Ce que j’avais pu lire sur l’histoire maritime du Maroc ne m’avait pas convaincu (un historien marocain qui avait pourtant reçu les honneurs officiels pour son travail historique sur le sujet).
Nul doute que les pirates de Salé ont été possesseurs de coursiers à voile particulièrement rapides et reconnus efficaces, ce qui leur permettait de fondre sur leurs proies (navires marchands et autres) ou d’échapper aux vaisseaux militaires qui tentaient de les anéantir.
Ce savoir-faire maritime s’est totalement perdu au Maroc et au XXeme siècle ne restait plus que la construction de bateaux et barques de pêche, de grandes barques et barges de transbordement pour les marchandises en provenance des cales des cargos. Des bateaux relativement lourds et pas rapides.
Sous le Protectorat, les ports de Casablanca, Safi, Tanger ont été développés, agrandis, dotés de digues protectrices. Ils ont permis les échanges de marchandises mais la construction navale ne produisait pas de grands navires. Les plus grands bateaux sortant des chantiers du Maroc à cette époque étaient des bateaux de pêche, dont la construction était concentrée à Safi.
À Casablanca, la construction, la réparation et la transformation des navires ont été rapidement spécialisées en construction acier.
La plaisance n’était pas non plus bien développée. Casablanca et Fedala concentraient l’essentiel de la plaisance à voile. La pratique de plaisance favorisait les hors-bords et les in-bords et le ski nautique. Je ne crois pas qu’un seul chantier naval de plaisance ait existé sous le Protectorat.
J’ai une anecdote en mémoire concernant les ‘’Chantiers navals du Maroc’’ situés à Casablanca. Les ‘’Chantiers navals du Maroc’’ étaient à l’époque le plus important chantier naval du Maroc et occupaient une très grande zone sur le port de Casa. Depuis, cette zone a été requise pour tout un programme immobilier de qualité avec ses façades de verre.
J’etais adolescent et en vacances chez mon père à Casablanca. Mon père était très exigeant sur la qualité du poisson et ne laissait personne l’acheter à sa place.
Un midi nous étions au marché central de Casablanca pour acheter du poisson et en sortant de la voiture, mon père me dit d’observer un homme qui sortait d’une 2 chevaux Citroën à la peinture grise bien terne. L’homme, d’une soixantaine d’années, était vêtu pauvrement d’un pantalon et d’une chemisette défraîchis et portait un panier tressé dont la poignée était réparée.
Mon père me dit : ‘’Tu vois cet homme. Eh bien, c’est le propriétaire des ‘’Chantiers navals du Maroc’’ qui valent des milliards (anciens) et lui se contente de vivre dans un appartement de trois pièces, vit avec une femme, n’est pas marié et n’a pas de descendance’’.
Ils étaient quatre frères italiens (le nom ne me revient pas ce soir), lui seul était encore en vie.
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