Je n’ai jamais vu chasser mon père -il n’avait plus assez de temps vu le nombre de ses activités- mais j’ai vu les armes de mon père au Maroc.
Mon père a longtemps été chasseur au Maroc. Il participait aux chasses que j’appellerais mondaines sur ou à partir de grandes propriétés ou territoires, mais il a le plus souvent chassé seul, beaucoup à cheval, accompagné ou pas d’un ou plusieurs de ses chiens de chasse.
Lorsque j’étais enfant, nous n’avions plus de chien et il n’y avait plus de chasse.
Mais les armes étaient toujours présentes, à l’abri dans une armoire.
Pour la chasse, mon père considérait les juxtaposés comme supérieurs aux superposés. C’était son choix.
Comme beaucoup de chasseurs, il possédait plusieurs fusils. Il avait aussi une carabine avec des munitions à balles de gros calibre. Ce devait être un 9,3 x 62. Une arme très lourde.
Mon père aimait beaucoup ses deux juxtaposés belges, très légers. L’un était assez richement sculpté avec une très belle crosse. L’autre, sculpté aussi, mais plus simplement. Le bois de la crosse était, moins riche, moins beau. Je crois que c’était lui le plus léger des deux.
En plus de ses deux fusils belges, il possédait un très beau fusil à la crosse de toute beauté. Il y avait des sculptures sur le très beau bois de luxe de la crosse. Il me semble que ce fusil était de fabrication autrichienne.
Il y avait aussi un fusil mono-canon qu’on lui avait donné ou qu’il avait acheté beaucoup plus tard. Le boîtier était jaspé. J’aimais beaucoup, d’autant que c’était le plus léger.
La carabine de gros calibre. C’était horriblement lourd. Il me semble qu’il s’agissait d’une fabrication allemande.
Tout ceci était pour la chasse.
Mon père disposait également d’un port d’armes lié aux transports de fortes sommes en espèces pour la paie du personnel et de deux pistolets, des Manhurin.
Toutes ces armes ont disparu. Mon père s’en est séparé ou débarrassé après les attentats contre Hassan II. Les armes étaient mal vues à cette époque.
Concernant les pistolets, il les a détruits, cassés en plusieurs morceaux et jetés à la mer, malgré le port d’armes toujours en règle.
Ma mère m’a raconté qu’au début, ils avaient en décoration des cuivres et de très beaux moukhalas marocains dans la maison du bord de mer à Casablanca. Je n’ai jamais connu les moukhalas. Ils avaient disparu, comme le piano, lorsque la maison avait été réquisitionnée par les Américains pour en faire un poste de commandement.
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