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On appelait jadis la mer Morte «la mer du diable»

Terre sainte: d'une mer à l'autre...

On appelait jadis la mer Morte «la mer du diable» parce qu'aucun oiseau ne venait s'y poser. On y vient aujourd'hui profiter des vertus thérapeutiques et flotter comme des bouchons à la surface.

Collaboration spéciale Sylvie Ruel

 

De Jérusalem, qui se situe à 900 mètres au-dessus de la mer, nous descendons à la mer Mor te, à 420 mètres sous la mer, au point le plus bas de la terre. La température passe de 11 degrés sur les collines de Jérusalem à 21 degrés à la mer Morte.

À partir du mont des Oliviers, s'étend le désert de Judée et les campements de Bédouins, qui préservent farouchement leur mode de vie traditionnel.

La route 90, la plus longue d'Israël, passe devant Jéricho (en territoire palestinien) et devant Qumran, où ont été trouvés les fameux rouleaux de manuscrits datant de 2000 ans (au Musée d'Israël). Les textes auraient probablement été écrits par les Esséniens, une secte juive dissidente qui menait une vie ascétique.

Sur la route, le kibboutz d'Ein Gedi est un véritable jardin au milieu du désert. Il possède des sour­ces, des bassins et 8000 espèces de plantes. «Il n'y a pas longtemps, c'était complètement désert ici», dit Zabo, qui vit sur ce kibboutz depuis 50 ans, avec 700 autres person­nes. «Aujour­d'hui, la vie sur les kibboutz devient capitaliste», déplore toutefois Zabo, qui semble regretter la vie d'autrefois (il exis­te plus de 175 kibboutz en Israël).

Puis la route rejoint la frontière jordanienne et s'engouffre dans de vastes étendues désertiques pour atteindre la mer Morte. Une forte odeur de soufre émane du paysa­ge. La mer Morte est complètement morte et elle s'évapore d'un mètre par année, laissant derrière elle une grande concentration de sels et de minéraux. Elle contient 32 % de minéraux alors que les autres mers n'en contiennent que 3 %, ce qui fait en sorte que pas un poisson, pas un organisme marin ne peuvent y survivre.

Bain de sel

Par contre, les humains viennent profiter de ses vertus thérapeutiques, com­me le faisait Aristote dans l'Antiquité : ils s'enduisent le corps de boue et viennent flotter comme des bouchons à la surface de l'eau. Le tourisme santé se développe tant sur les rives jordanienne qu'israélienne. On peut se procurer dans ces centres de santé plusieurs produits fabriqués avec les minéraux de la mer Morte.

Cette mer, qu'on appelait jadis «la mer du diable» parce qu'aucun oiseau ne venait s'y poser, est un lieu mythique, car ses rives auraient abrité les villes de Sodome et Gomorrhe. Notre guide-chauffeur ne manquera pas de stopper la voiture en passant devant la femme de Loth transformée en statue de sel. If you believe it! Et devinez ce qu'on trouvera au milieu du désert? L'arche d'or du géant américain du hamburger...

Et soudainement, au coeur du paysage, s'élève un immense rocher plat qui surgit dans une étendue désertique spectaculai­re. Il s'agit de la forteresse de Massada, l'un des nombreux palais que le roi Hérode se fit construire et où il comptait se réfugier en cas de révolte ou de conquête par les Égyptiens. «C'est une sorte de nid d'aigle», dit le guide. Un téléphérique nous amè­ne sur le sommet ou bien, si on a le mollet en forme, on peut emprunter le sentier du Serpent qui exige une ascension de 60 minutes. Mais il faut y aller avant 10h, pour éviter la chaleur intense.

Après la chute de Jérusalem en 1970, la forteresse est demeurée le dernier bastion juif. Les juifs rebelles à la férule romaine ont préféré se suicider en groupe plutôt que de se rendre à l'occupant. Ce mausolée est classé au patrimoine de l'UNESCO et il est l'un des lieux les plus visités d'Israël.

Durant l'été, on y présente des opéras et des concerts. Le paysage du haut de cette forteresse est tout à fait stupéfiant. Et dans les guides touris­tiques, on dit qu'observer un lever de soleil sur la mer Morte du haut de Massada est un moment inoubliable. Les moines ont occu­pé l'endroit au Ve siècle. Et on comprend pourquoi. Il y règne un tel silence!

De militaire à... balnéaire

La route rejoint finalement Eilat, sur la mer Rouge, dans le golfe d'Aquaba. Eilat n'était qu'une station militaire avant qu'on y crée, durant les années 50, une station balnéaire.

Située à la frontière de l'Égypte (on y trouve un point de contrôle), de la Jordanie et de l'Arabie Saoudite, Eilat ressemble à tou­tes les stations balnéaires du mo­nde avec ses grandes chaînes hôtelières, ses restaurants qui offrent des assiet­tes copieuses, son spectacle de patins sur glace et ses bicoques de souvenirs le long de la mer. Un pe­tit aéroport permet aux Israéliens d'y venir passer la fin de semaine.

Le principal intérêt d'Eilat est la plongée sous-marine (on y trouve plusieurs centres de plongée) et les excursions qu'on peut faire autour : les visiteurs peuvent faire des randonnées en jeep dans les montagnes d'Eilat, nager avec les dauphins au Dolphin Reef, partir en exploration vers la Jordanie et le Sinaï, ou encore faire de l'observation ornithologique.

La ville d'Eilat se trouve sur l'une des plus importantes routes migratoires d'oiseaux, entre l'Afri­que et l'Asie. «Chaque printemps, le ciel est noir d'oiseaux et on peut y voir passer jusqu'à 40 000 oiseaux en une seule journée», nous informe-t-on à l'International Bird Research Center, à Eilat.

À la fin de mars se tient dans la ville un festival international qui attire les ornithologues professionnels du monde entier. La station balnéaire a aussi son festival de jazz et de photographie sous-marine.

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