en exclusivité aux 3 Luxembourg
Où vas-tu Moshé ?
film de Hassan Benjelloun
2008 – comédie – Maroc - 1h30
avec
Simon Elbaz, dans le rôle principal
et
Rim Shamou, Ilham Loulidi, Abdelkader Lotfi, Hassan Essakalli, Mohamed Tsouli,
Rabii El Kati, Abdelmalek Akhmiss, Abderrahim Bargache, Abdellah Chakiri, …
sortie du film en v.o. arabe marocain sous-titrée français
Où vas-tu Moshé ? sortie à Paris le 9 juin 2010
cinéma Les 3 Luxembourg 67,rue Monsieur Le Prince 75006 Paris
www.lestroisluxembourg.com
presse & promotion :
cinepromotion@free.fr
programmation :
filmsprog@gmail.com
presse – Où vas-tu Moshé ? de Hassan Benjelloun
avec Simon Elbaz, dans le rôle principal
sortie le 9 juin au cinéma Les 3 Luxembourg
67 rue Monsieur le Prince 75006 Paris tél.01 46 33 97 77 www.lestroisluxembourg.com
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L’EXPRESS – Eric Libiot
« La vie d’un petit village marocain au début des années 60. à l’heure de la décolonisation, au moment où tous les
juifs quittent leur pays. Jolie fable…. »
LE MONDE – Jacques Mandelbaum
« En 1945, on comptait 300 000 juifs au Maroc. La création de l'Etat d'Israël en 1948, puis, plus encore,
l'indépendance du Maroc au début des années soixante et l'arabisation concomittante, vont produire un exode
massif de cette population, en direction d'Israël, de l'Europe, du Canada.
Il reste aujourd'hui environ 3 000 juifs dans le pays. Cette saignée qui mit fin à plusieurs siècles de cohabitation ainsi
qu'à l'existence d'une culture judéo-arabe florissante, voici qu'aujourd'hui un réalisateur marocain entreprend de
l'évoquer, sous la forme d'une fable attristée.
Hassan Benjelloun situe son film en 1963, dans un petit village de l'Atlas marocain. Soutenus par des associations
sionistes, les juifs sont en train de quitter le village à jamais. Un seul résiste pourtant à ce mouvement collectif, en
dépit du départ de sa propre famille. Son nom est Moshé, il est horloger, joue du oud, et il n'aime rien tant que de se
réunir avec ses amis arabes au café du village. Ce café devient précisément l'enjeu dramatique du film.
Le conseil municipal, noyauté par une majorité désireuse de se conformer aux préceptes de l'islam, entend enfin
fermer ce lieu de perdition. Mais son patron, associé à quelques alcooliques et libres-penseurs locaux, ne l'entend
pas de cette oreille.
Or, tant que Moshé continue de le fréquenter, le gargotier a la loi de son côté, celle-ci interdisant toute fermeture d'un
établissement de boissons alcoolisées tant que la présence d'un non-musulman y est attestée.
Cette intrigue est évidemment un plaisant prétexte adopté par le réalisateur pour déplorer l'absurdité d'une logique
de l'Histoire qui emporte sur son passage les hommes et met fin à leur volonté de vivre ensemble…. »
TELERAMA – Pierre Murat
« Jolie idée de faire d'un vieux Juif nostalgique le porte-parole des musulmans modérés, désireux de vivre leur vie et
de picoler gentiment, si ça leur chante. Visiblement Hassan Benjelloun est un gentil, un indulgent, un tolérant. Son
film, par moments, prend des airs de conte ensoleillé à la Pagnol….. »
TELEOBS – Xavier Leherpeur
« Vérifiant l’adage selon lequel les qualités d’écriture pallient (parfois) le manque de moyens, cette comédie
dramatique et picaresque est l’une des jolies surprises de la semaine. Dans un petit village marocain des années
1960, l’indépendance du pays pousse les juifs à émigrer, menaçant ainsi le café, interdit aux musulmans, d’une
fermeture définitive. Entre «Clochemerle» et Pagnol, une fantaisie historique savoureuse dont la dimension politique,
illustrée ici par le préoccupant retour au communautarisme et à l’ostracisme religieux, est pertinemment mise en
avant. »
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Où vas-tu Moshé ? de Hassan Benjelloun
La sensibilité de l'histoire
Voici un film d'histoire beau par ses détails. Un déhanchement de danse du ventre, un vieil
homme qui joue du luth, une photo jaunie d'ancêtres, une torah posée sur une mosaïque arabe,
un sourire maquillé de rouge à lèvres, un bout de tissu mauve, un verre de bière sans
mousse,…Car tous ces détails représentent précisément l'attachement au passé, à une
civilisation, à une culture, qui se révèle le moteur historique du film de Hassan Benjelloun. Nous
sommes à Bejjad, bourg des hauteurs de l'Atlas marocain, en 1963. Le pays est indépendant
depuis peu, Mohamed V règne, les Français sont partis. 300 000 juifs vivent là, dans les
grandes villes comme Fez, Meknès, Marrakech, mais également dans les petites communautés
plus reculées, tel Bejjad. Des juifs qui n'ont jamais connu que leur village : ils sont artisans,
commerçants, médecins, enseignants, pharmaciens, rabbins, et ont créé sans forcément le
savoir, mais avec une sensibilité synchrétique étonnante, une culture judéo-maghrébine aussi
vivante que vibrante. Art des couleurs, des saveurs, des odeurs, des langues, des musiques,
du mouvement, sa sensualité s'exprime dans ce film à travers mille ornements. Et la première
qualité d'Hassan Benjelloun consiste à savoir regarder ces multiples signes d'une culture
raffinée et chatoyante sans jamais s'appesantir ni fabriquer du cliché folklorique.
Depuis 1948 et la création d'Israël, des organisations sionistes font passer clandestinement des
familles entières du Maroc vers le nouvel Etat. Avec la décolonisation, ce mouvement
s'accélère. L'exil est désormais massif, profitant aux musulmans qui rachètent à bas prix les
terres, les boutiques, les maisons, les biens, et occupent vite les places laissées libres. Il n'y a
pas de politique anti-juive mais une arabisation pratique et concrète. Les juifs partent pour
Israël, mais aussi la France, les Etats-Unis, le Canada, emportant leur culture dans une valise,
laissant sur place une part d'eux-mêmes qui les ratrappe vite, tout en demeurant à jamais
perdue : la mélancolie.
Le héros d'Où vas-tu Moshé ? s'appelle Shlomo. Il est horloger, mais également musicien,
jouant de son luth pour faire danser et chanter les habitués du bar de Mustapha, là où
musulmans, juifs et français ont longtemps cohabité dans l'amour de l'ivresse, de la musique,
des conversations et des amitiés de la nuit. Tous les juifs partent, sauf Schlomo, qui n'arrive
pas à quitter Bejjad, sa ville pour toujours, ni ses amis, à la vie à la mort. Il a laissé partir sa
femme et sa fille, Rachel, qui ont gagné Israël après un long voyage en bus, en barque, en
bateau, où ils attendent — et déchantent — dans un camp d'arrivants, que le pays de leur rêve
veuille bien d'eux. Mais les émigrés d'Europe passent d'abord et ils se retrouvent citoyens de
seconde zone.
A Bejjad, cependant, Shlomo trouve un rôle en or : il est bientôt le dernier "non-musulman",
permettant en cela au bar de Mustapha de rester ouvert — un article du code civil marocain
l'autorise —, malgré les pressions moralisatrices du conseil municipal et des autorités
religieuses qui voudraient fermer au plus vite cet espace d'interdit où se débitent toutes sortes
de boissons alcoolisées. Choyé et protégé par les uns, qui ne veulent pas renoncer à cette
douceur de vivre judéo-musulmane, vilipandé et poussé à partir par les autres, qui voudraient
rester entre eux, Shlomo hésite. Ce sont justement ces hésitations qui habitent le film et
élargissent son nuancier de sentiments, de sensibilités, de pratiques, de gestes, d'habitudes,
tout ce qui confère, ici, tant d'épaisseur à l'histoire et de densité à sa reconstitution, loin de tout
manichéisme et de tout simplisme. Rendons également hommage à Simon Elbaz, qui joue
Shlomo, acteur tout en finesse, lui-même musicien et joueur de luth réputé : à lui seul, il incarne
le matrouz, ce dialogue musical et poétique interlinguistique et interreligieux.
Il n'y a plus que 3000 juifs au Maroc, mais la culture si particulière de cette terre est encore
vivante, essaimée aux quatre coins du monde. Où vas-tu Moshé ? parvient à la faire voir,
presqu'à la faire sentir.
Antoine de Baecque, critique & historien du cinéma
paru dans le magazine L’HISTOIRE de juin 2010.
Pièces jointes: