«Mohammed V et l'histoire de l'indépendance du Maroc»

«Mohammed V et l'histoire de l'indépendance du Maroc»

L'ouvrage revisite ce pan d'histoire très tourmentée et très instructive sur différents plans.

«Ce fut une foule en délire, contenue par les milices de l'Istiqlal et du PDI, qui accueillit son Roi, le 16 novembre 1955. Le peuple qui l'acclamait assumait avec fierté l'œuvre de la restauration. «Par les bombes et les révolvers, chantaient les femmes, nous avons conquis notre Roi», la femme marocaine réclamait de par son rôle éminent sa promotion dans la cité. L'enthousiasme des campagnes ne le céda en rien à celui des villes. La nation marocaine s'était forgée par deux années de lutte, une maturité insoupçonnée. En plébiscitant le Souverain, elle rejetait tout compromis et faisait entrer l'indépendance dans les faits avant qu'elle fût dans le droit… Dans le discours du Trône qu'il prononça le 18 novembre 1955, à l'occasion des cérémonies célébrant le 27e anniversaire de son avènement, il fixa trois missions au gouvernement: la gestion des affaires publiques, la création d'institutions démocratiques issues d'élections libres fondées sur le principe de la séparation des pouvoirs dans le cadre d'une monarchie constitutionnelle reconnaissant aux Marocains de toutes confessions les droits de citoyen et l'exercice des libertés publiques et syndicales et enfin la mission de négocier avec le gouvernement français pour définir le cadre et le contenu de l'indépendance». Ces extraits de l'ouvrage «le Maroc face aux impérialismes» de Charles André Julien, qui fut l'ami de Mohammed V, témoignent du climat politique de l'époque que l'on retrouve dans l'ouvrage «Mohammed V et l'histoire de l'indépendance du Maroc» qui vient d'être réédité par le Haut commissariat aux anciens combattants et anciens membres de l'armée de libération.

Cet ouvrage est de Mohamed El Alami, natif de Salé en 1937, historien marocain, qui s'est vu décerné le Prix du Maroc en1972, auteur de plusieurs ouvrages dont « Allal El Fassi, pionnier du mouvement national», «Le Protocole et les us et coutumes au Maroc», «Le Mouvement de libération de l'Atlas», «Pour l'édification du Grand Maghreb», «Fès et le pommier», (Roman), «Les Arabes et le nouvel ordre international», «Carte de la marginalisation et de la démocratie», «Désastre en Irak», et «Rites marocains». L'auteur chargé de presse du président du conseil Abdellah Ibrahim avant de rejoindre son poste de chargé d'affaires à Bagdad où il a reçu, avec l'ambassadeur de l'époque Haj Fatmi Benslimane en février 1960, le Souverain, fut conquis par sa personnalité, sa modestie et sa moralité.

La première édition de «Mohammed V ou l'histoire de l'indépendance du Maroc» sera publiée quelques années plus tard en avril 1974 en arabe, avec une édition qui paraîtra en 1980 en français et une nouvelle édition aujourd'hui, dont quelques pages sont commentées par Mustapha Ktiri et Larbi Messari. L'ouvrage à travers ses chapitres consacrés au «Vent de l'histoire», à la «Tempête», au «Grand combat», à «la Crise», à «l'Exil», à «la Résistance armée», à la «Révolution du Roi et du peuple», et au «Maroc indépendant», revisite ce pan d'histoire très tourmentée et très instructive quant au tempérament à la fois du Souverain, de quelques grandes figures historiques et du peuple marocain. On dit que l'histoire ne se reproduit pas mais parfois elle balbutie. L'auteur reproduit dans les premières pages le discours de Mohammed V prononcé le 18 novembre 1956 où il dit son credo en la démocratie et l'importance des élections municipales et locales… quelques mois après son discours de Tétouan où il proclamait l'unité territoriale afin que «chaque Marocain ne soit soumis qu'à un seul régime législatif et où toute personne puisse circuler librement sans visas». C'était hier, et ce passé de recherche de la démocratie, de la libération de Sebta et Mélilia et du Maghreb est encore et plus que jamais présent dans notre actualité.