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LA CRUE DE SEFROU EN 1950, EL HEMLA DI SFRO

Envoyé par clementine 
LA CRUE DE SEFROU EN 1950, EL HEMLA DI SFRO
22 février 2006, 08:55
J'ai toujours entendu parler de cet épisode.
Avez-vous des témoignages?



Modifié 1 fois. Dernière modification le 13/05/2008 13:53 par clementine.
Re: LA CRUE DE SEFROU EN 1950
23 février 2006, 02:27
C ETAIT EN OCTOBRE 1950 A LA VEILLE DE LA FETE DE SOUCCOT.ETANT ENFANT JE ME RAPPELLE DE CETTE CATASTROPHE NATURELLE.PENDANT TOUTE LA JOURNEE DES PLUIES ACCOMPAGNEES DES COUPS DE TONNERRE ET DES ECLAIRS EFFRAYANTS NE CESSAIENT DE TOMBER.ET VERS LE DEBUT DE LA SOIREES DES TONNES D EAUX DEFERLAIENT SURLA VILLE RASANT D UN SEUL COUP TOUTR UNE RANGEE DE MAGASINS ET DE BATIMENTS DE LA MEDINA.ET SELON LA TRADITION ON FETAIT TOUTE LA FAMILLE AVEC NOS GRANDS PARENTSQUI HABITAIENT AUX ENTOURAGES DE CE QU ON APPELAIT L OUED ES SOUK .SOUS LA MENACE DES EAUX QUI NE CESSAIENT DE MONTER ON ETAIT OBLIGER DE SE SAUVER VERS LES ETAGES ET TROUVER REFUGE CHEZ LES FAMILLES QUI N ONT PAS ETE TOUCHEES ET CELA EN GRIMPANT A TRAVERS DES TERRASSES.MON DEFUNT GRAND PERE QUI ETAIT SEPTUAGENAIRE AVAIT TENU A TENIR EN EMBRASSANT MA PETITE NIECE AGEE DE QUELQUES MOIS TOUT AU LONG DE CETTE OPERATION DE SAUVETAGE.
LE LENDEMAIN DE RETOUR VERS LES LIEUX OU TOUT A ETE EFFACE ON ETAIT DEVENU DES SINISTRES SANS ABRIS ET SANS BIENS.
NOTRE TANTE QUI HABITAIT MEKNES NOUS AVAIT ADOPTE PENDANT DEUX MOIS APRES QUOI ON ETAIT DE RETOUR A SEFROU POUR REJOINDRE NOS CORELIGIONNAIRES SINISTRES LE CAMP QUI ETAIT ANIME ET ENCADRE PAR LES ECLAIREURS ISRAELITES VENUS DE TOUTES LES VILLES DU MAROC
Re: LA CRUE DE SEFROU EN 1950
23 février 2006, 06:53
SUITE A MON DSRNIER MESSAGE JE TIENS A AJOUTER QUE PLUSIEURS FAMILLES JUIVES QUI HABITAIENT HORS DU MELLAH ONT VUS LEURS MAUSONS RASEES ET DEMUNIS DE TOUT BIEN ELEMENTAIRES.C EST POURQUOI LES AUTORITES AVAIENT PRIS L INITIATIVE DE CONSTRUIRE DES MAISONS QU ON APPELAIT A L EPOQUE L HABITAT.
AU LENDEMAIN DE CET EVENEMENT LE DEFUNT ROI MOHAMMED V A TENU VISITER LA VILLE SINISTREE AUX PIEEDS ETANT DONNE QUE TOUTES LES RUES ETAIENT PLEINS DE BOUE.
A CETTE EPOQUE CETTE CRUE AVAIT PROVOQUEE UNE VAGUE DE SOLIDARITE NATIONALE ET INTERNATIONALE EN ORGANISANT UNE SOUSCRIPTION EN FAVEUR DES SINISTRES.
Re: LA CRUE DE SEFROU EN 1950
23 février 2006, 08:41
Merci Mathias de nous avoir raconté cet épisode dont j'ai si souvent entendu parler, je sais même que plusieurs enfants sont devenus orphelins suite à ce désastre, la crue ayant emporté un de leurs pasrents, parfois les 2.
Re: LA CRUE DE SEFROU EN 1950
23 février 2006, 08:48
Voici une photo postée par cop-max dans le sujet SEFROU et qui représente le roi MOHAMED V en visite sur les lieux de la catastrophe.
Pièces jointes:
Med 5.JPG
Re: LA CRUE DE SEFROU EN 1950
05 octobre 2006, 10:39
SEFROU ET LA CRUE DE 1950
56 ans après?(*)(*)
Mohammed ZERHOUNI
Géographe, enseignant chercheur,
CFI, Sefrou.

Préambule
Chaque année, depuis plus d'un demi siècle, Sefrou est au rendez-vous avec un événement historique très marquée, il s'agit de l'inondation du 25 septembre 1950 qui, malheureusement, passe toujours inaperçue par manque de clairvoyance ou par perte de mémoire. En effet, la ville ne lui accorde aucune importance significative, pourtant ce fait historique dramatique a laissé des lésions morale et physique profondes, dont les traces sont toujours présentes dans la mémoire collective et le paysage urbain de la médina.
Le présent article essaie de rappeler, brièvement, quelques éléments saillants de cette triste page d'histoire contemporaine locale, dans le double but est de remémorer ce fait historique et de susciter la réflexion sur le thème épineux de l'environnement, toujours d'actualité dans la ville.
(*) Article publié à l’occasion de la 50ème anniversaire de la crue de Sefrou, voir: “La rivière et la ville dans le contexte méditerranéen, Sefrou et l’Oued Aggay pour une gestion territoriale de l’eau, XIII ème colloque de Sefrou, sous la direction de Lahsen Jennan, Imprimerie El Oufouk Fès, , 2002, pp. 195-209.
1
legende de la photo
Sefrou au début des années vingt du dernier siècle.
Oued Aggay traverse la médina et irrigue son "oasis"



Modifié 3 fois. Dernière modification le 13/05/2008 06:50 par clementine.
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http---www.sefrou.org-article_inondation1950.jpg
Re: LA CRUE DE SEFROU EN 1950
05 octobre 2006, 10:51
Oued Aggay et la médina de Sefrou
de l'harmonie à la disjonction
L’Oued Aggay qui a donné naissance à une vie urbaine féconde à Sefrou, depuis plus de dix siècles, était, malheureusement, à l’origine d’inondations périodiques, dont les circonstances sont restées très peu connues, jusqu’au début du dernier siècle. Depuis, les documents des archives municipales du Protectorat ont comblé, en partie, cette lacune. Ils apportent quelques informations sur les crues de Sefrou depuis les années vingt, particulièrement celle du 25 septembre 1950, qui demeure la plus dramatique dans la mémoire locale, vu l’ampleur des dégâts humains et matériels qu’elle a provoqués.
Il est question dans cette note d’évoquer rapidement les circonstances des inondations à Sefrou depuis les années vingt et d'aborder, plus particulièrement, les causes et les retombées socio-économiques et spatiales de la crue de 1950.

I-LES CRUES A SEFROU: UN PHENOMENE FREQUENT
ACCENTUE PAR L’ACTION DE L’HOMME
Les séries d’inondations qui se sont produites à Sefrou, depuis les années vingt, étaient à l'origine d'un débat animé. Sont-elles de simples calamités naturelles résultant des seuls facteurs physiques du site, ou découlent-elles directement d’une action humaine irréfléchie, issue d’un mode inadapté d’occupation et d’utilisation de l’espace?
L’évolution des faits sur le terrain et les enseignements qui s’en sont suivis, formulés à la fois par les responsables et les techniciens, convergent vers la culpabilisation de l’homme (usufruitier et gestionnaire). Ce jugement est d’autant plus tangible que l’accélération du rythme des crues et l’intensité progressive de leur agressivité, particulièrement entre 1945 et 1950, se sont
produites en parallèle avec un processus de surexploitation des ressources sylvo-pastorales du bassin versant d’Aggay, en amont de Sefrou.

1-un site favorable aux crues?
Il importe de rappeler que le site de Sefrou, relativement accidenté, offre un milieu physique propice aux inondations. Il occupe le piémont moyen atlasique septentrional (appelé "dir"winking smiley qui, par ses caractéristiques topographiques, climatiques et hydrologiques, favorise grandement ce phénomène. Il s’agit d’un site situé au débouché du bassin versant d’Aggay qui est très exposé à des phénomènes climatiques violents, notamment les averses abondantes issues des orages saisonniers. Les différentes crues survenues à Sefrou, au cours du XXème siècle, sont souvent enregistrées au cours des mois de mai, juin et septembre.
De surcroît, la structure physique de l’Oued Aggay (affluent de Sebou, 300 à 600 l/s) caractérisée par un lit superficiel et étroit, à son passage dans la Médina, facilite (avant son creusement en 1951) le débordement des eaux lors du gonflement du débit. Et de ce fait, l'espace urbain de Sefrou demeure exposé aux aléas des intempéries.

Legende de la photo
Oued Aggay, du côté de Bab Ghadioua, avant son approfondissement,
l'eau limpide coule superficiellement.



Modifié 2 fois. Dernière modification le 13/05/2008 06:51 par clementine.
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http---www.sefrou.org-article_inondation1950.jpg
Re: LA CRUE DE SEFROU EN 1950
05 octobre 2006, 10:55
C’est ainsi que la ville de Sefrou a connu une série d’inondations au cours du siècle dernier. Selon les informations, souvent insuffisantes, rapportées particulièrement par les procès verbaux de la Commission Municipale, la première inondation remonte à 1921. Toutefois, la nature et le volume des dommages qui en ont résulté restent relativement insignifiants, ce qui laisse entendre qu’il s’agissait d’un simple débordement des eaux de l’Oued que Sefrou avait l’habitude de connaître et de gérer sans grandes difficultés. En effet, les dégâts se limitaient à l’envasement de l’Oued, à l’affaissement d’une partie des berges et à la destruction de quelques aménagements urbains situés sur ses
bords. En conséquence, les dépenses effectuées pour la réparation des dégâts, évaluées alors à 450 francs, sont dérisoires, ce qui ne représentait qu’une petite frange des prévisions des recettes municipales de 1921, estimées à 258.894,65frs. (Procès verbal, séance du 26 mars 1921).
Mais, après une trêve d’une vingtaine d’années, ponctuée de quelques débordements périodiques des eaux de l’Oued qui ont laissé certaines empreintes sur le paysage urbain, (P. V. séance du 6 juin 1930), Sefrou était au rendez-vous d’une "série noire", consistant en trois inondations successives dont le degré d’agressivité va en s’accentuant.

Legende de la photo
Les laveuses juives font leur corvée ménagère en plein lit de l'oued
au pied du mellah, au centre da la médina



Modifié 1 fois. Dernière modification le 13/05/2008 06:52 par clementine.
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http---www.sefrou.org-article_inondation1950.jpg
Re: LA CRUE DE SEFROU EN 1950
05 octobre 2006, 10:59
Cette série a débuté par la crue de juin 1945 qui a été beaucoup plus importante que les précédentes. Certes, les pertes ont épargné les vies humaines, mais elles annonçaient, de par leur nature et leur fréquence, la vulnérabilité du site de Sefrou et l’ampleur du danger qui pèse en permanence sur la médina. Ainsi, on signale pour la première fois des dommages causés aux ouvrages alimentant l’usine hydro-électrique, situés au pied du pont du "Trik Soltane", en amont de la médina. Bien que ces dégâts restent limités, l’atteinte aux équipements vitaux de la ville montre bien que, désormais, le lit de l’Oued d’Aggay ne constitue pas un emplacement sûr pour l’installation des aménagements urbains. (ZERHOUNI M. 2001)
Quatre ans plus tard, Sefrou s’est retrouvée, encore une fois, sous l’emprise d’une crue beaucoup plus violente que par le passé. Elle est survenue à la suite d’une pluie très abondante qui a enregistré 56mm. en l’espace de 24 heures. Les pertes ont été plus importantes qu’avant, ce qui a nécessité des dépenses considérables pour la remise en l’état des équipements urbains détruits, totalement ou partiellement, notamment les installations électriques et les conduites d’eau potable ainsi que l’envasement de la piscine municipale.

Si l’agressivité des charges d’eaux et l’ampleur des dégâts ont montré encore une fois la précarité de la situation, elles ne font, en réalité, que confirmer une tendance irréversible. En effet, les inondations à Sefrou ont revêtu un aspect structurel et deviennent, de plus en plus, dangereuses. L’inondation catastrophique du 25 septembre 1950 l’a bien confirmé.
2-une gestion défaillante de l’espace
Les dangers de ce fléau ne semblent cependant pas avoir de profondes répercussions sur l’attitude des gestionnaires urbains. Les interventions de ces derniers se sont limitées, après chaque inondation, à un simple traitement des dégâts en aval, sans aller plus loin pour éradiquer les vraies causes de ce mal qui se situent en amont du bassin versant d’Aggay, où la dévastation incessante du couvert végétal est à l’origine du déséquilibre de l’environnement et de l’instabilité du site.
En effet, ce bassin versant qui n’a pas été inclus dans les délimitations forestières de l’Etat, au début du Protectorat français, était, depuis la fin des années vingt, le théâtre d’un défrichement démesuré et d’un surpâturage destructeur, qui ont provoqué un déséquilibre accentué des versants est du "Jbel Kandar", surplombant Sefrou. "Ces terrains couverts encore de touffes de chêne vert que les propriétaires arrachent, coupent, brûlent peu à peu, ou qu’ils contournent soigneusement avec leur charrue rudimentaire…" (SOULOUMIAC J. 1950)
Devenus complètement dénudés, ces espaces se sont retrouvés incapables de retenir suffisamment l’eau pluviale qui, au moment des averses, ruisselle rapidement et dévale dangereusement les rives de l’Oued Aggay pour envahir facilement la ville de Sefrou. L’accélération du rythme des crues, entre 1945 et 1950 du siècle dernier, n’est, en fin de compte, qu’une réponse logique à ce problème écologique issu du laxisme des gestionnaires de l'époque.
En effet, la grande part de responsabilité des crues est imputée à l’administration coloniale qui avait toléré, bon gré mal gré, une surexploitation des ressources sylvo-pastorales pour des raisons purement sécuritaires. Elle cherchait, de cette manière, à compenser les dommages causés à la population, à la suite de la délimitation des zones forestières de la région.
Pourtant, ce laxiste n’a jamais fait l’unanimité au sein des différentes administrations du Protectorat. Déjà en 1945, le Service des Eaux et Forêts a attiré l’attention sur le danger éminent auquel menait la dégradation avancée des forêts et parcours situés en amont de Sefrou, suite à leur mise à la disposition de la population sans mesure de contrôle. Mais les considérations politiques intentionnées de l’administration du Protectorat ont toujours prévalu sur la volonté des techniciens des Eaux et Forêts qui oeuvraient alors pour l’arrêt de cette catastrophe écologique.
Ainsi, en l’absence d’intervention rapide et au moment opportun pour mettre en application les recommandations qui proposaient des aménagements variés en amont de la ville, notamment la lutte, par différentes mesures, contre la déforestation, principale cause des crues, la situation s’est détériorée davantage.
II-LA CRUE DE 1950: UN DESASTRE SANS PRECEDENT
Le 25 septembre 1950, au couché du soleil (entre le Moghreb et El Acha), Sefrou fut le théâtre d’un débordement dévastateur de l’eau de l’Oued Aggay, à la suite d’une pluie torrentielle qui s’est abattue sur les montagnes avoisinantes.

Selon Souloumiac (forestier et chercheur), son volume a atteint 108 mm. en l’espace de quatre heures

Legende de la photo
Ancienne piscine de Sefrou construite en plein lit de
l'oued Aggay, en amont de la médina



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Re: LA CRUE DE SEFROU EN 1950
05 octobre 2006, 11:03
En conséquence, une lame volumineuse d’eau bien chargée de blocs de roches et de troncs d’arbres a déferlé rapidement sur les bords de l’Oued, mais faute d’issue libre à l’entrée ouest de la Médina, cette charge a buté sur les vannes fermées de la piscine municipale placée en plein lit de la rivière. Aussitôt, l’eau accumulée dans le jardin public exerça une pression considérable, détruisit la piscine et un tronçon des remparts et envahît dangereusement la Médina. (carte)
Le niveau d’eau débordante, ayant atteint plus de deux mètres de hauteur dans le quartier de "Chebbak" (quatre mètres dans certains points), explique bien l’ampleur de cette catastrophe. La ville a déploré pour la première fois des vies humaines (une dizaine selon les estimations officielles, une ou deux personnes selon les témoignages de la population locale, davantage selon d’autres sources))1(, alors que les précédentes inondations de 1945 et de 1949 "avaient, par un hasard quasi-miraculeux, faut-il le dire, épargné les vies humaines. Sans doute, il faut imputer la violence du dernier phénomène à la hauteur d’eaux extraordinaire enregistrée" (SOULOUMIAC J.)

)1( Le chiffre avancé est imprécis, une seule victime seulement, en ville, d'après des personnes âgées qui ont vécu cette catastrophe.



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Re: LA CRUE DE SEFROU EN 1950
05 octobre 2006, 11:26
Evidement, les quartiers situés à proximité de l’Oued, notamment "Chebbak" "Mellah", "Beni Medrek", "El Qasbah" et "Nas Adloun", ainsi que le centre commercial, au niveau de la place de "Jamâa Lakbir", sont les plus touchés.

1-des dégâts lourds
Certainement, le bilan est lourd: un ou deux personnes déplorées et des dégâts matériels se chiffrant par millions. En plus de l’effondrement et de la destruction d’une dizaine de maisons et de boutiques qui ont laissé une centaine de rescapés sans abris, la ville a perdu l’essentiel de ses équipements et ses infrastructures logés sur les bords de l’Oued: l’usine électrique, les installations de l’eau potable, la piscine, les passerelles, les abattoirs, les égouts, les canalisations.
Eu égard à ces pertes considérables estimées alors à 43 millions de frs. (Le budget municipal de la même année est évalué à 27,3 millions seulement), la ville s’est retrouvée en face d’une situation embarrassante. Elle était, de ce fait,

)1( La petite ville proche de Bhalil n’a pas été épargnée par cette catastrophe, mais on ignore l’ampleur des dégâts enregistrés.

tiraillée entre l’exigence d’une reconstruction rapide des infrastructures détruites et le devoir de répondre aux besoins croissant en équipements et en services, de plus en plus pressants.
Survenue dans une conjoncture financière municipale très difficile, cette crue n’avait fait qu’empirer une situation endémique caractérisée par une lourde dette qui est passée de 1 million de francs courants en 1950 à 82 millions en 1952. Cet endettement a été, davantage, aggravé par les charges de l’intérêt et de l’amortissement incombant à la ville. Ces derniers "vont représenter un effort de 12% sur les recettes budgétaires. Il faut donc prélever un mois de recettes totales pour faire face aux simples avances de trésorerie." (P. V. de la C. M. séance du 5 février 1952).

2-des mesures très limitées face à des dangers permanents
Devant l’ampleur des dégâts, l’incapacité du budget municipal et l’insuffisance des aides parvenues de différentes régions du Maroc, la municipalité de Sefrou, très épuisée et incapable de résoudre la crise, a fait recours au soutien des Pouvoirs Publics qui ne tardèrent pas à apporter une aide substantielle et très vitale pour la ville.

Legende de la photo
Sa Majesté Mohammed V en visite à Sefrou lors de la crue de 1950



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Re: LA CRUE DE SEFROU EN 1950
05 octobre 2006, 11:48
Aussitôt un comité de secours se constitua sous la présidence d’honneur de sa Majesté le Sultan Mohammed V, qui s’est rendu sur les lieux, pour mener une action nationale de collecte des fonds en faveurs des rescapés. Les premières contributions financières ne tardèrent pas à parvenir de différentes régions: 2 millions de Frs. de Casablanca, 250.000 de Meknès, 50.000 de Mazagan et 100.000 de Safi …etc. Madame Juin (épouse du Résident Général) est venue en
personne, le mardi 17 octobre, accompagnée de Mr. BLESSON, Ministre Plénipotentiaire, pour procéder à une distribution de vêtements aux sinistrés de la ville. (P.V. Séance du 30 octobre 1950.)
Parallèlement à ces dispositions d’aspect humanitaire, une sérieuse réflexion est amorcée en quête de solution définitive au problème des inondations menaçantes qui ne cessaient de peser lourdement sur la ville. Cette réflexion a débouché, pour la première fois, sur une approche globale qui consiste en l’élargissement des aires d’intervention à l’amont du bassin versant d’Aggay, origine des crues.
En conséquence, les interventions vont, désormais, porter aussi bien sur l'espace urbain, au pourtour de l'Oued, que le bassin versant en amont de la ville.
-à l’intérieur de l’espace urbain: des séquelles lourdes
Après trente années d’action, et sous les coups dures des crues successives, les gestionnaires de la ville se sont rendus compte, enfin, des précarités du site de l’Oued qui abritait, alors, une partie importante d’équipements urbains, en affirmant ouvertement que "le lit de l’Oued Aggay est trop étroit pour recevoir, en période de crue, toutes les eaux de ruissellement qui dévalent du massif du "Kandar". Il faut en tirer les leçons pour l’avenir. Les ponts doivent être agrandis et surélevés, les rives de l’Oued élargies, les maisons bâties trop près de la rivière sont à abattre. C’est là un travail qui va échoir au Service de l’Urbanisme et aux Travaux Publics." (P.V. de la C. M. séance du 30 octobre 1950.).
Immédiatement après la crue de 1950, un grand chantier est ouvert dans le tronçon urbain de l’Oued Aggay, qui a vu transformer sa structure originelle, après un double travail d’élargissement et d’approfondissement de son lit, pour faciliter le charriage des charges de crues. Il était aussi question d’aménager une grande voie carrossable à l’intérieur de la Médina, mais le manque d’espace sur les rives de l’Oued a bloqué ce projet.

Legende dela photo
Baraquements installés à Slaoui pour recaser les rescapés de la crue de 1950



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Re: LA CRUE DE SEFROU EN 1950
05 octobre 2006, 11:51
Toutefois, ces interventions n’ont pas manqué de causer des dégâts matériels liés à la démolition de quelques maisons situées aux abords de l’Oued, ce qui a été à l’origine des requêtes d’indemnisation émises par les propriétaires touchés. En ce sens, "une discussion s’engage sur la propriété des terrains riverains de l’Oued Aggay, terrains sur lesquels étaient bâtis des immeubles et dont la propriété serait acquise par des titres fonciers…le Chef des Services Municipaux réfute, jusqu’à preuve du contraire, la possession des terrains compris dans le domaine public. La Commission Municipale est unanime à demander que les boutiques ne soient pas reconstruites en bordure de l’Oued et que les occupants soient recasés et indemnisés en propriété." (P.V. de la C. M. séance du 30 octobre 1950).
Il importe de signaler dans ce cadre que cette question d’indemnisation est restée sans suite jusqu’à nos jours.
Pour améliorer l’infrastructure urbaine et d’alléger la souffrance de la population, d’autres projets vinrent compléter ce grand chantier de l’Oued. Il s’agit particulièrement de la construction de cinq ponts, de l’édification d’un groupement d’habitat provisoire à "Slaoui" (constitué de 200 baraquements en tuile, construit hors de la Médina pour abriter les sinistrés), ainsi que la réfection des équipements affectés et la reconstruction de la piscine municipale sur son ancien emplacement. Cette dernière "a été nettement améliorée, son cadre agrandi, un système de barrage de galets permet de réchauffer quelque peu l’eau, qui par ailleurs filtrée, grâce au passage à travers un lit de pierres et de sable." (P.V. de la C. M. séance du 21 juin 1955).
D’autres programmes en amont du bassin versant de l’Oued Aggay étaient prévus.
-en amont de la ville: persistance des menaces
A l’issue de cette catastrophe, l’intérêt des gestionnaires commence à porter sérieusement sur l’amont du bassin versant de l’Oued Aggay, où il a été proposé des aménagements variés. Ils intéressent trois actions complémentaires: le reboisement de quelques 200 hectares, la limitation du pacage des caprins et le traitement des versants. Le but recherché est clair: il s’agit de stabiliser le site pour limiter le ruissellement violent des eaux, principal responsable des inondations.
Malheureusement, ces projets très ambitieux n’ont pas été achevés, faute de moyens financiers et surtout de volonté politique. Le rapport du Conservateur CHALLOT, qui venait alors de prendre la direction, au Maroc, du Service tout récent de la Défense et de la Restauration des Sols, en était très explicite. Il rapporte que "le problème, écrivait-il (en février 1950) est d’ordre politique, au sens élevé du terme. On peut affirmer qu’il y a incompatibilité absolue entre l’existence d’une ville au débouché d’un bassin versant de plus de 7000 hectares, d’une part, et l’élevage de la chèvre avec liberté anarchique des cultures dans le même bassin versant, d’autre part (…) le maintien de la liberté actuelle de culture et d’élevage dans le bassin de l’Oued Aggay équivaut à une acceptation tacite des cataclysmes, de plus en plus, graves qui déferleront sur la ville de Sefrou". (SOULOUMIAC J. 1950).
En somme, la réalisation des projets de reconstruction et de réfection au sein de la Médina ont été, certes, très bénéfiques pour une ville traumatisée et partiellement ruinée, mais leurs effets étaient très limités. En effet, la ville Sefrou n’est pas mise totalement à l’abri des aléas car, à la persistance de la menace des crues, se sont ajoutées d’autres incommodités urbaines causées par l’Oued. Nous les énumérerons comme suite:

*25 ans après la crue de 1950, Sefrou renoue encore une fois avec une nouvelle crue, et de ce fait, les mesures prises précédemment étaient très insuffisantes. Elles n’ont fait que retarder l’échéance des inondations.

Legende dela photo
des matériaux solides charriés par l'Oued Aggay,



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Re: LA CRUE DE SEFROU EN 1950
05 octobre 2006, 11:55
en amont de la ville, menacent en permanence Sefrou
*l’inachèvement des aménagements du lit de l’Oued Aggay à l’intérieur de la Médina a généré de nouveaux problèmes de sécurité et d’hygiène. D’une part, le non achèvement des murs de soutènement des berges a fait que "l’Oued continue d’ailleurs à affouiller dangereusement son lit, au centre de la ville, à partir de l’endroit où cessent les petits barrages en épis noyés. Il y aurait lieu de prolonger les travaux de protection." (P.V. de la C.M. séance du 30 mars 1954.). Et d’autre part, le creusement et l’élargissement du lit ont créé un foyer de pollution du fait des rejets, de plus en plus volumineux, des ordures ménagères. C’est ainsi que "les berges de l’Oued, malgré la surveillance de la police, sont fréquemment parsemées d’immondices par jets d’ordures. Le Chef du Territoire a bien voulu mettre dernièrement à notre disposition une corvée de pénitentiaires pour procéder au nettoyage des rives…enfin dès que l’entrée en saison sèche…on procédera aux opérations de dératisation." (P.V. de la C.M. séance 21 juin 1955.)

Legende de la photo
Oued Aggay, après son approfondissement, il est devenu
un foyer de désagrément et d'insalubrité



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Re: LA CRUE DE SEFROU EN 1950
05 octobre 2006, 11:57
Les effets de la pollution ne se limitent pas à ce niveau, ils deviennent très menaçants pour la santé publique; d'une part, à causes des égouts qui se libèrent de leur charge en plein lit de la rivière, sans traitement préalable, et d'autre part, l'irrigation et le lavage délibérés d’une partie des légumes et crudités, produite localement et destinée à la ville, par des eaux usées déversées en plein air et dans les seguias.
*le problème des abattoirs, partiellement endommagés par la crue, reste encore posé: "l’une des solutions, bien que provisoire, aurait l’avantage d’être immédiate, construire sommairement l’ancien abattoir emporté par la crue, mais la construction sur ce triangle serait très coûteuse pour la faible surface récupérée…or le problème est urgent." (P. V. de l a C. M. séance du 8 septembre 1954). Peu après, la ville s’est dotée d’abattoirs modernes édifiés à "Setti-Messaouda", près du pont.
*l’indemnisation des bâtiments détruits ou démolis n’a pas eu lieu. En effet, après quelques années d’investigation et de tractations, la réponse était catégorique et ferme: "la ville de Sefrou ne peut être rendue responsable du désastre. Le cas de force majeure à la suite des pluies torrentielles est susceptible d’être invoqué sur le plan juridique, mais il n’en est pas moins certain que les destructions ont été provoquées par des eaux tombées bien en amont sur des sols dégradés non encore soumis à la régénération. Les membres de la C.M. insistent à l’unanimité pour que soit fixée une fois pour toutes, les responsabilités de chacun; Etat ou Ville." (P. V. de la C. M. séance du 29 octobre 1952).

Legende de la photo
Distribution d’aides aux rescapés juifs après la crue de 1950



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Pièces jointes:
http---www.sefrou.org-article_inondation1950.jpg
Re: LA CRUE DE SEFROU EN 1950
05 octobre 2006, 11:59
Notons aussi que le cas de 36 cordonniers, dont 33 israélites qui ont perdu leurs locaux loués au habous (situés sur la rive gauche de l’Oued, entre la porte du Mellah et "Djamâa Kébir"winking smiley, a été résolu partiellement. Ils ont été recasés dans un "foundouk" des habous avant d’être réinstallés, quelques années plus tard, dans des baraquements aux abords est du souk "El-Khémis". (P. V. de la C. M. 8 septembre 1954).

CONCLUSION
La ville de Sefrou commémore, cette année, son 56ème anniversaire de la crue du 25 septembre 1950. Cet événement, qui fait partie de la mémoire collective, constitue non seulement une opportunité pour reconstituer les faits des crues tragiques que la ville a vécues avec beaucoup de souffrances, mais aussi une occasion fructueuse pour en tirer les enseignements qui s’imposent.
En ce sens, la réflexion sur ce thème ne doit pas s’arrêter au niveau du phénomène des inondations elles-mêmes, mais il devra porter aussi pour l’avenir pour mettre la ville à l’abri de cette calamité et faire de son Oued un pôle structurant de développement intégré.
Mais malheureusement, l’état des lieux de l’Oued et les prévisions qu’on peut en faire, aujourd’hui, sont très peu rassurants. En effet, après un demi-siècle qui nous sépare de la crue de 1950, et en l’absence de mesures appropriées et adéquates, aussi bien, en amont qu’en aval de la ville, les problèmes que pose cet oued se diversifient et se compliquent davantage. Ils ne se limitent pas au seul danger des crues, mais ils touchent aussi la pollution des eaux de l’Oued (devenu exutoire de la ville et foyer d'insalubrité) et la dégradation de sa structure physique, à l’intérieur de la ville. Pourtant, le site de l’Oued Aggay dispose d’atouts variés et de potentialités notables pour générer un processus de développement permettant de réintégrer convenablement l’Oued dans son environnement. Un vrai chantier à ouvrir.
Finalement, le constat est là, les idées ne manquent certainement pas, plusieurs études d'aménagent de l'oued et de son environnement existent déjà, mais faute d'intervention rapide pour les valoriser ne fera qu'empirer une situation écologique, dont la fragilité et la vulnérabilité va en s'accentuant. La ville, responsables et société civile, aura certainement un défi à relever au niveau de l'Oued Aggay qui n'est, entre autre, qu'un volet de l'épineux dossier de l'environnement urbain de Sefrou.



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Re: LA CRUE DE SEFROU EN 1950
09 octobre 2006, 13:44
Je me rappelle bien de cette crue de l'oued Aggay bien que je n'eusse pas habiter Sefrou.
Cetait le premier soir de fete de Souccot. J'avais 10 ans et venais de terminer la priere avec mon pere lorsque nous avons appris la tragique nouvelle. Nous avons heberge a Fes quelques sinistres de ces innondations.
Au temps de mon adolescence, je campais la-bas avec les eclaireurs.
Je garde de tres bons souvenirs de cette jolie et paisible ville.
Re: LA CRUE DE SEFROU EN 1950
11 octobre 2006, 20:52
SELON MA MEMOIRE DEUX FEMMES AVAIENT PERIESóLA FEMME D UN OLIEL ET DONT AVAIT REUSSI DE SAUVER SON BEBE LEQUEL VIT EN FRANCE ET LA FEMME D UN ITTAH MARCHAND DE LEGUMES
Re: LA CRUE DE SEFROU EN 1950
11 octobre 2006, 23:52
Et comme on dit chez nous "KOL HAKABOD" !! Je dirai pourtant que les rumeurs exagerees a Fes pretendaient que 7 personnes d'une seule famille avaient trouvees la mort dans cette crue.
Re: LA CRUE DE SEFROU EN 1950
13 mai 2008, 06:58
J'ai parle de la crue de 1950 sur ce topic, apportez vos temoignages, cette catastrophe ayant tellement marque les Sefraouis.
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