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Elections françaises : le Moscow Times annonce que la Russie a lancé l’opération « Tout sauf Macron »

 

Le Moscow Times rapporte qu’à l’approche des élections présidentielles françaises, la Russie a lancé l’opération “Tout sauf Macron”. Après le scandale qui a terni la campagne électorale du candidat des Républicains François Fillon, le jeune candidat Emmanuel Macron, qui se présente sous l’étendard du nouveau mouvement pro-européen En Marche! pourrait se retrouver au second tour le 7 mai 2017. L’ancien ministre de l’Economie Macron est le seul candidat français aux présidentielles à avoir abordé le sujet de la répression des droits de l’homme en Russie. Et “cela en fait un adversaire de Moscou”, selon le Moscow Times, qui cite le spécialiste en sciences politiques Vladimir Frolov. Pour cette raison, selon le journal, la Russie espère encore que Fillon, “homme qui a des relations personnelles avec Poutine et a appelé à la levée des sanctions [contre la Russie]”, pourra se présenter au premier tour, le 23 avril 2017. “A cet effet, [la Russie] entend saboter les chances de Macron”, indique le journal basé à Moscou.

Le Moscow Times insinue donc que les médias étatiques russes auraient lancé une campagne de diffamation contre Macron : “Dimitri Kiselyov, invité de la principale émission d’information et de propagande Vesi Nedeli [Nouvelles de la semaine], a décrit Macron comme le ‘porte-parole des élites globales’. L’organe du gouvernement russe, Izvestia, a suggéré que le fondateur de Wikileaks Julian Assange détiendrait des contenus non publiés compromettants au sujet de Macron. Par la suite, sur le site d’information en ligne du Kremlin Sputnik, l’ancien député républicain Nicolas Dhuicq a affirmé que Macron était soutenu par un ‘lobby gay très riche’. Pour couronner le tout, Dhuicq a affirmé que Macron avait une relation homosexuelle avec le patron de radio Mathieu Gallet, alors qu’il est marié à son ancienne professeure de lycée”, poursuit le Moscow Times. En outre, Le Canard Enchaîné a révélé que les services de renseignement français avaient invité tous les partis politiques à un briefing sur les cyber-attaques russes.

Quant à la dirigeante pro-russe du Front national euro-sceptique, Marine Le Pen qui, selon les sondages, a toutes les chances de se retrouver au second tour des élections, elle ne serait pas, d’après le Moscow Times, le premier choix du Kremlin : “La télévision étatique russe la considère comme une combattante de la liberté anti-UE qui sera loyale à la Russie. Mais à la différence de François Fillon, qui est respecté dans les échelons supérieurs du Kremlin, Marine Le Pen est accueillie par les bureaucrates russes de rang inférieur lors de ses visites officielles à Moscou”, rapporte le Moscow Times. Extraits :[1]

« Moscou fait monter la pression sur le seul candidat crédible qui conteste la ligne du Kremlin : Emmanuel Macron »

« L’élection présidentielle française de ce printemps devait conduire à une ‘win-win situation’ avec le Kremlin. Le candidat des Républicain, François Fillon, qui a des liens personnels avec Poutine, et a appelé à la levée des sanctions [contre la Russie], était en tête des sondages. Son seul rival était la candidate pro-Kremlin d’extrême-droite, Marine Le Pen. Moscou se réjouissait de cette situation. Tout cela a changé en l’espace de quinze jours.

Le 27 janvier, la campagne de Fillon a été bouleversée par un scandale. Dans le cadre de ce qui est devenu le “Penelope Gate”, le candidat [de droite] a fait l’objet d’une enquête pour abus de fonds publics. Il est accusé d’avoir utilisé des fonds parlementaires pour salarier sa femme Pénélope, d’origine galloise, pendant une période de huit ans, pour un travail qu’elle n’aurait jamais accompli. Les médias français ont par la suite révélé que la fille de Fillon était également employée par lui, dans le cadre de son stage d’avocate.

Le fait d’employer des membres de sa famille n’est pas illégal pour un homme politique français, mais le candidat conservateur a apparemment été trop loin, ébranlant un pays où les politiciens sont régulièrement impliqués dans des scandales. Il a aussi rendu la bataille pour savoir qui conduirait un des principaux pays de l’UE plus rude et plus imprévisible.

Avec l’implosion en cours de [la candidature] Fillon, Moscou accentue la pression sur le seul candidat crédible susceptible de contester la ligne du Kremlin : Emmanuel Macron.

Mais l’avenir de la candidature Fillon est encore incertain. Cette semaine, il a présenté ses excuses pour avoir trompé le public, tout en affirmant avoir agi dans le respect de la loi française. Il a aussi insisté sur le fait qu’il restait candidat. ‘Tout ceci était légal’, a-t-il affirmé. ‘Mais était-ce moral?’ Ce sera ‘aux Français de décider’, a-t-il dit.

Pour envenimer encore la situation des Républicains, l’ancien patron de Fillon et président français Nicolas Sarkozy est lui aussi confronté à un procès pour corruption liée à sa campagne. Fillon n’est plus en tête dans les sondages. Un récent sondage montre que de nombreux électeurs lui ont tourné le dos. Quelque 65 pour cent des sondés ont dit souhaiter le voir remplacé par un autre candidat du parti. Mais l’avenir de sa candidature est encore incertain : à deux mois du premier tour, tout peut encore arriver.

L’analyste de politique étrangère russe Mikhail Troitsky affirme que Fillon reste la meilleure option possible pour la Russie. ‘Il est profondément ancré dans la politique traditionnelle, mais veut aussi dialoguer avec la Russie et prendre en compte ses exigences’, affirme-t-il. La Russie espère que Fillon réussira à affronter Le Pen. Pour cela, elle veut saboter les chances de Macron. »

« A la différence de François Fillon, qui est respecté dans les échelons les plus élevés du Kremlin, Marine Le Pen est accueillie par des bureaucrates russes de rang inférieur lors de ses visites officielles à Moscou »

« L’implosion de la droite française a propulsé le candidat centriste Emmanuel Macron sous les projecteurs. En tant que candidat indépendant, l’ancien ministre de l’Economie français a évité les récents drames qu’ont connus les partis politiques. Après les derniers scandales, il a remplacé Fillon en tant que candidat favori face à Le Pen en avril.

L’homme politique, âgé de 39 ans, n’est pas très connu hors de France. Jusqu’à présent, il était grandement ignoré par le Kremlin. Même s’il s’est rendu à Moscou l’an dernier en tant que ministre et a appelé à la normalisation des relations commerciales, faisant allusion à la levée des sanctions, Macron est fortement pro-européen et allié d’Angela Merkel. Avec le candidat vert Yannick Jadot – qui n’a aucune chance d’être élu – Macron est le seul candidat aux présidentielles françaises à avoir évoqué la répression des droits de l’homme en Russie. Cela fait de lui un adversaire aux yeux de Moscou, estime le spécialiste de sciences politiques Vladimir Frolov.

Les médias publics russes ont fait un zoom avant. Dmitry Kiselyov, invité par la principale émission d’information Vesti Nedeli [Nouvelles de la semaine] a décrit Macron comme un ‘représentant des élites mondiales’. L’organe du gouvernement russe Izvestia a suggéré que le fondateur de Wikileaks Julian Assange détenait des contenus inédits compromettants pour Macron. Par la suite, sur le site d’information en ligne du Kremlin Sputnik, l’ancien député républicain Nicolas Dhuicq a affirmé que Macron était soutenu par un “lobby gay très riche”. Pour couronner le tout, Dhuicq a affirmé que Macron avait une relation homosexuelle avec le patron de radio Mathieu Gallet, alors qu’il était marié à son ancienne enseignante de lycée.

En outre, l’hebdomadaire français Le Canard Enchaîné a révélé que les services de renseignement français avaient invité tous les partis politiques à un briefing sur les cyber-attaques russes.

Suite à cette campagne de diffamation, Macron a démenti avoir eu une relation extra-conjugale. ‘Si on vous a dit que j’avais une double vie avec M. Gallet, c’est parce que mon hologramme s’est enfui’, a-t-il déclaré à ses partisans.[2]

Pavel Chinsky, qui dirige la chambre de commerce franco-russe, affirme que la France porte une attention exagérée aux médias russes. ‘L’héritage des élections américaines est que tout le monde parle de la Russie’, explique-t-il. Pour Chinsky, les Européens voient de plus en plus la Russie comme plus puissante qu’elle n’est en réalité. ‘Il n’existe aucune preuve de ces théories de l’ingérence [russe dans les élections à l’étranger]’. Mais les autorités françaises ne sont pas convaincues.

Après avoir été le premier à faire éclater l’affaire du ‘Penelope Gate’, le Canard Enchaîné a révélé que les services de renseignement avaient invité tous les partis politiques pour les briefer sur les cyber-attaques russes.[3] Selon l’hebdomadaire, le Front national était le seul parti à n’avoir pas assisté à cette réunion, ayant refusé l’invitation…

Ce qui est certain dans ces élections, c’est que [la candidate] d’extrême-droite Marine Le Pen arrivera au second tour. La dirigeante du Front national, âgée de 48 ans, ne cache pas ses relations avec la Russie. Elle a reconnu avoir emprunté de l’argent auprès de banques liées au Kremlin, et s’est rendue à Moscou et en Crimée occupée par la Russie à plusieurs reprises. La semaine dernière, Le Pen a affirmé sur CNN que les sanctions contre la Russie étaient d’une ‘stupidité totale’ et que la Crimée ‘avait toujours été russe’.[4]

Mais la Russie rend-elle son amour à Le Pen ?

Sa position sur le Brexit – et contre l’OTAN – ont été bien accueillies par la Russie. La télévision publique russe la considère comme une combattante de la liberté anti-UE qui sera loyale à la Russie. Mais à la différence de François Fillon, qui est respecté aux plus hauts échelons du Kremlin, Marine Le Pen est accueillie par des bureaucrates russes de rang inférieur lors de ses visites officielles à Moscou. En décembre, elle n’a pas été en mesure d’obtenir un financement russe plus conséquent pour sa campagne présidentielle.

Se trouvant depuis plus longtemps que tous les autres candidats sur le devant de la scène, Le Pen ne pourra plus surfer sur la vague anti-establishment, selon les derniers sondages. Un sondage récent indique que tant Macron que Fillon étaient en mesure de défaire la candidate de l’extrême-droite lors de l’élection présidentielle du 7 mai.

Mais à deux mois du premier tour, une présidente Le Pen n’est plus une chose impossible. Et Moscou y mettre du sien avec joie – pas tant en soutenant Le Pen qu’en discréditant Macron par une campagne sur les médias sociaux pour l’empêcher d’arriver au second tour. »

Lire le rapport en anglais

[1]Themoscowtimes.com, 9 février 2017. Cet article a été écrit par le journaliste Ola Cichowlas.

[2]Parismatch.com, 7 février 2017.

[3]Rtl.fr, 8 février 2017.

[4]Voir “Marine Le Pen: There was no invasion of Crimea

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