les JUifs du Cap-Vert

Cesaria Evora, la Diva aux pieds nus a participé à la renommée du Cap-Vert qui est une ancienne colonie portugaise, un archipel de 10 îles situé au large de l'afrique de l'Ouest. Cesaria Evora est l'une des voix les plus intenses et émouvantes que j'ai jamais entendues. Ses ballades sont sensuelles et nonchalantes et ses chansons parlent d'exil ,nostalgie, amour . Mais ceci n'est qu'un préambule car vous l'avez deviné cet article ne porte pas uniquement sur la musique de Cesaria Evora, quoique j'adore cette musique que j'aimerais bien faire découvrir aux non-initiés. En mars 1994, un article paru dans le quotidien israélien Yedyot A'haronoth avait attiré l'attention de ses lecteurs sur une possible origine juive de certaines populations autochtones des îles Sao Tomé et Principe. La même année, le président de Sao Tomé confirma à l'ambassadeur d'Israel en visite dans l'île, la souche juive d'une partie de ses concitoyens. Durant l'Inquisition espagnole et portugaise, l'archipel fut la terre d'accueil des Juifs qui fuyaient les persécutions religieuses. Connus sous le nom de Christos Nuevos, ces nouveaux chrétiens, pratiquaient officiellement le catholicisme mais conservèrent en secret certaines pratiques du judaisme durant des générations jusqu'à la fin du XVIIe siècle alors que l'animosité religieuse entretenue par l'Inquisition commença à faiblir. Mais là, plus personne ne pratiquait aucune forme de judaisme. A travers les îles du Cap-Vert, il y a encore de nombreuses traces de la présence juive, particulièrement dans la ville de Porto Sinagoga sur l'île de Santo Antao. D'autre part, on trouve un peu éparpillés dans les îles de Santiago, Santo Antao et San Vincente de nombreux cimetères juifs avec des tombes portant des inscriptions en hébreu et en portugais. Sur ces tombes , on peut lire des noms de famille de Juifs marocains, tels que les Cohen, Lévy, Wahnon, Benathar, Benchimol, Auday, Anahory, Pinto et Seruya. En fait, le 19ième siècle connut une seconde vague de l'émigration juive vers le Cap-Vert. Cette fois, ce furent la perspective de meilleures conditions économiques qui attirèrent des familles juives originaires principalement de Tanger, Rabat et Mogador(Essaouira). On suppose que ces familles ont d'abord transité par Gibraltar, avant de s'installer au Cap-Vert. Ces gens se lancèrent dans le commerce international et maritime et une petite communauté devint florissante. Ils demeurèrent là pendant près d'un siècle avant de quitter pour Israel vers les années 1950. Deux raisons peuvent être à l'origine de cette vague d'émigration du Maroc vers le Cap-Vert. La première est peut-être les affontements entre le Maroc et l'espagne en 1859-60 qui ont pu inciter ces familles à chercher refuge à Gibraltar et dans les territoires portugais y compris le Cap-Vert. La seconde raison serait possiblement la dépression économique de 1873 au Maroc qui aurait poussé beaucoup de jeunes hommes à quitter pour s'embarquer vers le Cap-Vert. Ils fuyaient également leur staut de dhimitude en terre d'Islam. Bien entendu, avec le temps, ces gens se marièrent avec la population locale à prédominance catholique et abandonnèrent leurs pratiques religieuses juives. Cependant les descendants de ces familles au Cap-Vert ainsi qu'à travers le monde continuent de manifester un vif intérêt pour leur héritage juif. En 1995, les descendants des Christos Nuevos et des Juifs marocains ont formé une association qui s'appelle "la Société d'amitié Cap-Vert -Israel dont les objectifs sont la revitalisation de la vie juive dans les îles, la restauration des cimetières juifs et la création d'archives permanentes pour documenter la présence juive de leurs ancêtres. Un projet global intitulé:Les Juifs du Cap-Vert, Préservation de la mémoire porte sur la recherche de la présence juive et tient à honorer la mémoire de ces familles juives. D'autres initiatives comprennent la compilation des traditions orales ainsi que l'organisation d'un colloque sur la présence juive au Cap-Vert. Le projet est sous le parrainage du Klutznick National Jewish Museum à Washington. D.c. Pour tous ceux que le sujet intéresse, ils peuvent communiquer à l'adresse suivante avec Carol Castiel qui est en charge du projet:

KLutznick National Jewish Museum
1245 4th Street, SW
Suite E202
Washington D.C., 20024

J'ai tenu à partager ces informations avec les Juifs marocains de Tanger, Rabat et Mogador dont des membres de la famille auraient émigré au Cap-Vert.

Loulette