En Israël, les anciens ultra-orthodoxes trois fois plus exposés au suicide
Nathalie Hamou
Les Israéliens qui ont décidé de quitter le monde religieux ou ultra-orthodoxe sont trois fois plus nombreux à manifester des tendances suicidaires comparés aux autres segments - laïc, traditionaliste ou strictement pratiquant - de la société. Tel est le principal résultat d'une étude, la première du genre, réalisée auprès de 170 ex-religieux, à la demande de l'association pour la prévention du suicide, Bishvil Hahayim - « pour la vie » en hébreu.
Réalisée voilà près d'un an par l'association, en partenariat avec le centre académique Ruppin, l'étude a été rendue publique cette semaine, suite à la récente médiatisation de deux cas de suicides ayant touché de jeunes ex-religieux dans le centre du pays. Au cours des dix-huit derniers mois, la communauté ultra-orthodoxe a totalisé sept cas de suicides, selon les médias israéliens. Une situation qui a poussé le ministre des finances laïc Yair Lapid à allouer 500.000 euros à Hillel, une association qui aide les ex-ultrareligieux à se réinsérer dans la société.
Fondée en 1991, l'organisation Hillel, qui compte 450 adhérents, est contactée en moyenne tous les mois par une vingtaine de personnes désireuses de quitter le monde « haredi » - ultra-orthodoxe. Trois des sept ex-religieux ayant récemment mis fin à leurs jours s'étaient rapproché de ses équipes. « Une tragédie pour une petite communauté comme la nôtre », a confié au quotidien Haaretz, Yair Hass, le directeur de l'organisation.
Selon les chercheurs de l'étude commanditée par Bishvil Hahayim, les ex-religieux présentent de nombreux facteurs de risque, au même titre que la communauté des immigrants, en raison de leur changement identitaire. La plupart des personnes interrogées ressentent une perte de leur sentiment d'appartenance, un manque de sens existentiel ainsi que les effets de la solitude. De fait, 90% de ceux qui ont quitté la communauté religieuse font état d'un faible niveau de soutien social, contre 17% en moyenne au sein des groupes de contrôle, selon l'étude. Israël recense chaque année près de 500 suicides, rappelle Bishvil Hahayim, dont un cinquième concerne des jeunes de moins de 25 ans
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