Dafina.net Le Net des Juifs du Maroc




Bienvenu(e)! Identification Créer un nouveau profil

Recherche avancée

RABAT, NUIT DU 16 AU 17 AVRIL 1956 : L’ATTENTAT CONTRE MENDÈS-FRANCE

Envoyé par Jean-Francois.RABATI 
J’ai trouvé quelques éléments historiques sur l’attentat organisé contre Pierre MENDÈS-FRANCE dans la nuit du 16 au 17 avril 1956 à Rabat.

Un extrait du livre écrit par Bob Denard où il relate l’attentat auquel il participe en tant que chauffeur de la voiture qui amène le commando de tueurs sur place, a été reproduit sur le site de l’institut consacré à la mémoire de Mendès-France : MENDÈS-FRANCE.FR.

Un extrait des archives du journal LE MONDE des 2 et 3 avril 1957 donnent un compte-rendu du procès des auteurs de l’attentat contre Mendès-France.

Le plus extraordinaire dans cette affaire est l’instruction et le jugement en avril 1957 des protagonistes de cet attentat contre Pierre Mendès-France par le Tribunal criminel de Rabat.

Le journaliste du journal Le Monde rapporte que ‘’Dès l’ouverture de l’audience,...le Président Hérisson a déclaré formellement qu’il entendait limiter les débats aux seuls faits retenus par l’accusation : tentative de meurtre contre le garde de la gendarmerie mobile Emile Menguin dans les jardins de l’ambassade de France au cours de la nuit du 16 au 17 avril (1956), et port d’armes prohibé, mais non point attentat manqué contre Pierre Mendès-France.

Le ministère public demanda les circonstances atténuantes. Aussi, les deux inculpés furent-ils frappés d’une peine d’un an de prison, tandis qu’un comparse dont le rôle fut effacé était relaxé’’.

Un jugement formidable !!!

Un an de prison pour ‘’tentative de meurtre’’ sur un gendarme et la relaxe pour les complices, dont Bob Denard qui conduisait le véhicule de l’attentat.
Le Tribunal a totalement occulté la tentative d’attentat contre un ancien Président du Conseil et Ministre d’Etat au moment de l’action.

En droit pénal, la complicité est punissable au même niveau que l’auteur de l’infraction. Bob Denard a été oublié !!


Dans son livre ‘’Corsaire de la République’’, éditions Robert Laffont 1998, Bob Denard écrit :

‘’Lorsque le bruit se répand que Mendès-France va venir au Maroc, mes amis décident de l’exécuter’’.

‘‘Il est décidé que l’assassinat se déroulera dans un quartier peu fréquenté de Rabat, pendant que le Président du Conseil se reposera à la Maison de France. Nous sommes quatre : Antoine Beltran, son beau-frère, un certain Louis Sérou, lieutenant aux affaires indigènes et moi, qui servirait de chauffeur’’.

‘A la nuit tombée, Sérou me demande de conduire le groupe (de tueurs) à la Maison de France. Je stoppe à quelques mètres de l’imposante bâtisse blanche devant laquelle se tiennent des gardes mobiles. Sérou m’ordonne de rester dans la voiture...et de me tenir prêt à démarrer sitôt qu’il reviendra. Puis, il s’éloigne avec Beltran’’.

‘’Les deux hommes réussissent à escalader le mur d’enceinte sans attirer l’attention des gardes. Au bout de quelques minutes, des rafales de mitraillette éclatent. Sérou. Le souffle court, s’engouffre dans la voiture et m’ordonne de démarrer’’. ‘’Beltran s’est fait descendre, annonce-t-il’’.

L’affaire est un fiasco, d’autant que Mendès-France n’était pas présent. Le gendarme Emile Menguin est touché au ventre, Beltran à l’épaule. Beltran s’échappera en septembre de l’hôpital où il était soigné. Sérou, 32 ans, était conducteur de travaux, Beltran, 25 ans, était magasinier, Bob Denard, 27 ans.

Mendès-France, après un entretien avec le Sultan l’après-midi, avait quitté le Maroc lundi 16 avril au soir dans un bimoteur de la marine par l’aérodrome de Salé.

Selon Le Monde du 18 avril 1956, Sérou et Beltran étaient équipés de pistolets et de grenades pour leur attentat contre Mendès-France.

[www.mendes-france.fr]
[www.lemonde.fr]
[www.lemonde.fr]
Pierre Mendès-France avait officiellement prévu un voyage au Maroc pour participer aux travaux de la fédération radicale du Maroc.

Il avait quitté Paris pour Casablanca, jeudi soir, 12 avril 1956. Son retour à Paris était annoncé lundi soir, 16 avril,
ou mardi soir, 17 avril.

Mendès-France devait mettre à profit ce voyage pour s’informer sur place de la situation du Maroc et avait pris à ce sujet différents contacts, tant du côté français que du côté marocain.

Il devait également être reçu en audience par Mohamed V lundi après-midi 16 avril au Palais de Rabat.

Le dimanche 15 avril au soir, était organisé à l’ambassade de France à Rabat un dîner en son honneur où étaient invités notamment le Prince Moulay Hassan (futur Hassan II), Si Bekkai, Président du Conseil de gouvernement du Maroc et plusieurs ministres.

Ce même dimanche à Casablanca, à la sortie de l’hôtel où était organisé le congrès radical, se déroulait une manifestation hostile à Mendès-France (environ 200 personnes) appelée par ‘’Présence française’’. Non loin de là, des Marocains, au nombre de 600 environ, acclamaient Mendès-France au passage de son automobile et lui lançaient des bouquets de fleurs. Pas d’incidents graves.

Pour comprendre l’ambiance de l’époque et les positions des radicaux du Maroc, il faut rappeler une des motions de ce congrès qui ‘’salue l’indépendance du Maroc et fait confiance au Sultan et à son gouvernement’’ et ‘’réclame également des négociateurs français et marocains des garanties judiciaires, sociales, économiques et culturelles pour les Français du Maroc’’.

Les Français du Maroc étaient au moins au nombre de 330.000 en 1956. Au moment de ce congrès radical à Casa, les 500 agents français des Eaux et Forêts, répartis sur tout le Maroc, estimant que leur vie et celle de leurs familles sont quotidiennement en danger, souhaitaient se retirer des maisons forestières dont ils avaient la charge. Déjà, le samedi 14 avril, une quarantaine de ces maisons forestières avaient été évacuées en forêt de la Mamora en raison de l’insécurité persistante.


Le ‘’tueur’’ du commando, Louis Sérou, ne souhaitait parler au Juge d’instruction chargé de l’enquête qu’en présence de son avocat.
Il avait désigné pour sa défense, Maître Vaysse, du barreau de Rabat, qui était un dirigeant actif de ‘’Présence française’’.

.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 08/04/2020 17:30 par Jean-Francois.RABATI.
MENDÈS-FRANCE était visé par cet attentat raté d’avril 1956, car il était perçu par les Français comme l’homme politique des indépendances, de la décolonisation.

Son rôle avait été de toute première importance pour l’indépendance de l’Indochine et l’autonomie de la Tunisie.
Pour le Maroc, il n’était déjà plus Président du Conseil.

Lors de son discours d’investiture, le 17 juin 1954, Pierre Mendès-France fait de ‘’la paix’’ son objectif politique premier. L’Indochine était à ce moment-là une véritable poudrière.

Est-ce que le fait que Mendès-France soit juif a joué pour qu’il soit la cible de cet attentat ? Je ne le crois pas.

Mendès-France était issu d’une famille juive sépharade d’origine portugaise qui s’était installée à Bordeaux en 1684 selon les recherches généalogiques qu’il avait effectuées lui-même. Non religieux, non pratiquant, il se disait juif et marrane.

.
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter






DAFINA


Copyright 2000-2024 - DAFINA - All Rights Reserved