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Gino Bartali: Juste des nations

Gino Bartali: Juste des nations
 

Le 14 juillet 1948, le leader du Parti communiste italien Palmiro Togliatti est victime d’un attentat à Rome.

Les communistes italiens décrètent la grève générale. Les affrontements avec la police font plusieurs morts dans les rangs des manifestants.

Le pays, très divisé depuis la fin du fascisme, est au bord de l’explosion.

Au même moment, le peloton du Tour de France fait relâche à Cannes. L’Italien Gino Bartali, vainqueur du Tour 1938, est distancé au classement général à 21 minutes du jeune leader Louison Bobet. À la veille de la première étape des Alpes, le président du Conseil italien, Alcide De Gasperi, appelle Bartali dans son hôtel de Cannes.

« Gino le pieux » est alors une figure hors normes, au solide palmarès et à la réputation sans faille.

Il a tourné résolument le dos au fascisme et à toute récupération par le régime de Mussolini, et son engagement dans la Résistance a permis de sauver plusieurs centaines de Juifs en Italie.

De Gasperi et Bartali se connaissent parfaitement. Le premier a déjà sollicité le champion pour qu’il s’engage à ses côtes au sein du parti chrétien-démocrate.

Le chef du gouvernement italien explique alors au champion la situation explosive du pays. Il lui fait comprendre qu’un exploit sur les routes du Tour pourrait contribuer à ramener le calme et éloigner la menace d’une guerre civile.

Le lendemain, Bartali s’impose à Briançon avant de s’emparer du Maillot jaune à Aix-les-Bains et de le ramener à Paris. Dans le même temps, l’état de santé de Togliatti s’est amélioré.

À son retour, Bartali est accueilli en héros par la foule des tifosis.

Sa victoire symbolise la fierté retrouvée de l’Italie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Il sauva 800 juifs

Car oui, Bartali fut un héros, un vrai. Pendant la guerre, le vainqueur du Tour achemina à vélo d’un bout à l’autre de l’Italie et au péril de sa vie, des faux papiers pour sauver les juifs et les persécutés.

Il les cacha dans les tubes de sa machine et parcourt jusqu’à 350 km par jour pour les acheminer d’un point à un autre.

Plusieurs fois il fut contrôlé par les « chemises noires » et manque de partir en camp, tout Bartali qu’il fut. Les sbires du régime ne trouvèrent jamais rien.

Grâce à Bartali, qui hébergea aussi une famille juive cachée dans sa cave, 800 Juifs, en grande partie des enfants, furent sauvés entre 1943 et 1944.

Jamais Bartali n’en parla. Quand il gagna le Tour en 1948, personne ne sait quel résistant admirable il fut.

C’est seulement après sa mort que le secret de ce « juste parmi les justes »  a été dévoilé.

Avec Alberto Toscano, journaliste, auteur d’Un vélo contre la barbarie nazie, le destin du champion Gino Bartali.

Le Maillot jaune du Tour de France a plus de 100 ans. Devenu symbole de réussite et enjeu de pouvoir, son histoire dépasse les frontières du sport. Au travers d’entretiens avec des personnalités (sportifs, historiens, hommes politiques, journalistes…) et à l’aide de nombreuses archives et documents, cette série audio fait revivre les moments forts de « La Vie en jaune ». Comment le Maillot jaune, au-delà de la simple performance sportive, est entré dans la grande Histoire.

Jérôme Cadet Radio France

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