La confrerie des GNAWAS, GNAOUAS

La confrérie des Gnaoua
Auteur: la fille de la mer et du soleil
Date: 25-05-2004 12:55

Devenue le phénomène "folk" par excellence,
la musique gnaoua fait le tour du monde, et l'on voit toute sorte de fusion musicale basée sur ses rythmes envoûtants. Mais on ne se saurait se limiter uniquement à l'aspect musical des gnaouas. Gnaoua étant un terme générique qui regroupe plusieurs aspects de la "culture" gnaoua : la confrérie, l'héritage africain, berbère et arabo-musulman, et puis la transe thérapeutique pratiquée dans le cadre du rite de possession (possession par les mlouks ou jnouns) ou "lila de derdeba".
Le terme gnaoua désigne de manière générale tous les anciens esclaves d'origine africaine. Il faut préciser cependant qu'ils n'appartiennent pas tous à la confrérie des gnaoua. Au Maroc, les gnaoua se répartissent en deux catégories : les gnaoua des villes impériales qui célèbrent le rite de possession, la "derdeba", et dont l'instrument principal est le guenbri, et les gnaoua des pays berbères, que l'on désigne par les termes de Abid Lala Krima. Ces derniers utilisent des tambours (ganga) et des crotales (qraqeb ou qraqech) en fer pour leurs tournées aumônières et pendant la réunion de leurs adeptes où se produisent des transes. Mais ils n'organisent pas de rite de possession selon le modèle gnaoua des anciennes villes impériales.

La zaouia :
Une zaouia est un centre religieux et spirituel délimité dans l'espace. Il est généralement fondé par un saint (wali ou saleh) qui dans certains cas est le maître spirituel d'une confrérie. Cet espace est constitué par un sanctuaire où se trouve le tombeau du saint et des dépendances qui servent à recevoir les pélerins et parfois à dispenser l'enseignement des sciences religieuses et juridiques. Les gnaouas disposent actuellement d'une seule zaouia disposant d'un sanctuaire, située à Essaouira : La zaouia Sidna Boulal (boulal étant l'appellation locale de Bilal). Il existe par ailleurs, dans d'autres villes du royaume (notamment à Marrakech, Salé, Fès, Casablanca ou Tanger) des "maisons", célèbres par les voyants et médiums de la confrérie qui y officient, et considérées comme des zaouias par les membres et adeptes à défaut de l'existence d'une zaouia instituée officiellement.


Sidna Bilal :

Tous les gnaouas , qu'ils soient berbèrophones ou issus des villes, reconnaissent Sidna Bilal comme ancêtre. Sidna Bilal fut le compagnon du Prophète. Originaire d'Ethiopie, il est né en esclavage à la Mecque. On lui attribue le mérite d'être le second adulte, après le premier calife Abou Bakr Essidiq, a avoir embrassé l'Islam. Affranchi par Abou Bakr, il émigra à Médine avec la Prophète et l'accompagna dans toutes les opérations militaires. Il fut aussi le muezzin officiel dès que l'appel à la prière fut institué en l'an un de l'hégire. Il serait enterré à Alep en Syrie, ou à Damas. Les gnaoua se réclament de Sidna Bilal comme de leur ancêtre spirituel auquel ils font remonter leurs pratiques.




Les saints

Les gnaoua, et notamment les voyantes-thérapeutes affiliées à la confrérie, entretiennent des rapports étroits avec des saints locaux pour bénéficier de leur appui, et dans certains cas, pour réunir les objets qui servent à la divination instrumentale et à la célébration du rite de possession. Comme certains saints de l'Islam, notamment Moulay Abdelkader Jilali, un soufi du XII siècle, ils sont invoqués lors du rite de possession. Les gnaoua ne disposent pas d'un lieu saint où serait enterré leur maître fondateur auquel ils peuvent se rattacher suivant le modèle des confréries religieuses appartenant au soufisme. Ils ont donc élu dans toutes les villes du Maroc des saints et des sanctuaires où ils se rendent en pélerinage, soit une fois par an, soit dans un but initiatique et thérapeutique. Ils participent également aux cérémonies religieuses des Aissaoua et des Hmadsha organisées dans leurs zaouias respectives.

si vous avez des photos des gnaoua c'est super.

soly

Re: La confrérie des Gnaoua
Auteur: BENT EL GUERCH
Date: 06-01-2005 19:55

Bonsoir Soly,
Je prends le temps de faire meilleure connaissance du site Dafina.net et en visitant les pages du site et je découvre avec admiration tous les documents sur la musique marocaine que tu as mis en ligne.
Hazak.
et merci
Izza

Les Gnawa sont originaires d'Afrique occidentale (Guinée, Mali, Soudan). Ils ont été amenés au Maroc en tant qu'esclaves. Leur saint patron est Sidi Bilal, c'est le premier esclave qui fut libéré par le prophète Mahomet pour devenir le premier muezzin (celui qui fait l'appel à la prière) de l'Islam. Ils se sont ensuite métissés à la population locale et se sont formés en confrérie pour créer un culte original mélangeant des apports africains et arabo-berbères

SOLY
Pièces jointes:

Les Gnaouas consacrent la presence de la culture africaine dans les arts populaires marocains.

Probablement du Ghana, cette musique est adoptee par la confrerie Gnaouie et a fait le tour du monde.
Pièces jointes:

<[www.ambafrance-ma.org];

gnawas a l'ecole claude bernard a casablanca: le site

Au XIIème, la dynastie Almohade consolida l&#8217;empire Arabo Musulman. Ce territoire englobait tout le Maghreb actuel, l&#8217;Andalousie
et de vastes régions subsahariennes regroupées à l&#8217;époque sous le nom de SOUDAN.
Des esclaves furet ramenés de ces pays et enrôlés dans l&#8217;armée. Les défilés militaires (notamment ceux de la Garde Royale)
se composaient souvent d&#8217;esclaves noirs. Les rythmes des tambours évoquent ces marches.

VOICI DES GNAWAS QUI VIVENT EN BELGIQUE
Pièces jointes:

Au XVIème, le sultan Ahmed El Mansour de la dynastie Saâdienne organisa une expédition à Tombouctou. Il en revint victorieux
et en rapporta une grande quantité d&#8217;or, ce qui lui valut le surnom de El Dehbi.
Le Maroc connut alors une ère de prospérité.
Le sultan développa des plantations de canne à sucre et fit venir une main d&#8217;&#339;uvre noire qui constitua la première vague de
gnawas qui s&#8217;installèrent dans le pays berbère des Haha.
Pièces jointes:

On les appelle les gangas, du nom de leur tambour. On les trouve encore aujourd&#8217;hui dans cette région.
Ils sont adeptes de Lalla Mimouna. Leurs instruments sont les tambours et les crotales (krakebs).
Le rituel des gangas se déroule en été, à la campagne, la journée. C&#8217;est un rite agraire.

VOICI LES GNAWAS DE TANGER
Pièces jointes:

Le rythme

Dans le répertoire de la lila, le rythme joue un rôle prépondérant. Les rythme typiques gnawa superposent et alignent des
formules binaires et ternaires. Le soubassement rythmique des crâqeb est rigoureusement régulier pour chaque phase de la lila
alors que le chant est fluctuant. Autant la ligne mélodique chantée, est coulante, autant la percussion est détachée. Les
différentes interprétations du chanteur selon son état d&#8217;âme et sa façon de sentir le rythme, font que les transcriptions
musicales ne peuvent être qu&#8217;indicatives et non pas strictes.
Pièces jointes:

Le chant

Le répertoire de la lila comporte un ensemble de chants ponctués par des solos de guembri.
Tandis que les m&#8217;louk chantent, le guembri annonce la devise du melk constituée d&#8217;une phase courte.
L&#8217;adepte reconnaît cette devise et lui répond immédiatement en rentrant en transe.
Contrairement aux autres genres musicaux populaires marocains, la phase musicale gnawa peut être étendue et dépasse parfois
l&#8217;octave. L&#8217;emploi des arpèges en est aussi un aspect typique.

La gamme

La musique gnawa est classée parmi les genres pentatoniques. Elle l&#8217;est en effet dans son caractère mais l&#8217;une des notes de
cette gamme est sujette à substitution ou à mutation.
Pour conclure la gamme, la note ré est remplacée par le mi-bémol, ce qui rappelle la gamme raçd de la musique andalouse qualifiée
justement de gamme soudanaise, utilisant six notes.

VOICI LES GNAWAS DE CASA
Pièces jointes:

Les instruments

Le guembri ou hajhouj est un luth à trois pincées de registre grave. Il a la forme allongée, presque rectangulaire d&#8217;un demi-tronc
d&#8217;arbre coupé transversalement. La table d&#8217;harmonie tendue sur le bois est faite en peau de chameau. Le manche de l&#8217;instrument
est longue tige cylindrique fabriquée comme la caisse de résonance
Dans du bois d&#8217;acajou. Les cordes en boyau de chèvre sont nouées à l&#8217;extrémité du manche par des lacets.
La corde du milieu est toujours jouée à vide comme un bourdon. Pour accorder l&#8217;instrument, puisqu&#8217;on ne dispose pas de chevilles,
il faut tirer sur la corde et déplacer le n&#339;ud des lacets. Le pouce et l&#8217;index de la main droite pincent les cordes tandis
que les trois autres doigts frappent la table d&#8217;harmonie. Un sistre métallique s&#8217;encastre à l&#8217;extrémité du manche et est mis
en résonance par les vibrations des cordes.

Les qrâqeb sont des crotales que le percussionniste actionne dans chaque main entre le pouce et le médius.
Elles sont en forme de huit d&#8217;environ 30 cm et sont attachées par paire au moyen de liens de cuir.
En les entrechoquant, le percussionniste produit tous les détails du rythme.

Le tbel est un grand tambour à deux têtes maintenu sur le côté gauche du musicien par une bandoulière et joué avec deux baguettes
de forme différente : dans la main droite une baguette incurvée en bois de figuier qui percute le centre de la peau tandis
que la main gauche frappe les bords de la membrane avec une baguette plus flexible en bois d&#8217;olivier.

Bonsoir Soly,
encore un grand merci pour toute l'iconographie des gnawa et des précieux renseignements qui les accompagnent. Vouilà de quoi réjouir les amateurs.
je t'enverrai les films que j'ai réalisés sur les Gnaouas et d'autres musiques de Transes.
Chavouah Tov Mazal Tov...
Izza

Bonjour la fille de la mer et du soleil!

Ceux sont des photos splendides

J'ai connu les Bambaras, qu'elle différence avec les Gnawwas?

Merci d'avance

tita



tita

Bjr à tous,
J'ai étudié dans le cadre de mes études d'ethnomusicologie les Gnaoua du Maroc. Or, j'ai a plusieurs reprises lu ou recueilli des témoignages sur les affinités que ces musiciens de transe nouaient avec les juifs du Maroc _ en particulier au cours de cérémonies où l'on invoquait des "génies" juifs, les Mlouk Sibtiyyîn. Ce repertoire n’est, de l’aveu même des musicens qui oseraient encore pouvoir prétendre le maîtriser, et, pour des raisons historiques évidentes, guère plus joué.
Aussi, à côté d'éclairages érudits comme ceux du regretté Haïm Zafrani ou de récits de voyageurs comme Gide, je recherche des témoins directs de telles pratiques musico-religieuses parmi les membres des communautés juives d'Afrique du Nord (Mellah d'Essaouira, de Fes, ou communautés d’Alger et de Tunis...).
Pourriez-vous me renvoyer à des ouvrages et surtout à des personnalités ou associations suceptibles de m'apporter un témoignage direct de ces pratiques.et des ces liens.
Je compte sur vos commentaires, qui ne manqueront pas, à l'image de ce que j'ai lu sur le forum, d'êtres riches.
Cordialement
Bi es-slama
J.Pouchelon

Ca serait génial que quelqu'un nous file de la doc sur ce répertoire des Ganouas que je ne connaissais pas.

J.P ... je pense qu'un petit voyage à Essaouira en juin s'impose pour toi ... à moins que tu y soies déjà préparé !

Si ce n'est pas le cas, voici le lien du festival : [www.festival-gnaoua.co.ma]

Bonnes recherches et fais nous savoir où est-ce que tu en es !

La logique ne s'attendrit pas. [V. Hugo]

Merci pour ton invitation mais tu as raison, je m'y suis déjà préparé !
Mais ce que je cherche, est paradoxalement avant tout en France ou partout ailleurs où se réfugient ces souvenirs souiris ou meknassis...
En d'autres termes...chez les plus âgés d'entre nous.
+

sebtiyin ? ca vient du SEBTI ?

Bjr
A ce que je sais, on jouait ce répertoire le samedi (d'où son nom). Aurais-tu des info (ou des connaissances) qui pourraient m'éclairer ?
Merci

Bonjour à tout le monde,
pour mon mémoire d'anthropologie religieuse je serai au Maroc à partir de la semaine prochaine. Je cherche des témoignages de pratiques gnawa et leur rapport avec les communautés juives d'Afrique du nord. Du coup, si quelqu'un d'entre vous puisse me renseigner, ou bien m'introduire auprès de quelqu'un qui connait ce genre de pratiques j'en serais ravie. Mon travail est axé sur la mémoire, notamment des migrants (Afrique du nord-France) du coup je collectes tout témoignage, meme indirect.
Ma base est Rabat mais suis prete à me déplacer.
Je vous remercie d'avance
Sabina



Modifié 1 fois. Dernière modification le 03/04/2008 11:49 par clementine.

Bjr,
Je travaille sur la musique de possession au Maroc (gnawa) et je cherche des témoins directs ou indirects de cérémonies de possession chez les Juifs du Maroc. Il semble en effet que ce répertoire ait a peu près disparu avec le départ massif des familles à partir des années 50.
Merci par avance de vos témoignages.