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LA MUSIQUE ANDALOUSE

Envoyé par rbati boukroune 
Re: LA MUSIQUE ANDALOUSE PAR LE DR.RBATI EL ANDALUZ
30 avril 2008, 10:46
mes chers elie, kamal ,italeug , zyriab et tous les lecteurs de cette

rubrique: MERCI INFINIMENT.

TABAREK ALLAH 3ALIKOUM , REBBI YE7DIKOUM.


EL ANDALUZ
Re: LA MUSIQUE ANDALOUSE PAR LE DR.RBATI EL ANDALUZ
01 mai 2008, 11:16
les noubas de la musique andalouse marocaine dans une horloge .

image empruntée à l'association marocaine des amateurs de la musique andalouse...casablanca

EL ANDALUZ
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Re: LA MUSIQUE ANDALOUSE PAR LE DR.RBATI EL ANDALUZ
01 mai 2008, 11:42

A nos amis résidents au canada.....le 17 mai , ne ratez pas cette
opportunité unique .

vous aurez mes amis "l'orchestre chabab al andalous de RABAT "en bonne
compagnie de haj mohamed bajeddoub(safi),haj abdesslam sefiani(salé)
ainsi que la participation de sonia del rio et sa troupe flameco :

belle soirée en perspective !


merci à note ami" OULD KABLA " de montréal de nous avoir facilité cette
information précieuse...CHOUKRAN JAZILA


EL ANDALUZ
Pièces jointes:
rba mtrl.jpg
Re: LA MUSIQUE ANDALOUSE PAR LE DR.RBATI EL ANDALUZ
01 mai 2008, 13:05
Amis de la rubrique, voici 2 noms d'algériens qui ont beaucoup œuvré pour notre musique andalouse et qui restent méconnus du public smoking smiley

H’mida KATEB (1905-1964)



H’mida Kateb né à Alger en 1905, fit sa scolarité à Saint-Eugène. Puis en 1919 à la médersa d’Alger. Une fois diplômé, il fut nommé Cadi.
Il aimait la musique andalouse, et lui consacra une bonne partie de sa vie.
Il était l’ami intime de Mouzino, et à la mort de celui-ci en 1928, son épouse mit à sa disposition tous les documents de musique que son mari possédait. Il put ainsi avoir la totalité des textes de la musique classique algérienne (andalouse).

Il fut aussi à l’origine de la réémergence d’El-Mossilia en 1932. Cette association à été créée en 1927, mais n’avait pas d’agrément .Il en était le secrétaire général.

Il entreprend les 12 heures andalouses de Edmond Yafil, pour entamer la correction des textes de noubate qui comportaient cependant des erreurs notables, la réalisation de leur vocalisations qui demandait une certaine technique, et une maitrise de la langue arabe.

En 1960, il entreprit la rédaction d’un ouvrage réunissant l’ensemble du patrimoine andalou en corrigeant le texte et en l’enrichissant par des istikhbarates .Il n’eut pas le temps de réaliser son projet, consigner dans un livre l’ensemble du répertoire andalou. Cet ouvrage ne connaitra jamais d’édition, mais quelques années plus tard, l’institut national de musique (INM), en utilisant son travail puis en l’amplifiant édita un ouvrage en trois tomes s’intitulant : « Patrimoine musical de chants, les mouachahate et les azdjal ».

Il fit un travail de compilation pour Sid’Ahmed Serri « le répertoire chanté d’Ahmed Serri ».

Il ajouta à son travail les multiples istikhbarate qui convenaient à chaque morceau , ainsi qu’un distique (groupe de deux vers) à la fin de chacune des noubas nommé kadria.
Il mourut en 1964, grâce à lui, et à tant d’autres restés dans l’ombre, son travail est lu et chanté par de nombreux interprètes.


halkoma smoking smiley
Re: LA MUSIQUE ANDALOUSE PAR LE DR.RBATI EL ANDALUZ
01 mai 2008, 13:11
Omar Bensemmane: (1906-1972)


Omar Bensemmane né 1906, cousin germain de h’mida Kateb.
Cordonnier artisan bottier de son état, fit des rencontres dans le milieu musical.
Laho Seror, Mahieddine Lakehel, Bouchaara et bien d’autres, deviennent ses amis , à leurs contacts, il a beaucoup appris.

Il a complété sa formation à la société musicale El-Djazairia dont il a été membre fondateur en 1930. Véritable phonothèque vivante, toujours prêt à encourager les jeunes et les moins jeunes, connaisseurs et débutants. Professeur bénévole à El Djazairia-Mossilia, il y a enseigné de 1964 à 1970.
La transmission de son répertoire a été son principal souci, de nombreux morceaux qu’il a acquis de Laho Seror, de Bouchaara et de bien d’autres ont constitué le complément essentiel de la nouba d’Alger

Il proposa l’enregistrement de la touchia ghribet el hsine en 1970 Sid’Ahmed Serri, à l’occasion de la sortie de son recueil de chants andalous a enregistré un btaihi rasd eddil ma yahlou chorb el ôuqar et un insiraf rasd eddil ghouzayali ahiaf transmis par Omar Bensemmene en 1955 dans un CD nouba mezdj maya-rasd eddil. Dans un deuxième CD du mode raml el maya, il interprètera un mceddar keyfa yatibou transmis en 1968. En juin 2004, Beihdja Rahal sollicita son fils sur l’origine et l’authenticité de certains morceaux du mode mezmoum. C’est avec stupeur qu’il a pris connaissance de leur origine douteuse véhiculée ici et là ainsi que de leur interprétation. Beihdja Rahal est venue résoudre l’authenticité d’un morceau de ce mode et la voilà repartie avec une nouba donnée par Laho Seror en 1937, qui à son tour, Omar Bensemmane, l’a transmise à son fils en 1966.fi sabil el gharam en 1971.

Il décède en 1972 à Saint-Eugène. Son travail n’aura pas été vain, puisqu’il a transmis à ses élèves, ses proches, ses enfants et disciples, des morceaux qui auraient pu être engloutis à jamais. Il a donc su perpétuer cette musique andalouse pour que d’autres générations reprennent le flambeau et préservent cette richesse musicale des vicissitudes du temps.

halkoma smoking smiley
Re: LA MUSIQUE ANDALOUSE PAR LE DR.RBATI EL ANDALUZ
01 mai 2008, 13:52
Bonsoir et encore bravo pour ces informations !!

En faisant des recherches afin de me lancer dans l'aventure d'une chorale andaloussia, je remarque que la majorité des chorales sur Paris sont d'école algérienne (Amel, Andaloussia, es-safina ...) dont l'enseignement est celui de l'école d'Alger ou Tlemcen.
Cet enseignement est bien organisé d'ailleurs avec un centre culturel algérien présent dans le 15eme arrondissement.
Mais qu'en est-il de l'école marocaine ?
Aucun centre culturel à Paris ni d'associations et ni chorales.
Cela me parait un peu pauvre compte-tenu du nombre d'amoureux et de spécialistes de ce style !!
Si une telle chose se montait à Paris ou en région parisienne, je ne doute pas du succès de cette entreprise.

A moins que vous ne me contredisiez en m'indiquant les coordonées d'une telle association ...

Salam.
Re: LA MUSIQUE ANDALOUSE PAR LE DR.RBATI EL ANDALUZ
02 mai 2008, 03:39
tradition_andalouse a écrit:
-------------------------------------------------------
> Bonsoir et encore bravo pour ces informations !!
>
> En faisant des recherches afin de me lancer dans
> l'aventure d'une chorale andaloussia, je remarque
> que la majorité des chorales sur Paris sont
> d'école algérienne (Amel, Andaloussia, es-safina
> ...) dont l'enseignement est celui de l'école
> d'Alger ou Tlemcen.
> Cet enseignement est bien organisé d'ailleurs avec
> un centre culturel algérien présent dans le 15eme
> arrondissement.
> Mais qu'en est-il de l'école marocaine ?
> Aucun centre culturel à Paris ni d'associations et
> ni chorales.
> Cela me parait un peu pauvre compte-tenu du nombre
> d'amoureux et de spécialistes de ce style !!
> Si une telle chose se montait à Paris ou en région
> parisienne, je ne doute pas du succès de cette
> entreprise.
>
> A moins que vous ne me contredisiez en m'indiquant
> les coordonées d'une telle association ...
>


Pour tradition andalouse:

bienvenue sur cette rubrique de musique andalouse.
effectivement,il n'y a pas de centre culturel marocain à paris .il y en aura un , un de ces jours ALLAHO A3LAM apparemment bd.st michel mais le
projet traîne pour cause de tracasseries administratives. moi qui
suis d'origine marocaine , je ne connais pas d'association de l'école de
rabat , fes, tetouan ou autre sur paris..

de temps à autre, il y a des orchestres andalous qui viennent du maroc
et qui se produisent à l'IMA, l'unesco ou ailleurs.

je pense que la différence réside dans le fait que les andalouphiles d'origine algérienne sont très nombreux et beaucoup de grands talents
et de grands artistes algériens ont quitté l'algérie pour s'installer
en france et surtout à paris aux années 90 pour les raisons que vous
connaissez si bien , ce qui a participé à cette richesse et cette
organisation sur le sol français.

Heureusement le CCA ( rue croix de nivert 15e) joue aussi un grand rôle
louable et pionnier.

en tout état de cause,l'art n'a pas de frontière ,algériens et marocains
sommes des frères et soeurs surtout quand on est expatrié. personnellement
je suis membre de l'association " www.lesairsandalous.com" de paris,de l'école de tlemcen et ALHAMDOULILLAH c'est sympa.

Dr..rbati el andaluz...france

Re: LA MUSIQUE ANDALOUSE PAR LE DR.RBATI EL ANDALUZ
02 mai 2008, 07:09
cette photo n'a pas été prise au maroc. c'est la alcazaba de MALAGA.
cette ville ibérique et andalouse a été citée par les poètes arabes
de l'époque et on la chante dans la nouba à nos jours !!


EL ANDALUZ
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rba alma.JPG
Re: LA MUSIQUE ANDALOUSE PAR LE DR.RBATI EL ANDALUZ
02 mai 2008, 09:49
NOURI KOUFI.......TLEMCEN ET PARIS

ANDALOUSSI+ HAOUZI + LA3ROUBI ( au fait c'est une déformation de ROUBA3I )
A LA FOIS.........UN GRAND ARTISTE


EL ANDALUZ
Pièces jointes:
rba nk.jpg
Re: LA MUSIQUE ANDALOUSE PAR LE DR.RBATI EL ANDALUZ
02 mai 2008, 11:42
Mon cher lamak........kamal

cher ami de tlemcen, pourrais-tu nous préparer un article sur l'orchestre
phare de tlemcen " ahbab cheikh larbi ben sari"et son chef sympathique ,maître Faouzi BELQALFAT.

AMITIES ANDALOUSES.






EL ANDALUZ
Re: LA MUSIQUE ANDALOUSE PAR LE DR.RBATI EL ANDALUZ
02 mai 2008, 11:51

chère halkoma,

merci pour ton article sur les artistes hmida kateb et omar bensemmane
rahmatou allahi 3alayhima.


l'artiste " najib kateb" serait-il de la même famille que si hmida ?

AMITIES ANDALOUSES


EL ANDALUZ
Re: LA MUSIQUE ANDALOUSE PAR LE DR.RBATI EL ANDALUZ
02 mai 2008, 12:31
rbati boukroune a écrit:
-------------------------------------------------------
> > chère halkoma,
>
> merci pour ton article sur les artistes hmida
> kateb et omar bensemmane
> rahmatou allahi 3alayhima.
>
>
> l'artiste " najib kateb" serait-il de la même
> famille que si hmida ?
>
> AMITIES ANDALOUSES


Evet rbati bey ! ils sont de la même famille.

halkoma
Re: LA MUSIQUE ANDALOUSE PAR LE DR.RBATI EL ANDALUZ
03 mai 2008, 01:05
gunaydin halkoma hanim!

najib kateb a une belle voix......il est passé récemment sur l'émission
chadha al al7ane de 2m TV ( 2e chaine marocaine) .il joue du RABAB.

Il ferait partie de l'association andalouse des "beaux arts d'alger",que
je crois l'héritière de la " soundoussia".

AMITIES ANDALOUSES


EL ANDALUZ
Re: LA MUSIQUE ANDALOUSE PAR LE DR.RBATI EL ANDALUZ
03 mai 2008, 02:47
bonjour halkouma

dis moi les CD dont tu as parler dans ton article concernant Mr BENSEMANE allah yerahmou sont ils sur le marche? si oui chez quel studio et merci.
Re: LA MUSIQUE ANDALOUSE PAR LE DR.RBATI EL ANDALUZ
04 mai 2008, 01:48


Le Centre des musiques arabes et méditerranéennes de sidi bousaid
Le Baron d'Erlanger de tunisie




j'invite tous les visiteurs de tunisie d'aller visiter ce chef d'oeuvre
architectural et artistique ,dont l'intérieur est largement construit
selon l'architecture mauresque ARABOANDALOUSE MAROCAINE par des artisans marocains dépêchés sur les lieux.



Le Centre des Musiques Arabes et Méditerranéennes (CMAM), est une institution placée sous la tutelle du Ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine. Sa création remonte au 20 décembre 1991, son statut a été promulgué en octobre 1994. Trois années plus tard, le Centre obtenait le Prix Honoris Causa décerné par le Conseil International de la Musique (UNESCO).

Conçu comme un espace muséal et d’animation voué à la conservation et à la valorisation du patrimoine musical, avec une double dimension arabe et méditerranéenne, le CMAM fonctionne tel un centre culturel à part entière dont les programmes se développent autour de quatre axes complémentaires : conservation et diffusion du patrimoine musical, activités muséographiques (instruments anciens, partitions,…), études & recherches, programmation artistique et animation. Depuis ses débuts, le CMAM œuvre à favoriser l'interdisciplinarité au sein du secteur musical, à croiser l’activité de ses différents départements et à élaborer des programmes de travail « intégrés ». Le centre abrite aussi un atelier de lutherie destiné à la restauration de sa collection d’instruments de musique et à des recherches en organologie.



Pièce maîtresse abritée par le CMAM : la Phonothèque Nationale. Chargée de façon active du recueil du patrimoine musical tunisien en vue de sa diffusion et de sa connaissance par les chercheurs, la Phonothèque Nationale alimente son fonds par des enregistrements effectués lors de campagnes de « collecte » sur le terrain ou à l’occasion des festivals internationaux en Tunisie, par des enregistrements commerciaux déposés dans le cadre du dépôt légal des œuvres phonographiques, également par des documents sonores transférés de fonds externes -détenus par des institutions tunisiennes ou étrangères (un accord en ce sens a ainsi été conclu avec la Bibliothèque Nationale de France).


Le Baron Rodolphe d'Erlanger, protecteur de la tradition musicale



Le Centre des Musiques Arabes et Méditerranéennes a élu domicile dans le Palais Ennejma Ezzahra à Sidi Bou Saïd (17km au nord de Tunis), construit entre 1912 et 1922 par le Baron Rodolphe d’Erlanger, qui en a lui-même conçu les plans et la décoration intérieure par les meilleurs artisans de l'époque. Mélomane, musicologue, mécène, collectionneur, grand passionné de l’Orient et de la civilisation islamique, peintre d'inspiration orientaliste… Rodolphe François d’Erlanger est né à Boulogne-sur-Seine (France) le 7 juin 1872. Son père, d’origine allemande naturalisé Britannique, s’était installé à Paris en 1858 et avait fondé la Banque "Erlanger".

Contrairement à ses frères qui intègrent l'établissement familial, Rodolphe manifeste très tôt une inclination pour la peinture, reçoit une formation artistique à l’Académie Julian à Paris et commence une carrière de peintre oscillant entre les thèmes orientalistes et le paysage.
En 1897, il épouse à Londres la fille d’un aristocrate italien de Pérouse et d’une américaine du Connecticut, dont il aura un fils unique en 1898. En 1909, Rodolphe achète un terrain à Sidi Bou Saïd et emmène sa famille vivre en Tunisie. L’année 1911 sera marquée par le démarrage des travaux du Palais Ennejma Ezzahra.
Les vingt années qui suivront seront pour lui celles d’une intense activité artistique et intellectuelle. Tout en continuant à peindre et à exposer, il dirige les travaux de composition de son œuvre monumentale, «La Musique Arabe», qui sera éditée en six tomes à Paris (chez Geuthner). Devenu une figure majeure du patrimoine musical tunisien et arabe, il participe activement pendant plus de trois ans à la préparation du 1er Congrès International de Musique Arabe tenu au Caire en avril 1932 à l’instigation du Roi Fouad Ier d’Egypte. Nommé par celui-ci vice-président technique du congrès, il sera empêché de s’y rendre à cause de sa santé déclinante.

Le 29 octobre 1932, Rodolphe s’éteint à Sidi Bou Saïd à l’âge de 60 ans. Selon son désir, il est inhumé dans le jardin du Palais, sous la voûte d’un petit mausolée rappelant les tourbas locales.











EL ANDALUZ
Re: LA MUSIQUE ANDALOUSE PAR LE DR.RBATI EL ANDALUZ
04 mai 2008, 01:56
entrée principale du musée du baron d'erlinger
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Re: LA MUSIQUE ANDALOUSE PAR LE DR.RBATI EL ANDALUZ
04 mai 2008, 02:00
timbre poste commémoratif

EL ANDALUZ
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Re: LA MUSIQUE ANDALOUSE PAR LE DR.RBATI EL ANDALUZ
04 mai 2008, 02:05
vue panoramique du musée à sidi bousaid ,pas loin de tunis.

EL ANDALUZ
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Re: LA MUSIQUE ANDALOUSE PAR LE DR.RBATI EL ANDALUZ
04 mai 2008, 03:41
Tlemcen andalouse.

Implantée par les Andalous exilés en Afrique du Nord après la chute de l’ultime royaume de Grenade, en 1492, la musique arabo-andalouse a été préservée au Maroc, en Tunisie, en Libye et en Algérie, dans des villes promues au rang de véritables cités-conservatoires, comme Alger, Constantine, Blida, Bedjaïa et Tlemcen. Cette dernière, qui fut la capitale politique et économique de la puissante dynastie des Zyanides (1235-1555), a su sauvegarder, jalousement et précieusement, toutes les richesses culturelles et artistiques qui témoignent d’une brillante civilisation. C’est donc dans le respect le plus fidèle de la tradition classique de la musique andalouse que les rythmes s’effleurent au son des instruments de l’orchestre andalou de Tlemcen. R’beb, luth, kwîtra, derbouka, violon alto, violon 4/4, târ et mandoline servent mélodies et rythmes variés de l’école tlemcénienne.

La nouba de Tlemcen, telle que réorchestrée par Cheikh Larbi Ben Sari, commence en règle générale par une mechalia (prélude instrumental arythmique), qui expose avec une certaine volubilité le thème principal du mode. Un instrument déploie, en vedette, la ligne mélodique centrale, tandis que les autres prêtent, collectivement, le libre appui de leurs va r i ations et de leurs accords. Puis l’ensemble attaque, en mesure cette fois, l’ouverture instrumentale appelée touchia ghrib.Vient ensuite la succession des diverses mélodies, jouées et chantées sur des rythmes variés, majestueux et solennels : m’cedder, b’tayhi plus prestement enlevé, derj ramenant à une allure modérée, nesraf et khlass à la rythmique plus vive.

Cependant, on ne peut évoquer Tlemcen en faisant abstraction du hawzî et du gharnati. Le premier, en référence à une appellation désignant une personne résidant hors de l’enceinte de la ville, se nourrissant du second, rattaché à l’école de Grenade depuis le XVIe siècle, est devenu un genre à part entière. Développant des thèmes plus proches du réel, il se distingue également par des mélodies plus accrocheuses et, par conséquent, très vite populaires. La formation, présidée par le professeur Mokhtar Benkalfat ( chirurgien au CHU de Tlemcen et Directeur ), entend justement nous projeter dans ces différents répertoires et reconstituer toute une atmosphère qui avait valu à Tlemcen le titre très flatteur de « perle du Maghreb ».

Elle s’est constituée en hommage à Cheikh Larbi Ben Sari, le grand maître qui a dominé pendant cinquante ans la vie musicale tlemcénienne. Né vers 1870 (ou 1867) à Ouled Sidi Ali Belhadj, dans la banlieue de Tlemcen, au sein d’une famille modeste (son père était meunier et avait participé à la résistance contre l’occupation française), le futur prodige a découvert, en autodidacte, l’art andalou dans un… salon de coiffure, où il fut apprenti, tenu par un notable ami de toutes les personnalités musicales locales de l’époque.

Au début du XXe siècle, fort d’un début de notoriété, il participera à la première tentative de transcription du patrimoine andalou. En mars 1932, l’histoire retiendra sa présence, comme représentant de l’Algérie, au premier Congrès de la musique arabe, qui eut lieu au Caire.

Après sa disparition, le 24 décembre 1964, Larbi Ben Sari avait laissé plusieurs enregistrements, encore très recherchés aujourd’hui.

La radio algérienne lui avait consacré un album paru dans la collection « Min Touratina » (Notre patrimoine), à partir d’enregistrements gravés vers 1950 dans les studios de Radio Tlemcen, et les archives de la télévision algérienne disposent d’un document filmé d’une demi-heure. Il a été également honoré en mai 2001, lors de la tenue, à Alger, de la 16e édition du Congrès de la musique arabe.


L’école, l’association,l’ensemble,ou l’orchestre:


Ahbab Cheikh Larbi Ben Sari


L’association Ahbab Cheikh Larbi Bensari (Les Amis du Maître Larbi Bensari) et Fawzi Kalfat, se sont donnés pour mission de perpétuer et de valoriser la démarche esthétique et académique de Cheikh Larbi Bensari. Cette association créée en 1987 a fait du grand maître tlemcénien mort à cent trois ans, sa référence principale.



La musique arabo-andalouse de Tlemcen à Paris

entretien d'Amal Berrahma avec Mohammed Fawzi Kalfat

publié le 03/08/2006

Dans une atmosphère solennelle, l'ensemble " Ahbab Cheikh Larbi Ben Sari " (Les Amis du Maître Larbi Bensari) a offert un somptueux spectacle à l'Institut du Monde Arabe de Paris en juin 2006. Sous la direction de Mohammed Fawzi Kalfat, un public connaisseur est venu apprécier cette composition exceptionnelle agrémentée des voix cristallines de Kawtar Kalfat et de Ahlem Hadjidji, du luth de Mansouri Reda et de la derbouka du petit prodige Souheyl Kalfat. Rencontre avec le fondateur de l'association.

Comment devons-nous vous présenter ?

Je me nomme Kalfat Mohammed Fawzi. J'ai 47 ans, chef d'orchestre, vice-président et fondateur de l'association " Ahbab Cheikh Larbi Ben Sari " créée en 1987. Elle a pour but de promouvoir et d'enseigner la musique classique arabe dite arabo-andalouse implantée au Maghreb depuis le 15ème siècle. Nous avons un orchestre au sein même de cet ensemble qui est constitué de nos élèves. Je suis soutenu par le Professeur Benkalfat Mokhtar qui en est le président, ainsi que par tout un bureau constitué de vice-présidents.

Comment est venue l'idée de faire de la musique andalouse ?

Je crois que c'est une destinée, ce n'est pas un choix en tout cas, puisque je suis issu d'une famille de mélomanes. Mes ancêtres m'ont transmis cette passion que j'ai moi-même transmise à mes enfants. Dans ma famille, même les membres qui n'en font pas ont un répertoire jalousement gardé.

Pourquoi le nom " Cheikh Larbi Bensari " ?

Ce personnage est le symbole de l'école de Tlemcen et maître incontesté dans cet art. J'aimerai que nos enfants retiennent ce nom car il a répandu cette musique traditionnelle dans la région de Tlemcen jusqu'à l'est du Maroc. Le chantre et maître incontesté de cette musique traditionnelle a su préserver un patrimoine d'une valeur inestimable. L'artiste, qui a atteint le centenaire, avait une parfaite maîtrise des déclinaisons en chants. Dans notre association, nous essayons de perpétuer son héritage.

Que pensez-vous du rayonnement de cette musique ?

La musique savante ne peut pas être modifiée, c'est principalement ce qui la différencie de la musique moderne qui évolue rapidement. La musique andalouse a souffert du temps, beaucoup de personnes ont recueilli et ont transmis les paroles, mais il est plus difficile de transmettre les mélodies. Les israélites ont énormément apporté à cette musique à l'image de Cheikh Raymond de Constantine qui est l'équivalent de Cheikh Larbi Ben Sari.

Quel est votre parcours musical ?

J'ai plus de 35 ans de carrière. Ayant commencé très jeune vers 8 ans, je fréquentais les associations et les écoles de musique, et m'exerçais dans les rencontres ou mariages familiaux. Je suis entré dans la profession à 14 ans. L'association que j'ai fréquentée est " La slam ", puis, j'ai continué dans un groupe musical du collège " El-Maquari ". Par la suite, je me suis intégré dans l'association " Mustapha Belkhoudja " de Tlemcen comme musicien puis comme chef d'orchestre. Plus tard, j'ai enseigné dans différents collèges et lycées. J'ai donc eu l'idée de fonder une association pour perpétuer cette musique et l'enseigner à la nouvelle génération de manière traditionnelle, en utilisant la méthode orale comme cela se fait depuis des siècles.

Vos maîtres et symboles ?

J'ai commencé mon apprentissage de la Nouba avec Cheikh Mustapha Brixi qui n'est autre que le disciple et l'accompagnateur de feu Cheikh Larbi Ben Sari, puis avec Boukli Hassan Salah. Sinon mes symboles de la musique sont Cheikh Larbi Ben Sari et son fils Redouane, Cheikha Tetma, Samy El-Maghribi, Abdelkrim Dali, ainsi que Si Mohammed Bouali. Ce sont de véritables piliers de cette richesse culturelle.

Les noms des personnes qui composent l'orchestre ?

A la derbouka, il y a Kalfat Souheyl, mon fils qui a 12 ans. C'est l'un des plus jeunes percussionnistes au monde, il arrive à jouer des noubas complètes qui durent de longues heures avec une facilité extraordinaire. Pour les filles, Kalfat Kawther et Hadjidji Ahlem sont solistes vocales. La troisième fille est également soliste et accompagne les chants pour donner un tapis musical instrumental. Kalfat Said et Bouaïd Sidi Mohamed sont des violonistes " alto ", et Mansouri Reda joue le luth. Terki Hassaïn Abid joue la koukra (instrument qui ressemble au luth). Benblal Aboubakr joue du mandole et Hassar Abderrezak joue du tarr. Enfin, moi je pratique le violon 4/4.

En quoi consiste la nouba ?

Une nouba, qui se présente sous la forme d'une suite de pièces vocales et instrumentales, est construite selon un mode " tab " qui suit une progression rythmique ordonnée. On dit qu'il existe vingt-quatre noubas, mais il en reste seulement quatorze malgré les recherches entreprises. On a retrouvé des petits morceaux d'autres noubas mais il est impossible de les reconstituer car les mélodies ont été perdues. Je pense qu'ici les scientifiques et les chefs d'orchestre se doivent de travailler ensemble. Dans les noubas, on dit que chaque mode correspond à une heure de la journée. Parmi les plus connues, on retrouve la Nouba Zidane, la Maya, Sika… Elles sont toutes magnifiques et chacune d'elles à sa spécificité et sa sensibilité.

Qu'en est-il de la conservation du patrimoine musical à Tlemcen ?

La conservation se fait essentiellement sur la base du bénévolat. Nous rencontrons d'énormes difficultés car peu de moyens sont à notre disposition. Je trouve que le travail accompli est impressionnant par rapport à nos possibilités. Nous attendons une reconnaissance, il faudrait rendre hommage à toute cette volonté humaine.

Y a-t-il une relève ?

Oui ! La relève est là, je pense déjà à mon successeur. On a donné le maximum à nos élèves ; aujourd'hui, c'est à eux de vulgariser cette musique et surtout de la respecter.
Que pensez-vous de la musique moderne de Tlemcen ?
Chaque artiste passe par une association pour son apprentissage. C'est un pedigree ! Je souhaite que l'on respecte et que l'on prenne en considération tout ce qui a été enseigné. Concernant la musique classique, j'ai entendu dire qu'on pouvait la moderniser, personnellement, je crois que c'est impossible et paradoxal, même s'il existe des dérivés tels que le hawsi, le gherbi, le âroubi ou le m'dih (chants religieux)… La musique andalouse doit être jouée exclusivement avec des instruments traditionnels ; si on arrive à utiliser des instruments modernes, cela doit être occasionnel. Il faut savoir qu'il est tout à fait possible d'interpréter une nouba avec un rythme plus soutenu.


Quels sont vos souhaits pour l'avenir ?

Mon objectif est de faire découvrir ce patrimoine sur le plan international. En Algérie, j'aimerais voir mon association grandir et former plus de jeunes. Je pense que si nous perdons cette musique, nous perdons notre âme. C'est cette musique qui nous a vus naître, qui nous a vus grandir, et qui nous verra mourir.
Pièces jointes:
ahbab chiekh larbi ben sari 2000.JPG
Re: LA MUSIQUE ANDALOUSE PAR LE DR.RBATI EL ANDALUZ
04 mai 2008, 03:44
un double album Algéo-tlemcenien enregistré en 1994 avec la collaboration du centre culturel français:
Pièces jointes:
AHBAB CHEIKH LARBI BEN SARI 1994.JPG
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