Autres ouvrages sur la ville "rouge" :
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Levi Corrado : «Marrakech, ma passion»
Entretien avec l'artiste-peintre, architecte et écrivain Levi Corrado vient de présenter et de signer, récemment, son nouveau livre « Marrakech Théorie», en compagnie d'une belle exposition à l'Institut culturel italien. Architecte de formation, l'artiste Levi Corrado a choisi de vivre à Marrakech dans un beau riad qu'il a aménagé à la manière d'un professionnel en la matière. Son amour intense pour la ville ocre l'a amené à nous décrire dans son récit des détails exceptionnels, de cette cité, qui resteront tracés dans l'histoire du Maroc. Notre rencontre avec ce grand artiste nous a permis de découvrir le point de vue d'un créateur très sensible à la beauté et à l'art.
Le Matin : Qu’est-ce qui vous a poussé à vous installer au Maroc et plus particulièrement à Marrakech ?
Levi Corrado : Dans tout acte il y a quelque chose d’envie, de désir et de chance. Je suis venu au Maroc il y a une vingtaine d’années où j’ai eu le plaisir de visiter la ville de Marrakech. J’ai constaté tout de suite qu’elle était très spéciale et j’ai gardé un bon souvenir de ce passage.
Mais, il y a quelques années quand j’avais diminué mes engagements à l’école d’architecture de Milan, j’ai pensé revenir au Maroc pour la fin de l’année.
En cherchant sur l’Internet où passer mon séjour, et plus précisément dans le site de Marrakech, ville dont j’ai gardé de bons souvenirs, je suis tombé sur un Riad avec le petit jardin, la fontaine, les arcades, cinq chambres, à cinquante euros avec petit déjeuner.
J’ai tout de suite fait une réservation surtout que le lieu se trouvait à Bab Doukkala, une belle région que j’aime beaucoup.
Quand je suis venu, j’ai été attiré plus que la première fois par la magie de cette ville, car j’ai le temps de connaître les gens, les traditions et les coutumes. Alors, j’ai décidé de m’y installer en cherchant une petite maison que je peux transformer à ma guise, tout en gardant sa structure originale. Je l’ai, ainsi, arrangée sans oublier ce que j’ai appris dans ma formation architecturale, tout en mettant les deux cultures l’une en face de l’autre.
Une belle expérience à travers laquelle j’ai appris énormément de choses. Donc, j’ai pu faire des nouvelles interventions très délicates dans la maison sans pour autant toucher à son aspect traditionnel, comme les chambres qui donnent sur l’intérieur, le patio découvert... Deux cultures qui parlent entre elles.
Pourquoi un livre sur Marrakech ?
C’est une idée qui m’est venue comme ça. J’avais déjà écrit d’autres livres, car cela fait partie de ma spécialité.
Mais, ce petit livre sur Marrakech a été beaucoup plus motivé par mon amour pour cette ville dans laquelle je me sens emporté par sa magie et son envoûtement. J’ai commencé cette démarche en tenant un journal sur tout ce que je vis quotidiennement, mais qui s’est malheureusement effacé sur mon computer.
Alors, j’ai essayé de le réécrire en enlevant tous les détails pour le rendre plus simple à lire, mais avec la vision d’un étranger vis-à-vis de cette ville. Moi, je peux déceler ou observer des choses que les Marocains trouvent très ordinaires parce qu’ils ont vécu dans ce monde et ne font pas attention à des détails qui sautent aux yeux de l’étranger. C’est ce qui fait la force de cet écrit. Par exemple, la décoration des portes, je la trouve fabuleuse que ce soit des portes en bois ou en fer. C’est un petit détail parmi tant d’autres que je remarque chaque jour dans cette cité ocre.
Quel message voulez-vous passer à travers ce livre ?
Dire aux gens de regarder les choses avec attention, en essayant de rentrer dans leur histoire. C’est aussi une suggestion pour respecter tout le monde et toutes les civilisations.
Quelle est la relation entre votre exposition à l’Institut italien et ce livre que vous avez écrit sur Marrakech ?
Au point de vue théorique, c’est la même démarche entre culture italienne et culture marocaine. C’est également la relation entre ces deux civilisations. Ce que je retiens, par exemple, des artisans marocains c’est cette habilité qu’ils possèdent même s’ils n’ont pas notre culture. Je trouve que c’est très important puisqu’ils peuvent rapporter tous ce qu’ils veulent très facilement.
Pourquoi vous l’avez intitulé « Marrakech Théorie » ?
Parce que ce n’est pas seulement des impressions, ce n’est pas uniquement des souvenirs. Il y a tout ce que j’ai vécu ici, tout ce que j’ai vu, dont ces anciennes constructions que les gens ne comprenaient pas, mais qui sont très logiques.
Il y a les centres religieux (les mosquées), le centre civique (la Place), à partir de la Place, nous trouvons des rues qui mènent aux souks et aux ruelles d’habitation que les voitures ne peuvent pas prendre, où la vie est plus mystérieuse et plus intime et où les enfants peuvent jouer tranquillement. Je trouve que c’est formidable. Dans ces quartiers, la vie coule très doucement et très profondément.
Vous avez consacré toute une partie de votre livre aux artistes d’Essaouira. Quelle en est la raison ?
Quand j’ai vu les œuvres de ces artistes pour la première fois, j’ai été vraiment impressionné par les compositions qui les constituent, nous emmenant dans un autre monde.
Ils ont une perfection formelle. Ils commencent par des choses oniriques qui les lient au rite tribal des confréries des Gnaouas. Avec leur origine non rationnelle, il y a des réalisations parfaites et des expressions profondes. Ces artistes sont exceptionnels. Ils ont eu la chance de rencontrer M. Frédéric Damgaard qui a compris leurs travaux et les mis en valeur, jusqu’à les exposer dans des grands musées connus mondialement. Il ne faut pas, aussi, oublier leur grand maître, feu Boujemâa Lakhdar qui était un vrai génie, ayant laissé des œuvres extraordinaires.
Vous avez également rendu hommage à quelques artistes italiens que vous avez nommé « artistes singuliers » ?
Oui, j’ai choisi une vingtaine d’artistes que j’aime beaucoup. Ce sont des artistes qui ont créé des choses formidables. Ils ont un esprit de créativité qu’on ne trouve pas chez tous les artistes et travaillent aussi sur des sujets d’actualité et avec des matériaux naturels. J’aimerais qu’ils soient aimés au Maroc.
Ouafaâ Bennani. Le Matin.
Commentaires
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Livre : Le roman de Marrakech - Anne-Marie Corre - Editions du Rocher
Ce roman vous propose un embarquement immédiat, destination Marrakech. Anne Marie Corre sera votre guide et vous fera découvrir la Marrakech d’aujourd’hui, celle d’hier, celle de toujours et celle de demain.
Le départ de la visite se fait bien entendu de la fameuse Place Djema’a el –Fna, véritable cœur de la ville, référence touristique comme le sont les Champs Elysées à Paris mais où peu le savent furent tranchées des têtes, et exposées pendues par des crochets, les dépouilles des trépassés (d’où son nom qui signifie l’assemblée des morts).
Ceci étant dit, Anne Marie Corre nous entraine dans les rues et dédales de cette ville à la découverte d’habitations et de jardins dignes des palais des mille et une nuits ( La Mamounia, l’ Hôtel Sultana ,Consulat de France , La Zahia, Dar Ayniwen , Majorelle) et de lieux tout autant magiques comme La Kasbah, la Médina, la Palmeraie, La Koubba ou encore Guéliz le quartier français. Sans oublier quelques monuments incontournables comme La Koutoubia , le minaret de la mosquée construite par Abd el-Moumen, la Mosquée Bab Doukkala, l’école coranique Medersa Ben Youssef et la Menara, le Versailles de Marrakech.
Pour mieux comprendre les transformations de Marrakech, Anne Marie Corre nous transporte dans le passé à l’époque des rois saadiens, de la dynastie des Alaouites, des Almohades, des Almoravides et du protectorat français, oscillant entre périodes de prospérité et de décadence.
Mais ce livre n’a pas pour vocation une visite guidée de la ville, bien que le dépaysement soit garanti, il soulève des questions importantes dont celle de son avenir. Bien sûr, Marrakech est une ville qui fait rêver les occidentaux mais ces derniers en oublient trop souvent la réalité, celle d’une ville à deux vitesses, tiraillée entre modernisme et tradition. Souhaitons que forte de l’expérience des autres, Marrakech sache garder son authenticité et sa splendeur en évitant les écueils du développement touristique et économique à tout va.
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www.livres-a-lire.net]
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Marrakech : secrets affichés
Publié le 19 février 2009 par Www.marrakechdreams.com
Livre où espace et conte ne font qu’un seul corps
My Seddik Rabbaj
My Seddik Rabbaj - Nombreux sont les livres consacrés à la ville de Marrakech. Ils sont dans la plupart des écrits d’étrangers se trouvant, après le premier coup de foudre, sous l’enchantement d’une ville à l’apparence folklorique, une ville farouche se cachant toujours dans sa coquille comme un escargot, ne se montrant complètement qu’après s’être apprivoisée. Mais comment faire pour l’amadouer ? "Comment aborder la ville ?"
Saad Sarhan et Yassin Adnan Telle était la question qui ouvre plusieurs textes qui composent le recueil, « Marrakech : Secrets affichés », écrit par les deux poètes Yassin Adnan et Saad Sarhan, traduit par les deux éminents traducteurs Abdelkader Hajjam et Hamid Guessous et préfacé par Juan Goytisolo écrivain espagnol – pas tout à fait puisqu’il passe une bonne partie de l’année serré, par les mains fortes, contre la poitrine de sa bien-aimée : Marrakech.
On dirait que cette ville ne pourrait pas être écrite qu’avec dix mains. En fait, « Il ne s’agit pas d’un espace proprement parler, ni d’une simple ville », comme le déclarent les deux auteurs pour bien préparer le lecteur un pèlerinage hors du commun, c’est une ville complexe. Une ville qui ressemble à ce livre qui cherche à la conquérir, livre où espace et conte s’enchevêtrent pour devenir enfin inextricable.
D’ailleurs, on se trouve dans l’incapacité de qualifier ce recueil où poésie, prose, histoire et géographie s’imbriquent et constituent une mosaïque inouïe. Les ponts sont détruits entre les disciplines, entre les genres…mais les traversées ne sont pas difficiles, inaperçues même, parfois. On glisse tel un patineur d’un mode d’expression à un autre, bercé par les mots et soutenu par des histoires, par moment, abracadabrantesques, comme celle de Harroun Errachid arrivé à Marrakech à la recherche du paradis perdu.
A l’instar d’un Mahi Binebine qui, à travers sa mémoire éclaire une partie de la mémoire de Marrakech dans son livre « Le Griot de Marrakech », les écrivains de « Marrakech : secrets affichés » clarifient l’abscons du labyrinthe de la ville qui n’a plus de secret pour eux. Ils retracent, comme des cartographes, les chemins tortueux à suivre pour arriver au cœur battant de la cité : la place de Jamaâ El Fana. Ils décrivent minutieusement ces itinéraires tentaculaires, semblables aux doigts de la même main aboutissant tous, à la paume qui maîtrise leur mouvement ; « Marrakech n’est pas une ville, c’est une main tendue, ainsi que l’atteste sa carte invisible ». Cependant, la description des chemins ne suffit pas, ce n’est pas l’objectif principal. Ce qui importe, c’est comment apprendre à se perdre volontiers dans le bois des plaisirs, à glaner, par bribe, l’âme de la ville, à saisir son essence…
Couverture Les deux écrivains répondent à la question qu’ils se posent au début du livre : « Quelle carte muette soutiendrait cet enchevêtrement de ruelles, ces esplanades et ses souks hurlant de tout leur vie. »
La cohabitation de la modernité et de la tradition n’affecte pas Adnan et Sarhan, plutôt ils voient en elle l’incroyable capacité qu’à la ville d’incorporer le changement tout en restant elle-même ; la jeune odalisque à la jeunesse éternellement renouvelée :
« Ne sois donc pas étonné au cas où tu surprendrais présent et passé enlacés au fond de quelques venelle, et, ce voyant, ne te fais surtout pas d’idées. » Disaient les auteurs d’un air où se mêlent défi et étonnement.
Marrakech c’est aussi « les langues épicées qui font succulente la parole ». C’est une pépinière linguistique, un laboratoire à production de mots et d’expressions. Les Marrakchis sont connus par leur capacité de faire d’un grain une coupole ou d’un lion un chaton. Ils usent de leur héritage ancestral et fouillent dans leur patrimoine oral, déversé partout dans la ville, pour enrichir leur répertoire linguistique, combien intéressant pour les incantations, pour faire d’un banal tapis une relique d’une valeur inestimable, comme font les vendeurs des bazars dont il s’agit dans ce texte. Vendeurs qui élargissent leur champ de perfectionnement et deviennent non seulement capables de se servir des mots mielleux de leur langue maternelle mais aussi en mesure d’inventer et de créer des néologismes dans la langue de l’autre ; le touriste.
Le livre « Marrakech : secrets affichés » a essayé sans être exhaustif et parfois dans un style chirurgical, de nous montrer les nombreuses facettes de cette ville magique où on peut se cultiver sans recourir aux livres, conquérir le monde sans la quitter…Car, comme disent les deux auteurs : « Ceci n’est donc pas la ville de Marrakech. Ceci est la bibliothèque de Babel. Les ruelles sont des salles de lecture, et les boutiques des rayons. »
De tels travaux nous rendent la confiance en nos créateurs et surtout les poètes, dont certains croient, qu’en poussant les mots hors les limites du sens, inventer une nouvelle langue abstraite, poétique, comprise seulement par les élus. Non mes chers, la poésie c’est tout d’abord un sens, un message, une idée…En voici un exemple :
Dans sa sagesse matinée
Marrakech se réveille d’un sommeil séculaire
La voici qui s’étire par delà ses murailles
Mais en elle-même
L’insouciante bâille encore de plaisir
Marrakech est un arc
nulle flèche cependant,
Nul cupidon,
Mais des amants,
Des victimes
Et des amants.
Marrakech: La rose est sœur jumelle du palmier.
Marrakech ruse par laquelle
La géographie se dérobe au service de l’histoire.
Marrakech, odalisque à la jeunesse toujours recommencée:
Saurait-elle vieillir, Celle dont le maître est le temps ?
Marrakech est une eau
au sein du feu…
Alors bonne lecture...
Source : MN
Visitez notre site : www.marrakechdreams.com
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A SUIVRE...