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« Le bon flic » : Joe Biden et Israël pendant les années Obama

« Le bon flic » : Joe Biden et Israël pendant les années Obama

RON KAMPEAS

Le candidat démocrate à la présidence a été fidèle au président Obama pendant son mandat, mais est resté un ami d’Israël et a agi comme un interlocuteur clé, selon des initiés
 

WASHINGTON (JTA) – Parlez aux personnes qui ont géré le dossier Israël et qui ont été proches de Joe Biden entre 2009 et 2017, et c’est son patron, Barack Obama, qui est évoqué le plus souvent, sans même que son nom ne soit mentionné.

Biden était celui vers lequel les Israéliens se tournaient pour obtenir du soutien, disent-ils, laissant entendre qu’Obama… en témoignait moins. L’ancien vice-président est celui qui a resserré les liens distendus par la fameuse méfiance mutuelle entre Obama et le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

La JTA s’est entretenue avec une demi-dizaine de personnes qui ont suivi de près la relation entre Biden et Israël pendant les années où celui-ci a été le vice-président d’Obama. Il en ressort l’image d’un homme qui n’a pas fait grand-chose pour innover en matière de politique, mais qui a été un fidèle lieutenant du président américain et est resté un ami d’Israël – et on lui a souvent laissé utiliser les talents de négociateur qu’il a affinés pendant des décennies au Sénat pour combler le fossé.

« Si la question du kishkes a hanté Obama pendant toute sa présidence, Biden est passé haut la main », a déclaré Shalom Lipner, qui a travaillé au bureau du Premier ministre pendant les années Obama-Biden, en utilisant le mot yiddish pour désigner les « viscères » qui revenait sans cesse dans les entretiens, y compris, étonnamment, avec des non-juifs. Le terme, qui remonte au moins à la présidence de Clinton, est utilisé pour décrire les responsables politiques qui ont une compréhension viscérale d’Israël.

« Je n’irais pas jusqu’à dire qu’Obama était un ennemi – mais Biden était un bon ami », commente M. Lipner. « Les personnes de l’univers de Biden que vous pouviez atteindre parce qu’il y avait de l’histoire là, mais la plupart des gens d’Obama étaient nouveaux. Vous n’aviez pas cette histoire. »

La seule grande différence entre Obama et Biden en ce qui concerne Israël était la volonté du second d’exprimer les différends à huis clos.

« Je pense que la différence est que Biden a gardé ses critiques les plus virulentes à l’égard de Netanyahu en coulisses », indique un de ses proches, qui a demandé l’anonymat pour éviter de compromettre sa relation avec l’ancien vice-président.

Biden a décrit de façon très vivante la différence entre Netanyahu, l’homme politique chevronné, et Obama, le relatif néophyte, à Michael Oren, l’ancien ambassadeur des États-Unis en Israël. « L’un vient avec des bagages et l’autre sans », a rapporté Oren en citant Biden dans son livre sur son mandat d’ambassadeur de 2009 à 2013, Ally.

Un interlocuteur proche des trois protagonistes l’a dit sans détour.

« Barack Obama est courtois et comparable à Spock », a indiqué celui-ci, qui a demandé à ne pas être nommé afin de ne pas offenser qui que ce soit, et qui faisait référence au personnage de Star Trek célèbre pour sa sagesse et la maîtrise de ses émotions. « Biden peut parler aux gens et il se souviendra de leurs familles et de l’endroit où ils vivent ».

Le fait que Netanyahu puisse faire confiance à Biden était essentiel, explique Dennis Ross, l’un des principaux conseillers d’Obama pour le Moyen-Orient lors de son premier mandat. Netanyahu « a compris que Biden serait en désaccord avec lui sur beaucoup de choses, mais n’a jamais remis en question l’amitié fondamentale de Biden », révèle celui qui est maintenant conseiller au Washington Institute for Near East Policy, un think-tank américain. « Et par conséquent, il y avait des choses qu’il a faites avec Biden qu’il n’aurait pas faites avec quelqu’un en qui il n’avait pas confiance. »

La relation de Biden avec Israël remonte à 1973, lorsqu’en tant que sénateur du Delaware nouvellement élu, il a visité le pays à la veille de la guerre de Kippour.

« Il n’y a pratiquement personne qui faisait partie du gouvernement américain en 1973 et qui est encore impliqué dans la politique en 2020 », rappelle David Makovsky, membre de l’équipe de l’administration Obama qui a essayé en 2013-2014 de négocier un accord de paix israélo-palestinien et qui travaille maintenant au Washington Institute. « Il se souvient d’un Israël qui n’était pas seulement une nation start-up, mais qui faisait face à des guerres. »

Le candidat démocrate a fait savoir qu’il espérait maintenir une relation solide avec Israël en tant que président, bien qu’il diffère fortement de l’actuel chef de l’État américain dans certains domaines : il renouerait avec l’accord nucléaire iranien, tout en soutenant des conditions plus strictes limitant les capacités nucléaires de l’Iran. Il soutiendrait la solution à deux États et rejetterait les éléments de la proposition de paix de Trump qui permettraient à Israël d’annexer des territoires de Cisjordanie, et il ne conditionnerait pas l’aide à Israël au respect de la position américaine.

Un aspect de la politique de Trump au Moyen-Orient que Biden a salué est la récente prolifération d’accords de normalisation entre Israël et les Émirats arabes unis, le Bahreïn et le Soudan.

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