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Histoire des Juifs du Maroc, par Alain Amiel

Histoire des Juifs du Maroc, par Alain Amiel 

 

Si la grande majorité des juifs d'Afrique du Nord et du Maroc sont arrivés à partir de 1492, fuyant l'Espagne et les persécutions d'Isabelle la Catholique, il est attesté que des communautés étaient implantées bien avant : depuis la première diaspora suite à la destruction du premier temple de Jérusalem par Nabucchodonosor (587 avant notre ère), ou après la destruction après la pillage du second temple par les Romains en 70. Ces communautés juives, installées au Sud du Maroc depuis plus de 2000 ans (avant même la conquête arabe), ont perduré et même connu des conversions de tribus nomades berbérophones (de petits royaumes juifs ont même existé, comme celui de la mystérieuse reine berbère Kahena).
Commerçant avec les tribus indigènes puis avec les romains, ces communautés ont prospéré.
En Espagne, vivant en bonne entente avec les musulmans et les Chrétiens, les juifs ont participé activement au rayonnement de Al-Andalus. A l'époque où l'Europe entière vit dans la barbarie gothique, Cordoue est au VIIe siècle la ville la plus importante et attire médecins, scientifique, et artistes. 
Averroes, traducteur d'Aristote réintroduit la philosophie grecque et son élève juif Maïmonide, théologien et médecin à la cour de Saladin, publie le "Guide des Egarés" où il tente de concilier religion et science. Il est aussi l'auteur d'une importante pharmacopée qui restera une référence jusqu'au siècle dernier.
Pendant les siècles qui suivirent, les Juifs commercent et circulent librement entre le Maroc et l'Espagne. La communauté de Fès, très active, donne naissance à de nombreux érudits qui publient des ouvrages juridiques, médicaux, mathématiques.

L'arrivée massive de Juifs d'Espagne (sépharades) à partir de 1492 va entraîner un accroissement important du commerce et des implantations sur les côtes méditerranéennes et atlantiques du Maroc. L'accès se fait par Salé qui est le grand port d'émigration et de commerce.
Les megorashim, expulsés d’Espagne et les toshabim qui étaient déjà au Maroc, ont des cultures différentes. Plus nombreux, ceux arrivés d’Espagne, vont imposer un dialecte judéo-arabe marocain truffé d’espagnol et influencer les lois et les pratiques des juifs marocains.

Vivant dans des ghettos fermé ou ouverts, la situation des juifs au Maroc est plus ou moins favorable selon les dynasties régnantes. Persécutions et périodes calmes se suivent jusqu'au XIXe siècle.

Vers la fin XIXe siècle et le début du XXe, des petites émigrations de juifs marocains vont avoir lieu vers l'Amérique du Nord, surtout à New-York et en Amérique du Sud.
L'Argentine qui organise milieu XIXe siècle une immigration économique afin de mettre en valeur ses immenses terres, attire quelques centaines de familles. 
Le boom du caoutchouc en Amazonie en 1890 va entraîner une importante immigration de Juifs marocains, mais l'effondrement en quelques années de ce marché va pousser les Juifs à quitter les bord du fleuve pour s'installer dans les villes comme Manaus, Iquitos, ou Belem. Une partie d'entre eux retourneront au Maroc, d'autres familles y vivent encore de nos jours.

Fondée en 1860 en France, suite aux attaques antisémites frappant les communautés juive zt pour aider au développement culturel, l’Alliance Israélite Universelle établit des écoles françaises au nord du Maroc. 
L'occupation du Maroc par les Français en 1907 va créer une nouvelle situation où les juifs vont s'inscrire dans les écoles françaises et adopter rapidement cette nouvelle culture jusqu'en 1940 où les lois de Vichy leur interdiront l'accès de ces écoles.
L'arrivée des Américains en 1942 est fêté par les Juifs marocains qui commencent à émigrer vers les Etats Unis.

Après la guerre et la création de l'Etat d'Israël, une importante politique d'émigration mise en oeuvre par les organisations sionistes va entraîner un exode massif de dizaines de milliers de Juifs marocains vers Israël. D'abord clandestin,puis en accord avec les autorités françaises qui créent une structure chargée de l'émigration : la Cadima.

Après le retour de Mohamed V et la proclamation de l'indépendance du Maroc, le roi désirant que les juifs restent dans leur pays, la Cadima est dissoute et des postes importants seront offerts aux membres de la communauté. 
Mais la politique d'arabisation, les attaques antisémites de mouvements politiques et l'interdiction d'avoir des relations avec Israël, entraînent une inquiétude et un désir de partir, dans la communauté, surtout chez le classes les plus pauvres, plus sensibles aux promesses de situations meilleures - ce qui n'a pas été toujours le cas.

Une tragédie en 1961, le naufrage d'un bateau de clandestins, qui fait 44 victimes va faire changer le cours de l'histoire. Sous diverses pressions et un arrangement financier, un accord secret est passé avec le roi Hassan II.
Une émigration massive de plusieurs dizaines de milliers de Juifs marocains va être organisée par le Général Oufkir à partir du port de Casablanca.

En résumé : entre 1948 et 1955 : 70 000 émigrants légaux (vers Israël)
entre 1955 et 1961 : 60 000 émigrants clandestins (vers Israël)
entre 1961 et 1967 : 120 000 émigrants légaux (vers Israël)
La guerre Israélo-arabe de 1967 entraîne aussi une très importante émigration vers les Etats Unis, Le Canada ou la France.

La communauté juive du Maroc qui comptait près de 300 à 400 000 membres est actuellement réduite à quelques centaines de familles et les Juifs d'origine marocaine représentent plus d'un million de personnes dans le monde.

http://www.alainamiel.com/signedistinctifs/histoirejuifsmaroc.html

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