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LE MANGUIER DE THÉRÈSE, par Thérèse Zrihen-Dvir

 

 

LE MANGUIER DE THÉRÈSE,

 

par

Thérèse Zrihen-Dvir

Dans un coin oublié de mon jardin, ma fille et moi avions décidé d’y planter un arbre. Après une courte visite chez un horticulteur, nous revînmes chez nous en compagnie d’un manguier géant âgé de 8 ans que notre jardinier, aidé d’une grue, positionna à l’emplacement que nous lui avions destiné. Inutile de vous décrire la joie et l’orgueil de voir un arbre si beau avec ses feuilles vertes et luisantes, se balancer légèrement sous la brise d’automne.

Au bout de quelques jours  seulement, je me rendis compte que les feuilles de notre manguier jaunissaient, s’asséchaient et glissaient lentement des branches de l’arbre pour échouer lamentablement sur le sol.  Pas un instant à perdre, je me dis, il faut alerter le jardinier qui ne tarda pas à venir. « Ne craignez rien, il est traumatisé, ce qui est naturel pour un arbre lorsqu’on lui change de place. Donnez-lui quelques semaines, et vous verrez qu’il reviendra à lui-même ! »

Le jardinier partit, me laissant bien sceptique devant mon arbre agonisant. La première semaine passa, puis une autre et mon manguier continuait à se dénuder à vue d’œil. Quant aux branches, elles s’asséchaient et craquaient sous la pression de mes doigts.

Le jardinier revint a mon second appel pour m’annoncer d’un ton dépité « désolé, mais votre arbre est mourant. Il n’a pas réussi à surmonter son traumatisme. Que voulez-vous en faire ? Nous pouvons l’arracher et tenter d’en planter un autre… peut-être un citronnier ».

« Non, m’écriais-je. Je vais le garder même s’il n’est qu’un squelette d’arbre. Je ne perds pas l’espoir et je sens qu’il est capable de renaître ».

Le jardinier haussa ses épaules et tourna les talons en me jetant d’un ton qu’il voulait narquois, «  peuh, vous êtes une rêveuse. Quand un arbre atteint ce niveau de détérioration, il n’a aucune chance de s’en sortir. Faites-moi signe si vous changez d’avis ».

L’automne fut remplacé par un hiver pluvieux, suivi d’un printemps froid et hésitant… et le squelette de mon arbre dans mon jardin, dont il ne restait plus qu’un tronc noueux et des branches noires et sèches, continuait à défier de manière insolite tout le paysage. Je poussais un soupir, le cœur lourd et triste avant de m’avancer vers lui : « Je vais devoir te laisser partir, lui dis-je. Allons fais un effort et revis. Tu ne peux pas mourir de façon si bête avec des racines si profondes comme les tiennes. Je sentis ma gorge se serrer et des larmes me monter aux yeux. Soudain, sous le voile opaque de mes larmes, je vis un tout petit bourgeon qui dardait d’une fissure de l’écorce craquelée. « Miracle », m’écriais-je… « Il est encore en vie. Mais aura-t-il assez de force pour se réveiller complètement ?» me demandais-je en jetant un regard désolé au squelette sec et friable. Je mis au courant mon jardinier, qui fidèle à lui-même, me souffla, « ce bourgeon ne tiendra jamais. Vous verrez, il s’éteindra sans que vous ne vous en aperceviez ».

– Oiseau de mauvaise augure », me dis-je en le voyant partir. « Nous verrons bien qui de nous deux a raison le plus. Je vais continuer de l’arroser, de le soigner et surtout de surveiller l’évolution du bourgeon ».

 Trois jours plus, un second bourgeon fit son apparition, toujours dans la même fissure de l’écorce. Bientôt, je vis de petites feuilles d’un vert tendre, s’ouvrir, alors que l’autre bourgeon poussait, s’élançant hardiment plus haut, vers le bleu du ciel.

Mon jardinier ne m’entendant plus, vint me voir et resta sidéré devant le portail.

– Ce n’est pas vrai, ma parole, il repousse. Il faudra tout de même scier les branches mortes pour permettre aux branches nouvelles de se développer plus librement. Ce fut la seule chose que je lui permis de faire. Il scia les branches mortes mais s’abstint de toucher à la base du tronc.

L’été vint, mon manguier ne cesse de grandir et ses branches nées d’une petite fissure de son tronc contournent de leurs feuilles l’unique relique du vieil arbre, son torse noir et sec, mais vivant.

Mon manguier ressemble tant à ISRAEL me dis-je en l’admirant dans toute sa splendeur.

« ISRAËL fut pris pour mort pendant deux siècles au moins et personne ne croyait, ni ne pensait qu’un jour, on le reverrait se relever de ses cendres auxquelles il s’accroche et s’accrochera aussi longtemps que durera le temps. ISRAËL n’a jamais cessé d’exister… il était toujours présent même invisible… Il est le noyau de toutes les civilisations et le père de toutes les religions… crée par l’Eternel lui-même, c’est lui qui a ouvert toutes les portes et ce sera lui qui les fermera quand le créateur le décidera.

Thérèse Zrihen-Dvir

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