Affaire DSK: la justice décide d'une confrontation avec Tristane Banon
PARIS - Le parquet de Paris a décidé vendredi de confronter Dominique Strauss-Kahn à la journaliste-écrivain Tristane Banon, qui l'accuse de tentative de viol en 2003, des faits que l'ex-patron du FMI qualifie d'"imaginaires".
Dans le cadre de son enquête préliminaire, "le parquet de Paris a décidé de faire procéder à une confrontation entre Tristane Banon et Dominique Strauss-Kahn", a déclaré dans un très bref communiqué le procureur de la République.
Les avocats de l'ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) avaient annoncé auparavant à l'AFP avoir "pris connaissance de la décision du parquet de faire procéder à la confrontation habituelle dans l'enquête préliminaire ouverte" cet été. L'ex-favori socialiste à la présidentielle "a fait savoir au service en charge du dossier qu'il se tenait à sa disposition", a précisé sa défense.
La justice accède ainsi à une demande de Tristane Banon.
La jeune romancière de 32 ans, qui a porté plainte en juillet contre DSK pour tentative de viol perpétrée selon elle dans un appartement parisien en février 2003, avait déclaré jeudi sur RTL qu'elle voulait être confrontée pour qu'il lui "dise droit dans les yeux" que les faits qu'elle dénonce sont "imaginaires".
Car Dominique Strauss-Kahn a qualifié les faits évoqués par Tristane Banon de "scène imaginaire" et a répliqué à son accusatrice par une plainte en dénonciation calomnieuse, dont l'examen devra attendre l'issue des poursuites engagées par l'écrivain.
Dans sa confession dimanche soir sur TF1, DSK avait affirmé qu'"aucune violence" n'avait été portée sur Tristane Banon. "J'ai été entendu comme témoin. J'ai dit la vérité que dans cette rencontre, il n'y avait eu aucun acte d'agression, aucune violence, je n'en dirai pas plus", avait-il dit.
"Des avances"
Lors de son audition le 12 septembre par la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) de la police judiciaire parisienne, DSK avait concédé avoir fait "des avances" à la jeune femme, selon une source proche de l'enquête.
La BRDP a entendu une vingtaine de personnes, dont la plaignante et DSK, et doit prochainement remettre son rapport d'enquête au parquet. Celui-ci peut déclarer que les faits sont prescrits, classer sans suite ou confier une information judiciaire à un juge d'instruction.
Tristane Banon avait prévenu lundi sur Canal+ qu'elle poursuivrait son combat judiciaire si l'enquête préliminaire était classée. Dans ce cas, elle déposerait une autre plainte en se constituant "partie civile", ce qui entraînerait automatiquement la désignation d'un juge d'instruction.
Elle a appelé à une manifestation pour défendre les femmes victimes de violences ce samedi près du palais de justice de Paris.
Sans donner de noms, ni préciser si elle en avait fait part aux policiers, Tristane Banon a par ailleurs répété cette semaine avoir reçu des témoignages de femmes la soutenant dans son combat et affirmant avoir été victimes de DSK.
"Elles me disent qu'elles ont eu des violences de la part de Dominique Strauss-Kahn, donc qu'elles savent que je dis la vérité, en tout cas qu'elles le pensent", a-t-elle dit sur RTL.
Son avocat David Koubbi a écrit au parquet de Paris pour demander que plusieurs témoins à charge contre DSK soient entendus sous le couvert de l'anonymat, selon Le Figaro de vendredi.
Outre l'enquête préliminaire française, DSK est encore sous le coup d'une procédure civile aux Etats-Unis, intentée par la femme de chambre du Sofitel de New York, Nafissatou Diallo, qui lui réclame des dommages et intérêts. Au terme de trois mois d'un feuilleton politico-judiciaire aux Etats-Unis et en France, la justice américaine a abandonné le 23 août les poursuites pénales contre DSK, jugeant insuffisamment crédible celle qui l'accuse de l'avoir violée dans une suite le 14 mai.
DSK était rentré libre à Paris le 4 septembre. Il est arrivé jeudi à Marrakech, au Maroc, pour une visite privée dont la durée n'a pas été précisée.
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