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Israël : Avi Gabbay élu à la tête du parti travailliste

 

Ce parfait inconnu l'a emporté lors de la primaire face au vétéran Amir Peretz, pourtant soutenu par l'appareil. Il a été nommé président de la principale force d'opposition du pays.Le nouveau président du parti travailliste israélien (gauche) s’appelle Avi Gabbay et c’est un parfait inconnu. Agé de 50 ans, père de trois enfants, d’origine marocaine et élevé dans un milieu modeste, il a, au cours d'une primaire haletante, battu le leader en titre de son parti, Isaac Herzog, puis, au second tour qui se déroulait lundi, le vétéran Amir Peretz. Ce dernier était pourtant soutenu par l’appareil.

«Gabbay est une sorte d’ovni politique sorti de nulle part et dont personne n’avait jamais entendu parler il y a deux ans. D’ailleurs, il y a dix jours encore, rares étaient ceux qui pariaient sur sa victoire», affirme le chroniqueur politique Yoav Krakovsky. Qui poursuit : «Directeur général de la compagnie téléphonique nationale Bezeq, il s’est lancé en politique en participant à la création du parti de centre droit Koulanou. A l’occasion des élections législatives de mars 2015, il n’a pas été élu à la Knesset [le Parlement israélien, ndlr] mais lorsque Koulanou est entré dans la coalition soutenant Benyamin Nétanyahou, il a été propulsé ministre de l’Environnement. Un gouvernement qu’il a quitté un an plus tard plus tard parce qu’il le trouvait trop à droite, antisocial et pas assez audacieux en matière environnementale.»

Un parti en plein déclin

En raison du parcours météorique de Gabbay et du vent de dégagisme qui souffle actuellement sur une partie de la classe politique israélienne, certains commentateurs israéliens tel Nahum Barnea, éditorialiste du quotidien populaire Yediot Aharonot, comparent le nouveau leader travailliste à Emmanuel Macron. Mais le rapprochement à ses limites. Parce que contrairement à En marche, le parti travailliste est une vieille formation en plein déclin depuis l’assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin en novembre 1995. A l’époque, il comptait d’ailleurs près de 200 000 inscrits contre 50 000 aujourd’hui, dont 4 000 amenés avec lui par Gabbay lorsqu’il a adhéré à cette formation il y a huit mois.

Dans son discours de victoire, Gabbay s’est en tout cas engagé à représenter une alternative crédible à Nétanyahou et à «aller de maison en maison» pour porter la bonne parole travailliste. Pour autant qu’il respecte sa promesse, l’initiative est louable. En effet, englués dans des querelles d’appareil et des conflits d’ego, les précédents leaders travaillistes avaient complètement délaissé le terrain et les militants en se contentant de faire les déclarations antigouvernementales d’usage à la tribune de la Knesset.

Aimable formation centriste

Isaac Herzog, le prédécesseur de Gabbay, avait semble-t-il tellement oublié que son parti est censé représenter le camp de la paix puisqu’il a, peu après les élections législatives de 2015, discrètement négocié pendant près d’un an son entrée au gouvernement. Cela, en jurant le contraire aux militants et à l’opinion.

A l’en croire, Gabbay va changer tout cela. Mais personne ne s’attend à ce qu’il sorte le drapeau rouge et participe à des piquets de grève en chantant l’Internationale. Puisque son objectif est le pouvoir et que l'électorat israélien vire de plus en plus a droite au gré des scrutins, il veut en effet transformer le parti travailliste en une aimable formation centriste qui n’aurait plus de travailliste que le nom.

Nissim Behar à Tel-Aviv - Liberation

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