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Trump : J’ai fait un rêve !

Trump : J’ai fait un rêve ! (info # 012404/17)[Analyse]

Par Ilan Tsadik © MetulaNewsAgency

 

Avec Sami El Soudi

 

Donald Trump, sa charmante épouse – quelle classe, quelle indépendance et quel maintien ! - ainsi que les quelques mille personnes qui les accompagnaient, journalistes, agents de sécurité, techniciens, diplomates, pilotes, médecins et conseillers ont maintenant quitté Israël pour Rome depuis près de vingt-quatre heures. Ils ont embarqué dans trois Jumbo-jets présidentiels, suivis de la doublure du Air Force One, le 747 du président, qui suit tous ses déplacements aériens, au cas où le premier appareil tomberait en panne. C’est comme un petit pays, ou un immense cirque itinérant, qui se déplace d’étape en étape du périple du pensionnaire de la Maison Blanche.

 

Encore sont-ils partout devancés de plusieurs jours par des gros porteurs Galaxy, qui déversent sur place les préposés à la sécurité présidentielle, des contrôleurs aériens, qui sont présents dans toutes les tours des aéroports visités, et des tonnes de matériel, y compris le Marine One, l’hélico dans lequel le président effectue tous ses vols, aux USA comme à l’étranger. De même que cinq autres gros "choppers", dans lesquels prennent place ses suiveurs les plus importants. Les autres parcourant les trajets en voiture.

 

Cela donne au spectateur ainsi qu’aux hôtes officiels et aux dignitaires des pays visités une impression de puissance, d’abondance et d’organisation qui ne manque jamais de frapper les esprits.

 

La visite en Israël a été un franc succès, tout le monde est content : la droite israélienne et les Edennistes, parce qu’à aucun moment Trump n’a évoqué d’Etat palestinien, et n’a pas semblé appliquer une pression insupportable sur Binyamin Netanyahu. Et tous les autres, parce qu’il a été très clair quant à ses objectifs dans notre région, et parce qu’avant même son arrivée, il avait exigé et obtenu diverses mesures d’ouverture en direction des Palestiniens, ce qui avait, deux jours avant son arrivée, occasionné de vives tensions entre les faucons et les vraies mouettes (il n’y a pas de colombes dans ce cabinet) du gouvernement israélien.

 

Durant l’interminable cérémonie d’accueil à l’aéroport Ben Gourion près de Tel-Aviv, où le couple présidentiel eut à serrer des dizaines de mains, Naftali Bennett, le ministre de l’Education et de la Diaspora, chef du très à droite et très edenniste parti du Foyer juif, a profité de se trouver nez-à-nez avec le président U.S pour lui parler politique. Craignant, à juste de titre, de ne pas avoir l’occasion de le faire plus tard dans le cours de la visite, Bennett a brièvement entretenu celui qui venait de descendre d’avion de la nécessité de transférer son ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem, et de celle de ne pas participer à la création d’un Etat palestinien et de ne pas diviser notre capitale.

 

Donald Trump l’a écouté poliment mais sans lui prêter une grande attention. Au contraire de Bougie Herzog, le leader travailliste de l’opposition, avec lequel le président a échangé plusieurs minutes durant. J’étais trop loin pour entendre ce qu’ils se sont dits, mais un voisin d’Herzog dans la file des serreurs de mains a eu l’obligeance de me rapporter leurs propos. L’homme le plus puissant de la planète à la crinière blonde a dit à l’Israélien qu’il allait se passer de grandes choses et que Netanyahu allait avoir besoin de son soutien ; le travailliste a assuré M. Trump qu’il pouvait compter sur lui et que l’opposition soutiendrait le gouvernement s’il décidait d’avancer en direction de la paix.

 

Ce fut presque l’essentiel des propos politiques pendant toute cette visite. Le Président, qui venait d’effectuer le prier vol officiel direct d’Arabie Saoudite en Israël, gardera jalousement tout le reste de ses discussions pour le seul Binyamin Netanyahu et entre quatre yeux. Tout ce qu’il y avait d’important s’est déroulé lundi soir dans un lieu tenu secret – le dîner prévu a été annulé -, les deux couples se retrouvant loin des milliers d’yeux indiscrets des caméras.

 

Ce mercredi matin, aucun des ministres israéliens n’avait été mis au parfum du contenu de ces entretiens. Certains, comme le ministre de la Défense, Avigdor Lieberman, et celui des Infrastructures Nationales, de l’Eau et de l’Energie, responsable de la Commission Israélienne de l’Energie Atomique et membre du cabinet sécuritaire restreint, Youval Steinitz, s’inquiétaient ouvertement des répercussions de la méga-vente d’armement à l’Arabie Saoudite. Celle-ci va simplement doubler son potentiel militaire, et personne ne sait ce qu’il adviendra de ce régime fragile dans cinq ou dix ans. Ces ministres se demandent comment sera appliqué l’engagement américain à maintenir la supériorité conventionnelle et technologique de l’Etat hébreu sur tous ses voisins réunis, et seul, pour le moment, Binyamin Netanyahu connaît la réponse à leur préoccupation.

 

Sinon, les déclarations des deux leaders n’ont été presque que symboliques et pré-écrites durant les deux jours qu’a duré la visite. Trump est allé s’entretenir avec le Président de l’Etat, Ruvi Rivlin, comme le veut le protocole, quoiqu’en Israël, le président n’a aucun pouvoir décisionnel, à l’instar de la reine d’Angleterre. Il est ensuite allé se recueillir devant le Mur des Lamentations, où sa fille, Ivanka, convertie au judaïsme orthodoxe, a éclaté en sanglots sous le coup de l’émotion. Il s’est rendu à l’église du Saint Sépulcre, ainsi qu’au musée du génocide nazi de Yad Vashém (la main et le nom).

 

Entre-temps, il avait fait le déplacement de Bethléem pour y rencontrer le président de l’Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas. La ville était pavoisée pour l’occasion d’immenses affiches qui souhaitaient la bienvenue "de la ville de la paix à un homme de paix". L’entretient a été aussi discret que du côté israélien. Sami El Soudi, qui suivait la visite pour la Ména, a rapporté que tout s’était passé comme prévu, sauf que Trump, à la fin du rendez-vous, n’a pu s’empêcher de lâcher quelque chose du genre : "Ce n’est pas dans cette atmosphère de violence, de terrorisme et d’antagonisme qu’il est possible de faire la paix".

 

Ce qui n’a pas empêché le président U.S, quelques heures plus tard, à l’occasion du discours principal de son séjour, au Musée d’Israël à Jérusalem, d’affirmer qu’aussi bien Binyamin Netanyahu que Mahmoud Abbas étaient prêts à faire la paix et désireux d’y parvenir. Ce que n’a pas démenti le Premier ministre israélien, tout en relevant que si l’attentat de Manchester avait été perpétré contre des Israéliens par des terroristes palestiniens, les familles des terroristes toucheraient une rente à vie de la part de l’Autorité Palestinienne, ce qui est parfaitement exact, cela, c’est moi qui l’ajoute. C’est probablement ce genre de constatation qui avait engendré la remarque de Trump à Bethléem.

 

Le discours du musée fut surtout teinté du sceau de l’émotion et de l’amitié retrouvée, après deux mandats de relations tendues avec Barack Obama. La foule a ovationné Donald Trump debout, après qu’il ait affirmé : "C’en est fini des appels des dirigeants iraniens à anéantir Israël ; maintenant, Donald J. Trump est là !". Entendant ces paroles, Netanyahu a levé le poing en signe d’adhésion et, sous un tonnerre d’applaudissements, le président yankee a répondu : "Moi aussi je vous aime !". Pour ne rien laisser dans le flou à ce propos, il a encore précisé que jamais il ne laisserait l’Iran parvenir à la bombe atomique. Après sa visite à Riyad, où il a également rencontré l’essentiel des dirigeants arabes, on le croit sur ce sujet, qui constitue une victoire à retardement pour Netanyahu, qui avait livré bataille aux Etats-Unis contre l’accord sur le nucléaire iranien, adoptant une position frontale face à Barack Obama qui fut son plus fervent promoteur.

 

Désormais, cet accord a du plomb dans l’aile, de même que le projet des ayatollahs d’établir une ceinture chiite reliant Beyrouth, Damas, Bagdad et Téhéran. La détermination américaine est d’autant plus crédible que, la semaine dernière, l’Aviation U.S a détruit un convoi progouvernemental syrien, principalement constitué de soldats iraniens, qui tentaient de s’emparer du poste frontière d’al Tanf, avec l’Irak, près des trois frontières – Irak – Jordanie – Syrie -. De nombreux militaires iraniens et pro-régime ont trouvé la mort lors de ce raid. Le premier visant al Assad et ses alliés depuis l’attaque au missile contre la base aérienne de Sharyat, d’où était partie l’attaque au gaz contre des hôpitaux tenus par la rébellion.

 

Le traitement du problème posé par les Khomeynistes paraît non seulement en bonne voie d’assainissement, mais il constitue également le ciment de l’alliance officieuse entre l’Etat hébreu et ses voisins sunnites. Une alliance que Donald Trump s’efforce désormais d’institutionnaliser. Au Musée d’Israël, il a fait l’éloge de la perspicacité du Roi Salmane d’Arabie et de sa volonté de parvenir à ce but. Pour les sunnites et pour Israël, c’est leur préoccupation stratégique numéro un qui est enfin prise en compte par la première puissance militaire du globe.

 

Le reste de l’intervention du président étasunien fut consacré à la nécessité d’utiliser l’occasion du rapprochement avec les sunnites afin de régler une fois pour toutes le problème palestinien.

 

Et c’est tout ! En plus, certes, de mots forts employés pour mettre en valeur le caractère unique et indestructible des relations liant Israël aux Etats-Unis, et de l’affirmation par le président du caractère juif d’Israël et de Jérusalem. Ce qui, intervenant après les votes et les abstentions à l’UNESCO allant dans le sens inverse, a fait le plus grand bien aux oreilles israéliennes.

 

Ca c’est pour les oreilles, quant aux mauvaises langues, on les entendait murmurer que le but de ce voyage au Moyen Orient était uniquement de signer les énormes contrats d’armement – 130 milliards de dollars et ce n’est qu’un début – à Riyad, et que le reste n’est que roupie de sansonnet. Les mêmes mauvaises langues évoquent des vacances touristiques en Israël, soulignant que ce séjour de 48 heures n’a été ponctué d’aucun projet tangible.

 

Notre avis et celui de nombre d’observateurs israéliens diverge. Tout est dans le non-dit, ou plutôt, le non-déclaré publiquement. D’abord, parce qu’après cette visite, les liens entre Israël et ses voisins, énumérés par mon père dans ces colonnes la semaine dernière, ne peuvent qu’aller s’amplifiant après la bénédiction appuyée du pensionnaire de la Maison Blanche.

 

Ensuite, parce que si le contenu des entretiens entre Donald et Bibi n’a pas été divulgué, c’est pour retarder une crise gouvernementale en Israël, la droite de la coalition n’étant pas prête ne serait-ce qu’à entendre parler de négociations avec Abbas. Les choses seront rendues publiques lorsqu’il y aura du concret, du défendable.

 

Jusqu’alors, d’autres mesures vont être prises par le gouvernement hébreu, dans les sens d’un rapprochement prudent avec Abbas. Ce qui ne manquera pas déjà de faire sursauter Bennett et ses amis.

 

Dans le même temps, ce sont les Saoudiens, les Egyptiens et les Jordaniens qui seront chargés par Trump de continuer d’assouplir les positions des Palestiniens afin de les mettre en phase avec le projet américano-saoudien. Celui-ci comprendra la création d’un Etat palestinien démilitarisé, avec un droit d’intervention israélien qui durera jusqu’à la disparition totale du terrorisme, avec Tsahal qui gardera le contrôle du Jourdain, et des ajustements de frontière permettant d’inclure en Israël les trois blocs d’implantations principaux. Plus question de rendre le Golan aux Syriens, ni d’accueillir les descendants des réfugiés palestiniens de 48, à part en petit nombre, pour la réunion des familles, dans un geste de bonne volonté.

 

On se demandait si Netanyahu accepterait ces propositions, et c’est un scoop, globalement, pour peu que les choses aillent strictement dans ce sens et que Washington renforce les capacités militaires israéliennes et ses projets technologiques, le Premier ministre est d’accord. Et que personne ne nous demande nos sources, c’est du super-confidentiel.

 

Les négociations vont se poursuivre dans la plus grande discrétion mais à un rythme soutenu. Pour parvenir à un accord, il faut, et c’est Sami El Soudi le premier qui en avait parlé il y a plusieurs années, réduire les ambitions des barons de l’Autorité Palestinienne, en leur enlevant l’idée qu’ils pourront négocier sur pied d’égalité avec l’Etat d’Israël, ce que certains dirigeants occidentaux leur ont mis en tête sans leur rendre service.

 

L’incursion de Trump à Bethléem s’inscrivait parfaitement dans ce dessein : elle fut courte et limitée dans le temps et la portée. Avec la fanfare de Grospierrot-sur-Paulette qui interprète probablement mieux l’hymne américain que celle d’Abbas.

 

C’est avec Salmane et Sissi que l’on va discuter des détails, pas à Bethléem. Et Abbas ne se mettra pas au milieu du chemin sur lequel passera le convoi, il l’a déjà compris et cela ne le dérange pas. Il lui est en effet plus facile d’attribuer les concessions aux deux ou trois grands frères arabes qu’à ses propres décisions. La populace, la tête gonflée par les promesses du Hamas, du Qatar, des Turcs et de certains Premiers ministres européens aurait accusé Abbas d’être de mèche avec les Israéliens ; une accusation qu’ils peuvent difficilement adresser au roi d’Arabie Saoudite.

 

A la fin, mais uniquement lorsque 99% des sujets auront été solutionnés, comme il est de mise dans une démarche diplomatique bien sentie, on organisera une conférence internationale, à laquelle tout le monde sera invité, pour "discuter" d’une paix globale entre Israël et le monde arabe.

 

La proposition sera soumise au vote des populations concernées, et l’on fera en sorte qu’elles n’aient pas de raison de la rejeter, à grands coups de pub et de mobilisation des décideurs.

 

C’est en tout cas le scénario qu’ont écrit ensemble le roi d’Arabie Saoudite, le Maréchal Sissi, Binyamin Netanyahu et le Président Trump. En principe, cela tient l’eau, et cela apporterait un changement politique fondamental aux niveaux régional et mondial. Maaais… nous sommes au Moyen Orient, et peu de choses s’y déroulent comme elles ont été initialement prévues.

 

Le meilleur gage de succès consisterait en ce que le degré de coopération entre sunnites et Hébreux, hors accord, poursuive son développement afin que l’accord formel ne soit que la concrétisation officielle de la réalité. Je ne doute pas qu’on en a aussi beaucoup parlé à Riyad et à Jérusalem. Maintenant, on ne va pas tarder à voir par quoi cela se traduit sur le terrain. Ici, sur notre rocher qui, cette année, refuse obstinément de rentrer dans l’été, nous sommes d’avis que l’on parlera encore longtemps de cette visite touristique de la famille Trump.  

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