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ABRAHAM SABBAH NEE A TIBERIADE 1800's epoux de Sarah ABOU' hafia

Envoyé par Lison2 
ABRAHAM SABBAH NEE A TIBERIADE 1800's epoux de Sarah ABOU' hafia
21 mai 2022, 02:49
recherche d'un genealogiste agréé,
Avraham Sabbah, épouse Sarah Aboul'Hafia - ils ont 2 fils, Elyahou et Meyer Sabbah
r, Sarah décèdet en acouchant de Meir, né en 1860.

Avraham prends son fils Meir après sa Bar Mitsvah, en 1872, pour le Maroc ou il est nommé pour collecter des dons pour la communauté en Palestine. Durant son séjour, il rencontre sa deuxième épouse, nous n'avons pas d'info. Il devient grand Rabbin de Mogador 'Essaouira, Meir, son fils n'est pas tres bien traité par la nouvelle épouse, il a 15 ans quitte son père et pretends être plus âgé, embarque sus un navire de la Marine Marchande. Son retour au Maroc, est pour apprendre que son Pè re décède. en 1900 0ou 1901 la famille recherche l'emplacement de sa tomble aux cimetière de l'époque à Safi et ou Mogador.

ceci est une petite partie de notre histoire.

contacter moi par message privé.
Re: ABRAHAM SABBAH NEE A TIBERIADE 1800's epoux de Sarah ABOU' hafia
07 février 2023, 01:26
A la recherche du grand rabbin de Mogador



Dans ma famille, on nous a toujours raconté que mon arrière arrière grand-père Abraham Sabbah était grand rabbin de Mogador. Il n’était pas seulement « Rabbin » nous disait-on mais « Grand Rabbin », ce qui paradoxalement était source de grande fierté dans une famille très peu religieuse. Il aurait été envoyé à la fin du 19e siècle de Tibériade à Mogador pour occuper cette illustre fonction.

Cette histoire m’a toujours fasciné et en début d’année je me suis dit qu’elle méritait vérification. Cette recherche m’a amené à enquêter sur ce récit familial et à découvrir l’histoire des juifs de Mogador, grande communauté aujourd’hui disparue.

Pour travailler sur ce sujet j’ai interrogé plusieurs grandes tantes : l’une avait mis en ligne sur le site dafna.net des archives familiales très intéressantes. J’ai aussi interrogé des historiens des universités de Jérusalem (Pr Michel Abitbol) et du Minnesota (Pr Daniel Schroeter). Enfin j’ai réalisé en mai dernier un voyage à Mogador, renommée Essaouira. J’ai surtout essayé d’avoir une démarche autant que possible « historique » et de valider le récit familial par des preuves. J’ai donc joué « l’historien en herbe » et si de véritables historiens lisent ce texte, je compte sur leur indulgence.

L’histoire connue d’Abraham Sabbah démarre à Tibériadedans les années 1850. Veuf d’une première épouse morte en couche, il quitte Tibériade pour le Maroc vers 1880. Il y est envoyé comme colel pour l’œuvre palestinienne de Tibériade, ce qui signifie qu’il devait collecter des fonds pour desyeshivot. Tibériade faisait partie de l’empire ottoman. Malgré la distance, il y avait beaucoup d’échanges entre le Maroc et la Palestine. Depuis le moyen âge les juifs marocains voyagent régulièrement en Palestine pour y étudier, y faire des pèlerinages ou s’y faire enterrer. En 1880 la généralisation récente des voyages en bateau à vapeur a été une révolution facilitant de tels voyages. L’envoi de colels était aussi assez courant et il arrivait que les colels ne reviennent pas dans leur région d’origine et se marient avec des femmes locales. C’est ce qui est arrivé à Abraham puisqu’il s’est remarié avec une femme de Mogador. Ce n’est pas un cas unique et on trouve par exemple au Maroc des familles Weizman issues de colels ashkénazes venus collecter et qui, préférant le climat local, ont décidé de refaire leur vie sur place.

Abraham se rend au Maroc avec Meïr, l’un de ses deux fils (pourquoi seulement l’un des deux ?) né de sa première union. Celui-ci va n’a que 14 ans mais va immédiatement s’engagercomme matelot sur un bateau anglais et deviendra un aventurier digne des meilleurs romans… mais ça c’est une autre histoire familiale…

Revenons donc à Mogador dans les années 1880. C’est une ville assez récente datant du milieu du 18è siècle et dont les plans ont été réalisés par un architecte Français, Sebastien Cornu, adepte de Vauban. La ville s’est développée en tant que port pour exporter des produits venus d’Afrique (routes du Souss du sud du Maroc ou sub-sahariennes passant par Tombouctou) principalement vers l’Angleterre. Mogador est ainsi devenu le principal port du Maroc pour le commerce avec l’Europe et bénéficie d’avantages douaniers. L’influence anglaise y est très forte. Le consul de France Beaumier fera cette remarque au ministre Crémieux « Il faut noter, Monsieur,qu’ici tout ce qui n’est pas marocain est anglais ». Notons aussi que certaines familles de Mogador, émigrées à cette époque en Angleterre, sont devenues des notables anglais célèbres. Citons par exemple le baron Leslie Hore Belisha qui fut ministre des Transports anglais entre les deux guerres et qui a donné son nom aux Belisha Beacons, ces fameuses balises en forme de globe jaune, toujours présentes à tous les carrefours des villes d’Angleterre. Personnellement et pourl’anecdote, mon arrière-grand-mère originaire de Mogadorque j’ai connue tout petit ne parlait que l’anglais (et l’arabe bien sûr). Ce développement phénoménal du commerce avec l’Angleterre attire à cette époque des populations pauvresvivant dans des villages à l’intérieur des terres et en particulierbeaucoup de juifs. On dit qu’à la fin du 19è siècle Mogador est la seule ville du Maroc où la population juive estmajoritaire. Le commerce avec l’Angleterre est organisé par de grandes familles ennoblies du titre de « Tajir al-sultan » ou « commerçants du roi ». La grande majorité de ces familles sont juives et l’on retrouve les noms de Corcos, Elmaleh, Afriat ou Coriat. Cependant la population juive est socialement très divisée. D’un côté environ une soixantaine de familles vivent dans la Casbah de manière opulente et de l’autre l’immense majorité habitent le mellah dans des conditions de vie misérables (jusqu’à 12.000 personnes). Le manque de solidarité entre les notables juifs et le mellah est frappant. Le consul de France Beaumier explique que, choqué par la misère des juifs du mellah, il est intervenu auprès de Mr Corcos qui souhaitait spéculer sur les prix des loyers des immeubles occupés par ses coreligionnaires afin qu’il revienne sur sa décision. Il faut aussi rappeler le fameux voyage de Moises Montefiore à Mogador en 1863 : constatantl’extrême misère du Mellah, il obtient du sultan un décret pour améliorer la condition des juifs et la possibilité d’agrandir le mellah surpeuplé.

Nous sommes maintenant en 1890. Les tensions sont extrêmes entre le mellah et les notables juifs. Une caisse de solidarité financée par une taxe sur la viande et le commerce a été créédepuis une vingtaine d’année. Le chef de la communauté se nomme Joseph El Maleh (peut-être a-t-il un lien avec Gad quiest aussi originaire d’Essaouira). Il est accusé par le mellah de malversations dans la gestion de la Kupah et le grand rabbin est aussi accusé de complicité. Des troubles éclatent. Pour calmer la situation il est décidé de remplacer le grand rabbin par un rabbin arrivé récemment de Palestine. Ce nouveau rabbin c’est Abraham Sabbah mon arrière arrière grand-pèrequi est alors nommé « grand rabbin » et « Président du rabbinat ». Le mystère commence ici. Pourquoi avoir choisi Abraham qui était « étranger » ? J’imagine que les rabbins ne manquaient pas et que la concurrence devait être rude.Mogador n’était certes pas une ville des plus avancées en termes de niveau de spiritualité juive. Elle est connue pour rabbi Haïm Pinto qui y a réalisé des miracles mais rien à voir avec Marrakech (si vous allez visiter le cimetière de Marrakech, vous verrez un nombre de saints et de grand rabbins phénoménal). Quoi qu’on en dise, le choix d’un grand rabbin est politique et nommer un étranger n’est donc pas commun. J’ai donc réalisé des recherches pour comprendre le mystère de cette nomination. J’ai trouvé dans un article du Professeur Schroeter un début d’explication. Il explique que Abraham Sabbah était un « protégé français » d’origine d’Essaouira.

Pourquoi Abraham était-il « protégé français ». Deux hypothèses. Il aurait obtenu ce statut à Tiberiade. Tiberiade faisait partie de l’ensemble géopolitique appelé Grande Syrie ottomane et la France y menait une politique dynamique de protection consulaire des minorités. Les séfarades d’Alep ont bénéficié de la sorte de sa protection consulaire et il est possible qu’Abraham en ait bénéficié aussi. C’était un atout non négligeable pour un nouveau venu de l’étranger. L’autre hypothèse est qu’il ait obtenu ce statut en arrivant au Maroc. Mais pourquoi Schroeter dit-il qu’Abraham est d’origine d’Essaouira ? Si c’est le cas qu’était-il allé faire à Tibériade ? Le nom Sabbah est extrêmement répandu au Maroc et probablement aussi au Moyen-Orient, donc rien à espérer de ce côté.

Revenons à la nomination d’Abraham. Pourquoi l’avoirnommé grand rabbin ? A mon avis pour plusieurs raisons. Il venait de l’étranger et ne pouvait donc être accusé d’avoir participé aux malversations locales. Ses origines d’Essaouira,ensuite, qui lui donnait une certaine légitimité. Enfin le fait qu’il soit « protégé Français » a dû être un atout et il a peut-être été soutenu par le consul de France. Il faut comprendre que cette fin du 19è siècle correspond à une très forte perte d’influence de l’Angleterre au profit de la France, qui fera du Maroc un protectorat en 1912.

J’ai donc visité en mai dernier le cimetière d’Essaouira pour retrouver la tombe d’Abraham. Le vieux cimetière juif est dans un état de conservation catastrophique. Le climat local maritime, humide et venteux rend la quasi totalité des tombes illisibles (on dit que c’est la ville la plus venteuse d’Afrique). Contrairement au magnifique cimetière juif de Marrakech, Le vieux cimetière juif d’Essaouira n’est pas du tout entretenu. Personnellement l’état du cimetière m’a « révolté ». Abraham étant mort en 1902, j’ai pu repérer la partie du cimetière où il est possiblement enterré. Il existe un site qui référence les noms des tombes (cimetierejuifessaouira.com) mais à ma très grande déception beaucoup de Sabbah mais pas de trace de tombe lisible au nom d’Abraham Sabbah mort en 1902.

Le mystère des origines d’Abraham (et donc de mes origines) reste entier. J’ai constaté que mon intérêt sur ce sujet était très peu partagé dans ma famille. J’ai demandé à de nombreux cousins de m’aider dans mes recherches sans grand succès. Peut-être suis-je plus intéressé par l’histoire que d’autres ?Dans tous les cas, je suis loin d’avoir fini mon travail. La suite de mes recherches se trouve dans les archives de l’alliance israélite universelle à Paris. J’ai déjà contacté son directeur Mr Kuperninc. Je dois faire désarchiver les documents sur Mogador entre 1890 et 1902. Il va juste falloir que je trouve un peu de temps pour m’y plonger…









Certificat réalisée en 1935 attestant des fonctions d’Abraham Sabbah



Le fils d’Abraham Meïr (en 1904 ?), preuve de l’influence anglaise à Mogador





Le cimetière D’Essaouira en 2022 « attaqué » par les mouettes







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