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ESSAOUIRA RÉHABILITE SES CIMETIÈRES

 

DES CENTAINES DE TOMBES LIBÉRÉES DES HERBES ET DU SABLE

 

         

Qu’ils soient musulman, juif ou chrétien, les cimetières d’Essaouira ont été, pendant un an, le centre des attentions de la Fondation du Haut-Atlas. Le programme de leur préservation et entretien a débuté en septembre et mobilisé de nombreux acteurs soucieux de mettre au jour ce précieux héritage multiculturel. Les habitants de la ville, et particulièrement les jeunes, ont été invités à participer aux travaux de défrichement, nettoyage des tombes et des espaces entre les tombes et plantation d’arbres et de haies tout autour des cimetières. Une manière détournée d’apprendre aux jeunes générations à préserver les héritages du passé, et à respecter l’autre dans sa différence, notamment sa différence religieuse. Car Essaouira est depuis toujours une ville où ont cohabité des personnes de différentes confessions et origines. Il existe deux cimetières juifs dans la cité portuaire tant cette population était nombreuse, égale et parfois supérieure à celle des musulmans, depuis la création d’Essaouira en 1764, jusqu’au départ des juifs dans les années 60. Ce travail de rénovation a également été l’occasion de déchiffrer les poèmes inscrits sur les tombes du “nouveau” cimetière juif et d’établir la liste de ceux qui reposent ici depuis des décennies. Ces poèmes d’une grande richesse font l’éloge des défunts de la communauté, comme des rabbins influents ou parfois des femmes auxquelles les maris rendaient hommage. Tous ces écrits sont en hébreu et reprennent la pensée d’éminents poètes, des passages de versets, pour finir par le nom, les titres, la généalogie et la date du décès du défunt. “Quel est l’homme qui plaît à Dieu? Celui qui plaît aux humains”. Ces épitaphes sont pour Asher Knafo, initiateur de ces recherches, poète et écrivain, passionné par l’histoire des juifs marocains, destinées au jugement dernier. Comme une sorte de résumé de la vie du défunt. Il s’agissait pour la Fondation du Haut-Atlas d’inscrire ce projet dans la durée. Dans ce but, les gardiens des cimetières ont été formés à un entretien performant des tombes, avec des méthodes non-corrosives, les bonnes pratiques pour leur préservation, et l’entretien des plantations.
Les visiteurs de ces cimetières retrouvent aujourd’hui des lieux dignes de ceux qui y reposent et de leur histoire. En ce début du mois d’octobre, l’ensemble du programme a été présenté aux médias et aux partenaires, en présence du consul général des Etats-Unis à Casablanca, Brian Shukan. L’occasion de parler de leurs actions, comme l’organisation de conférences ou la visite des cimetières par des élèves et étudiants de la ville pour le relais du passé aux jeunes générations. Et toujours dans cet esprit de préserver le patrimoine multiculturel de la cité, la Fondation a ouvert un album virtuel sur les monuments et scènes de la vie quotidienne d’hier et d’aujourd’hui, pour donner envie aux visiteurs de découvrir ou redécouvrir ces cimetières envahis par les traces du temps. Un programme lancé comme un symbole, dans une ville qui représente l’intégration naturelle et pacifique de la diversité des hommes.

Financement

L’ambassade des Etats-Unis à Rabat lance chaque année des appels à participation dans le cadre du Fonds des ambassadeurs pour la préservation culturelle, initié par le Congrés américain en 2001. Il s’agit du financement de projets de restauration à travers le monde. A ce jour, plus de 500 projets, pour un budget total de plus de 13 millions de dollars, ont été menés dans ce sens. Au Maroc, il y a l’exemple de cette restauration des cimetières des trois religions à Essaouira, ou en 2008, la préservation du hammam Aghmat à Marrakech, construit au 11e siècle, ou encore la restauration lancée en 2002 des anciennes fontaines de la médina de Tanger.

De notre correspondante, Stéphanie JACOB

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