Les enquêteurs bulgares, avec l'aide du FBI et de la CIA aux Etats-Unis, des services secrets israéliens ainsi que d'Interpol et d'Europol, travaillaient à plein régime vendredi pour tenter d'identifier l'auteur et le commanditaire de l'attentat-suicide anti-israélien du 18 juillet.
L'attentat, le premier du genre en Bulgarie, a tué cinq Israéliens, un Bulgare musulman, le conducteur de l'autocar transférant les touristes arrivés à l'aéroport de Bourgas, sur la mer Noire, tandis que le kamikaze musulman suedois, un homme d'environ 36 ans, qui est entre en Bulgarie avec un passeport faux, repéré grâce à une caméra de surveillance de l'aéroport (regardez la premiere photo), a également trouvé la mort, selon le ministre bulgare de l'Intérieur, Tsvetan Tsvetanov.
L'attentat-suicide a été imputé par Israël à l'Iran comme commanditaire et au mouvement chiite libanais Hezbollah comme exécutant, ce que tous deux nient avec véhémence.
Le Premier ministre bulgare, Boïko Borissov a annoncé "plus d'informations dans un délai de trois-quatre jours".
Dans l'après-midi, Boïko Borissov s'est entretenu "pendant 30 minutes au téléphone avec le président des Etats-Unis, Barack Obama", et tous deux se sont félicités du "bon travail en commun des équipes des services de sécurité bulgares et américains", a annoncé le gouvernement bulgare.
Pour sa part, Tsvetan Tsvetanov a indiqué que "l'existence d'un complice n'est pas exclue". Interrogé au cours d'une conférence de presse sur la préparation de l'attentat en Bulgarie, il a estimé qu'il s'agissait "d'interprétations possibles, mais pas réalistes". Le suspect est "une personne qui n'est pas un ressortissant bulgare", a-t-il déclaré, sans autre précision, ce qui pourrait laisser entendre que les enquêteurs ont progressé dans l'identification du kamikaze. D'après le ministre, le suspect a "séjourné pas moins de quatre jours" en Bulgarie.
Sur place, à Bourgas, les enquêteurs ont obtenu de premiers résultats: grâce à la vidéo de l'aéroport diffusée jeudi par le ministère de l'Intérieur sur toutes les chaînes de télévision bulgares et assortie d'un appel à témoins, un loueur de voitures et deux chauffeurs de taxi se sont manifestés auprès des enquêteurs, a indiqué vendredi le Procureur régional de Bourgas, Kalina Tchapkanova, à la télévision privée bTV.
"A la veille de l'attentat, l'auteur présumé a séjourné à Ravda" (ndlr: sur la mer Noire, près de Bourgas), a-t-elle déclaré. "Il a essayé de louer une voiture pour un jour à Pomorié (ndlr: bourgade entre Ravda et Bourgas). Le propriétaire de l'entreprise a refusé parce qu'il a eu des doutes sur l'authenticité de son permis de conduire. L'homme a accueilli ce refus avec calme, a récupéré son dépôt de 50 leva (25 euros) et est reparti".
Selon le loueur de voitures et deux chauffeurs de taxi qui l'ont transporté par ailleurs, "l'homme parlait anglais avec un accent, peut-être arabe", a-t-elle précisé.
L'épouse de l'un des propriétaires de l'agence de location, Afrodita Petrova, présente lors de l'incident, a précisé vendredi à la télévision publique BNT que l'homme, qui s'était présenté avec un permis de conduire américain, avait "la tête presque rasée", alors que dans la vidéo et sur la photo du permis de conduire, il porte des cheveux longs, peut-être donc une perruque. "Je suis catégorique: il avait l'air d'un Arabe", a-t-elle affirmé, précisant qu'il avait "beaucoup d'argent, en billets de 500 euros".
Le seul document d'identité trouvé sur le kamikaze est un faux permis de conduire américain délivré dans l'Etat du Michigan au nom de "Jacque Felipe Martin, 103 France St, Baton Rouge, LA 70802", en Louisiane.
Une équipe d'Interpol sur place
Avec l'aide du FBI et de la CIA, les enquêteurs bulgares tentent de retrouver la piste du faux permis de conduire américain. Pour cela, ils ont aussi appelé en renfort le service de coordination des polices du monde entier, Interpol, qui a dépêché à Sofia une équipe de spécialistes de son unité de Sécurité et anti-terroriste, composée de deux spécialistes de l'anti-terrorisme, un Français et un Suisse, et d'un Américain, expert en explosifs.
Ainsi, vendredi soir, le ministre de l'Intérieur a pu annoncer l'identification de l'explosif utilisé dans l'attentat: trois kilogrammes de trolite, appelé aussi tolite. Fabriqué avec du trinitrotoluène (TNT), c'est un explosif à usage militaire mais aussi fréquemment utilisé par les différents mouvements terroristes.
Des enquêteurs de l'Office européen de police Europol assistent également leurs collègues bulgares, a indiqué à l'AFP un porte-parole d'Europol.
Ayant réussi à prélever des empreintes digitales sur une main du suspect, les enquêteurs, également grâce à un test ADN en cours, espèrent pouvoir identifier rapidement le kamikaze.
Parmi les pistes suivies, sans que les enquêteurs disposent d'un indice précis, indique-t-on vendredi de sources proches de l'enquête, figurent, compte tenu de l'implication éventuelle du Hezbollah, des Libanais résidant en Bulgarie.
Victimes rapatriées en Israël
Les dépouilles des cinq Israéliens tués étaient arrivés dans la nuit de jeudi à vendredi à l'aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv dans des cercueils recouverts du drapeau israélien. Leurs obsèques ont eu lieu vendredi à Tel-Aviv et à Saint-Jean d'Acre, en présence de centaines de personnes.
Dans la soirée de jeudi, les trois blessés israéliens les plus graves étaient arrivés en Israël à bord d'un avion militaire israélien.