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Au Fipa, un documentaire sur le hackeur Ulcan divise le public

De son vrai nom Grégory Chelly, le pirateur a été condamné à 2 ans de prison en France et est réfugié en Israël

Par AFP et TIMES OF ISRAEL STAFF

Gregory Chelli, alias Ulcan répond aux questions de ses fans sur la plateforme periscope (Crédit: Pierre-Simon Assouline)

Un documentaire israélien sur le hacker Ulcan, « The Patriot », a divisé jeudi le public au Fipa, ses détracteurs, dont le journaliste Pierre Haski, le trouvant trop favorable au personnage, ses partisans y voyant un moyen de dénoncer les dérives du web et l’antisémitisme.

Précédé d’une polémique et projeté pour la première fois en France, ce documentaire très perturbant, essentiellement composé de vidéos récupérées sur Internet, mêle discours anti-juifs de polémistes comme Dieudonné et Alain Soral, extraits de JT et magazines d’actualité et enregistrements d’appels téléphoniques d’Ulcan, le tout ponctué par ses explications.

Face caméra, souvent un joint à la main, il raconte son enfance en banlieue parisienne, l’antisémitisme qui monte, son désir de vengeance, ses premiers piratages, ses canulars téléphoniques qui lui ont valu d’être condamné en France, son départ en Israël où il se verrait bien pirater pour le compte de l’Etat.

Condamné à deux ans de prison en France, Ulcan, de son vrai nom Grégory Chelli, est aujourd’hui réfugié en Israël.

En l’absence de voix off, ce sont ses victimes qui apportent un contrepoint à son récit dans le film : le co-fondateur du site d’information Rue89 Pierre Haski et Benoît Le Corre, auteur d’un portrait sur Rue89 qui lui avait déplu et dont le père est décédé d’une crise cardiaque après avoir été victime des canulars téléphoniques d’Ulcan.

Pierre Haski, qui avait adressé avec Denis Sieffert et Daniel Schneidermann, une lettre ouverte aux organisateurs du festival audiovisuel déplorant la présentation trop flatteuse du documentaire, a participé jeudi au débat suivant la projection.

Lettre ouverte

« L’antisémitisme est un sujet trop sérieux pour être laissé à des gens comme Ulcan, qui sont des pervers narcissiques », a-t-il regretté, reprochant notamment au documentaire de n’avoir pas approfondi son appartenance à la Ligue de défense juive, mouvement d’extrême droite interdit en Israël.

Le réalisateur du documentaire, Daniel Sivan, retenu aux Etats-Unis, a fait lire un message avant le film : « The Patriot n’est pas un joli film, ce n’est pas simple (…). C’est un film sur la réalité dans laquelle nous vivons, les dangers de la violence, le racisme (…) Avons-nous le courage de regarder la réalité en face ? »

Son producteur, Zafrir Kochanovsky, qui avait fait le déplacement, a défendu la même ligne : « nous n’avons pas voulu en faire un héros. Des fois, les gens les plus fous permettent de parler de choses qu’on aurait pas abordées autrement », a-t-il expliqué, disant avoir été « particulièrement choqué » par la violence et la haine des vidéos que tout le monde pouvait trouver sur Internet.

Dans la salle, les avis de spectateurs étaient plutôt tranchés : certains ont insisté sur l’antisémitisme en France, d’autres sur le fait que le documentaire ne laissait pas de place à certaines voix, comme celles de l’Union juive française pour la paix (UJFP), une association juive militant pour les droits des Palestiniens, dont le responsable a été victime d’Ulcan.

Pour la présidente du Fipa, Anne Georget, qui ne connaissait pas Ulcan avant le documentaire, « ce qui reste comme message, c’est que d’où qu’elle vienne, la haine est atroce ».

« The Patriot » est présenté hors compétition au Fipa, dans le cadre d’un « focus Israël », pays invité d’honneur cette année.

Dans une lettre ouverte, une centaine de cinéastes étrangers et français, dont beaucoup de Palestiniens mais aussi le Britannique Ken Loach, ont déploré cette invitation : « Nous nous interrogeons sur cette décision du FIPA de promouvoir l’Etat d’Israël, alors que l’on s’apprête à commémorer cette année les 70 ans de l’expulsion du peuple palestinien de ses terres », écrivent-ils.

L’ambassadrice d’Israël en France, Aliza Bin Noun, a en réponse publié une autre lettre ouverte, dénonçant « un amalgame entre art et politique ».

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