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Maroc : Les arganiers en danger

 

 

L’arganier, l’arbre dont est extraite la fameuse huile aux mille vertus est menacé. Une étude menée par des chercheurs américains point du doigt les techniques de cueillettes des fruits dans les régions du sud-ouest marocain, ainsi que les dégâts causés par les animaux sur les arbres. Les professionnels du secteur ainsi que l’Etat réfléchissent à des solutions pour lutter contre la dégradation de cette richesse du royaume.

 

C’est une étude menée par des chercheurs américains, publiée, cette semaine, dans Proceedings of the National Academy of Sciences, qui vient, encore une fois, tirer la sonnette d’alarme : l’arganeraie marocaine est menacée d’une très forte dégradation. L’équipe dirigée par Travis Lybbert, professeur agrégé du département d'Economie agricole et des Ressources à l'Université de Californie-Davis, met en évidence la surexploitation de l’arganier, due notamment à la forte demande mondiale d'huile d'argan. Celle-ci améliore la situation économique des populations du sud-ouest marocain, où pousse cet arbre, mais elle est loin d'être un bienfait pour l’arganeraie du royaume.

« Notre recherche démontre que le boom qu’a connue l’huile d’argan semble avoir bénéficié aux habitants et amélioré les possibilités d’éducation, surtout pour les filles. Toutefois, il n’a pas du tout amélioré l’état des forêts, il a plutôt conduit à leur dégradation », a déclaré le professeur Travis Lybbert. L’huile d’argan, extraite du fruit de l’arganier, est actuellement l’une des huiles les plus chères au monde, en raison de ses nombreuses vertus alimentaires et thérapeutiques et de sa rareté : l'arganier est endémique du Maroc. La demande, internationale surtout, a connu une croissance extraordinaire vers la fin des années 1990. Cette huile marocaine est notamment exportée vers l’Allemagne, la France, le Japon, le Canada et les Etats-Unis.

En cause : la cueillette, les chèvres et les dromadaires

Les chercheurs américains pointent du doigt les techniques de cueillette par les populations locales, des fruits de l’arganier. Elles deviennent de plus en plus agressives, constatent-ils, et menacent la régénération des arbres. Autre cause de la dégradation de l’arganeraie, ajoutent les chercheurs, les chèvres de ces populations sont très friandes des fruits de l’arganier : elles grimpent aux arbres et les endommagent.

Mohamed Ourais, président de l’Association Marocaine de l’Indication Géographique d’Huile d’Argan (AMIGHA) identifie de son côté d’autres menaces : la sécheresse, l’extension des zones industrielles, mais surtout les pertes dues aux passages des troupeaux de dromadaires. Comparés au « surpâturage dû à l’invasion des dromadaires, les dégâts causés par les chèvres, mentionnés par les chercheurs américains, sont de moindre importance », constate-t-il. Les dromadaires mangent les feuilles des aragniers. « Ce pâturage s’effectue durant la période de production et entraine des pertes massives », ajoute le président de l’AMIGHA. Environ 400 000 dromadaires, conduits par des bédouins, viennent chercher du fourrage dans ces régions, entrainant même des accrochages avec les populations, très affectées par ces passages.

Cadre réglementaire

C’est à niveau là que les efforts doivent être concentrés, selon Mohamed Ourais car « le surpâturage pousse les gens à cueillir les fruits de l’arganier au lieu de les ramasser au sol une fois mûrs, comme cela se faisait dans le passé. » « Un recadrage réglementaire pour le passage des troupeaux », s’avère nécessaire selon l’AMIGHA.

A l’horizon 2020, l’Etat compte recouvrir d’arganiers quelque 200 000 hectares de forêts, à raison de 20 000 ha par an. Chaque année, l’arganeraie perd 600 ha, soit 15 000 arbres en moyenne. Autre solution envisagée par les professionnels pour lutter contre la dégradation de l’arganeraie : l’instauration d’une certification qui ne serait accordée qu’à l’huile issue des fruits de l’arganier ramassés. Aucune huile extraite de fruits cueillis ne pourrait prétendre à cette certification.

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