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L’Azerbaïdjan, l’ "aéroport d’Israël"

 

L’Azerbaïdjan, l’ "aéroport d’Israël" (info # 012903/12) [Analyse]

Par Jean Tsadik © Metula News Agency

 

Les relations entre les Etats-Unis et Israël sont loin de s’arranger autour du dossier de l’atome iranien. Le Commandement Central des armées américaines vient de terminer une vaste simulation de conflit avec la Perse, dont les conclusions sont terriblement négatives en vue d’une opération militaire contre le régime des ayatollahs.

 

Les enseignements de ce war game viennent s’ajouter à une étrange constatation émise par l’administration US. A l’en croire, en moins de six mois après une action militaire, même totalement réussie, les Iraniens reviendraient au niveau de développement auquel ils se trouvent actuellement. Et avec, en plus, la légitimation de confectionner la bombe, puisqu’ils auraient subi une agression et se considèreraient en droit de développer tous les moyens nécessaires pour leur protection.

 

A Métula, entre analystes, nous nous demandons de quelle manière la "République" Islamique fabriquerait 3000 centrifugeuses et nous ne croyons pas que cela soit possible en un si court laps de temps.

 

Cela prendrait bien plus longtemps, et cela nécessiterait des investissements considérables, difficiles à réaliser si les sanctions sont maintenues. En fait, d’ici, il semblerait plutôt qu’une opération bien menée mettrait un terme définitif à l’aventure nucléaire perse.

 

La prolifération de ces documents surprenants ne peut pas ne pas nous rappeler le fameux rapport, rédigé collégialement par toutes les centrales du renseignement américain, qui concluait, péremptoire, que la théocratie chiite n’était pas en train de développer l’arme atomique.

 

A l’époque, nous avions même considéré que les responsables de ce dossier devaient être licenciés des postes qu’ils occupaient et traduits en justice pour le temps précieux qu’ils avaient fait perdre au monde civilisé dans le traitement adéquat du problème. Car il n’existe aucun doute dans nos esprits quant au fait que, si les nations démocratiques s’y étaient prises à l’heure, les sanctions économiques présentement en vigueur auraient suffi à enterrer le projet perse de bombe atomique.

 

Quant à la simulation entreprise par le Central Command, elle retient des éléments étonnants. Comme, par exemple, que si un missile iranien touchait une base ou un navire US de plein fouet, il pourrait causer la perte de pas moins de 200 soldats.

 

Ce qu’il ne précise pas, en revanche, c’est le nombre de personnes qui seraient tuées, si le même missile était muni d’une ogive nucléaire. Etrange omission. Surprenante attente de la part de professionnels, consistant à envisager de participer à un conflit sans prendre de risques.

 

Or même durant la Guerre du Golfe, le 25 février 1991, un Scud lancé par les forces de Saddam Hussein avait détruit le camp US de Dhahran, en Arabie Saoudite, causant la mort de 29 boys.

 

La finalité objective d’un war game bien compris consiste à procéder à la comparaison des risques entre eux. A poser la question de savoir ce qui est plus périlleux entre une guerre préventive, ce printemps, et une "République" Islamique disposant de l’arme suprême dans quelques mois, de même que des fusées pour la transporter. Un Etat terroriste, qui deviendra durablement, si rien n’est entrepris pour l’en empêcher, une puissance régionale majeure, et le chef de file hostile de la sphère arabo-musulmane.

 

A Washington, on espère que le seul fait d’avoir mentionné les chiffres de pertes potentielles américaines en cas d’opération israélienne suffira à dissuader Jérusalem d’intervenir militairement. Cet avis est partagé par un certain nombre d’analystes, dont le très sérieux Amir Oren de Haaretz.

 

Ce dernier va jusqu’à considérer que l’Etat hébreu, suite à la publication de ce rapport, "aurait sur les mains le sang des boys" s’il intervenait en solo. Et que cette hypothèse suffirait pour dissuader les Israéliens de s’en prendre à l’Iran. En tout cas en 2012.

 

Le but des Américains est de repousser à après leurs élections présidentielles de novembre prochain la décision relative à une éventuelle opération militaire contre les ayatollahs. Oui mais en 2013, d’après nos connaissances, Téhéran, s’il le décide, possédera déjà la bombe atomique, le calendrier de Khamenei n’étant pas calqué sur celui de Barack Obama.

 

Des confrères américains, avec lesquels je participe, l’été, à des think tanks sur des sujets stratégiques, me font remarquer que la "République" Islamique n’a pas encore pris la décision de passer à l’étape terminale du processus d’enrichissement de l’uranium. En d’autres termes, ils n’ont pas mis en marche la production industrielle souterraine, à Fodow (ou Fordow), permettant la concentration du minerai à 20, puis 90%.

 

Le bienfondé de cette remarque est indiscutable, je peux même lui ajouter un autre élément apaisant : Khamenei, depuis l’adoption du dernier train de sanctions empêchant les banques iraniennes de se livrer à des activités commerciales internationales, a éloigné des conseillers va-t’en-guerre, pour les remplacer par d’autres, plus favorables à une négociation sérieuse avec l’Ouest.

 

Mais une autre composante de la réflexion est à prendre en compte, et mes camarades analystes d’outre-Atlantique en conviennent également : le risque existe, d’un enrichissement rampant, qui se produirait, par petits lots, pratiquement indétectables, et qui aboutirait aussi à l’accumulation par le régime des mollahs d’uranium hautement enrichi, en quantités suffisantes pour produire un nombre limité de bombes.

 

D’autre part, si Téhéran prenait la décision de lancer l’enrichissement massif de l’uranium, rien ne dit que le Président Obama serait prêt à une intervention militaire immédiate. Binyamin Netanyahu, Ehud Barak et même Shimon Pérès lui avaient demandé – pour les aider à arrêter leur propre position – s’il était prêt à s’engager à une riposte immédiate en cas de franchissement de cette ligne rouge. Et le pensionnaire de la Maison Blanche avait catégoriquement refusé de prendre cet engagement.

 

Parallèlement à ces grandes manœuvres visant à dissuader Israël d’entreprendre seul une action contre la "République" Islamique, le Pentagone a fait savoir, mardi soir dernier, qu’il était en train de réunir des crédits destinés à financer la production de davantage de batteries du Dôme de Fer, et de missiles Tamir, qui lui sont associés.

 

Merci à nos alliés – d’ailleurs le ministre de la Défense Ehud Barak n’a pas manqué de remercier son homologue Leon Panetta pour ce geste, qui illustrerait, selon ce dernier, le souci prioritaire permanent de son président pour la sécurité d’Israël.

 

Les Américains prennent les Israéliens pour des pantoufles ; d’une part, ils se disent disposés à monnayer un excellent système d’interception de roquettes et d’obus à très courte portée, capable d’empêcher que quelques dizaines de civils hébreux ne soient touchés par des tirs terroristes, et, de l’autre, ils permettent à Khamenei de poursuivre son programme visant – comme il ne s’en cache pas – à rayer Israël de la carte.

 

Où est le hic ? Cherchez l’erreur !

 

Israël reste poli, pas question de se fâcher pour de bon avec son seul allié fiable, mais poursuit ses préparatifs en vue d’une intervention contre les infrastructures nucléaires de la théocratie chiite. Ce qui a pour effet d’exaspérer l’administration étasunienne, qui accentue sa pression sur Jérusalem en dévoilant certains de ses secrets. La campagne d’Obama contre Barak ne fait pas que se poursuivre, elle s’amplifie.

 

C’est ainsi que des diplomates US de haut rang ont confié à la presse que l’Azerbaïdjan avait concédé à l’armée de l’air de l’Etat hébreu des aéroports le long de sa frontière avec la Perse.

 

A la Ména, cela faisait plusieurs années que l’on vous expliquait que si les Israéliens attaquaient les infrastructures iraniennes, ils ne le feraient pas à partir de leur territoire, en utilisant des avitailleurs en vol, mais depuis des aéroports situés aux confins de la "République" Islamique. Cela leur permettra(it) de maximiser leur cargaison en bombes, de minimiser leur emport en carburant, de parvenir en quelques minutes – et non plusieurs heures – sur tous leurs objectifs, et d’augmenter considérablement leur présence dans le ciel ennemi.

 

A Métula, nous étions réticents à publier des détails quant à la localisation des aéroports confiés aux Israéliens en pays étrangers, mais, puisque le gouvernement US fait le pas, nous ne pouvons que confirmer l’info.

 

La confirmer, en ajoutant qu’il existe d’autres bases aériennes au service de la Kh’él Avir, dans au moins deux autres pays, dont notre rédac-chef refuse que nous donnions les noms.

 

En Azerbaïdjan, l’implantation de Tsahal, dans deux bases aériennes autrefois au service de l’Armée rouge, participe à garantir l’indépendance de Bakou, puissance émergente et gros exportateur de brut, face aux menaces expansionnistes de la "République" Islamique. L’Etat hébreu a, entre autres, vendu récemment à l’Azerbaïdjan pour 1,6 milliards de dollars de matériel militaire. Et il est difficile de se promener dans la capitale sans entendre parler hébreu. Les Israéliens interviennent dans ce pays du Caucase dans tous les domaines d’activité, et pas uniquement dans le domaine militaire.

 

Et cela fait au moins vingt ans que les relations très spéciales entre Jérusalem et Bakou durent, et au moins treize ans que nous sommes au courant. L’ampleur de la coopération entre les deux pays est telle, qu’un officiel américain la résume par cette galéjade : "Les Israéliens se sont payé un aéroport… Et cet aéroport, c’est l’Azerbaïdjan".

 

Les activités de l’Armée de l’air à l’Etoile de David en Azerbaïdjan indisposent au plus haut point l’administration Obama, ainsi que les nombreux anti-israéliens du département de la Défense. En cela que, pour attaquer la théocratie chiite à partir de cet Etat du Caucase, Jérusalem n’a besoin ni d’un appui tactique, ni du feu vert du Pentagone ou de la Maison Blanche.

 

L’un des chefs du renseignement US l’admet implicitement : "Nous observons ce qu’Israël fait en Azerbaïdjan", pour conclure, "et nous n’aimons pas ce que nous voyons".

 

Officiellement, les USA sont inquiets de l’éventualité d’un débordement du différend avec l’Iran sur la région du Caucase. Et Washington se plaint de ce qu’il va être "plus difficile" [mais que quoi ? que quand ? Ndlr.] de résorber la tension entre Israël et l’Iran.

 

Mais en fait, l’équipe Obama enrage de ne pouvoir imposer sa politique d’Apaisement à Jérusalem, surtout, lorsqu’elle réalise que les Hébreux prendront les décisions qu’ils jugent nécessaires à leur sécurité, et que personne ne peut les obliger à réfléchir autrement.

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