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COUTUMES ET TRADITIONS DE POURIM

COUTUMES ET TRADITIONS DE POURIM

1. ENVOIS DE CADEAUX ET DONS AUX PAUVRES
La coutume d'envoyer des cadeaux (mishloa'h manoth) à ses amis donne un cachet tout particulier à la fête de Pourim. Tout au long de la fête les rues se remplissent de grands et de petits, qui portent des assiettes, des plateaux, des paquets pleins de friandises et recouverts de jolies serviettes ou de papiers de couleur. Beaucoup de ces "livreurs" sont allègrement déguisés, et donnent à la rue sa note "pourimesque".

Un vieil usage de Jérusalem voulait que la fiancée adresse à son futur mari un envoi de mishloa'h manoth très impressionnant : il s'agissait d'un énorme plateau circulaire, surchargé de pâtisseries et d'autres friandises, artistement arrangées et décorées de bonbons multicolores.

De nos jours, l'envoi des mishloa'h manoth se limite à la famille et aux bons amis. Mais on n'oublie pas pour autant d'envoyer des colis aux soldats, connus ou non, et aux familles dans le besoin.

2. LA MALEDICTION D'AMAN
La lecture de la Meguila (le Livre d'Esther) se déroule à la synagogue, dans une atmosphère exceptionnelle. Beaucoup de fidèles ont devant eux un texte de la Meguila sur parchemin qui a été transcrit par un scribe, dans toutes les règles de l'art. Si, dans le brouhaha de la synagogue, un mot du texte lu en public venait à échapper à l'oreille d'un des assistants, il lui serait ainsi possible de le retrouver dans son manuscrit, pour pouvoir accomplir comme il se doit le commandement de la lecture de la Meguila.

Les enfants sont déguisés, et brandissent des instruments variés, tels que crécelles, bâtons, sifflets, à l'aide desquels ils créent un grand tumulte chaque fois que l'officiant prononce le nom de Aman. Celui-ci doit alors attendre que le bruit se calme avant de pouvoir reprendre sa lecture.

Ce tumulte, le "frappage d'Aman " est une coutume qui remonte loin dans le passé et elle est commune à toutes les communautés de Diaspora. Certains rabbins pensèrent en limiter la portée, mais à en juger par ce qui se passe aujourd'hui dans le monde juif, il semble bien que cette protestation vigoureuse continue allègrement à faire son chemin.

3. JEUX DE POURIM
Dès la période du Talmud on avait pris l'habitude de se livrer à des jeux spécifiques à Pourim, destinés essentiellement à "augmenter la joie". Un de ces jeux, cité dans le traité Sanhédrîn (64b) du Talmud, est nommé mashwarta de- Pourim. Il consistait à suspendre un grand cerceau au dessus d'un feu de joie allumé pour la circonstance et à faire sauter les enfants à travers.

A la période des Gaonim on confectionnait de grandes figurines de paille qui avaient la forme d'Aman, on y mettait le feu et on dansait autour avec frénésie.

D'autres jeux encore se développèrent avec le temps, et l'on on vit aussi apparaître des parodies du Livre d'Esther qui s'appuyaient sur d'autres événements de l'histoire biblique, comme la vente de Joseph par ses frères, l'animosité entre Jacob et Esaü, ou encore la lutte de David avec Goliath.

Une autre coutume consistait à monter des petits groupes de théâtre qui allaient faire leur numéro de famille en famille, jouant des pièces de circonstance comme, par exemple "Le jeu d'Assuérus", agrémenté de chansons et de musique.

4. LE MONDE A L'ENVERS
Dans l'atmosphère joyeuse de Pourim se développèrent au cours des siècles mille inventions en rapport avec l'allégresse de la fête. On essaya d'appliquer, souvent au pied de la lettre, le 1er verset du 9e chapitre: Ve nahafokh hou ("ce fut le contraire qui arriva !". On s'habille à l'envers, des clowns marchent sur les mains au milieu des rires, le monde entier est sur la tête.

5. LE RABBIN DE POURIM
Dans le même esprit s'est développée la coutume de nommer un "Rabbin de Pourim ". Son rôle est de rire et de faire rire, en utilisant à sa façon les textes de la Bible ou du Talmud, n'hésitant pas parfois à les tirer un peu par les cheveux...

Le Rabbin de Pourim va souvent jusqu'à tourner en ridicule les personnalités et les institutions les plus respectables de la communauté, profitant souvent de ce jour de liesse pour ouvrir toutes les soupapes et permettre aux tensions accumulées au cours de l'année de s'exprimer.

6. PLATS DE POURIM
La pâtisserie la plus courante à Pourim est connue sous le nom../ d'"oreilles d'Aman". C'est une sorte de petit chausson triangulaire, généralement fourré de graines de pavot. On ne sait guère d'où vient ce nom et les suppositions vont bon train. Pour certains, c'est le tricorne que portait Aman qui est ainsi ridiculisé. D'autres rapportent un Midrash qui décrit Aman s'insinuant dans les archives du roi, "tout courbé, la tête recouverte et les oreilles basses ". En yiddish, les "oreilles d'Aman" se disent Homen Tashen ("poches d'Aman" ce qui ouvre la porte à un jeu de mot fondé sur le verbe hébreu Tash (affaiblir). On dit ainsi d'Aman que sa force s'est affaiblie (Tash ko'ho) et qu'il n'est plus à même de faire du mal aux Juifs.

Mais une des explications les plus vraisemblables est que les Homen Tashen sont une déformation (volontaire) de Mahn Tashen, qui désigne tout simplement, en yiddish, le chausson au pavot !

Une autre patisserie de Pourim s'appelle, en yiddish également, les kreple'h : il s'agit, là aussi, d'une sorte de chausson triangulaire, mais fourré de viande hachée. Pourquoi en mange-t-on à Pourim ? Deux explications assez savantes nous sont proposées, fondées toutes deux sur des initiales :

Kippour, Hoshana Rabba et Pourim sont trois fêtes où il était coutume de frapper ou de se frapper. En effet, à Yom Kippour certains fidèles se faisaient donner 39 coups de lanières pour les aider à se repentir de leurs péchés; à Hoshana Rabba on frappe sur le sol un bouquet de feuilles de saule, comme expiation finale des fautes de l'année écoulée; à Pourim on frappe les pupitres de la synagogue lors de la lecture de la Meguila, pour conspuer Aman chaque fois que son nom est prononcé.

Le verset 16 du 13ème chapitre du Deutéronome ("Frappe, frappe, les habitants de cette ville [idolâtre]" commence en hébreu par les mots "Haké také...", d'où l'on déduit, sur le mode plaisant, en prenant ces lettres comme initiales : Hoshana Rabba, Kippour, Aman, toukhlou krepple'h harbé - autrement dit : "gavez-vous de kreple'h" pendant les fêtes en question.
Il existe également une 'Hala [pain natté] de Pourim, préparée spécialement pour le festin de la fête et agrémentée de raisins secs ; elle prend souvent des dimensions extravagantes.

Certains préparent aussi de petits gâteaux triangulaires que l'on met à frire, et que l'on décore de chocolat et de bonbons.

N'oublions pas le poisson de Pourim, qui se sert accompagné d'herbes et de petits raisins.

Certains textes anciens relatent la coutume de servir des graines le soir de Pourim, en souvenir d'Esther qui, dit-on, se contenta d'une nourriture des plus frugales dans le palais du roi pour ne pas enfreindre les lois alimentaires. Ce serait l'explication des graines de pavot dont sont fourrées les "oreilles d'Aman ". Pour la même raison, certaines communautés tiennent à mettre sur la table du repas de Pourim toutes sortes de noix, noisettes, pistaches, etc. D'autres encore pensent qu'il y faut aussi des fèves, qui, elles, rappellent la tristesse et le deuil (jeûne d'Esther avant sa confrontation avec Aman) car c'est un plat de fèves que certains ont coutume d'apporter aux familles en deuil pendant la semaine de shiva qui suit l'enterrement d'un proche parent.

Enfin, dernier invité du festin de Pourim : la dinde (appelée aussi "poule d'Inde". Elle doit rappeler à notre souvenir le roi Assuérus, qui régnait, on le sait, sur 127 provinces depuis...l'Inde jusqu'au pays de Koush (chap. 1:1) ! En Europe, on n'attribue pas une intelligence particulière à ce volatile et le roi Assuérus ne doit guère être flatté de la comparaison.

7. DEGUISEMENTS
La mode de se déguiser à Pourim remonte à la nuit des temps. Elle fut la cause, il y a quelque 400 ans, en Italie, d'une grave dissension rabbinique. En effet, le rabbin Yehouda Mintz publia, à cette époque, un livre de Responsa (Sheeloth ou-Teshouvoth) dans lequel il autorisait les hommes à revêtir, à Pourim, des vêtements féminins. Le rabbin Israël Sirkis, autorité religieuse de premier plan et auteur du Beith Hadash, s'éleva avec vigueur contre cette violation du verset 22 du 22ème chapitre du Deutéronome : "Une femme ne mettra pas de vêtements d'homme, et un homme ne se revêtira pas d'une robe de femme". Il critiqua également la coutume, particulièrement chère aux Italiens, de mettre des masques qui empêchent les gens de se reconnaître, chose absolument interdite, déclara-t-il, aussi bien à Pourim qu'en toute autre occasion.

On lit dans le Sefer ha-Minhaguim (Livre des coutumes) de la communauté de Worms, en Allemagne la description suivante d'une journée de Pourim :

"Le Shabbath qui précède la fête, les jeunes gens se rendent dans une maison éloignée de la synagogue et ils y revêtent leur rvêtement de Shabbath, appelé aussi manteau de chasse, dont la manche droite est cousue. Chacun d'entre eux se recouvre d'un chapeau pointu. Ils quittent cette maison en cortège, deux par deux, précédés d'un garçon habillé en clown qui danse et fait toutes sortes d'acrobaties..."
Aujourd'hui encore, le déguisement reste la manifestation la plus évidente de Pourim, pour les jeunes et les moins jeunes aussi.
De là s'est développée la tradition du "Ad lo yada", le carnaval : en Israël, surtout à Tel Aviv, il y avait une grande procession de chars et de personnes costumées dans les rues, le jour de Pourim. Mais cette manifestation, qui était très vivace avant la crétion de l'Etat et durant ses premières années, n'est plus aussi importante aujourd'hui.

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