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«Nous sommes chez nous, tous» : au dîner du Crif, Macron veut bannir la «haine» antisémite

«Nous sommes chez nous, tous» : au dîner du Crif, Macron veut bannir la «haine» antisémite

 

Le président de la République a dénoncé ce mercredi soir dans un discours poignant les attaques contre les Juifs. Et détaillé un arsenal inédit de mesures pour freiner la propagation du fléau.

Le badge « Tous unis contre l’antisémitisme » épinglé aux vestes des invités, dont celle d’Emmanuel Macron dès son arrivée, en témoigne. Le 34e dîner du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), donné ce mercredi soir au Carrousel du Louvre à Paris, n’était pas une édition comme les autres.

« J’aurais souhaité que ce dîner se tienne dans des circonstances plus sereines », souffle d’entrée le président de la République. Il aurait aimé, dit-il, avoir le loisir d’évoquer ce qu’il appelle la « part juive de l’âme française », les mémoires de Claude Lanzmann, Marceline Loridan, Simone Veil. « Mais le moment que nous vivons appelle un propos autrement plus grave, poursuit le président à la tribune. Notre pays, comme d’ailleurs l’ensemble de l’Europe et la quasi-totalité des démocraties occidentales, est confronté à une résurgence de l’antisémitisme sans doute inédite depuis la Seconde Guerre mondiale. »

Cruelle illustration de son propos, quelques heures plus tôt, de nouvelles croix gammées, accompagnées de l’inscription « shoa blabla », ont été découvertes dans un village du Rhône. « Voici venu le temps des ultras », avait tristement lâché le président du Crif Francis Kalifat, en accueillant le millier de convives présents, dont la quasi-totalité du gouvernement, le ban et l’arrière-ban de la classe politique, mais aussi les maires de Chicago, Sydney ou Dakar. La veille, c’est le cimetière de Quatzenheim (Bas-Rhin) qui avait été souillé de tags antisémites.

« Nous avons condamné, beaucoup, adopté des plans, voté des lois, parfois. Mais nous n’avons pas su agir efficacement », tranche Emmanuel Macron. La « litanie » des agressions et actes antisémites de l’année 2018, qu’il vient en partie d’énumérer, est, dit-il, « notre échec ». Voilà pourquoi « le temps est venu des actes tranchants ». Mais lesquels ?

La France, annonce le président, mettra en Å“uvre une définition (adoptée par l’Alliance internationale pour la mémoire de la Shoah) de l’antisémitisme élargie à l’antisionisme pour « nommer le mal », même si le Code pénal ne sera pas modifié. « L’antisionisme est une des formes modernes de l’antisémitisme Â», justifie Emmanuel Macron

Surtout, et comme attendu, la députée LREM de Paris Laetitia Avia est chargée de déposer « dès le mois de mai » une proposition de loi pour lutter contre la haine sur Internet, reprenant les propositions du rapport présenté en 20 septembre au Premier ministre. Il sera notamment question de faire pression sur les opérateurs (dont Facebook et Twitter) du web, y compris par des sanctions financières, comme cela a été fait en Allemagne. Ou en les obligeant à retirer immédiatement les propos haineux qu’ils abritent.

Dissolution du Bastion social, entre autres

Les victimes d’actes antisémites, elles, sont appelées « à porter plainte dès qu’elles sont insultées ou attaquées ». Quant aux policiers, gendarmes ou magistrats, ils seront mieux formés au préjugé antisémite, promet-on. Présent dans la salle, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner est par ailleurs prié de « mettre en œuvre une procédure visant à dissoudre des associations ou groupements qui par leur comportement nourrissent la haine, promeuvent la discrimination ou appellent à l’action violente ». Visées, entre autres, les organisations d’extrême droite Bastion social, Blood and Honour Hexagone et Combat 18.

Son collègue Jean-Michel Blanquer (Éducation) aura une autre mission : un « audit » sur les établissements touchés par « la déscolarisation des enfants de confession juive » sera mené afin d’évaluer le phénomène et de permettre à l’école de jouer à plein « son rôle de rempart républicain ».

« La honte, sur ces sujets, d’urgence, doit changer de camp. Elle ne doit plus ronger les victimes, elle doit accabler les agresseurs », martèle Emmanuel Macron, les yeux rougis, marqué comme rarement. Étonnant, le président de la République finit par détourner le slogan « On est chez nous », cri de ralliement de sympathisants de l’extrême droite, mais plus seulement, comme on l’a vu samedi lorsqu’un activiste musulman en gilet jaune a insulté le philosophe Alain Finkielkraut aux cris de « La France, elle est à nous ». Ces mots, Emmanuel Macron les reprend à son compte pour lancer un appel au vivre ensemble : « Nous sommes chez nous. Tous. »

 

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