honneur), la sauvegarde de l’argan marocain passe par une loi. Justement, une loi qui permettra au royaume de protéger sa biodiversité est en cours, mais elle n’est toujours pas finalisée, explique la directrice de la Fondation, Katim Alaoui. Une fois qu’elle sera mise au point, « elle nous permettra de protéger notre vivant ».

Le Maroc s’est en tout cas déjà engagé dans la protection de l’argan. En effet, depuis 2009, l’argan est devenu la première indication géographique protégée (IGP) marocaine et africaine.

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