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R?flexions sur la tuerie antijuive de Toulouse
28 mars 2012, 21:10
1) Pourquoi agresse-t-on les Juifs?

PAT. C’est le triste héritage de siècles d’une haine visant spécifiquement le peuple juif, une haine mêlée de crainte et parfois d’envie ou de jalousie, nourrie ou légitimée par des arguments théologico-religieux, économico-financiers, anti-religieux (au siècle des Lumières), pseudo-scientifiques (la « doctrine des races » au XIXe siècle), et enfin politiques, de l’antisémitisme nationaliste de la fin du XIXe siècle européen à l’antisionisme radical de la fin du XXe. Les Juifs sont perçus par ceux qui les haïssent comme aussi redoutables que vulnérables. Cette perception ambivalente entretient et renforce la haine antijuive. D’où ce mélange de lâcheté (s’attaquer à des passants, à des enfants ou des écoliers sans défense) et de ressentiment (la rage née d’un sentiment d’impuissance devant la satanique sur-puissance juive, inévitablement occulte).

2) Comment comprendre que perdure l'antisémitisme malgré l'Histoire?

PAT. Ce qui caractérise la judéophobie dans l’Histoire, c’est d’abord qu’elle est « la haine la plus longue » (Robert Wistrich), ensuite qu’elle n’a cessé de prendre des formes nouvelles, de s’adapter à l’esprit du temps, de trouver de nouveaux alibis, d’inventer des justifications inédites. Peu importe aux antijuifs le caractère contradictoire des griefs : les Juifs sont en même temps et indifféremment accusés d’être trop « communautaires » ou « identitaires » (trop religieux, « solidaires » entre eux, nationalistes, sionistes, etc.) et trop cosmopolites (nomades, internationalistes, etc.). Léon Poliakov rappelait que « les Juifs ont de tout temps stimulé l’imagination des peuples environnants, suscité des mythes, le plus souvent malveillants, une désinformation au sens large du terme », et « qu'aucun autre groupe humain ne fut entouré, tout au long de son histoire, d’un tel tissu de légendes et superstitions ».

3) S'agit-il, comme le disent des jeunes gens d'une école juive ce matin (20 mars 2012), « de jalousie qui se transforme en haine »?

PAT. Il y a bien de la jalousie, alimentée par divers stéréotypes, dont celui du « Juif riche », celui du Juif puissant dans la finance, la politique, les médias. D’où le raisonnement-type qu’on rencontre dans certains entretiens semi-directifs avec des « jeunes » marginalisés : « Si nous sommes malheureux, pauvres, exclus, sans travail, c’est de leur faute ». Les Juifs sont accusés de prendre toutes les places (les bonnes), d’occuper tous les postes désirables. S’ajoute l’accusation de la « solidarité juive » : « Ils se tiennent entre eux ». Les antijuifs convaincus voient les Juifs comme une espèce de franc-maçonnerie ethnique, pratiquant le népotisme à tous les niveaux, dans tous les domaines. « Ils sont partout », « Ils ont le pouvoir », « Ils nous manipulent » : thèmes d’accusation fantasmatiques exprimant un paranoïa socialement banalisée. Dans le jeu des passions antijuives, le ressentiment mène la danse : une haine accompagnée d’un sentiment d’impuissance, qui ne cesse de l’aiguiser comme de l’aiguillonner. La jalousie sociale en est la traduction courante. Mais il faut creuser plus profondément. L’essentiel sur la question a été exposé par Elias Canetti en 1960 : « Ils ont suscité l’admiration parce qu’ils existent encore. […] Il leur avait été donné le maximum de temps pour disparaître sans traces, et pourtant ils existent aujourd’hui plus que jamais. » Comment peut-on encore être juif ? C’est la question qui taraude toujours l’esprit des ennemis des Juifs. Voués à être encore longtemps exaspérés, au point peut-être de finir par être désespérés. Ce serait une excellente nouvelle !

4) Quelles sont les ressorts de l'antisémitisme contemporain ?

PAT. Ils dérivent de plusieurs facteurs, liés d’une part à des héritages ou des traditions (les restes du vieil antijudaïsme chrétien, le réveil ou la réinvention de la judéophobie musulmane sous l’impulsion de l’islamisme, etc.), et, d’autre part, au contexte international, où le conflit israélo-palestinien, et plus largement israélo-arabe, remplit une fonction symbolique sans équivalent. Israël joue en permanence le rôle du diable, mis en scène par un discours de propagande mondialement relayé. En outre, le jumelage de l’anti-américanisme rabique (élargi en anti-occidentalisme) et de l’antisionisme radical se rencontre autant dans les mouvances de la nouvelle extrême gauche « antimondialiste » que dans celles de l’islamisme, qu’il s’agisse des Frères musulmans en costume-cravate, des salafistes ou des jihadistes avérés, sans parler des inquiétants illuminés à l’iranienne. Ces derniers ont agrémenté leur antisionisme d’État d’emprunts du discours négationniste, honorant Faurisson et Dieudonné. Rappelons au passage que le négationnisme est fondé sur l’accusation de mensonge visant « les sionistes », c’est-à-dire les Juifs (à l’exception des inévitables Juifs antijuifs, ou « alterjuifs », qui, pour des raisons diverses, épousent la cause des ennemis des Juifs). « Les Juifs sont les grands maîtres du mensonge » : cette formule de Schopenhaueur était particulièrement appréciée par Hitler, qui la cite dans Mein Kampf. Ceux qui accusent les Juifs d’avoir forgé le « mensonge d’Auschwitz », d’avoir donc inventé le « bobard » de leur extermination par les nazis, reprennent à leur compte cette accusation, stade suprême de la diffamation d’un peuple tout entier. Sur le plan idéologique, la principale nouveauté identifiable depuis environ trois décennies est la suivante : qu’elle soit portée par les « antimondialistes » radicaux ou par les islamistes, la judéophobie fait désormais couple avec l’occidentalophobie, ou l’hespérophobie. En 1998, définissant le jihad mondial, Ben Laden avait formalisé cette vision manichéenne en désignant l’ennemi absolu de l’Islam comme « l’alliance judéo-croisée ». Le 23 février 1998, le journal londonien Al-Quds al-Arabi publiait la « Déclaration » ou la charte fondatrice du « Front islamique mondial pour le jihad contre les Juifs et les Croisés ». « Les Croisés », ici, c’est l’Occident, chrétien et déchristianisé.

5) Dans quelle classe sociale est-il, cet antisémitisme?

PAT. Le vieil antisémitisme politico-religieux à la française survit dans les classes moyennes et supérieures (pour aller vite), qui prennent soin cependant d’euphémiser leur discours (d’où le peu de visibilité de la judéophobie des élites dans l’espace public). L’antisionisme radical, postulant que tout Juif est un sioniste (serait-il caché ou honteux) et visant la destruction de l’État juif, est observable dans tous les milieux sociaux, mais il s’exprime surtout, avec une forte intensité polémique, dans certaines mouvances de l’extrême droite et de l’extrême gauche, et bien sûr dans certaines populations issues de l’immigration et spatialement ségréguées, particulièrement soumises à l’endoctrinement et à la propagande islamistes.

6) et géographiquement, où se situe t-il?

PAT. Il est impossible de répondre en quelques mots. On ne peut émettre que des hypothèses risquant de traduire de simples opinions ou des rumeurs. Les études sérieuses manquent à cet égard. Vraisemblablement parce que les nécessaires recherches sur la question n’ont pas été ou ne seraient pas financées.

7) Êtes-vous satisfait de la façon dont les responsables politiques ont réagi?

PAT. Pour les deux premières journées, les candidats à l’élection présidentielle ont dans l’ensemble évité d’instrumentaliser politiquement la tuerie, et ce, quelles que soient leurs raisons. Il y a cependant des exceptions, en particulier François Bayrou. Celui-ci, oubliant la modération requise par sa posture « centriste », a osé, le jour même du massacre, ressortir pour l’occasion la pseudo-explication « climatologique », faisant d’abord allusion au « climat qui se dégrade », au « climat d’intolérance sans cesse croissant », puis désignant les responsables indirects de la tuerie, ceux qui feraient « flamber les passions », ou joueraient à « attiser les haines ». C’était là livrer en pâture la figure d’un coupable qu’on n’a pas besoin de nommer : le grand rival de tous les rivaux. C’est là une version actualisée de la théorie pétainiste du « vent mauvais », qui explique tout et rien, comme « l’esprit du temps ». D’autres dénoncent, selon les formules convenues d’un antiracisme figé, la « montée du racisme et de l’intolérance » ; d’autres encore, décidés à en découdre avec leurs chers fantômes ennemis, « les fascistes ». On hésite entre deux interprétations : s’agit-il d’un simple aveuglement lié à une épaisse paresse intellectuelle, ou d’une stratégie de diversion, consistant à désigner de fausses pistes ou des cibles imaginaires, à savoir ces abstractions que sont « l’intolérance » ou « le racisme » ? Dans tous les cas, on brouille ainsi la figure des vrais responsables et des vrais coupables, on dilue l’acte criminel dans une multiplicité de causes générales.

8) Quelles sont les dernières traces d'antisémitisme que vous avez repérées dernièrement dans la société française, en politique, dans une oeuvre de cinéma, une oeuvre littéraire, une exposition ?

PAT. Ce qui m’a le plus choqué ces dernières années, dans le monde culturel, ce sont les déclarations sur les Juifs faites en 2006 par Jean-Luc Godard, et ce, en raison même de l’admiration qu’on peut porter au cinéaste. Rappelons ces propos à la fois odieux et confus, rapportés par Alain Fleischer qui raconte qu’en commentant les attentats-suicides commis par des Palestiniens en Israël, l’antisioniste déclaré qu’est Godard a déclaré devant son ami et interlocuteur Jean Narboni, ex-rédacteur en chef des Cahiers du cinéma :
« Les attentats-suicide des Palestiniens, pour parvenir à faire exister un État palestinien, ressemblent, en fin de compte, à ce que firent les Juifs, en se laissant conduire comme des moutons et exterminer dans les chambres à gaz, se sacrifiant ainsi pour parvenir à faire exister l’État d’Israël. »
La cause palestinienne est devenue le grand alibi des nouveaux ennemis, avoués ou non, des Juifs. Et ce, de l’extrême gauche occidentale à l’islamisme radical dans toutes ses variantes.


9) Quelle signification accorder au meurtre d'enfants dans l'histoire de l'antisémitisme?

PAT. L’une des principales accusations antijuives apparues au Moyen Âge (vers le milieu du XIIe siècle) est celle du meurtre rituel d’enfants chrétiens par des Juifs. Ce thème d’accusation est parfaitement chimérique, mais constitue un puissant moyen de diabolisation des Juifs, en leur attribuant une cruauté sanguinaire traduite par une prétendue tradition religieuse. Or, cette pratique sanguinaire attribuée sans fondement aux Juifs est devenue, par un terrible retournement, un modèle normatif de l’action antijuive impliquant des violences physiques. L’assassinat d’enfants israéliens par des « combattants »-terroristes palestiniens en témoigne. Rappelons seulement l’abominable tuerie commise par deux jeunes Palestiniens, dont les victimes furent les membres d’une famille juive vivant en Israël. Cinq membres de la famille Fogel ont ainsi été tués sauvagement à l’arme blanche dans la nuit du 11 au 12 mars 2011 : Oudi, 36 ans, Ruth, 35 ans, et leurs enfants Yoav, 11 ans, Elad, 4 ans et Hadas, 3 mois. Il ne faut pas oublier les exploits des terroristes « antisionistes » qui, tel le Libanais Samir Kuntar, membre du Front de Libération de la Palestine (FLP), peuvent assassiner froidement des enfants juifs sans être pour autant stigmatisés dans les grands médias, voire en étant glorifiés pour leurs actes « héroïques » de « résistance ». Dans la nuit du 22 avril 1979, à la tête d’un commando venant de débarquer à Nahariya, le grand « résistant » Kuntar s’attaque à la famille Haran : après avoir blessé le père, Danny (28 ans), d’une balle dans le dos, il l’achève en le noyant, puis s’en prend à sa petite fille de quatre ans, Einat Haran, qu’il assomme à coups de crosse avant de lui fracasser le crâne sur un rocher, à coups de pierre. Libéré en juillet 2008 des prisons israéliennes, avec quatre autres terroristes (membres du Hezbollah), en échange des corps d’Eldad Reguev et d’Ehud Goldwasser (tués par le Hezbollah deux ans auparavant), Kuntar, revêtu du treillis du Hezbollah, a été accueilli en héros national au Liban, dont le gouvernement a interrompu toutes les activités pour fêter son arrivée, et salué comme un « combattant héroïque » par l’Autorité palestinienne. Mythologisation féérique du meurtre terroriste, du moment que les victimes sont des « sionistes », même âgés de trois mois ou de 4 ans.

10) Au symbolisme de l'école juive? Car ce n'est pas la première fois et beaucoup d'écoles juives ont été visées ces trente dernières années.

PAT. Synagogues et écoles juives sont des cibles privilégiées, comme si l’identité juive, hors d’Israël, était pleinement symbolisée par sa dimension religieuse, impliquant une appartenance forte. Les lieux culturels juifs non religieux, comme les salles de réunion ou de spectacle, sont moins souvent visés.

11) Qu'est-ce qui sépare cet attentat d'autres attentats antisémites? A-t-on raison de le comparer à celui de la rue Copernic ?

PAT. Ce qui distingue cet acte antijuif meurtrier, c’est l’inscription dans une série apparente, et en particulier le couplage (qui reste à interpréter) avec l’assassinat des trois militaires. La volonté de tuer des Juifs en tant que Juifs et la détermination (impliquant une préparation, éventuellement une stratégie) sont les deux points communs entre l’attentat terroriste du 3 octobre 1980 (Copernic), celui du 9 août 1982 (rue des Rosiers) et celui du 19 mars 2012 (Toulouse).

12) « Il faut parler de cette affaire pendant des mois et des mois car il faut que tout le monde sache qu’on veut la mort des Juifs », disent certains membres de la communauté juive. Que leur répondriez-vous ?

PAT. Il faut en effet éviter le silence prudent, tactique, qui ressemble à de la complicité, à travers l’évitement ou l’étouffement de la réalité d’un imaginaire social où le désir vague d’éliminer les Juifs est bien présent. Le problème, c’est de préciser la référence du « on ». Les Juifs n’ont jamais eu autant de raisons de lancer à leurs ennemis, comme Golda Meir naguère aux dirigeants palestiniens rêvant d’un « israélicide » : « Je comprends bien que vous voulez nous rayer de la carte, seulement ne vous attendez pas à ce que nous vous aidions à atteindre ce but. »

13) On entend ici ou là, à l’inverse, dire que le rapatriement des corps en Israël risquerait de nourrir l'antisémitisme. Qu’est-ce que ces commentaires vous inspirent ?

PAT. Il est vrai que ce transfert des corps en Israël, pourtant parfaitement compréhensible, peut renforcer le stéréotype du Juif « étranger par nature », pseudo-français, ou réactiver le grief de « double allégeance ». Ces craintes peuvent être sincères. Mais de tels commentaires peuvent aussi exprimer indirectement des sentiments antijuifs, hypocritement travestis en désir d’éviter les réactions antisémites. Comme si tout ce qui touchait Israël était producteur de stigmate. Pourquoi en avoir peur, en les intériorisant, en risquant ainsi de les relayer, voire de les justifier ?

14) Nicole Yardeni, qui préside le CRIF en Midi-Pyrénées, et qui a vu les images de la tuerie, a déclaré : « être l'objet de la haine quand on est juif, c'est quelque chose qu'on apprend quand on est petit ». Confirmez-vous, et comment on apprend cela à un petit garçon ou à une petite fille ?

PAT. Être en permanence accusé de connivence ou de complicité avec les « sionistes » assimilés à des « racistes » vivant dans un État pratiquant « l’apartheid » et se comportant « comme des nazis » à l’égard des Palestiniens présentés comme de pures « victimes », par des discours de propagande complaisamment diffusés par les médias, cela donne aux enfants juifs de la Diaspora le sentiment d’être des cibles potentielles. La honteuse campagne de boycottage multidimensionnel d’Israël va dans le même sens : chaque enfant juif peut se sentir lui-même socialement boycottable, ou susceptible d’être désigné comme suspect par tel ou tel commandos d’« Indignés » violents, dotés d’une bonne conscience en béton armé. D’où une anxiété liée à la conviction d’être exposé à la stigmatisation ou à l’agression physique.

15) Quelles réflexions vous inspire le fait que le tueur aurait porté une caméra autour du cou ? Quelle étrange « plus-value » vient ajouter l’image du crime antisémite au crime antisémite ?

PAT. Il ne s’agit que d’un témoignage, qu’il faudrait pouvoir recouper par d’autres. Si cela se fait, rien que de bien connu : tout acte terroriste s’accompagne d’un projet de mise en spectacle de l’opération effectuée. Tuer des humains traités en symboles, c’est déjà de la propagande.

Post-scriptum (27 mars 2012)

À l’instar des gauchistes de la chaire ou de la tribune qui, face au terrorisme, donnent dans le discours victimaire et la culture de l’excuse, Tariq Ramadan dénonce la société française qui, par son « racisme », son « système d’exclusion » et ses « discriminations », aurait fabriqué cette victime qu’est Mohamed Merah, ce « citoyen français frustré de ne pas trouver sa place, sa dignité, et le sens de sa vie dans son pays ». Dans le monstre, il faudrait voir la victime et le désespéré, le « pauvre garçon » doté d’un cœur d’or, mais « dérouté » par la société française qui l’excluait, par l’armée française qui ne voulait pas de lui. Les voisins du tueur ont témoigné en sa faveur, selon un rituel déjà bien rodé : il était « calme » et n’hésitait pas à « rendre service » ou à « donner un coup de main ». Et il aimait les filles, les voitures et les boîtes de nuit. Au chômage, mais bénéficiant d’allocations, il frimait en BMW. « Intégré », donc. Bref, pour ses voisins, un « jeune » des « cités » comme un autre, ni plus ni moins délinquant qu’un autre. Ramadan présente Merah comme un « grand adolescent, un enfant, désœuvré, perdu, dont le cœur est, de l’avis de tous, affectueux ». Pour l’intellectuel islamiste, le tueur est « une victime d'un ordre social qui l’avait déjà condamné, lui et des millions d'autres, à la marginalité, à la non-reconnaissance de son statut de citoyen à égalité de droit et de chance ». Tuer des innocents serait dès lors, pour le « désespéré », un « acte désespéré ». L’axiome est devenu slogan après un long séjour dans la propagande palestinienne justifiant le terrorisme antijuif. La déduction est imparable, bien qu’elle se heurte à la revendication religieuse explicite : si Merah a crié « Allah ou-Akhbar » après ses assassinats filmés, c’est qu’il était convaincu d’avoir choisi la bonne voie, c’est-à-dire d’être « sur le chemin d’Allah », celui du jihad contre « les Croisés et les Juifs ». Le produit de la « société d’exclusion » a lu le Coran, et tout s’est éclairé. Sa vie a pris du sens. L’espoir était dès lors au bout du chemin. Il pouvait rejoindre les salafistes habillés à l’européenne, ces salafistes invisibles, même aux yeux des services spécialisés. Après l’épreuve et la mort en martyr, le héros islamiste est en droit d’obtenir la récompense promise, à savoir les dizaines d’authentiques vierges. Et, ici-bas, l’admiration de ses contemporains, surtout des « jeunes ». Transfiguré par sa mort « les armes à la main », le délinquant Merah est voué à devenir l’objet d’un culte : victime, héros et martyr de la révolte contre « le racisme » de la « société française », intrinsèquement « islamophobe ». Célébrer Merah, tueur d’enfants juifs, c’est inciter à attaquer les Juifs, c’est rêver de tuer d’autres enfants juifs. Et, de fait, dans la société française où, répètent pieusement de piteux sociologues, l’antisémitisme ne cesserait de « baisser », de jeunes Juifs sont agressés chaque jour depuis la mort du Zorro des banlieues balayées par le verbe islamiste. Les assassinats-spectacles sont commis pour être imités. Les Indigènes de la République, ces Indignés de l’extrême, se sont promis d’importer en France le sanglant « printemps arabe » (qui n’a profité qu’aux islamistes), manière de prévenir les « souchiens »/« sous-chiens » qu’ils vont s’entendre dire « dégagez ! » Leur seul programme est la haine de la Français et des Français non issus de leur immigration de référence. Le désir d’avenir est chez ces indigènes imaginaires un désir de guerre civile. Qui sait si le pire n’est pas sûr…

Pierre-André Taguieff
Re: R?flexions sur la tuerie antijuive de Toulouse
02 avril 2012, 11:57
Une semaine après les tueries, reportage à Toulouse sur les traces de Mohamed Merah.

Tête baissée, une jeune fille se faufile furtivement pour atteindre l’entrée du 17 de la rue du Sergent-Vigné. Ce samedi 24 mars, la police a levé le périmètre de sécurité du quartier résidentiel de la Côte-Pavée. Les habitants rentrent chez eux pendant que les curieux photographient le mur constellé d’impacts de balles et ses fenêtres condamnées.

C’est de là que, trois jours plus tôt, après 32 heures de siège, Mohamed Merah a sauté arme à la main tirant de tous côtés avant d’être abattu par les policiers du Raid. Il est 11 h 26, jeudi 22 mars, quand les habitants et les journalistes pétrifiés entendent la première détonation. Suivie de celles de trois cents cartouches pendant quatre interminables minutes. Et, d’un coup, à 11 h 30, la cloche de l’école primaire, évacuée, retentit dans un silence de mort et sonne la fin de l’assaut.

Nord-Est de Toulouse. Une heure après, il s’est mis à pleuvoir à seaux sur le chemin des Izards dans la cité du même nom, un bloc rectangulaire planté au milieu du quartier des Trois-Cocus. Une trentaine de jeunes s’est rassemblée, comme tous les jours, devant la boulangerie et le bureau de tabac. Ils parlent de la mort de Merah. A l’intérieur du tabac, cinq garçons fixent les courses hippiques. Merah était leur copain, un des leurs, au minimum une connaissance. A leurs regards sombres et leurs mines peu avenantes, on comprend que les journalistes ne sont pas les bienvenus.

"Bien sûr que je le connaissais, mais vous ne saurez rien. On vit un instant de recueillement", rechigne un jeune accoudé à une rangée de magazines. Il s’énerve : "Vous les médias, vous en faites toute une montagne parce qu’il a tué des enfants juifs alors que des bombes tuent sans arrêt des enfants palestiniens." "Ce n’est peut-être pas le bon jour pour aller leur parler, prévient la jeune directrice de l’école primaire Ernest-Renan où Mohamed a été scolarisé. Ici, les gens ont peur de l’amalgame entre lui et les Izards. C’est déjà dur pour eux de s’en sortir, ils pensent que ça va les enfoncer."

Dans le commerce halal adjacent à l’école, l’épicier est consterné.

"Il a sali l’image des musulmans et rend service à la droite et l’extrême droite. Mes clients me disent que ce mec foutait la merde partout où il allait. On ne le voyait pas dans les mosquées ou dans les salles de prière, il revendique pourtant d’être musulman, j’ai du mal à comprendre."

Trois mamans attendent devant la cour. "Les gens ici ne sont pas comme lui, c’est tellement horrible ce qu’il a fait", se désole Laïla (1), 32 ans, devant l’école portant le nom de l’inventeur de l’idée de nation à la française. "Ce qui constitue une nation, ce n’est pas de parler la même langue, ou d’appartenir à un groupe ethnographique commun, c’est d’avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir en faire encore dans l’avenir…", écrivait Renan en 1882 lors de sa fameuse conférence à la Sorbonne.

"Restons unis contre les fous et la barbarie."

Au 33, rue Jules-Dalou dans le quartier de la Roseraie, les impacts de balles ont été colmatés. On les devine à peine. Sans les policiers et le parterre de fleurs, on oublierait presque que cinq jours plus tôt s’est produit ici un crime abominable. De ceux pour lesquels la société n’a pas d’autre mot que "monstre" pour qualifier son auteur. Le 19 mars, au collège-lycée juif Ozar-Hatorah, Mohamed Merah, 23 ans, a abattu de sang-froid et à bout touchant Jonathan Sandler, 30 ans, ses deux enfants Arieh, 5 ans et Gabriel, 4 ans, et Myriam Monsenego, 7 ans. Et ce après avoir tué, le 15 mars, Abel Chennouf et Mohamed Legouad, deux parachutistes en uniforme de 25 et 24 ans, et le 11 mars Imad Ibn Ziaten, 30 ans, para lui aussi. Il ne comptait pas en rester là d’après les enquêteurs. Deux policiers étaient les prochains sur sa liste – le chef de la BAC de Toulouse et un membre de la DCRI.

Devant l’école, des peluches détrempées se mêlent aux fleurs. Régulièrement, des passants, enfants, adultes, ados posent des bouquets et des mots à la mémoire des morts de l’école juive. "Parents musulmans avec vous", peut-on lire à côté d’un mot écrit par un Parisien de passage : "Gabriel, Arieh, Jonathan, Myriam, nous ne vous oublierons pas. Votre malheur est le nôtre que nous soyons juifs, musulmans, chrétiens, athées, tenons-nous la main, restons unis contre les fous et la barbarie."

Vendredi en début d’après-midi, la foule quitte une place du Capitole ensoleillée après une cérémonie en hommage aux victimes. Echarpe rouge autour du cou, Moishe (1), Français de confession juive d’une soixantaine d’années, débat encore avec plusieurs femmes musulmanes. "Le peuple juif a toujours été une nation malgré sa dispersion", professe-t-il le doigt pointé vers ses interlocutrices. Deux jeunes en survets l’interrompent. "Laisse-moi juste te poser une question. Imagine, tu m’héberges. Tu conserves ta maison mais tu me laisses une cabane dans ton jardin. Si, peu de temps après, je réclame ta maison, tu trouveras ça normal ? Dis juste oui ou non", demande Salif (1), 26 ans. "Le problème est moins simpliste", répond le vieux Juif. "Allez, ferme ta gueule", s’énerve Salif.

Khadija, 40 ans, et Timouna, 55 ans, ont prié pour que ce soit un néonazi. Ces deux figures du monde associatif toulousain redoutent les amalgames.

"C’est monstrueux ce qu’il a fait, je ne cherche pas à l’excuser, mais s’il avait eu un procès, on aurait parlé de ses circonstances atténuantes, même pour un assassin d’enfants", argumente Timouna.

Khadija craint que "les jeunes soient regardés avec appréhension". "Ils n’ont pas besoin de ça, ils n’ont plus leur place à l’école, dans le milieu professionnel. Ils voient leur parents gagner 600 euros à la retraite, comment veux-tu qu’ils travaillent ? Il faut leur venir en aide avant qu’un groupe les récupère." Elle s’interrompt pour lire un texto. "Deux musulmanes de Malakoff (92) se sont fait passer à tabac par une personne désirant se venger du tueur de Toulouse. Soyez très vigilantes (faites passer aux soeurs incha’Allah) PARTAGEZ, car c’est pas demain qu’on en parlera à la TV". "Vous voyez, c’est aussi cela que l’on craint", commente Kadhija.

Trois jours après l’assaut du Raid, le gros des médias a quitté le quartier de la cache de Merah, rue du Sergent-Vigné. Quelques journalistes tentent de profiter du va-et-vient des réparateurs et des voisins pour entrer dans son appartement. Pour l’instant, c’est peine perdue. Il faut attendre un ouvrier plus conciliant.

Le postier, "barbu", se gare devant le 17. Il a du courrier en retard à distribuer. "Tiens, vous aussi vous êtes barbu", lâche goguenard le chargé de maintenance de la résidence. Le "barbu" aux lunettes Wayfarer dernier cri et caleçon apparent esquisse un sourire contrit et repart. Un calme relatif règne dans la rue lorsqu’une femme en pleurs sort de la maison juste en face de chez Merah, avec sa fille. Martine (1) hoquette, visiblement bouleversée. La veille, une équipe de télé est entrée chez elle. Elle regrette de leur avoir répondu. La voisine a peur des représailles depuis que des ados de 15-16 ans ont fait le tour du quartier pour faire passer un message : "On ne parle plus aux journalistes."

Même s’il avait déménagé dans le quartier résidentiel de la Roseraie, Mohamed Merah passait régulièrement à la cité des Izards, son quartier d’enfance.

"Deux heures après le meurtre de Montauban, il est avec sa bagnole sur le stade des Izards à faire du rodéo en voiture avec un copain. Le lundi, après les meurtres de l’école juive, qui retrouve-t-on errant aux Izards ? Mohamed Merah", assure même son avocat, maître Etelin.

Comme si de rien n’était. Aujourd’hui, les gamins de la cité ont du mal à imaginer que le garçon fan de Zidane qui jouait au foot avec eux et les emmenait au McDonald’s ait pu commettre des crimes aussi atroces. Au bas de la fiche Wikipédia concernant la cité des Izards, le nom de Mohamed Merah a été ajouté à côté de celui de Patrice Alègre, autre tueur en série originaire du quartier.

Dans une carrosserie proche de la cité des Izards, Inès (1), 15 ans, regarde au loin lorsqu’il s’agit d’en parler. "Je le connais depuis que j’ai 8 ans. Des fois il faisait des bêtises mais il venait tout le temps avec nous, les petits du quartier. Il faisait tout comme nous. Il restait dehors, il jouait au foot, il nous achetait des bonbons. Il faisait la fête, il rigolait tout le temps." Au bord des larmes, Inès continue : "Je suis dégoûtée, comme tout le monde. Il a déconné, je ne comprends pas pourquoi il a fait ça, mais c’est vrai que la dernière fois que je l’ai vu, il y a deux mois, il était bizarre. Avant quand il me voyait, il m’appelait pour faire un tour, là il ne me parlait plus."

"Maintenant tout le monde va penser que les Izards, c’est Al-Qaeda"

Devant une cage d’escalier dégradée de la cité, deux jeunes discutent en mangeant un sandwich. Sweat bleu à capuche, Hicham (1), 17 ans, évoque son souvenir avec peine. "Ça fait mal car je le connaissais. Il y a encore une semaine, il est venu avec sa moto. Je n’ai rien envie de dire de méchant sur lui." Mais il regrette l’impact des tueries sur son quartier. "Ça nique notre réputation. Maintenant tout le monde va penser que les Izards, c’est Al-Qaeda." Hicham prépare un CAP de tourneur-fraiseur et rêve de bosser chez Airbus. Même motivé, pas facile de résister à la délinquance dans le coin, raconte-t-il. "Tu peux facilement te faire "engrener" à dealer mais si tu es fort mentalement, tu tiens. Souvent, les gamins basculent là-dedans pour gagner de la thune mais aussi pour rompre l’ennui."

Le quartier des Trois-Cocus et la cité populaire des Izards sont réputés être un haut lieu du trafic de drogue toulousain. Construite en 1963 pour loger les rapatriés d’Algérie, elle a commencé à cumuler les difficultés dans les années 80, raconte Rémi Caussat, président du comité de quartier depuis 1984. "On a laissé dégrader cet endroit, on a concentré une population en grande difficulté et on n’a rien fait pour l’aider. Aujourd’hui, les gamins restent entre eux à l’école, au foot, dans la rue. A l’époque, on pouvait discuter, maintenant ils se sentent marginalisés, il y a eu un repli communautariste. Un jeune qui s’en sort quitte la cité, l’image de marque est si mauvaise qu’ils ne peuvent pas rester ici."

Jean-Pierre Havrin, adjoint à la sécurité du maire de Toulouse, confirme : "Cette nouvelle génération a encore plus la conviction de ne plus avoir de perspective en France. Au Mirail (quartier populaire au Sud de Toulouse -ndlr), il y a 40 % de chômage et chez les jeunes, on avoisine les 60 %. Ils ont l’impression que la République ne leur offre aucune chance de s’en sortir. Ils ont leur contre-société, leurs propres codes et leurs propres références. Comment créer un dialogue avec eux ?"

Policier de proximité à la retraite, Jean-Pierre a bien connu Mohamed Merah. Ils ont fait du sport lorsque la famille Merah habitait au Mirail. "

Ces gamins ont été abandonnés par la police de proximité. Avant, nous étions présents en permanence dans les coursives de la cité. La pol-prox servait de maillon social pour ces familles déstructurées. Si elle n’avait pas été détruite, peut-être que le petit Merah aurait pris un autre chemin ou que des flics auraient détecté plus tôt qu’il partait à la dérive."

Au lieu de cela, Merah accumule les échecs professionnels et familiaux. Coincé dans une famille de cinq enfants, père absent, mère femme de ménage, déménagements à répétition, Mohamed sera placé par les services sociaux de 6 à 13 ans. "C’est un pur produit de la société française, celle qui a du mal à intégrer ses jeunes de banlieues et qui alimente chez eux un sentiment d’exclusion et de relégation", plaide son avocat. Mohamed Merah, c’est le petit délinquant type de cité. En 2004, il commence par jeter des pierres contre un bus municipal. Deux ans plus tard, il enchaîne conduites sans permis et menus larcins. Après un vol de sac à main, les mois avec sursis se transforment en prison ferme.
Incarcéré de décembre 2007 à juin 2008 à la maison d’arrêt de Seysses, près de Toulouse, puis transféré à la prison Saint-Sulpice dans le Tarn, Merah n’a pas marqué ses gardiens. A peine se rappelle-ton qu’il est descendu une fois en promenade avec un Coran à la main. "La prison est l’école de la voyoucratie mais pas du terrorisme, il y a du prosélytisme, des appels à la prière, mais de là à tomber dans le terrorisme, il y a un gouffre", assure Philippe Campagne de FO-pénitentiaire. Ce n’est pas l’avis du directeur départemental de la sécurité publique de Haute-Garonne de 1999 à 2003, Jean-Pierre Havrin. "Les fondamentalistes ont une vraie emprise sur nos prisons. L’endoctrinement y est particulièrement fort. Le salafisme permet à certains de se construire une identité en rupture", estime-t-il.

Dans Le Journal du dimanche du 25 mars, un ancien compagnon de cellule de Merah, qui l’a côtoyé en 2009 à la prison de Seysses (où il a été à nouveau incarcéré de décembre 2008 à septembre 2009), raconte que le jeune homme aurait basculé dans l’islamisme radical sous l’influence de son frère ainé Abdelkader.

"Il venait le voir régulièrement avec sa mère. Il lui a fait passer un tapis de prière et une djellaba et puis lui a donné un CD avec des chants islamiques. Il écoutait ça à fond du matin au soir."

L’islamisation en prison est un classique depuis Malcom X. "Quand vous êtes en prison, vous êtes au plus bas. Des prédicateurs viennent vous dire que la France ne vous a pas donné votre chance, vous incitent à renier toute culpabilité. Au lieu d’expier sa faute, on la supprime en revendiquant une nouvelle identité. Cela vous pousse à rompre avec les moeurs et les coutumes de la société qui vous a rendu responsable de votre déchéance", explique Gilles Kepel, politologue spécialiste de l’islam.

A son retour de prison, pour son entourage, Mohamed Merah n’a pas changé. "La première fois qu’il est sorti, il a fait un frein à main avec une Audi et il s’est payé un poteau", se marre Saïd (1), un ancien gamin des Izards. A deux reprises, en 2008 puis en 2010, Merah tente même de s’engager dans l’armée. En vain, son casier judiciaire incite l’armée à rejeter sa candidature. Son échec à intégrer la Légion en 2010 l’aurait beaucoup affecté, selon un ancien ami. "Il s’est posé des questions sur le sens à donner à sa vie. Il était agité, instable, il coupait court à ses relations avec les jeunes. Sa vie a été faite de beaucoup d’échecs et il a certainement voulu embrasser la radicalité pour tout changer".

A la suite de cela, il réalise plusieurs voyages au Liban, en Syrie, en Afghanistan mais surtout au Waziristan, une région du Pakistan frontalière de l’Afghanistan, une période durant laquelle il aurait suivi une formation personnalisée au salafisme djihadiste, selon les confessions qu’il a faites aux policiers du Raid lors du siège de son appartement. Joyeux, fêtard, Mohamed Merah ne laisse rien paraître de son engagement religieux.

"Dans la logique du djihad, la dissimulation fait partie des armes pour tromper les ennemis. Les membres du commando du11 Septembre se rasaient la barbe. Il y en avait même un qui allait en boîte de nuit. La fin justifie les moyens", décrypte Gilles Kepel.

Une duplicité qui sème le trouble dans l’esprit d’une partie des jeunes du quartier de son enfance. Sur YouTube ou Dailymotion, des vidéos complotistes remettent en cause la version officielle. Elles insistent sur les incohérences des premiers témoignages après le drame de Montauban. Le tueur était alors décrit comme un "homme de taille moyenne, assez corpulent, portant un tatouage au niveau de la joue gauche". Certains gamins l’érigent en héros. Sur Facebook, ils ont substitué leur avatar par une photo de Mohamed Merah.

Le même phénomène d’identification était perceptible dans les quartiers lyonnais après la mort de Khaled Kelkal, responsable de la vague d’attentats qui a frappé la France à l’été 1995. "Une minorité de la population d’origine nord-africaine éprouvait une forme d’admiration pour lui et un dégoût pour la façon dont il avait été abattu par la police, se souvient Gilles Kepel. Il se passe la même chose pour Merah sur le web. On assiste à une mise en réseau virtuel de soutiens à l’action qu’il a menée".

Les pages Facebook en hommage à son action se multiplient. Dans les commentaires, beaucoup de musulmans condamnent ses meurtres, une minorité l’excuse par antisémitisme ou par défiance envers les médias. Sur la page "Hommage à Mohamed Merah", désactivée depuis, l’administrateur écrit ainsi : "Ces actes ne sont pas excusables, mais ça reste un frère. Il a voulu faire quelque chose de bien mais il ne l’a pas fait de la bonne manière (…) Il y a des générations dans les quartiers laissées à l’abandon, et après ils se plaignent des conséquences. Ils nous parlent d’endoctrinement, alors qu’ils endoctrinent la population mondiale pour les détourner d’Allah. On vit dans un pays de Juifs, c’est comme ça mais c’est la vérité."

En prétendant assassiner des Juifs pour " venger les enfants palestiniens", Mohamed Merah a cherché à politiser sa folie criminelle. "Cela offre des possibilités d’identification pour sa communauté qui finit par oublier qu’il a aussi tué des musulmans, explique Gilles Kepel. C’est une manière pour Merah d’essayer de rassembler des soutiens en se présentant comme défenseur de l’islam, attaqué en Palestine." Selon Kepel, sa stratégie s’inspirerait d’Abou Moussab al-Souri, l’un des leaders d’Al-Qaeda récemment libéré par Bachar al-Assad. Il préconisait de purger la communauté de ses mauvais éléments avant de gagner des adeptes en tuant des ennemis symboliques de l’islam.

Samedi 24 mars, une trentaine de jeunes des Izards, surtout des filles, s’est rassemblée en mémoire de Mohamed Merah. Laurent (1), un ancien ami : "C’était un hommage au premier Mohamed, celui que tout le monde voulait serrer dans ses bras lorsqu’il était jeune. Le second Mohamed, qui a tué des enfants à bout portant, personne ne le reconnaît".

David Doucet et Anne Laffeter

1. Les prénoms ont été modifiés

[lesinrocks.com]
Re: R?flexions sur la tuerie antijuive de Toulouse
05 avril 2012, 04:50
Le père de Mohamed Merah parle


Le quotidien algérien arabophone Al-Chourouk publie ce 28 mars une longue interview de Mohamed Ben Allal, le père de Mohamed Merah, l'auteur des tueries de Toulouse et de Montauban. Le vieil homme en veut aux forces de police de ne pas avoir capturé son fils vivant. Et dit craindre des actes racistes "de la part des Juifs".

LIRE LA SUITE SUR :


[www.courrierinternational.com]
Re: R?flexions sur la tuerie antijuive de Toulouse
05 avril 2012, 06:36
Merah était un agent secret.

Par Didi Baracho

Elle se prénomme Zahia comme la copine de Franck Ribéry ; elle s’appelle Mokhtari comme l’Indigène ivrogne de Bruxelles ; elle est avocate comme Jacques Vergès ; elle a une robe comme la plupart des femmes et elle porte un voile comme beaucoup d’Algériennes qui préfèrent la laideur et l’uniformité à la beauté et à la féminité.


Elle est paranoïaque comme les membres du régime colonialiste, elle est complotiste comme Thierry Meyssan et partisane du « qui tue qui ? » comme Aït Ahmed.
Elle, c’est Zahia Mokhtari, l’avocate du père algérien du terroriste français, Mohamed Merah.
En débouchant ma première bouteille de la journée, je n’ai pu m’empêcher de penser à cette avocate, désormais aussi célèbre que les défenseurs de Dominique Strauss Kahn. Je me dis, cette bonne dame, toute en rondeur, est finalement bien courageuse. Elle va s’attaquer aux forces spéciales de la cinquième puissance mondiale : la France.
Son action est saluée par toute la presse algérienne et notamment par mes amis Lounès Guemmache, H’mida Layachi et Anis Rahmani, les trois journalistes que nous envie la Pravda.
Elle est convaincue, elle en détiendrait même les « preuves », que le terroriste français, fils de son client algérien aurait été abattu froidement et qu’il serait innocent de ce dont on l’accuse.
En pensant à cette affaire, je me suis dit que mon pressentiment était fondé. J’ai donc enquêté et désormais je détiens les preuves de l’innocence de Mohamed Merah.
En fait, le pouvoir algérien soutient discrètement Nicolas Sarkozy. C’est pour cette raison que notre monarque a demandé aux généraux M. dit T. et T. dit B. d’activer un de leur agent dormant installé à Toulouse. Il fallait terroriser la population française par la main d’un prétendu terroriste algérien ou presque. Ainsi, les électeurs français voteront Sarkozy et les électeurs Indigènes iront élire les représentants du pouvoir colonialiste à l’Assemblée.
Nos espions qui sont de mèche avec les services français depuis cinquante ans, ont ensuite demandé au RAID de ne laisser aucune trace. D’ailleurs, si les policiers français étaient masqués, c’est tout simplement parce qu’ils n’étaient pas français. C’est une équipe des forces spéciales algériennes, d’anciens co-équipiers de Boumaarafi, le tueur présumé de Boudiaf, qui sont partis clandestinement en France pour liquider l’agent secret de leurs services. Manque de pot, un agent des services marocains, habitant juste en face de Mohamed Merah qui était en réalité un agent triple a filmé l’assaut et a entendu le faux terroriste, mais néanmoins vrai espion, crier « Ne tirez pas sinon je sors nu de la salle de bain ».
Vous comprenez maintenant pourquoi il est important de boire de l’alcool ? Les Ivrognes sont beaucoup plus lucides que les avocates voilées qui, elles, sont toujours à jeun. Mais ça, c’est une autre histoire. Alors, malgré tout, vive les Indigènes !

 
Re: R?flexions sur la tuerie antijuive de Toulouse
07 avril 2012, 11:51
Des musulmans organisent une marche contre l’islam radical le 15 avril à Paris-

[www.europe-israel.org]
Re: R?flexions sur la tuerie antijuive de Toulouse
07 avril 2012, 17:06
Citation
Nemesis
Le père de Mohamed Merah parle


Le quotidien algérien arabophone Al-Chourouk publie ce 28 mars une longue interview de Mohamed Ben Allal, le père de Mohamed Merah, l'auteur des tueries de Toulouse et de Montauban. Le vieil homme en veut aux forces de police de ne pas avoir capturé son fils vivant. Et dit craindre des actes racistes "de la part des Juifs".

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[www.courrierinternational.com]


Bonjour cher Memesis.

Comme l'a dit si bien Alain Juppé,ministre des A.E. français: "Quand on a pour fils un monstre pareil,on doit se taire".
Re: R?flexions sur la tuerie antijuive de Toulouse
08 avril 2012, 06:07
Je vous remercie Monsieur HAIFA pour dire tout haut ce que beaucoup de gens pensent tout bas.
Re: R?flexions sur la tuerie antijuive de Toulouse
09 avril 2012, 00:35
LETTRE OUVERTE D’UN JUIF DE FRANCE AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ...


La fusillade de Toulouse a profondément touché la France, et sa communauté juive en particulier. Les Juifs de France ont peur du regain d'antisémitisme dans le pays et demande des gages à la classe politique.


Je n’ai pas dormi cette nuit. Je n’y suis pas arrivé. La tragédie de Toulouse fait ressurgir en moi des angoisses que je pensais éteintes. Les angoisses que tous les petits Juifs ont un jour connues, quand on leur a parlé de leur histoire, et qui prennent une forme différente ce soir.



Monsieur le Président,


J’ai besoin de vous. Pour mes enfants, ma femme, pour mes parents, pour ceux qui m’entourent comme pour moi, j’ai besoin de vous. J'ai besoin que vous m’aidiez, non pas à comprendre la tragédie de Toulouse, mais à répondre à deux questions simples que ce drame soulève en moi et qui me torturent.


A Paris, la plupart des écoles accrochent dans leur entrée un panneau qui rappelle que près de 11 000 enfants ont été conduits dans les camps de la mort parce qu’ils étaient nés Juifs. Peu importe leur religion, les parents qui accompagnent leurs enfants chaque jour à l’école évitent soigneusement de poser leur regard sur ce panneau noir. Les parents d’enfants juifs, plus que les autres, savent que pour vivre heureux, il ne faut pas trop remuer un passé pas si éloigné et qui les renvoient à l’indicible. Un jour mon fils m’a demandé ce qu’était ce panneau, pourquoi il était triste et noir. Je n’ai pas eu le courage de tout lui expliquer. Je lui ai simplement dit que des gens méchants avait fait beaucoup de mal à des enfants, mais que ces gens étaient partis pour toujours. Bien sûr, il m’a demandé pourquoi on leur avait fait du mal. Ce sont des gens méchants. Et les gens méchants n’ont pas besoin de bonnes raisons pour faire des méchantes choses, lui ai-je répondu.


Il m’a demandé s’il était vrai que ces petits enfants étaient Juifs. Je n’ai pas eu le courage de mentir. Alors, j’ai dit oui, mais je lui ai dit que ces gens-là, ces méchants n’existaient plus et qu’en France, on ne permettait plus de faire du mal aux petits enfants juifs, ni à aucun petit enfant. Bien sûr, ce soir, je sais la différence. J’essaye de garder ce discernement qui doit me conduire à comprendre cette évidence que Toulouse, ce n’est pas le retour de Vichy, mais les images se télescopent. Des enfants que l’on prend d’une école pour les mettre à mort. Je vous demande de m’en excuser.


Monsieur le Président, que vais-je dire à mon fils et à ses deux petites sœurs ? Ce soir, je me sens démuni. Ce n’est pas mon rôle d’être démuni, ce n’est pas ce que des petits enfants attendent de leur papa. Alors, aidez-moi à leur expliquer Toulouse.


Je suis un enfant de la République, je suis né Français, tout comme chacun de mes parents et chacun de mes grands-parents. Je me sens très Français. Au risque d’utiliser un mot que ma génération connait mal et que les plus jeunes encore trouvent ringard ou suspect, je me sens patriote. J’aime la France, sa terre et sa culture. Ses églises sont les miennes – quoi qu’en pensent certains. Sa gastronomie m’enchante, casher ou souvent pas - heureusement. Il se trouve que je suis Juif. Je suis Juif comme d’autres sont Bretons, Corses ou Auvergnats, Juif mais français. Français mais Juif. Je lie mon destin à celui de mon pays. Ce fut peut-être le fruit du hasard, mais c’est surtout mon choix, celui d’embrasser cette terre et d’y accomplir mon destin et mon devoir. Etre Juif, je n’en tire ni orgueil ni honte. Je ne m’en cache pas. Je n’ai pas non plus besoin de porter cette part de mon identité comme un étendard à la vue de tous. Je sais ce que je dois à la France. Mes grands-parents et mes parents aussi. Ils me l’ont enseigné. A chaque génération, à force de travail, de courage et de détermination, grâce à ce pays, avec ses gens, sa république, les gens de ma famille ont gravi quelques barreaux de l’échelle sociale – mais il y a toujours eu un mais. Ma grand-mère disait ce que mon père me dit encore : « N’oublie pas d’où tu viens. Tu es un Juif, et si un jour tu l’oublies, gare à toi, les autres te le rappelleront, et ce jour là... » Je l’avais un peu oublié jusqu’à ce soir.


Ce soir je réalise que les enfants juifs de France vivent dans des écoles barricadées, sous surveillance vidéo, ce soir je réalise que ma femme ne veut plus que je porte l’étoile de David par crainte que l’on m’agresse. Ce soir, je réalise que depuis longtemps, lorsque je vois un enfant juif portant la kippa, je ressens une indicible angoisse. Ce soir, je réalise qu’en nommant l’une de mes filles d’un prénom juif, j’ai peut-être manqué de prudence. Ne vous trompez pas sur mes intentions, je ne suis pas une victime, je ne courbe pas l’échine. Je ne me plains pas. Je n’attends pas que l’on me cajole. Ce soir, je bâtis mon avenir, celui des miens, et il est entre mes mains. Pour le bâtir sereinement, avec bonheur malgré les circonstances, je veux y voir clair. C’est pour cela que je vous demande de l’aide.


Monsieur le Président, la France aime-t-elle ses Juifs ? Je ne veux pas qu’elle les tolère, je ne veux pas qu’elle les accepte. Je veux qu’elle les aime. Et vous le savez-sans doute, l’amour, ça n’existe que par les preuves que l’on produit. Je voudrais tellement que vous, le premier des Français, puissiez m’en faire une brillante démonstration. Pouvez-vous le faire ?


Comme les Chtis, les Corses, les Picards, les Bretons, les Auvergnats, les Vendéens, les Normands, les Antillais, les Alsaciens et tous les autres, que je respecte et que j’aime parce qu’ils font la France, son génie, son ressort créatif, son caractère et son histoire, je voudrais que la France disent à ses Juifs qu’elle les aime. Ni plus, ni moins. Y croyez-vous vous-mêmes ?


Je vous prie d’agréer, Monsieur le président de la République, l’expression de ma très haute considération.

Publié par Gérard Cattan
Re: R?flexions sur la tuerie antijuive de Toulouse
09 avril 2012, 07:17
J'ai envoyé une première réaction mais j'ai l'impression que j'ai fait une fausse manoeuvre. Je racontais que l'on m'avait inscrite d'office à un site qui se dit humaniste de gauche, l'on y trouve des vidéos et des articles antisémites, le terme juif sonne comme une insulte, mais des personnes aiment et pas de réaction ! J'ai laissé des commentaires, puis j'ai eu trop mal au ventre et je me suis désinscrite, pourquoi au nom de la Démocratie l'on respecte des pensées qui ne nous respectent pas ?
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