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2019 : où en est Israël ?

2019 : où en est Israël ? (info # 010601/19) [Analyse]

Par Guy Millière © Metula News Agency

 

L’année 2019 commence pour Israël avec la perspective d’élections anticipées. Les débats vont être intenses et féroces. Ils le sont déjà. Des éléments de recomposition politique se dessinent, à gauche comme à droite. Binyamin Netanyahou se trouve menacé de mise en examen, et cette perspective n’a pas été étrangère à sa décision de se présenter à nouveau devant les électeurs. Il était déjà la cible de tous ses ennemis politiques et de quelques-uns de ses alliés. Il va le rester.

 

Les premiers, qui sont à gauche, et qui sont clairement ses ennemis politiques, l’accusent d’être corrompu : je n’ai pas les éléments du dossier dont dispose Avichai Mandelblit [le procureur général. Ndlr.], mais pour l’heure, au nom de la présomption d’innocence, je n’ai aucun motif pour le déclarer coupable de quoi que ce soit. Et, sachant comment la gauche, vaincue électoralement presque partout dans les démocraties du monde, compte sur des moyens détournés pour abattre ceux qui la gênent, on me permettra de faire preuve d’un immense scepticisme face aux rumeurs que la gauche israélienne fait courir et aux pressions qu’elle exerce.

 

Les seconds, à droite, qui sont censés être ses alliés, et qui, pour la plupart, sont ou ont été membres de son gouvernement, lui reprochent de ne pas être assez ferme et déterminé face au terrorisme islamique “palestinien”.

 

Il m’est arrivé, je dois le dire, de partager ces reproches. Je suis, en soi, favorable à la destruction totale du Hamas, à une attitude drastique vis-à-vis de l’Autorité Palestinienne, qui doit, je le pense, être vaincue et conduite aussi près que possible de l’anéantissement. Je suis également favorable à l’annexion de la Judée-Samarie par Israël, en donnant le statut de résidents étrangers aux Arabes de Judée-Samarie. En incitant fortement la Jordanie à leur redonner la nationalité jordanienne et en rappelant que la Jordanie a été créée sur quatre-vingt pour cent des terres du Mandat Palestinien. Ce qui doit, bien sûr, être ajouté à l’équation, tout comme le soulignement de ce qu’un résident étranger dans un pays où il se conduit mal peut en être expulsé. Mais je comprends aussi la prudence de Netanyahou, et je sais qu’il mène des pourparlers internationaux dont la teneur n’est pas toujours énoncée explicitement, et je pense pertinent de ne pas procéder par des jugements péremptoires.

 

Une bonne façon d’appréhender la situation et de faire un bilan provisoire de l’action de Netanyahou implique de poser la question : où en est Israël au début de l’année 2019 ?

 

Intérieurement, il y a de la pauvreté en Israël, c’est un fait, mais il y en a, hélas, dans tous les pays du monde développé. Les chiffres du chômage en Israël sont, cela dit, des chiffres de plein emploi : 4,1 pour cent pour les derniers chiffres connus. La croissance se situe aux alentours de 3 pour cent en rythme annuel. Ce qui est un chiffre supérieur à celui qu’on trouve dans la quasi-totalité des pays d’Europe. Le PIB par tête d’Israël est désormais supérieur à celui de la France. Les choses peuvent être améliorées sur divers points, notamment le prix de certains produits qui reste anormalement élevé. Les prix de l’immobilier sont exorbitants. Des monopoles délétères existent. L’état global du pays est néanmoins très bon. D’autant plus qu’Israël est sans cesse menacé et doit dépenser beaucoup en matière de défense. Israël, on doit l’ajouter, est la “start-up nation”, pour reprendre le titre d’un livre à succès, et c’est important. En étant devenu une puissance technologique majeure, Israël a su se rendre indispensable à de nombreux pays du monde. Tout cela est à porter très largement au crédit de Netanyahou. C’est un fait que nul ne peut contester sans mauvaise foi et occultation des réalités.

 

Ce qui va très bien dans le pays peut être attribué à Netanyahou. Ce qui reste à améliorer peut être débattu, et doit être amélioré, sans aucun doute. Mais oublier ce qui va très bien serait malhonnête.

 

Extérieurement, Israël reste menacé par l’Iran et par les groupes qu’il finance, le Hamas et le Hezbollah. Netanyahou a immensément agi pour que les Etats-Unis ne signent pas l’accord désastreux sur le nucléaire iranien. Il n’a cependant pu empêcher Obama de ratifier ledit accord, mais il a pris date.

 

Il a, en outre, développé une stratégie diplomatique d’une intelligence remarquable en direction de l’Afrique subsaharienne et de l’Europe centrale (ce qui permet de contrebalancer l’anti-israélisme pernicieux des dirigeants français, allemands, britanniques et scandinaves, et de limiter les dégâts venant de l’Union Européenne, très anti-israélienne), mais aussi en direction de la Russie et de la Chine. Netanyahu a su discerner que la montée en puissance régionale de l’Iran était perçue comme une menace par le monde arabe sunnite, il a dès lors engagé des ouvertures en direction de l’Arabie Saoudite et des émirats du Golfe (sauf le Qatar) plusieurs mois avant l’élection de Donald Trump.

 

L’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche lui a permis de déployer un ensemble de synergies fécondes, qui vont de la concertation israélo-américaine concernant la sortie de l’accord désastreux sur le nucléaire iranien (qu’il a su mener de main de maitre) à l’installation de l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem, capitale d’Israël, pensée en concertation avec l’administration Trump.

 

On ajoutera au tableau la délégitimation de l’Autorité Palestinienne et de l’UNWRA (également pensée en concertation avec l’administration Trump), ainsi qu’un rapprochement plus net avec l’Arabie Saoudite et les émirats du Golfe, découlant du sommet de Riyad en mai 2017, et à la préparation du plan de paix régionale, élaboré en dialoguant avec Jared Kushner et Jason Greenblatt, sous le regard de David Friedman.

 

L’élection de Jair Bolsonaro à la présidence du Brésil lui a offert l’opportunité d’une ouverture supplémentaire, en direction de l’Amérique latine cette fois. Des actes terroristes meurtriers venant du Hamas et d’autres groupes terroristes islamiques à Gaza, ou d’Arabes “palestiniens” vivant en Judée-Samarie sur les territoires occupés par l’Autorité Palestinienne, n’ont pas disparu, certes, et lors des récentes attaques de roquettes venues de Gaza, la riposte israélienne a été limitée, et suivie d’une trêve.

 

Israël n’est pas débarrassé de la menace iranienne et n’est pas débarrassé non plus de la menace terroriste islamique “palestinienne”, mais la situation diplomatique du pays s’est considérablement renforcée, sur quatre continents. Ce renforcement doit être attribué à Netanyahou.

 

Des améliorations sont sans doute possibles là aussi. Oublier ce que Netanyahou a accompli diplomatiquement serait néanmoins absolument injuste.

 

Israël au début de l’année 2019 est en somme, et tout bien pesé, dans une situation aussi excellente que possible dans le monde tel qu’il est.

 

La situation de l’Etat hébreu pourra s’améliorer encore si, comme c’est probable, l’asphyxie de l’Iran, qui fait suite à la sortie des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire se poursuit, et si, comme c’est très envisageable, le plan de paix régionale élaboré présentement produit des effets fructueux.

 

Dès lors, il est très improbable que la gauche israélienne puisse l’emporter dans ce contexte, et ses accusations, les rumeurs qu’elle fait courir, les pressions qu’elle exerce, ne serviront sans doute à rien.  

 

Il est plus que probable que Binyamin Netanyahou l’emportera à nouveau et, sauf énorme surprise, ne sera pas mis en examen.

 

Il est évident qu’il a d’ores et déjà marqué l’histoire.

 

Si ceux qui lui reprochent de ne pas être assez ferme et déterminé utilisent leurs reproches comme un moyen de le pousser à plus de fermeté et de détermination et entendent jouer le rôle d’aiguillon, leur action sera appréciable.

 

On peut juste espérer qu’ils n’iront pas au-delà et qu’ils ne provoqueront pas un émiettement de la droite susceptible de faire perdre celle-ci, comme cela s’est produit en 1992, lorsqu’un émiettement trop important avait conduit à la défaite d’Yitzhak Shamir, à son remplacement par Yitzhak Rabin et aux funestes accords d’Oslo.

 

J’ose penser tout particulièrement que Naftali Bennett et Ayelet Shaked, dont je comprends la décision de former le parti HaYamin HeHadash (nouvelle droite), sauront être vigilants sur ce point. Pour l’heure, ils semblent vigilants. Et c’est très bien ainsi. 

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