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LA JOLIE VILLE DE TANGER

Re: LA JOLIE VILLE DE TANGER
11 janvier 2010, 09:53
Trouvé sur le net alors que la question ne m'intéresse absolument pas :
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La grande épopée du rail [www.lavieeco.com]
Les Marocains appelaient les premiers trains apparus en 1908 «babor lebghel» car ils étaient à traction animale.
Il fallait 5 heures pour aller de Casa à Berrechid (40 km), et 12 heures pour les marchandises.
Plusieurs concessionnaires se sont partagé l'exploitation des lignes, qu'ils ont cédées à l'ONCF en 1963.
A quand remonte l'arrivée des premiers trains au Maroc ? On sait que les premiers wagons n'étaient pas tirés par des locomotives. «Babor lebghel», littéralement «le vaisseau du mulet», c'est ainsi que les Marocains avaient baptisé les premiers trains qu'ils virent circuler dans le pays, vers 1908. La raison de cette appellation pittoresque s'explique aisément : ces premiers engins étaient tirés par des mulets pour les marchandises et des chevaux pour les voyageurs. Une des premières lignes du genre reliait Casablanca à Berrechid par la vallée de l'oued Bouskoura. Le trajet de 40 km était alors parcouru en 5 heures pour les voyageurs et les animaux qui servaient à la traction étaient relevés tous les 10 kilomètres. Mais les trains de marchandises de cette ligne qui fit long feu, eux, mettaient 12 heures pour arriver à destination, les mulets marchant au pas.

L'arrivée des trains au Maroc a été dictée par des considérations militaires et économiques
L'histoire des chemins de fer, au Maroc plus qu'ailleurs, est intimement liée aux intérêts militaires du colonisateur et à l'exploitation des mines dans le pays. Ainsi, les premières utilisations servirent la pénétration du pays et le déploiement des troupes, leurs approvisionnements et le transport de leurs équipements. Et c'est en 1920 que les voyageurs civils furent plus nombreux que les militaires à utiliser le train. La vitesse des trains, à leurs débuts, tournait autour de 15 km/h pour le transport de marchandises, le double pour les voyageurs. Cela paraît ridicule mais, à l'époque, c'était une révolution car le seul moyen de déplacement était alors la marche ou le transport hippomobile. Puis, la vitesse des trains a connu une rapide évolution. On note en effet que la moyenne est passée à 50 (64 km/h de vitesse de pointe) dès 1938. Le trajet Casablanca-Tanger était alors parcouru en 8 h 10 mn, soit une moyenne de 43 km/h.
Même si l'électrification du réseau a commencé très tôt (le premier train à traction électrique a assuré le transport de phosphate en février 1927), il faudra, pour que la vitesse dépasse les 100 km/h, attendre 1984, année de l'entrée en service des TNR (trains navettes rapides) reliant Rabat à Casablanca en moins d'une heure à une vitesse allant jusqu'à 160 km/h. Ce fut un grand tournant. Cette prouesse a été aussi rendue possible par le doublement de la voie entre les deux villes. Une année plus tard étaient mis en circulation des trains grand confort, dont les voitures étaient fabriquées par la Scif (Société chérifienne de matériel industriel et ferroviaire), pour relier la capitale aux chefs-lieux de provinces. Autre date à retenir, 1992, avec l'inauguration de la desserte de l'aéroport Mohammed V et le doublement de la voie entre Salé et Kénitra.
Avant d'en arriver là, le réseau ferroviaire du Maroc a connu plusieurs épisodes marqués notamment par l'implication des privés dans la gestion de certaines lignes via le système des concessions. Il faut noter que la rivalité entre la France et l'Allemagne, puis la guerre, ont retardé les travaux d'extension des lignes et leur commercialisation.
Les documents de l'ONCF (Office national des chemins de fer) font remonter les premières concessions à 1914, notamment celle de la ligne Tanger-Fès, à la Compagnie franco-espagnole du chemin de fer et, en 1920, à la Compagnie des chemins de fer du Maroc pour les lignes Sidi Kacem-Kénitra, Kénitra-Rabat, Casablanca-Marrakech...
Il faudra attendre 1929 pour que la même compagnie ouvre la septième ligne, entre Benguerir et Safi. Entre-temps, en 1925, avec la découverte du manganèse à Bouarfa, une troisième concession était accordée au Chemin de fer du Maroc Oriental pour transporter le minerai sur les 300 km séparant Oujda de Bouarfa.
Selon toute vraisemblance, les concessionnaires ont dû réaliser des profits sur l'exploitation des 1 785 km de réseau, cédés en 1963 à l'ONCF qui venait d'être créé. Depuis, l'office a fait du chemin. Les 4 millions de passagers transportés à l'époque ont été multipliés par 4,5 et le poids des marchandises convoyées est passé de 12,4 millions de tonnes à 30,5 millions. Signalons toutefois que, depuis 1963, à peine 122 km de nouvelles lignes ont été réalisés.

Premiers ingénieurs marocains au début des années 1960
Mais quid de l'élément humain ? Ce sont des cadres cheminots qui en parlent le mieux. André Labry - auteur d’un livre sur l'histoire des chemins de fer au Maroc, édité par l'ONCF -, Saffi Abdelkader et Soufi Mohamed, des piliers de l'entreprise, en gardent un souvenir très fort. Ils se rappellent l’époque où le personnel a été partagé en deux : les lettrés et le reste. Ainsi, en 1956, le nombre de cheminots devait être de l'ordre de 8 000 personnes dont plus de 4 000 lettrés, étrangers en général. Pour les premiers ingénieurs marocains (à l'ONCF c'est un statut et non un titre universitaire), il faut attendre les années 1960. Chose remarquable, dans le monde des cheminots, syndicalisés très tôt (un certain Mahjoub Benseddik était cadre de l'ONCF à Meknès), on commençait toujours au bas de l'échelle de sa catégorie. Un des cadres rencontrés raconte que son beau-père, en visite chez lui à ses débuts, était intrigué par le fait de le voir se réveiller aux aurores. Il interrogea alors sa fille : «Dis-moi, tu es sûre d'avoir épousé un ingénieur ?».
En fait, le travail de cheminot repose sur une vigilance de tous les instants. Et si un conducteur de train s'assoupit, la machine va ralentir jusqu'à s'arrêter car il cesse d'exercer une pression sur les manettes. Et comme tout est mémorisé, il risque une sanction. Ainsi, si deux machinistes se croisent sur une double voie, ils vont se saluer bruyamment. En fait, chacun sait que l'autre notera dans son rapport l'heure à laquelle il a croisé son collègue, et son état de vigilance, il faut faire montre d'un éveil sans faille.
Les cheminots racontent aussi la période où il fallait faire des choix relatifs au matériel et comment l'ONCF est passé de fournisseurs français à japonais, optant, un moment, pour du matériel belge. Chacun repense à cette épopée tantôt avec nostalgie, tantôt avec satisfaction. Si leur choix de suivre la carrière de cheminot était à refaire, ils n'hésiteraient pas une seconde. Leurs ambitions sont aujourd'hui entretenues par la nouvelle génération qui entend faire siffler le train dans le Souss et introduire le TGV dans le pays

Entre les premières locomotives tirées par des mulets et les TNR actuels, une série d’avancées boostées par les besoins de l’économie, notamment le transport du minerai.

Les chemins de fer en quelques dates
1908 - Apparition des premiers trains à traction animale.
1912 - Mise en service de la ligne Casa-Rabat.
1915 - Kénitra est reliée à Fès.
1923 - Achèvement du tronçon Rabat-Kénitra-Sidi Kacem.
1927 - 1er train électrique pour le transport du phosphate.
1963 - Création de l'ONCF (Office national des chemins de fers) qui reprend 1754 km de lignes alors exploitées par des concessionnaires privés.
1984 - Achèvement du doublement de la voie entre Casa et Rabat (80 km) et lancement des premiers TNR pouvant rouler jusqu'à 160 km/h.
1992 - Mise en service de la desserte ferroviaire de l'aéroport Mohammed V
1996 - Inauguration du tunnel de l'Agdal.
2002 - Mise en place d'une nouvelle organisation de l'office et d'une nouvelle organisation commerciale.
Mohamed El Maâroufi
24-06-2005
Re: LA JOLIE VILLE DE TANGER
11 janvier 2010, 12:21
Bonsoir Hananiaamar,
Tu écris "mon récit est basé sur la mémoire de l'enfant que j'étais et sur le vécu"...
Ok tu étais un enfant au début des années 1950 et cette mémoire d'enfant relève bien évidemment,en grande partie,de l'IMAGINAIRE...cela je le comprends trés bien ...on est tous passé par làeye popping smiley...
Mais lorsque tu as écrit ce bouquin en 2005 avec, comme tu le dis si bien, ton "vécu"...c'est un adulte qui s'exprime...ce n'est pas un enfant...
Lorsque tu affirmes qu'au début des années 1950 les voies ferrées au Maroc étaient "RARES"...ce n'est donc pas l'adulte et son vécu qui parle mais l'imaginaire de l'enfant...l'enfant a imaginé que les voies ferrées étaient rares...franchement il fallait le devinereye rolling smiley...

Donc pour le reste du récit c'est pareil?

Lorsque tu écris en 2005 qu'au début des années 1950 ,avant d'arriver en train à Tanger,il fallait franchir les "DEUX POSTES DOUANIERS d'ASILAH et d'ARBAOUA"...que les "Les ADULTES DEVAIENT SUBIR des FOUILLES A CORPS et des INTERROGATOIRES"......et l'histoire du marocain musulman qui se fait "taxé" pour des babouches par un douanier raciste...etc...tout cela vient de la mémoire d'un enfant...et peut donc s'avérer complètement faux...comme l'histoire des voies ferrées qui étaient rares...

Mais quand même à travers cette mémoire d'un ENFANT tu fais passer des messages forts...comment peut on faire passer de tels messages à travers le prisme déformant de la mémoire et de l'maginaire d'un enfant?...

Lorsque tu écris ton bouquin en 2005 tu sais de par ton vécu et ta culture générale que les voies ferrées n'étaient pas rares au Maroc,que c'est ARBAOUA qui était avant ASILAH en allant vers Tanger,que les postes douaniers ferroviaires n'étaient peut être pas à ARBAOUA et à ASILAH mais à ALCAZARQUIVIR...qu'il n'y avait peut être pas de FOUILLES A CORPS et des INTERROGATOIRES de tous les passagers adultes à ARBAOUA et à ASILAH...douanier raciste...taxation de babouche...de jambon soriano...etc...

Comment peut on raconter de pareilles choses,délivrer de tels messages,sans être sûr que cela soit vrai?
Re: LA JOLIE VILLE DE TANGER
11 janvier 2010, 14:14
Monsieur Lancry, vous me chauffez les oreilles pour rester poli et je ne vous demande rien alotrs fichez moi la paix et faites le raisonneur autant que vous le voudrez, je dirai comme aiux autres censeurs chiants : "Les chiens aboient,n la caravane passe" et allez faire joujou avec d'autres !
Re: LA JOLIE VILLE DE TANGER
11 janvier 2010, 17:46
hananiaamar,
Désolé de te répondre avec retard mais j'ai regardé l'excellent film d'Abdellatif Kechiche "La graine et le mulet"...il y avait une danse orientale trés sensuellethumbs up...
Bon écoute personnellement cela ne me gène pas que tu viennes faire la publicité commerciale pour tes bouquins dans les sujets de DAFINA...en revanche à partir du moment où tu en parles, qui plus est dans la rubrique Historique de DAFINA,il faut que tu acceptes la discussion...ici jusqu'à présent la parole est libre à condition de respecter les règles édictées par l'équipe dirigeante...

Donc j'entends bien poursuivre la discussion avec toi...on a parlé de cette histoire des "voies ferrées qui étaient RARES" au Maroc...
Mais tes autres histoires sont également intéressantes...celle des "redoutés douaniers" qui aux postes douaniers d'ASILAH et d'ARBAOUA faisaient subir à tous les passagers adultes des trains se rendant à TANGER "des FOUILLES à CORPS et des INTERROGATOIRES"...
Je suppose qu'en allant à Tanger c'est plutôt ARBAOUA qui se trouvait avant ASILAH?....
Est il possible d'en savoir plus sur ces deux postes douaniers ferroviaires d'ARBAOUA et d'ASILAH?...ce n'est pas pour t'embêter mais c'est pour que tu m'éclaires et m'instruises...
Où avaient lieu ces fouilles à corps et ces interrogatoires?.......la fouille à corps et les interrogatoires de centaines de voyageurs adultes des trains se rendant à Tanger au poste douanier d'Arbaoua puis au poste douanier d'Asilah devaient prendre des heures...comment les trains faisaient ils pour arriver à l'heure à TANGER?

Comment se fait il qu'à travers d'anciens documents je ne trouve pas trace de ces postes douaniers ferroviaires d'Arbaoua et d'Asilah?...pour l'instant je ne trouve que la DOUANE à ALCAZARQUIVIRconfused smiley...
Pièces jointes:
Numériser0025.jpg
Re: LA JOLIE VILLE DE TANGER
12 janvier 2010, 04:46
bonjour à toutes et à tous


j'espère que la rubrique TANGER va reprende sa sérénité....après les propos de" sieur" amar ...que de mépris et haine envers certains dafinautes qui lui répondent sans agressivité de plus celui-ci se permet de s'en prendre à cigalou avec véhémence sur une autre rubrique et pourtant je n'étais pas toujours d'accord avec ce dernier mais le respect a toujours été de rigueur .Cigalou nous permet par ses recherches d'avoir des informations cohérentes dans tous les domaines, n'en déplaise à certains il est très pointilleux et pour nous les dafinautes , c'est une grande qualité,


amicalement

alain 76
Re: LA JOLIE VILLE DE TANGER
12 janvier 2010, 08:51
Bonjour à toutes et tous
Voici la poste de Tanger dans les années 1933, donc "Tanger internationale" la famille au complet aux fenêtres de l'appartement.
Mon grand-père y exerçait ses fonctions depuis 1928
Amicalement

Alain76
Pièces jointes:
tanger la poste.jpg
Re: LA JOLIE VILLE DE TANGER
12 janvier 2010, 08:58
Voici un permis de conduire appartenant à ma grand -mère délivré en 1928 il est en 2 parties
n° 1
amicalement
alain76
Pièces jointes:
permis mamie bis delivre en 28.jpg
Re: LA JOLIE VILLE DE TANGER
12 janvier 2010, 09:02
n°2
amicalement

alain76
Pièces jointes:
permis mamie.jpg
Re: LA JOLIE VILLE DE TANGER
12 janvier 2010, 09:12
Voici celui de ma tante délivré par l'administration internationale de la zone de Tanger (travaux publics d'état) le 08/10/39
amicalement
alain76
Pièces jointes:
ant_perm_a.jpg Z.jpg
Re: LA JOLIE VILLE DE TANGER
13 janvier 2010, 18:22
"Quelques années après mon départ du Maroc, j’ai commencé à lire de très nombreux ouvrages sur ce pays, cherchant vainement des ouvrages sur Rabat et Tanger.

Fès (encore une fois), Marrakech ou Casablanca attiraient davantage les éditeurs pour des reportages et des photographies sur papier glacé. J’ai commencé par Joseph Kessel et Le Petit Socco, puis Paul Morand, Paul Bowles, Tahar Ben Jelloun, Daniel Rondeau, Dominique Pons, Hola Humeya Infante enfin et ses savoureux et émouvants Contes sémitiques de Tanger.

Mais, en dépit de l’intérêt de toutes ces lectures, " MON " Tanger n’existe que dans ma mémoire et c’est pourquoi j’ai tenté ici de faire revivre ce passé essentiel pour moi.



Hanania Alain AMAR"
Ce paragraphe est cité à titre de rappel
Re: LA JOLIE VILLE DE TANGER
14 janvier 2010, 02:54
Bonjour à tous,

D'abord merci à alain76 de faire partager sur ce site des documents et photographies trés personnels qui revêtent un grand intérêt notamment pour l'Histoire...

En ce qui concerne l'Histoire des lignes ferroviaires de TANGER antérieures à 1956 j'ai effectué de nouvelles recherches....je n'ai trouvé trace que de la DOUANE d'ALCAZARQUIVIR....

En fait les passagers de la ligne ferroviaire Tanger faisaient l'objet d'une vérification des passeports et des bagages à main au cours du voyage dans le train lui même probablement lors du contrôle des billets....

A la DOUANE d'ALCAZARQUIVIR les douaniers étaient simplement chargés de vérifier les éventuels autres bagages(non à main) qui avaient été obligatoirement déclarés et enregistrés dans les gares de départ....ces bagages (non à main) donnaient lieu,lors de la déclaration en gare de départ,à des droits d'enregistrement et des taxes de manutention;un supplément était payé pour les bagages enregistrés de plus de 30kg.Sur les bagages devaient obligatoirement figurer le nom,l'adresse du voyageur ainsi que le gare de destination.Un "bulletin" d'enregistrement était remis aux voyageurs concernés.
Pièces jointes:
Numériser0003.jpg
Re: LA JOLIE VILLE DE TANGER
14 janvier 2010, 03:12
Les bagages enregistrés étaient évidemment vérifiés à la DOUANE d'ALCAZARQUIVIR dans les deux sens de circulation des trains...

Sur ce document listant les trains au départ de TANGER....on voit clairement la Douane d'ALCAZARQUIVIR...
Pièces jointes:
Numériser0007.jpg
Re: LA JOLIE VILLE DE TANGER
14 janvier 2010, 04:06
Ce qui compte le plus pour moi, c'est l'évocation de temps heureux avec mes parents alors que la soituation en 1953 était tendue du fait du complot pourdi par la Résidence et la déportation du sultan Mohammed ben Youssef qui reviendra triomphalement sous le nom du Roi Mohammed V
""Quelques années après mon départ du Maroc, j’ai commencé à lire de très nombreux ouvrages sur ce pays, cherchant vainement des ouvrages sur Rabat et Tanger.

Fès (encore une fois), Marrakech ou Casablanca attiraient davantage les éditeurs pour des reportages et des photographies sur papier glacé. J’ai commencé par Joseph Kessel et Le Petit Socco, puis Paul Morand, Paul Bowles, Tahar Ben Jelloun, Daniel Rondeau, Dominique Pons, Hola Humeya Infante enfin et ses savoureux et émouvants Contes sémitiques de Tanger.

Mais, en dépit de l’intérêt de toutes ces lectures, " MON " Tanger n’existe que dans ma mémoire et c’est pourquoi j’ai tenté ici de faire revivre ce passé essentiel pour moi.
Re: LA JOLIE VILLE DE TANGER
14 janvier 2010, 05:41
Concernant les transports en commun routiers Tarzancasa,que je salue,a parlé en page 47 des autocars de la société "La IBERICA" qui reliaient TANGER à CEUTA et LARACHE....

Comme Tarzancasa le sait et pourrait,sans doute,en parler mieux que moi...avec,probablement, de nombreuses anecdotes...la belle ville de TANGER bénéficiait des services de trois autres sociétés de transport en commun sur route :

C.T.M ;
S.A.C.A.R ;
La VALENCIANA;
Re: LA JOLIE VILLE DE TANGER
14 janvier 2010, 05:50
Voici quelques éléments d'information des années 1930 concernant le réseau de la C.T.M entre TANGER et CASABLANCA....ainsi qu'entre TANGER et FES;
Pièces jointes:
Numériser0005.jpg
Re: LA JOLIE VILLE DE TANGER
14 janvier 2010, 05:54
La société "La VALENCIANA S.A" assurait,à l'époque,deux liaisons quotidiennes entre TANGER et CASABLANCA...
Pièces jointes:
Numériser0006.jpg
Re: LA JOLIE VILLE DE TANGER
14 janvier 2010, 05:58
Enfin la société de transport en commun sur route "S.A.C.A.R" assurait,toujours dans les années 1930,une liaison quotidienne entre TANGER et CASABLANCA...
Pièces jointes:
Numériser0004.jpg
Re: LA JOLIE VILLE DE TANGER
14 janvier 2010, 09:09
Un livre sur Tanger : d'après l'excfellent site [tanqueridatanger.canalblog.com]
Une Jeunesse à Tanger" de David Bendayan


Ce livre est moins l'autobiographie d'une personne - mais c'est aussi cela - qu'une histoire de l'époque légendaire de Tanger qui s'inscrit entre les années 1940 à 1960. Au fil des pages, l'auteur, avec une émotion retenue, nous conduit dans sa maison natale, dans les rues et les souks de cette ville mythique ainsi qu'au lycée et sur les plages. Récit d'une nostalgie qui nous plonge au cure d'un monde disparu. David Bendayan est né à Tanger. Après des études secondaires au lycée français, il enseigne dans les écoles primaires et secondaires tangéroises. Emigre en 1966 au Canada. Études supérieures en lettres à l'Université McGill. Professeur de français et d'espagnol dans les écoles secondaires de Montréal. Chargé de cours à l'Université de Montréal.
David Bendayan, est professeur de français et d'espagnol. Chargé de cours à l'Université de Montréal.


"Mais de quel univers s'agit-il ? Question ardue, car comment saisir l'essence d'une ville protéiforme ? Este le Tanger en carton-pâte véhiculé par les films hollywoodiens ou le bazar d'illusions colporté par les manciers américains ? La ville de toutes les jouissances permises ou le repaire des aventuriers et de. ontrebandiers ? L'espace des âmes errantes en quête de paradis artificiels ? Chacun a son propre Tanger. le mien fut celui d'un temps béni où la vie était faite de mille plaisirs anodins, mais enrichissants"
Re: LA JOLIE VILLE DE TANGER
14 janvier 2010, 09:14
Article intéressant trouvé sur le site Tan Querida Tanger cité dans le précédent message :
[tanqueridatanger.canalblog.com]
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"Bref aperçu de l'histoire récente des juifs de Tanger" de Mourad Akalay

L’interview que Simon Lévy a accordée à Al Bayane ne peut laisser indifférents tous ceux qui croient en la nécessité de restituer intégralement à l’histoire tout ce qui lui appartient surtout quand il s’agit des relations entre communautés et religions et que l’actualité, dans sa cruelle frénésie, ne retient que ce qui les opposent.

Pour nos compatriotes juifs qui ont quitté leur pays, le plus souvent à contrecœur et sans savoir vraiment pourquoi, mais qui n’ont jamais renié leurs origines, pour les autres, beaucoup moins nombreux, hélas, qui continuent de tenir ici le flambeau de leur civilisation quand ils ont choisi de vivre sur cette terre, justice devrait leur être rendue.

L’histoire enseignée à nos enfants n’a effectivement aucune raison de les ignorer. Ceux qui dans l’Espagne voisine ont voulu passer sous silence les 8 siècles de présence arabe, se sont rendus compte de l’ineptie de cet appauvrissement de leur patrimoine national. Et c’est pourtant bien ensemble que Juifs et Musulmans furent pourchassés, soumis à la question des bourreaux de l’Inquisition et pour certains conduits aux bûchers, et leurs coreligionnaires rescapés expulsés.
En maintenant les nouvelles générations dans l’ignorance de la réalité de l’apport historique de chaque communauté et des rapports séculaires conviviaux entre Juifs et Musulmans, on pousse les nouvelles générations à commettre l’erreur de considérer le conflit du Moyen-Orient comme le résultat d’une opposition ancestrale entre les deux communautés qui expliquerait le calvaire inadmissible que fait subir Israël au peuple palestinien aujourd’hui. Cette explication, courte et tendancieuse fait le lit des milieux intolérants, pressés de ramener tout à une guerre de religions d’un autre âge. Il faut donc ouvrir toutes grandes nos archives et ne pas craindre d’enseigner la vérité historique du Maroc tel qu’il a été, en sortant de la seule acception évènementielle et dynastique de l’histoire. Comme le dit fort bien Miguel de Unamuno : « Le culte de la vérité pour la simple vérité est l’un des exercices qui élèvent le plus l’esprit et le fortifie ».

Sans prétendre traiter un aussi vaste sujet en quelques lignes, la présente contribution se propose de lever tout juste un petit coin du voile sur la place et le rôle de la communauté juive de Tanger tout au long du siècle dernier. Elle se fonde sur des éléments puisés dans divers documents traitant de l’époque considérée, des renseignements recueillis auprès des proches et de mes propres souvenirs d’enfance.

Une communauté très ancienne

A l’origine, comme dans le reste du pays, la communauté juive du Nord du Maroc était berbère. Par vagues successives, des immigrés juifs venant d’Espagne arrivèrent à Tanger, chassés d’abord par les Wisigoths, ensuite par la « Reconquista » en 1492 pour ceux qui refusaient la conversion puis par l’Inquisition au XVIe et au début du XVIIe pour les autres. La défaite des Portugais en 1578 à Oued Al Makhazine allait être d’un grand soulagement pour cette communauté, alors que Tanger vivait sous occupation portugaise, malgré de brefs intermèdes espagnols, depuis 1471. Elle pouvait enfin se sentir à l’abri des Inquisitions ibériques. Dans son dernier livre intitulé « Le monde moderne et la question juive », (Ed. du Seuil, octobre 2006), Edgar Morin rappelle que : « A l’aube des temps modernes, la diaspora juive favorisa les réseaux de confiance propices aux développements de la banque et du commerce. (…) L’expulsion d’Espagne (1492) et du Portugal (1496) des juifs refusant la conversion créa une nouvelle diaspora en Toscane, aux Pays-Bas, à Londres, à Hambourg, à Venise, dans l’Empire Ottoman, au Maroc. » et que « En France, Colbert (1656) favorisa l’implantation des Juifs et des Marranes (juifs convertis mais chassés d’Espagne au même titre que les Morisques) pour développer le commerce international au profit de l’économie française ». La plupart des autres pays d’Europe ainsi que la Turquie de Souleymane le Magnifique en firent autant.

Et c’est précisément dans le domaine du commerce extérieur que les Juifs du Maroc excellèrent le plus. Mais leur rôle de pionniers dans la mise sur pied des premiers services publics fut loin d’être négligeable. Ce fut notamment le cas des premières liaisons postales ( Mazagan - Marrakech exploitée par Isaac Brudo depuis 1891, soit avant même la fondation de la Poste chérifienne en 1892 par le sultan Moulay Hassan, Tanger – Azaila, Ksar Kbir – Ouezzane, Tétouan – Chaouen, exploitées par les frères Cohen dès 1895, etc.). Comme le rappelle Simon Lévy, leur rôle dans le maintien et le développement de l’artisanat notamment l’orfèvrerie ne fut pas moins important.

Une minorité bien visible

A vrai dire, Tanger offrait avec la diversité des origines de sa population, dans une ville cosmopolite par excellence, un cadre exceptionnel pour la coexistence harmonieuse de toutes les communautés et ce, bien avant l’instauration du statut international en 1923. En effet, la ville du détroit accueillait déjà 648 Chrétiens (appellation consacrée à l’époque pour désigner les Etrangers) en 1868, 1.412 en 1888 puis plus de 8.000 en 1906 soit le triple du total des Etrangers résidant alors au Maroc. A l’avènement du statut international en 1923, la population de la ville était de 60.000 habitants dont 50.000 Marocains répartis entre 35.000 Musulmans et 15.000 Juifs, et 10.000 Etrangers, toutes nationalités confondues.

Pour bien illustrer le poids et l’importance de la communauté juive que lui reconnaissait le statut international, il suffit de voir la composition en 1952 de l’Assemblée Législative Locale présidée par le Mendoub en tant que représentant de la communauté marocaine. Rappelons qu’en vertu du chapitre III du Dahir relatif à l’organisation de l’Administration de la Zone de Tanger (16 février 1924), la composition de l’Assemblée Législative Locale était fixée « en considération du nombre des ressortissants, du chiffre du commerce général, des intérêts immobiliers et de l’importance du trafic à Tanger des différentes puissances signataires de l’Acte d’Algésiras ». Elle était composée de 30 membres dont : 6 Musulmans, 3 Juifs, 4 Français, 4 Espagnols, 3 Anglais, 3 Américains, 3 Italiens, 1 Belge, 1 Hollandais, 1 Portugais. Les Vice-présidents étaient au nombre de 6 parmi lesquels M. Joe Hassan ancien président de la communauté israélite de Tanger mais désigné en tant que représentant du Portugal dont il était le consul honoraire.

Même si le poids de la composante musulmane était fortement minoré, puisqu’elle représentait à elle seule 50 % de la population totale contre 20 % seulement des sièges, la représentativité de la communauté juive l’était également mais dans une moindre mesure, puisqu’elle représentait 15 % de la population mais ne disposait que de 10 % des sièges. La discrimination, sous couvert du poids économique de chaque communauté, était donc dirigée contre les Marocains de façon générale mais plus particulièrement contre les Musulmans.

Sépharades pur jus & Modernistes

A Tanger, au fil du temps, la composante sépharade devint largement prépondérante dans la communauté juive. Avec ses traditions et sa culture propre, elle s’efforcera de les transmettre de génération en génération, préservant ainsi jalousement son identité sépharade.

Ce n’est donc pas un hasard si elle fut immortalisée par les œuvres magistrales de Delacroix, qui séjourna à deux reprises à Tanger en 1832, où il fut l’hôte notamment de la famille Benchimol. Ces toiles font à présent partie du patrimoine universel (« La Mariée juive à Tanger», « Les Noces juives à Tanger», à côté des « Musiciens juifs de Mogador »). L’apport de cette communauté et celui des vagues successives de Musulmans chassés d’Andalousie marquèrent profondément l’histoire et la culture marocaines. Ce qui explique que les deux communautés aient toujours vécu en bonne intelligence, comme le rappelle judicieusement Simon Lévy, mis à part une brève période de l’époque austère Almohade, de sorte qu’aucun Juif n’ait jamais été persécuté en tant que tel, ni encore moins chassé du Maroc. Si la communauté juive de Tanger était d’essence essentiellement sépharade, elle reçut le renfort à partir de 1938 de réfugiés venus d’Europe centrale, en particulier de Hongrie, qui s’y établirent notamment dans les professions libérales et la finance. Parmi ces derniers, le banquier Samuel Reichmann allait, plus tard, faire partie des hautes sphères de la finance d’Amérique du Nord.

Les Juifs tangérois appartenaient à toutes les catégories sociales : le petit artisanat (plombiers, matelassiers, peintres en bâtiments, etc.), l’orfèvrerie et la bijouterie dont ils gardèrent l’exclusivité jusqu’au début des années cinquante, l’import et le commerce de gros, les guichets de changes (depuis les cambistes assis derrière leurs minuscules kiosques en bois du grand sokko, jusqu’aux agences du centre ville), les banques (on n’en dénombrait pas moins de 55 au début des années 50, la première banque d’Etat du Maroc fut créée à Tanger en 1907) et plus rarement dans des fonctions administratives (PTT, justice, etc.) ou la Police (avec même une personnalité d’envergure comme le commissaire principal Israël qui fût décoré par le roi Mohamed V à son retour d’exil).

La convivialité avant tout

Malgré l’absence d’un Mellah traditionnel, le petit peuple vivait principalement aux abords immédiats de l’ancienne médina mais bien à l’intérieur des remparts de la ville construits par les Portugais, dans les quartiers des Béni Ider, à l’angle des rues Touahine et Siaghine, et de Sakkaya Jdida. Il coexistait en parfaite symbiose avec les familles musulmanes qui habitaient souvent les mêmes immeubles, utilisaient les mêmes bains maures (le plus réputé, celui des Béni Ider appartenait à une juive), les mêmes fours spécialisés dans la cuisson de la « Skhina ou Dafina» du sabbat et des pâtisseries des fêtes juives et autres petits commerces. Dans ce quartier, on ne dénombrait pas moins de sept synagogues sur les douze que comptait Tanger. Quant au premier cimetière juif, il se trouvait à proximité immédiate de ce quartier, attenant à la muraille de la ville, sur son flanc nord, comme l’était d’ailleurs le premier cimetière musulman du côté sud.

La bourgeoisie juive, celle de la finance et du grand négoce, vivait dans les mêmes quartiers et les mêmes immeubles que l’européenne dont elle parlait couramment les langues et partageait souvent la même nationalité. Très occidentalisée, elle disposait de ses propres cinémas, casino, tandis que ses salons de thé et pâtisseries (Pilo et Anidjar) concurrençaient les commerces équivalents détenus principalement par les Français et les Espagnols. La présence d’une aristocratie financière juive, à travers les banques privées (Banque Pariente, Banque Salvador Hasan, etc.), les Assurances et le grand négoce, ne passait pas inaperçue. De grand noms d’hommes d’affaires d’envergure internationale tels que les frères Pinto, (qui firent don du terrain du Golf Royal de Tanger, de terrains pour la construction d’une mosquée et de différents projets sociaux), les Abensour propriétaires de la banque Pariente dont le siège se trouve actuellement à Genève, les Bergel, les Toledano, des journalistes comme Isaac Laredo, des personnalités engagées dans la vie associative locale tels que Menahem Mouyal, Sananes, qui parlaient couramment l’arabe, ont profondément marqué la vie de la cité.

Le petit peuple, quant à lui, parlait en général espagnol, l’arabe dialectal tangérois mais surtout la Hakitiya, l’idiome juif en usage surtout au Nord du Maroc, avec un accent typique très prononcé. Préservée à partir de son socle initial du vieux Castillan du XVe siècle, avec un mélange d’hébreu, mâtiné de mots arabes, notamment grâce à la proximité historique datant de l’époque d’Al andalous de l’Espagnol, de l’Arabe et de l’Hébreu, la Hakitiya a su garder son authenticité d’origine contrairement aux autres idiomes d’ascendance sépharade, altérés notamment par le Turc, les langues slaves et européennes.

La bourgeoisie juive ne parlait quant à elle la Hakitiya qu’en privé, certainement par snobisme. Ceci étant, la communauté, dans son ensemble, respectait à la lettre la tradition et les préceptes religieux. Les Téfélins, les mariages et surtout les fêtes étaient toujours des évènements qui ne passaient pas inaperçus, en raison de la promiscuité des familles juives et musulmanes qui s’échangeaient toujours gâteaux, pain azim et notamment les plats culinaires de tradition sépharade. Les fêtes juives se signalaient aussi par la fermeture de nombreux commerces et services (Banques, kiosques de change, magasins d’import et de gros, etc.). La tradition vestimentaire était davantage suivie par le petit peuple, en particulier les femmes d’un certain âge. Si les classes moyennes et aisées passèrent très vite au complet cravate, pour les mariages, le caftan traditionnel de la mariée gardait tous ses droits.

L’enseignement israélite

A l’image de la diversité de sa population, Tanger disposait d’un large éventail d’établissements d’enseignement : musulmans, juifs, français, espagnols, italiens et depuis 1950, américain. Comme l’explique fort bien Si Abdelhamid Bouzid, ancien inspecteur de l’enseignement public et personnalité marquante de Tanger, (Coup d’œil sur l’enseignement dans le Tanger International - 1984), l’enseignement musulman n’a pour sa part guère évolué depuis 1788, date de la réforme introduite par le Sultan Sidi Mohamed ben Abdellah (1757-1790). Selon Michaux Bellaire, un recensement datant de 1921 dénombrait 28 écoles coraniques importantes à Tanger. La timide réforme des programmes d’enseignement introduite en 1933 sous l’impulsion de Mohamed V, malgré l’opposition des autorités du Protectorat, ne changera pas fondamentalement la donne. Au par avant, en 1898, l’Alliance française ouvrait en plein cœur de la médina une école pour les enfants musulmans confiée à des instituteurs algériens dont les témoins de l’époque, souligne A. Bouzid, ont gardé un excellent souvenir.

La première école « hispano-arabe » fut créée en 1907. A partir de 1912, l’école de l’Alliance française changea de statut pour devenir à son tour « franco-arabe ». Mais à la rentrée scolaire 1921-1922, les 3 écoles franco-arabes réunissaient à peine 300 élèves.

Il fallut attendre l’engagement du Mouvement National dans la création des « écoles libres », malgré l’interdiction des autorités coloniales en 1935, pour que voie le jour la première école musulmane indépendante sous l’impulsion de Sidi Abdellah Guennoun en 1936. A la différence de leurs concitoyens musulmans mais grâce à l’intervention soutenue de l’Alliance Israélite Universelle (créée à Paris en 1860), les Juifs tangérois, étaient scolarisés, au sens moderne du terme, depuis déjà fort longtemps. L’école de l’Alliance israélite de Tanger ouverte en 1865, était la seconde du genre au Maroc après celle de Tétouan. Rappelons que la première école française (privée) l’Institution Robinet du nom de sa fondatrice fut inaugurée en 1885 soit vingt ans après, tandis que le premier établissement d’enseignement espagnol « la escuela de la Mision Catolica » ouvert en 1794 ne s’étendit au secondaire qu’en 1892.

En 1922, soit un an avant l’instauration du statut international, l’effectif de l’école de l’Alliance Israélite était de 1.050 élèves : 409 garçons et 560 filles. Au niveau des programmes d’enseignement, l’Alliance Israélite Internationale avait veillé à y dispenser le français, l’hébreu, l’espagnol et l’anglais. Abdelhamid Bouzid relève pour sa part « l’indice d’émancipation sociale révélé par le nombre élevé de filles scolarisées (54%) » dès 1922 mais regrette aussi avec amertume « la déconcertante absence de l’arabe, langue du pays ». Il faut bien reconnaître que le piteux état de l’enseignement musulman à l’époque ne pouvait malheureusement guère être un argument convaincant pour susciter l’intérêt que la langue arabe méritait. N’empêche que l’aggiornamento qu’a connu ce dernier depuis les années 40 aurait pu changer la donne, mais il n’en fut malheureusement rien. Probablement à cause de la politique de subventionnement de l’enseignement pratiquée par les autorités du Protectorat, car, comme le note A. Bouzid, les écoles israélites rattachées à la Direction de l’Instruction Publique à Rabat émargeaient sur le même budget que les écoles françaises. A titre indicatif, ce budget s’élevait, en 1930-1931, à 58.129,185 F dont 43.265,860 F (74%) étaient réservés aux écoles françaises et israélites et 14.863,365 F (16%) aux écoles musulmanes. Pour sa part le statut de l’Administration Internationale libère cette dernière de tout engagement social en s’en remettant aux seules puissances du Protectorat.

Ceci étant, le niveau et la qualité de l’enseignement de l’école de l’Alliance destiné à former notamment des élites permettaient aux élèves des écoles israélites d’accéder facilement aux lycées européens. Ainsi, dès 1921, un lauréat de l’école de l’Alliance Israélite obtiendra même le diplôme d’ingénieur civil de l’Ecole Centrale de Paris.
En 1953, les écoles de l’Alliance Israélite qui disposaient d’un internat pour les élèves provenant de Ksar Kbir et de Larache, d’une école professionnelle de jeunes filles (94 élèves) et l’autre de garçons (44 élèves) totalisaient près de 1.800 élèves, d’origine sociale essentiellement modeste. Les enfants de la bourgeoisie et dans une moindre mesure des classes moyennes étaient scolarisés dans les établissements européens, surtout français et espagnols.

L’Administration Internationale et le Social

A juste titre, A. Bouzid fait remarquer que, sur le plan de l’enseignement au moins, la population musulmane n’a tiré aucun profit de l’essor économique et urbanistique qu’a connu la ville de Tanger durant les 33 ans d’Administration internationale. Si la communauté juive s’en est finalement mieux sortie, c’est grâce à l’implication de l’Alliance Israélite Internationale et au soutien au plan budgétaire, certainement pas désintéressé, des autorités du Protectorat. Ce qui était anormal, c’était le désintérêt manifeste de ces autorités pour la promotion de l’enseignement moderne, en dehors de quelques écoles franco-arabes destinées surtout aux fils de notables.

Pour ce qui est de l’infrastructure sanitaire, elle a pratiquement été créée bien avant l’instauration du statut international en 1923. En effet, Tanger a bénéficié d’un encadrement sanitaire pluraliste dès la fin du XIXe qui répondait à l’époque aux besoins spécifiques de chaque communauté même si les différents hôpitaux étaient ouverts également à la population musulmane. Historiquement, ce fut une mission médicale anglaise débarquée en 1883 qui mit sur pied le premier hôpital du Maroc, le « Hop House » du Marshan. Puis en 1886 ce fut le tour de la Mission Franciscaine espagnole qui réussit même à fonder une « Ecole de médecine » installée dans le premier hôpital espagnol. Sur initiative du Sultan Moulay Hassan Ier, un groupe de jeunes militaires marocains y reçut même une formation paramédicale.

L’Hôpital Français fut créé en 1903 et rejoint en 1911 par l’Institut Pasteur de Tanger tous deux installés dans le quartier du Marshan.

En 1905, l’hôpital Asile Benchimol ouvrit ses portes au quartier Hasnouna. Financé par la communauté juive, il accueillait surtout les nécessiteux de la communauté mais il acceptait aussi les patients musulmans. L’implantation de cette institution à Tanger dès le début du siècle et la qualité des soins qui y étaient prodigués, montrent jusqu’à quel point la communauté juive a su s’adapter à l’évolution du monde moderne presque aussi rapidement que les puissances étrangères. Tout près de l’Hôpital Benchimol, l’Ospedale Italiano s’installa, en 1926, dans l’ancien palais du Sultan Moulay Hafid.

Dans la foulée, la médecine privée devait prendre toute sa place après les initiatives prises par les puissances étrangères intéressées par une présence durable de leurs ressortissants à Tanger. Des cliniques privées ouvrirent peu à peu notamment celle du Dr. Anderson, du Dr Saft ou surtout celle du Dr. Cabanié qui, le premier, eut à soigner les blessés ramenés du front de la guerre du Rif (1921-1926). Le certificat médical délivré à l’une des victimes est d’ailleurs cité par les associations réclamant « la vérité sur l’usage des armes chimiques durant cette guerre ». Sur la centaine de médecins et de chirurgiens dentistes que comptait Tanger en 1950, 30 étaient de nationalité espagnole, 30 de nationalité française et le reste de nationalités diverses, parmi lesquelles une douzaine étaient juifs et trois seulement musulmans dont le regretté Dr. Abdelatif Benjelloun dirigeant du parti de l’Istiqlal à Tanger.

La saga du docteur Many

En 1915, débarqua à Tanger un médecin juif palestinien né à Hébron qu’il a quitté en 1910, du nom du Docteur Many, diplômé de l’université américaine de Beyrouth. Installé d’abord à Mogador, il devait très vite être appelé au service du sultan Moulay Hafid, à Fez qu’il quitta à la destitution de ce dernier pour s’établir définitivement à Tanger.

C’était un personnage hors du commun tant par sa bonhomie, sa chevelure blanche bien garnie et ses grosses lunettes noires, que par son comportement. Il tenait son cabinet privé, qui ne désemplissait pas, d’abord au quartier de Sakkaya Jdida où il circulait à dos d’âne, puis au quartier du Marshan non loin de l’hôpital français et de l’Institut Pasteur. Ne payaient la consultation que ceux qui le pouvaient. Il officiait en outre à l’hôpital Benchimol dont la vocation était de soigner bénévolement ses patients, prenant la suite du Dr Zpivakov un juif d’origine russe arrivé à Tanger en 1905.

Bien que profondément laïc (quand il décida de se marier ce fut avec une française non juive agrégée d’histoire) il était respectueux des usages de chacun sans pour autant se laisser phagocyter par les activistes de sa communauté. Il lui arrivait ainsi de préconiser à un malade juif anémié de manger du porc ou de la viande de cheval. Il avait son franc-parler et n’hésitait pas à dénicher et tancer les « malades imaginaires » en arabe avec un fort accent du Machrek.

Quand il subodorait un risque de scène de ménage, il décrétait le huis clos avec son malade et ne prenait plus de gants pour aller au fond des choses. C’était un pince-sans-rire mais il lui arrivait de s’étouffer de rire en écoutant les détails croustillants des explications de certains de ses patients dont il connaissait souvent, comme dirait M. Mahjoubi Aherdane, le « pedigree ». Ces prescriptions médicales étaient toujours réduites au strict minimum avec un recours presque systématique aux remèdes de la médecine traditionnelle. C’était le seul homme de Tanger qui avait accès à tous les foyers de la médina, le plus souvent tard le soir en raison de son emploi du temps plus que chargé. Expérimenté comme aucun autre médecin, compétent et intègre, les Tangérois ne juraient que par lui. Rares sont les familles qui ne lui doivent pas d’avoir sauvé au moins l’un des leurs. Il a continué d’exercer jusqu’à sa mort à plus de quatre-vingts ans.

En guise d’hommage pour services rendus à la population, une rue du Marshan fut baptisée à son nom par le premier conseil municipal élu après l’indépendance (1962), mais dès la mise en place du conseil suivant, la rue fut débaptisée pour on ne sait quelle obscure raison, si ce n’est l’ingratitude humaine.

L'exode

L’émigration de la population juive la plus déshéritée vers Israël puis le Canada commença timidement dès 1953. Très vite, la communauté juive dont le nombre s’élevait à 17.000 en 1955, sur un total de 150.000 habitants, n’était plus que de 200 âmes vingt ans plus tard et moins de 100 à présent. Il s’agit incontestablement d’une « espèce en voie de disparition » car 99,5 % de ses membres ont préféré quitter le pays, il est vrai sous aucune contrainte, dans l’espoir d’une vie meilleure ailleurs. Des noms sont restés célèbres en Europe, en Amérique du Nord comme du Sud. D’autres le sont devenus comme Shlomo Ben Ami ancien ambassadeur d’Israël à Madrid, puis ministre des affaires étrangères et actuellement député membre du parti travailliste. Une colombe parmi d’autres.

Ceci dit, sans avoir été aussi massive, l’émigration des autres communautés a connu elle aussi une forte accélération durant la même période, en raison du marasme économique ayant frappé la ville après la suppression du régime fiscal particulier dont elle jouissait et que lui garantissaient tour à tour son statut international puis la Charte Royale de Tanger. Les cadres étrangers mais aussi les jeunes salariés marocains se retrouvant subitement sans emplois, prirent massivement le chemin de l’exil vers l’Europe, tandis que banquiers, commerçants juifs et indiens se rabattirent sur Gibraltar. Les classes moyennes juives, quant à elles, émigrèrent surtout vers l’Amérique latine, principalement le Venezuela et l’Argentine, et accessoirement l’Amérique du Nord. Il faut dire qu’il n’était pas rare que les membres de la bourgeoisie juive disposassent des nationalités les plus diverses, certains étant même parvenus à se faire nommer consuls honoraires de divers pays en particulier sud-américains.

Si l’on ajoute que les professions qui allaient souffrir le plus de la récession étaient précisément celles où la présence juive était plus prépondérante, on comprend alors ce rush incroyable vers le départ qui s’accentua pour le petit peuple des artisans et des travailleurs indépendants avec l’entrée en action, dès la fin des années 50 de l’exode vers Israël organisé plus ou moins officieusement par les pouvoirs publics de l’époque. Un hôtel du centre ville, l’hôtel Mabrouk a été réquisitionné spécialement pour l’accueil des candidats au départ qui provenait de toutes les régions du Maroc. Dans le sillage de cette opération d’évacuation massive, les coreligionnaires tangérois ont certainement dû leur emboîter le pas.

Que reste-t-il de cette présence aujourd’hui ?

Un quartier, jadis dans la périphérie de la ville, Ouad Lihoud (le vallon des Juifs) à présent à la charnière du quartier résidentiel de la montagne et du quartier populaire du Dradeb, porte encore curieusement ce nom, sans que l’on en sache vraiment la raison.

Longtemps délaissées, les petites synagogues de la médina ont été restaurées depuis par une ONG juive américaine, celle de la rue Touahine ayant pour sa part été transformée par la Fondation Lorin en musée du souvenir de Tanger. Les bâtiments de l’hôpital Benchimol et de l’école de l’Alliance israélite sont toujours là. Certains commerces portent encore sur leurs frontons des noms évocateurs (« La estrella de Oro », ou des noms de familles juives tangéroises bien connues). Quelques amoureux inconditionnels de la ville du détroit y ont gardé un pied à terre comme un cordon ombilical qu’ils refusent de couper, et qui leur sert de prétexte pour revenir, avec leurs progénitures, sur les pas de leurs parents. D’autres, beaucoup plus nombreux, reviennent régulièrement en pèlerinage pour découvrir ce qu’il est advenu de leurs anciennes demeures, du commerce de leurs proches, de leurs anciens voisins musulmans. Ils se rendent compte très vite que le souvenir de leurs familles est toujours vivant et c’est avec les yeux humides que les embrassades s’échangent dès que l’identification a lieu. Il suffit de donner quelques indices, parfois un simple prénom ou un surnom, la raison sociale d’une boutique… Quand le temps d’un passage par Tanger, on leur pose la question : Mais pourquoi donc êtes-vous partis ? On reçoit toujours la même réponse : « En réalité, on n’en sait vraiment rien ! ».

Le tangérois Isaac Azancot exprime bien ce regard chargé à la fois d’émotion et d’espérance dans son livre « Le temps du passage » (CY éditions, décembre 2002) : « Comment surmonter la nostalgie qui me consume ? Pourrais-je creuser un moule dans ma tristesse pour y mettre mes bonheurs et ma joie ? Je dois chercher à l’intérieur cette graine de ma substance, pour la porter à ceux qui construisent, pour qu’une maison s’élève sur les ruines de la violence. » Une espérance et un vœu que l’on ne peut que partager.

Mourad Akalay

Source: [www.marruecosdigital.net]
Re: LA JOLIE VILLE DE TANGER
15 janvier 2010, 15:00
Bonsoir à tous les tangérois et aux amoureux de Tanger,
Merci Hananiaamar pour ce excellent aperçu de l'histoire des juifs de Tanger rédigé par notre
compatriote tangérois, Mourad Akalay. C'est une histoire commune, chère à tous les tangérois.

Tanger la nostalgique
hharrouch
Pièces jointes:
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