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Cohérence ou reddition

Cohérence ou reddition (1ère partie)(info # 012002/15)[Analyse]

Par Stéphane Juffa © MetulaNewsAgency

 

Jusqu’à quand sera-t-il possible de se tromper en prenant les mauvaises dispositions pour combattre l’antisémitisme et les crimes qu’il engendre ? Visiblement, l’exécutif français n’a pas pris la mesure du problème et ne réalise pas l’ampleur de l’effort nécessaire, ne serait-ce que pour incurver la tendance de l’antisémitisme dans le pays qu’il gouverne.

 

Placer des gendarmes devant chaque lieu de culte israélite c’est bien plus que bien, c’est absolument nécessaire, car s’ils ne s’y trouvaient pas, on assisterait probablement à des carnages quasi hebdomadaire dans l’Hexagone.

 

Les dispositions juridiques destinées à combattre le terrorisme sont du même tonneau : si elles n’avaient pas été adoptées, les moyens légaux de poursuivre les terroristes n’existeraient pas.

 

On annonce aussi une offensive gouvernementale sur le Net pour dissuader les candidats potentiels au Djihad de se rendre en Syrie ou de faire des cartons sur les journalistes athées et les Juifs. Cela peut servir en cela que ça va dans la bonne direction, mais c’est de la Hasbara – de l’explication - à la française, et la Hasbara, comme le gouvernement israélien a pu s’en rendre compte au fil des années, cela ne convainc que les convaincus et ceux, peu nombreux, qui peuvent encore l’être.

 

S’en prendre à Netanyahu, lorsqu’il appelle les Israélites à se rendre massivement en Israël ? Pourquoi pas ? En affirmant aux Juifs qu’ils sont chez eux en France, que la France les aime et qu’elle ne serait plus la même s’ils s’en allaient ? Cela sonne agréablement à l’oreille, mais c’est tellement insuffisant pour répondre à leur questionnement !

 

De quel poids ces bonnes intentions pèsent-elles dans la guerre de l’antisémitisme face à la simple affirmation parue dans Le Monde,en juin 2002, selon laquelle Israël "est un peuple méprisant ayant satisfaction à humilier" ?

 

Après des proclamations de ce genre, on ne se demandera plus : comment peut-on haïr les Juifs, mais comment peut-on ne pas être antisémite ? D’ailleurs, cette question fait florès sur les réseaux sociaux.

 

Il en est ainsi lorsque l’on sait que les auteurs de l’article qui contenait cette déclaration – ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres -, Danièle Sallenave, Edgar Morin et Sami Naïr, se situent au cœur encensé du "système" tricolore. Sallenave dispose d’une chronique hebdomadaire sur France Culture et elle a été élue à l’Académie française en 2011, et le Commandeur de la Légion d’Honneur Morin a reçu tant de distinctions, que leur énumération prendrait presqu’autant de place que mon article. [Lire ou relire absolument "Ca vient bien d’en haut… et c’est grave" de 2004. Ndlr.]

 

Ces auteurs assurément antisémites ne se situent pas dans la marginalité de l’expression française actuelle mais dans son ton, et c’est ce qui crée problème, parce qu’ils sont fort nombreux.

 

C’est un ton dans lequel il est loisible de critiquer Manuel Valls parce qu’il vit avec une Juive et que cela l’a "évidemment" placé sous l’influence d’Israël. Après déblaiement des scories, on dira plus clairement que le 1er ministre subit ce genre d’agression, parce qu’il refuse d’entrer dans la détestation d’Israël et qu’il conserve une attitude équilibrée – pas même pro-israélienne – dans son appréhension du conflit proche-oriental, et que cette attitude est de moins en moins acceptable, à Paris, par les temps qui courent.

 

Comme l’ineffable Roland Dumas, bien d’autres détracteurs ont également remarqué que Valls avait quitté l’Hémicycle juste avant le vote d’infamie par lequel le parlement tricolore vient de reconnaître l’Etat de Palestine, avec pour frontière occidentale la ligne d’armistice de 1967 entre Israël et la Jordanie. Et cela les contrarie grandement.

 

Reste que les observateurs mentionnent que l’antisémite cacochyme fut tout de même président du Conseil Constitutionnel, ce qui le situait lui-aussi en plein centre du "système" français, après avoir notamment détenu le portefeuille des Affaires Etrangères, entre autres ministères.

 

Or les gens du "peuple qui prend de la satisfaction à humilier les Arabes" n’ont pas oublié l’impact dévastateur que Dumas avait eu sur les relations entre Paris et Jérusalem durant ses années au Quai d’Orsay, à l’instar d’Hubert Védrine et de quelques autres "grands hommes".

 

L’interrogation qu’on ne se pose pas, à tort, consiste à se demander si la détestation des Juifs est venue à Dumas avec son grand âge, ou si, peut-être, par hasard, j’ose, il la nourrissait déjà lorsqu’il gravitait dans les plus hautes sphères de l’Etat français. Las, s’ils sont incapables de se poser cette question, comment pourraient-ils se demander s’il n’y a pas d’autres Roland Dumas, actuellement, à des postes qui comptent ; là où, précisément, Valls et Hollande auraient besoin d’alliés qui partagent leur amour pour les Français israélites, et qui sont censés leur montrer à quel point on n’a pas envie qu’ils partent.

 

Problème d’enracinement. Mais aussi d’intérêts, d’influences et de politique. Car Roland Dumas n’a pas exprimé sur le tard une espèce de cri du cœur, ne soyez pas naïfs ! Ne faites pas semblant de ne pas voir que le microcosme bleu-blanc-rouge se partage aujourd’hui, très inégalement d’ailleurs, entre l’influence arabophile, systématiquement antisémite, et une poignée d’amis d’Israël et des valeurs qu’elle transporte.

 

A Paris tout le monde sait que, depuis Saddam Hussein, les dictateurs arabes se paient des députés et des ministres en espèces sonnantes et trébuchantes ; la Ména a consacré moult analyses à ce phénomène, preuves et détails à l’appui.

 

Quant à Roland Dumas, il faisait fréquemment le court voyage de Genève, où il utilisait le consulat de France, rue Saint Léger, comme un pied-à-terre personnel. On l’y voyait confier de grosses sommes d’argent à un vieux banquier helvète, qui ne faisait pas mystère de ses opinions fascisantes. Comme à mon habitude, je ne relate pas cela sans preuves et sans témoins ; d’ailleurs on peut aussi se demander pour quel motif Dumas aurait rencontré régulièrement ce sinistre personnage pour parler d’autre chose que d’argent, à moins qu’ils ne devisaient de philosophie…

 

De fait, Dumas, qui n’est pas si sénile qu’il y paraît, appartient à un camp et Valls à un autre ; et la récente remarque du premier cité quant à l’inféodation du second à l’Etat hébreu est aussi habile que pernicieuse.

 

Quand on voit le pullulement des sites Internet faisant la liste de tous les Juifs qui dirigent la France dans les domaines de la politique du business et du spectacle, même si pour moitié ils ne sont pas réellement de descendance mosaïque, on recadre sans peine l’intention derrière l’invective de Dumas. Valls "en ferait partie" par alliance avec sa "sorcière". Toutes les Juives ne sont-elles pas des manipulatrices au service du complot permanent qui caractérise leur peuple.

 

L’idée de la cabale juive, à l’affût des moments de faiblesse des indigènes, était largement partagée par le Général de Gaulle ; elle resurgissait par intermittence dans ses interminables discours, comme dans celui, célèbre, du peuple sûr de lui-même et dominateur. Cette conviction dominait apparemment le souvenir de tous ces Israélites qui l’avaient rejoint et aidé à Londres, et ceux qui avaient restauré l’honneur écorné de la France en résistant à Rommel à Bir Hakeim et dans les maquis.

 

On peut aussi mentionner dans cette liste de Juifophobes ou de "Juiforéticents", la plupart des présidents de la Vème République. Avec un astérisque à côté du nom de Jacques Chirac, qui était persuadé que le Mossad se dissimulait derrière tous les malheurs du monde, jusqu’à en devenir hystérique, selon ses proches.

 

Ou évoquer le patronyme de Raymond Barre, faisant la différence, après l’attentat de la rue Copernic, entre les victimes juives et les Français innocents ; et qui proposait au conseil des ministres de reconstruire la fabrique de bombes atomiques livrée par Paris à Saddam Hussein, Osirak ou O Chirac, après sa destruction par le Khe’l Avir, mais en souterrain, pour la préserver des attaques des Juifs. Barre, qui avait en outre garanti au dictateur irakien qu’aucun ingénieur israélite ne participerait au projet et qui tint parole.

 

Je ne suis pas en train de rédiger un papier historique à propos de l’antisémitisme d’Etat en France, évitant d’ailleurs de remonter au déferlement antijuif engendré par l’état-major de l’Armée française à l’occasion de l’Affaire Dreyfus ou à l’époque vichyssoise et ses récipiendaires de la Francisque.

 

Mais je veux dire quatre choses, à savoir que cet antisémitisme n’est ni nouveau ni marginal, que les deux derniers présidents, Sarkozy et Hollande, sont les premiers d’une longue série à n’être strictement pas affectés ou infectés par l’épidémie, que leur bonne volonté est absolument insuffisante pour remettre la France sur le droit chemin, mais qu’il existe des moyens référencés par des sources françaises neutres pour tenter de la combattre efficacement.

 

Parce que pour y parvenir, il faudrait une véritable révolution nationale, je pèse mes mots et je ne suis pas même certain qu’il ne soit pas trop tard.

 

La faute à ces politiciens qui ne peuvent pas sentir les Israélites et les Israéliens, et qui servent de mur de protection au vecteur principal de cette peste que sont les media et les think-tanks français.

 

Comment voulez-vous combattre l’antisémitisme alors que le directeur des programmes de France 2, Thierry Thuillier, avait été pris sur le vif par la Ména, en février 2004, en train de mettre en scène l’assassinat de trois jeunes Palestiniens par Tsahal, coupables, selon Thuillier, d’avoir donné des coups de pieds dans la barrière de sécurité ? Thuillier, non content de son forfait, qui critiquait à la fin de l’émission la presse israélienne pour ne pas avoir fait état de l’incident qu’il venait d’inventer. [Lire ou relire attentivement "Les émules d’Enderlin à un doigt de l’accusation de crime rituel". Ndlr.]

 

Les interventions télévisées de Charles Enderlin, le faussaire de Nétzarim, donnent l’impression, par leur contenu, de comptes-rendus courageux d’un reporter émettant depuis un pays en guerre avec la France. Tout comme l’AFP, véritable grossiste de détestation d’Israël, n’hésitant jamais, elle non plus, à inventer des crimes de guerre israéliens ou à "retoucher" les déclarations d’officiels hébreux lorsque l’actualité ne permet pas de stigmatiser suffisamment l’Etat à l’étoile de David, et qui, dans ses dépêches, utilise un mode opératoire spécifique à l’encontre d’Israël, qu’elle n’applique à aucun autre pays de la planète.

 

Comment peut-on donc ne pas être antisémite en France ?

 

Pays où LCP, La Chaîne Parlementaire, chaîne d’Etat s’il en est, participe à la mêlée, en diffusant, ces derniers jours, juste après al Jazzera, un documentaire de propagande du réalisateur Yotam Feldman, intitulé "Vendeurs de guerre". Son titre original est The Lab - le laboratoire - pour expliquer qu’Israël génère des conflits avec ses voisins, particulièrement avec les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie, non pas pour se défendre contre d’éventuelles agressions d’organisations terroristes, mais pour servir à la mise au point d’armes – le laboratoire – et pour en faire de la publicité. L’Etat hébreu, à en croire les auteurs et de mémoire, serait ainsi devenu le quatrième exportateur d’armes au monde.

 

C’est presque exact au niveau statistique, sauf que, selon l’Institut International de Stockholm pour la Paix, qui fait référence en la matière, en 2013, Israël était seulement le 8ème exportateur mondial, avec un chiffre d’affaires d’un peu moins de huit milliards d’euros. Le quatrième, c’est… la France, avec exactement le double d’exportations.

 

Mais personne n’en parle dans le film car c’est probablement "hors sujet" ; ce, d’autant plus que ce sont les contribuables français et belges qui ont financé ce "chef d’œuvre" qui n’avait aucune chance de voir le jour sans leur concours par l’intermédiaire du Centre National de la Cinématographie et de France Télévisions.

 

France Télévisions, le propriétaire de Fr2, entre autres, déjà célèbre dans le monde arabe et les banlieues françaises pour sa fiction : "L’assassinat en direct de Mohamed Dura par la soldatesque israélienne", en septembre 2000. Un film qui a fait beaucoup pour le rapprochement entre les communautés juive et musulmane dans le monde en général, et en France, en particulier. Le financement de ce type de films ne colle pas avec les déclarations de Valls et de Hollande, elles vont même en sens contraire ; pour faire la révolution, il faut commencer par être cohérent.

 

Quant au Rafale, il est de notoriété publique qu’il n’a pas subi de modifications après son engagement au Tchad, en Libye, au Mali et en Centrafrique, qu’il tire des roses et des bonbons et non des missiles, et que le Tout-Paris est déprimé de l’avoir vendu à l’Egypte, de même qu’une frégate, pour la modique somme de cinq milliards d’euros et quelques chameaux.

 

Il n’y a décidément que les Juifs qui vendent des armes qui tuent. Certes, mais en matière de lutte contre l’antisémitisme, il va falloir, après "Vendeurs de guerre", ajouter quelques flics à l’entrée des synagogues.

 

 

…à suivre

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