Passeurs de transmissions
Il y a des archives a preserver , des archaismes a retenir , vehicules d’identites fondatrices , lien de parente ineffable avec les absents.
L’origine nous revient comme un ressac incontournable .Telle la madeleine de Proust , la melodie souteraine de notre enfance nous rappelle une verite a ne pas denier .Deracines mais non-assimiles !
Archeologues de notre mosaique ancestrale , le groupe Bratsch (au nom de violon alto populaire en Hongrie) nous ramene de leurs traversees , des offrandes , tresors enfouis , parsemes ici et la , dans les diasporas , histoire de dejouer l’amnesie et de faire revivre les anciens …
Pulsion invoquante : la musique entend notre beance et vient s’y lover .Simple experience du sublime , si proche de l’inoui , elle clot l’interstice , nous laissant sidere , amplis de ravissement .
Cinq musiciens inseparables , unis par le gout du swing et du jazzy , boivent du raki , chantent sans partitions (a la maniere des tziganes et de la tradition orale) , en Armenien , Yiddish , Grecque , Rom’ , en patois Limousin sur des repertoires d’Europe centrale .
Acteurs de scenes , par leurs beautes singulieres , ils font acte de presence et d’intensite , au sens du rapt du regard et de l’ouie sur un public meduse .
Ses oiseaux de passage a LA , au Ford Amphitheatre , ouvert sur un ciel cosmique , ont bouleverse une salle comblee d’emotions , gorgee de sentimentalisme aigue . Religiosite atteinte a l’ecoute de musiques poignantes de poetique , de solennite , d’allegresse et de magie .
Et si la chanson n’etait que commemorative ?
Filiation sans dechirure ni recif , pur moment de retrouvailles avec nos ailleuls .
Quelque chose nous a ete rendue ….
Vanessa De Loya
Psychanalyste