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Les Grands Rabbanim pensent-ils qu'il faut fêter Yom Ha'atsmaout ?

 

Les Grands Rabbanim pensent-ils qu'il faut fêter Yom Ha'atsmaout ?

 

Développement de la question

Il est rare de trouver un sujet qui rencontre des avis si opposés au sein du peuple juif : doit-on voir la création de l'Etat d'Israël comme une catastrophe pour le Peuple juif qui voulait s'éloigner définitivement de D.ieu en créant son Etat "comme les autres" ? Ou au contraire, l'aboutissement de toute l'histoire de l'humanité par la réalisation des prophéties et le début de la délivrance finale du monde ?

Beaucoup de juifs religieux pensent que les rabbins seraient du premier avis, et se refusent donc à fêter Yom Ha'atsmaout pensant aller selon l'avis des grands rabbins qu'ils suivent. Il apparaît donc important de faire le clair : que pensent vraiment les rabbins ?

Réponse

Dans son livre "Shirat Hageoula", le Rav Moshé Elh'arar expose l'avis des rabbins séfarades ; et dans son livre "Ath'alta hi", le Rav Itsh'ak Dadoun a recensé les avis des rabbins du monde entier sur deux volumes.

Dans le monde Séfarade :

Les rabbins séfarades ont tous vu la création de l’Etat d’Israël de façon très positive. Ils fêtaient le jour de Yom Ha'atsmaout avec beaucoup de joie et la plupart ont considéré l’Etat d’Israël comme le début de la délivrance annoncée par les prophètes [Ath'alta deGueoula]. Tel est entre autres l'avis des Rabbins Meir H'aï OuzielAmram Abourbia,HaÏm David Halévi, David Ben H'alifaYossef Ghénassia, Moshé Malka, Meir Ouaknin,Raphael AbouMordeh'aï AttiaOvadia AdayaYehouda Leon Ashkénazi (Manitou)pour ne citer qu'eux. Nous citerons en particulier l'avis des rabbins originaires d'Afrique du nord et connus de tous :

Le Rav Yossef Messas, ancien Grand Rabbin de Tlemcen (Algérie) et de Haïfa considérait l'Etat d'Israël comme une Sainteté [medinatenou hakedoucha]. Il a composé plusieurs poèmes en faveur de l'Etat d’Israël et de son armée et s'est exprimé dans son Responsa de façon très positive ; ainsi lorsque quelqu'un lui posa une question concernant certaines personnes qui récitent les supplications le jour de Yom Ha'atsmaout (passage de la prière lu d'un coeur contrit, qui n'est pas lu les jours de fête) , il répondit de manière claire (Otsar Hamih'tavim volume 3 réponse 1769) : "Tu n'as pas besoin de te tracasser la tête avec ces sujets. Tu es un juif Séfarade ? Alors fais ce que nous faisons ! Nous fêtons Yom Ha'atsmaout comme un jour de fête [Yom Tov] : nous récitons le Hallel, nous mangeons, buvons et nous nous réjouissons".

Le Rav Ovadia Yossef, ancien Grand Rabbin d'Israël déclare (Kovets Torah chébeal pé vol. 16, 5734 page 19) : “Je voudrais préciser que l’Etat d’Israël et l’indépendance du gouvernement du Peuple d’Israël en Terre Sainte est un événement historique et religieux de la première importance. Apres 2000 ans d’exil, d’errance de notre peuple poursuivi par les peuples étrangers, nous avons eu le mérite de revenir sur notre terre sous un état souverain indépendant : l’Etat d'Israël. Cet Etat permet à nos frères exilés à travers le monde de venir s'installer dans notre Terre Sainte, de construire le pays et de se construire eux-même, sans limite. "Qui sont ceux-ci, qui volent comme une nuée, comme des colombes vers leurs colombiers ? Tes fils arrivent de loin, avec tes filles qu'on porte sur les bras" (Isaïe chapitre 60 verset 4 et 8). L’Etat d'Israël est aujourd’hui le centre de la Thora dans le monde entier. "

Il déclare également dans son Responsa (Yabi'a Omer, 6, 41, 5) : "De nombreux et importants rabbins voient la création de l’Etat d'Israël comme étant le début de lagueoula, comme il est écrit dans le Talmud de Jérusalem : Rabbi H'iya et Rabbi Shimon fils de H'alafta se promenaient avant l’aube, ils virent alors l’étoile du matin percer la nuit noire par une faible lueure. Rabbi H'iya dit à Rabbi Shimon la gueoula d'Israël se comporte de la même façon que cette étoile, au début sa lumière est faible, plus elle avance plus elle nous éclaire car il est écrit lorsque je suis dans l’obscurité D.ieu est ma lumière. De même il est écrit dans le traité Meguila (page 17a) "la guerre fait partie aussi du début de la gueula". Et le Gaon Rav Moshé Kacher ramène dans son livre “Hatekoufa haguedola” (page 374-378) un manifeste dans lequel presque tous les grands de la génération ont signé, qualifiant la création de l’Etat d'Israël comme étant le début de la Gueoula”.

Le Rav Shalom Messas, ancien Grand Rabbin du Maroc et de Jérusalem, donne son approbation à un livre de prière destiné à Yom Ha'atsmaout (Beth Melouh'a) et s'exprime ainsi : "Bien que les paroles de géants de la Torah (le Rav Ouziel et le Rav Hertzog) n'ont pas besoins d’être renforcées et qui viendrait contredire ces rois magnifiques qui ont déjà ordonné et institué (la lecture du Hallel) pour toutes les générations (à Yom Ha'atsmaout) ? Qui est-ce qui pourrait être à ce point non reconnaissant envers D.ieu qui nous a permis de voir des choses auxquelles on n'osait même pas rêver. Il nous a permis de voir le renouvellement d'un gouvernement juif, la multiplicité de grandes yechivot ainsi que la progression de la religion de jour en jour..."

Le Mekoubal Baba Sale ne cessait de prier pour la réussite de nos soldats. Il conseillait certains élèves de Yechiva d’aller à l’armée qui à ses yeux représentait une des plus grandes mitsvot (défendre le peuple juif). Il est également allé sur la tombe de David Ben Gourion et a dit qu’il avait fait de très bonnes choses pour le Peuple mais que dans sa vie personnelle il avait fait des péchés. Il a fait tout son tikoun [réparation de ses mauvaises actions]. Il s'exprimait également ainsi : “Comment ne pas remercier D.ieu ! Alors que lorsqu'on était en exil les arabes nous dominaient et pouvaient faire de nous ce qu'ils voulaient ! Aujourd’hui, nous sommes en Israël et c’est nous qui les dominons!”.

Le Rav Meir Mazouz, Roch Yechiva de "Kissé Rahamim", nous enseigne une allusion au jour de l’indépendance de l'Etat d’Israël : dans le livre de Daniel (chapitre 12) il y est écrit au début "En ce temps-là, Mikhaël, le Prince Supérieur, qui a mission de protéger les enfants de ton peuple, sera à son poste ; et ce sera un temps de détresse (souffrance) tel qu'on n'en aura pas vu depuis qu'existent des nations jusque-là". Le Rav Mazouz explique que cette souffrance correspond à la Shoah. Il est écrit dans le dernier verset de ce chapitre "Heureux celui qui attendra avec confiance et verra la fin de 1335 !". La Shoah s’est terminée durant l’année 5705. Cependant, dans les cieux tout est décrété à Roch Hachana.

Année 5705 : année simple 355 jours

Année 5706 : année embolismique 383 jours

Année 5707 : année simple 354 jours

Année 5708 : jusqu’à la fin du 2ème mois d’Adar : 208

Mois de Nissan + 5 jours : 35 jours

De Roch Hachana 5705 jusqu’au 5 Iyar 5708 (jour de l'indépendance de l’Etat d’Israël), il y eut exactement 1335 jours !

Le Rav Rahamim Naouri, ancien Grand Rabbin de Bône (Algérie) s'exprimait ainsi : "Béni-soit celui qui ressuscite les morts ! Le jour tant attendu est arrivé. Après 1880 ans, Israël a retrouvé un état [Malh'out]. C'est un miracle encore plus grand que la traversée de la Mer Rouge, la prophétie de Ezechiel s'est réalisée !"

Quant au Rabbin Sidi Fredj Halimi, ancien Grand Rabbin de Constantine, il était lui même officiant le jour de Yom Ha'atsmaout et priait avec une profonde joie.

Le Rav Moché H'alfon Hacohen, ancien Grand Rabbin de Djerba a vu en la création de l'Etat d’Israël la réalisation du début du processus de la gueoula et ainsi il s'exprime (Maté Moché page 48) : " Il n'y a aucun doute que c'est le début de la gueoula. Il est donc approprié que chaque juif remercie des milliers de fois D.ieu pour la gueoula car il nous a fait sortir de l’asservissement à la délivrance". Il explique également (Yad Moché paracha Vayeh'i) le verset suivant du livre de Daniel (8, 14) : "Jusqu'à quand les indications de cette vision… Et il me dit "Jusqu'à 2300 soirs et matins alors le sanctuaire sera réhabilité". La prophétie de Daniel a eu lieu au début du second Temple qui a duré 420 ans. De sa destruction jusqu’à l’année de l’indépendance de l’Etat d’Israël il y eu 1880 ans. Soit 420 plus 1880 ans, soit en tout 2300 ans !

Le Mekoubal Baba H'éki (frère de Baba Sale) soutenait avec ferveur l’Etat d’Israël, il y fut même un des dirigeants du parti national-religieux. Alors qu'une fois il entendit quelqu'un se plaindre des israéliens non-pratiquants, il expliqua que les pionniers (constructeurs de l'Etat d’Israël) étaient la réincarnation [guilgoul] des rebelles du second Temple. Puisque c'est eux qui sont responsables de la destruction d'Israël, ce sont eux qui reconstruisent le pays afin de réparer leurs fautes.

Dans le monde Ashkénaze :

Parmi les sommités du monde religieux ashkénaze, certains sont connus pour leur soutien sans faille au processus sioniste en marche : parmi ces rabbins le Rav Tsvi Yehouda Kook, le Rav Itsh'ak Hertzog, le Rav Tsvi Pessah Frank, le Rav Yaacov H'arlap, le Rav Mechoulam Raata et le Rav Menah'em Mendel Kacher pour ne citer que eux.

Mais que pensent les principaux Rabbins du courant orthodoxe lituanien ['haredi] ?

Le Rav Yossef Eliashiv, ancien chef spirituel du courant orthodoxe ashkénaze s'exprime ainsi lorsque quelqu'un lui demanda son avis à propos du hallel de Yom Ha'atsmaout : "Si tu ressens vraiment de la joie, tu peux dire le Hallel" (Afiké banégév page 103).

Le Rav Yossef Kéanman, fondateur de la yeshiva de Poniovitch (une des plus grandes et importantes yeshiva de Bné Brak), avait pour coutume de mettre le drapeau d'Israël sur le toi de la yeshiva à l'occasion de Yom Ha'atsmaout. Bien qu'il déclara à plusieurs reprises que le début de la gueoula avait commencé, il déclarait également se comporter comme Ben Gourion en ce jour : il ne faisait ni le Hallel ni les supplications [tahanounim]!

Le Rav Shlomo Zelman Auerbah', ancien Rosh Yechiva de la Yeshiva Kol Torah, avait l'habitude de ne pas réciter les supplications le jour de Yom Ha'atsmaout. Concernant le fait de réciter le Hallel en ce jour, il déclara qu'il y en a qui le recitent et d'autres non, mais que dans les deux cas chacun avait sur qui s'appuyer. Il est rapporté en son nom (yésoupar lédor) qu'il ne comprenait pas pourquoi certains parcourraient des kilomètres pour aller prier sur les tombeaux des tsadikim [justes] alors qu'à Jérusalem au cimetière du mont Herzl il y avait des soldats saints qui sont morts pour la sanctification du nom de D.ieu.

Le Rav Shlomo Yossef Zavin, rédacteur de l'encyclopédie talmudique s'exprimait de la façon suivante (léor haalah'a hamilh'ama page 56) : "Nous avons mérité de voir de nos jours l’Etat d’Israël indépendant , libre de joug des nations et de l'asservissement de l'exil." Pour cela il écrit également (mah'anayim 6 guillione 25) que nous avons l'obligation de réciter le Hallel, de manger un repas en l'honneur de Yom Ha'atsmaoutainsi que de se réjouir.

A retenir

Bien qu'il subsiste quelques divergences à propos de détails liturgiques (récitation du Hallel avec ou sans bénédiction...), il est clair que l'immense majorité des grands Rabbanim, Sépharades ou Ashkénazes, sionistes ou non, voient dans Yom Ha'atsmaout le début de la délivrance, un jour qu'il faut fêter dans la joie et la reconnaissance envers D.ieu.

 

NB : le livre "Shirat Hagueoula" peut être téléchargé a partir du lien suivant (en hébreu) :

img2.tapuz.co.il/forums/1_116026008.doc

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