Les Juifs du Maroc, du ruisseau au firmament
Lorsqu’il arrive à Casablanca dans la seconde moitié des années 20, mon père, tout gonflé de son diplôme d’ingénieur et pétri d’ambitions, découvre une ville en pleine expansion grouillant d’Européens de toutes origines et de tous niveaux sociaux.
Le cœur battant de la ville de Casablanca se situe encore autour du port, de la place de France, entre la ville indigène et les tout nouveaux quartiers d’où émergent les premieres constructions et immeubles et où s’arrachent les terrains dans une indescriptible frénésie de spéculation immobilière.
N’a pas échappé à l’œil de mon père la situation peu enviable de la grande majorité des Juifs marocains, pauvres mais pauvres…encore plus pauvres que bien des Musulmans.
Tous n’étaient pas pauvres, certains étaient commerçants ou artisans, mais combien de pauvres gens.
Aussi, au fil des années, les contraintes pesant sur les Juifs ne s’exerçant pas autant qu’auparavant, ceux-ci trouvaient rapidement les ressources pour sortir de leur ghetto, de leur condition et se créaient des situations de plus en plus enviables.
Bien évidemment des Juifs venus d’Algérie, donc de nationalité française, ont su aussi tirer des bénéfices de la formidable expansion du Maroc.
Ce n’est qu’une partie des Juifs marocains qui avait pu atteindre un haut niveau social enviable, mais presque tous étaient sortis de la misère encore très présente dans les années vingt.
C’est pourquoi il nous a été dispensé fréquemment un petit discours familial soulignant que la volonté et le travail paient toujours en évoquant ces Juifs si miséreux, qui faisaient pitié, mais passant du ruisseau au firmament par leur travail.
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