Le Canada recrute des francophones, voici les démarches pour émigrer
Le Canada vient de simplifier ses procédures d’accueil pour les immigrés francophones. Passage en revue des démarches administratives à l’intention de ceux qui veulent tenter leur chance au pays de la feuille d’érable.
Tenter sa chance au Canada. De plus en plus de francophones en rêvent. C’est ce que nous avons pu constater sur BFM Business à la suite de la publication de deux articles sur le sujet. D’abord celui-ci sur la volonté du Canada d’accroître d’ici 2018 la part des travailleurs francophones sur son territoire. Et puis cet autre article, portant sur le témoignage d’un cadre français parti tenter sa chance dans la ville de Calgary au sein d’un distributeur d’articles de sport. Après leur publication, nous avons reçu beaucoup de demandes concernant les démarches à accomplir pour tenter sa chance au Canada.
Pour nous guider, nous avons notamment recueilli le témoignage d’Alexandre, un Français, salarié d’un opérateur mobile à Aix-en-Provence, qui souhaite partir s’installer au Canada. Un parcours facilité certes pour les francophones -notamment au Québec- mais qui requiert de la volonté et une certaine organisation.
1. Est-ce que c’est simple?
« Non, assure Alexandre, il y a beaucoup de demandes, il faut donc avoir un bon pedigree, c’est-à-dire avoir fait de bonnes études, avoir une compétence dont les Canadiens ont besoin. Travailler dans un secteur comme la santé ou l’informatique est un avantage indéniable ». Ce que confirme Marc-André Séguin, un avocat québécois dont le cabinet Exeo est spécialisé dans l’immigration: « Cela dépend de votre profil (étudiant, travailleur, entrepreneur ou investisseur) mais les démarches peuvent parfois être longues et complexes. Et même si certaines règles ont été assouplies dans le Canada anglophone, ce n’est pas acquis pour autant pour un francophone. »
L’avocat fait référence ici au programme Mobilité francophone en vigueur depuis le 1er juin 2016. Les employeurs canadiens n’ont plus besoin d’effectuer une coûteuse étude d’impact (prouver qu’aucun Canadien ne peut répondre au besoin de l’entreprise) lorsqu’ils embauchent un francophone pour des emplois de gestion ou des emplois techniques et spécialisés.
2. Le programme Entrée express du Canada anglophone
Les autorités canadiennes souhaitent faire grossir la proportion des francophones parmi les immigrants économiques qui s’établissent en dehors du Québec. Dans toutes les provinces anglophones du pays, cette part doit passer de 4% en 2018 à 4,4% en 2023.
Pour cela, le Canada a mis en place le système Entrée express, qui facilite la procédure des immigrants dans les catégories économiques. Il faut se rendre sur ce site afin de remplir un dossier pour tester son admissibilité. Afin de mesurer la capacité du travailleur à s’adapter au marché du travail, l’immigration canadienne utilise une grille de 100 points. Cette dernière prend en compte les six facteurs suivants: compétences en français ou en anglais, niveau d’études, expérience de travail, âge, emploi réservé, faculté d’adaptation.
Une fois cette formalité remplie, les coûts de traitement exigés dépendent du type de demande (résidence permanente, permis de travail…) et ils sont assez élevés. Il faut compter par exemple 550 dollars canadien pour un travailleur qualifié, la même somme pour son conjoint et 150 dollars pour leurs enfants de moins de 19 ans. Si vous avez la chance de faire partie des candidats les mieux classés, vous recevrez une invitation à formuler une demande de résidence.
3. Résidence permanente? Temporaire?
Au Canada, il y a deux types d’immigration: la résidence temporaire ou la résidence permanente. La temporaire concerne les étudiants ou les immigrés qui cherchent un emploi. Pour les étudiants, elle est généralement accordée pour la durée de la formation. Il faut s’y prendre plusieurs mois à l’avance car la validation peut être assez longue. Une demande doit en effet être déposée auprès de l’établissement de formation, mais il faut aussi obtenir un certificat d’acceptation de la Province si la demande concerne le Québec et des autorités fédérales canadiennes (cliquez sur ce site pour en savoir plus). Pour intégrer un établissement universitaire à la rentrée de septembre 2017, mieux vaut donc ne pas tarder.
Concernant les travailleurs, la demande temporaire dépend de la durée du contrat de travail ou de la durée maximale du permis « mobilité jeune » qui octroyé aux 18-35 ans qui souhaitent s’installer au Canada selon divers programmes comme par exemple le Programme Vacance Travail (PVT) qui dure 2 ans. Pour se renseigner sur le PVT très prisé par les jeunes, ce site y est dédié.
Néanmoins, si vous voulez rester au Canada plus longtemps, vous pouvez faire une demande de résidence permanente. Vous obtenez alors une carte que vous devez renouveler tous les 5 ans. Si la résidence permanente n’est pas conditionnée à un emploi ou à un séjour, le fait de disposer d’une offre d’emploi facilitera la procédure. Elle ne vous donne pas accès à la citoyenneté canadienne (passeport, droit de vote…) mais elle vous permet de postuler à une éventuelle naturalisation au bout de 4 ans.
4. Le Québec beaucoup plus simple pour les francophones
La Belle Province reste une porte d’accès beaucoup plus simple pour les francophones. « En 2015, la France était le premier pays de provenance des travailleurs qualifiés avec 4.524 personnes admises au Québec, précise-t-on du côté de la délégation du Québec à Paris. Depuis 2000 plus de 61.000 personnes en provenance de France ont été accueillies (l’équivalent de la ville de Troyes). » Ce qui facilite l’arrivée des francophones c’est évidemment la langue. « Il faut passer un test de français mais assez simple, explique Alexandre. En ce qui concerne l’anglais, un niveau intermédiaire suffit. »
Mais ce n’est pas la seule raison. Les démarches sont facilitées par rapport aux autres provinces. Les étudiants francophones qui ont fait des études au Québec peuvent par exemple bénéficier du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) qui permet d’obtenir un Certificat de sélection du Québec en vue de la résidence permanente. Ce programme est destiné aux diplômés et futurs diplômés du Québec et aux travailleurs étrangers temporaires qui occupent un emploi spécialisé et qui remplissent certaines conditions. Il faut par exemple pouvoir démontrer une connaissance du français oral de niveau intermédiaire avancé.
Ce Programme de l’expérience québécoise ne recourt pas à une grille de sélection, il ne prend pas en compte les caractéristiques du conjoint et ne prévoit pas d’entrevue.
5. Les investisseurs francophones privilégiés
Les entrepreneurs et investisseurs francophones qui veulent s’installer au Québec sont aussi favorisés. « Le Québec a des quotas pour les entrepreneurs et investisseurs mais les francophones sont exclus des quotas, explique Marc-André Séguin. Les dossiers sont traités bien plus rapidement. Il faut compter 18 à 24 mois pour un entrepreneur non-francophone contre 2 à 3 mois pour un francophone. » Par ailleurs, pour un investisseur, le Québec est moins exigeant sur le plan financier: 100.000 dollars canadiens (70.000 euros) suffisent alors que dans d’autres provinces comme l’Ontario ou la Colombie britannique, seuls les candidats pouvant aligner plusieurs millions de dollars sont retenus.
Pour immigrer au Québec, les démarches administratives sont sensiblement similaires à celles qui prévalent dans la partie anglophone du Canada avec l’évaluation préliminaire d’immigration (EPI) et ensuite la demande de certificat de sélection du Québec via le site « Mon projet Québec« . Pour la période du 1er avril 2016 au 31 mars 2017, le plafond maximal de demandes (10.000) a déjà été atteint. Une nouvelle période de dépôt doit être annoncée courant 2017.
« Il faut être très motivé, reconnaît Alexandre. D’abord parce que c’est assez coûteux. Il faut compter 540 dollars canadiens (379 euros) pour un dossier et 120 dollars canadiens (84 euros) de plus pour le conjoint et chacun des enfants. Une somme qui ne sera pas remboursée en cas de refus. Par ailleurs, il faut être très rapide lorsque la période de demande s’ouvre car le site est pris d’assaut et finit par planter. » La motivation ce n’est pas ce qui manque aux milliers de francophones qui tentent chaque année l’aventure. « On en a un peu marre de la France, du contexte socio-économique pesant, du manque de travail, détaille Alexandre. Nous sommes allés plusieurs fois au Canada et le contraste est frappant: c’est beaucoup plus jeune et dynamique. La relation entre les gens est bien davantage basée sur la confiance. Un exemple parmi d’autres, les propriétaires ne demandent pas de caution aux locataires au Canada. C’est même illégal. On n’imagine pas ça en France… » Pour Alexandre comme pour la plupart des Français qui rêvent de changer de vie outre-Atlantique, le Canada a tout pour réussir.
Commentaires
Publier un nouveau commentaire