Les Israéliens d’origine marocaine fêtent la reprise des relations tant attendue
Les membres dece groupe ethnique - ils seraient environ un million - fêtent "un rêve qui se réalise" après l'annonce de Trump
Les Israéliens d’origine marocaine ont fêté la décision prise, jeudi, par le royaume d’Afrique du nord de reprendre ses relations avec l’Etat juif, évoquant à la fois « un accord naturel » et un accord « attendu depuis si longtemps ».
« J’en ai les larmes aux yeux », a expliqué Avi Bohbot, qui habite Dimona, au site Ynet. Les parents de cet homme tout juste trentenaire ont immigré en Israël depuis le Maroc et il organise actuellement des voyages universitaires dans le pays.
« C’est peut-être la plus grande nouvelle de toute ma vie », ajoute-t-il. « J’ai des liens avec ce pays. Je suis sûr qu’il y aura des Marocains qui viendront en Israël. »
Shimon Ohayon, ancien député de Yisrael Beytenu qui est dorénavant président de l’Alliance des Immigrants marocains, a déclaré à Ynet qu’il s’était entretenu, il y a un mois et demi, avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et que ce dernier lui avait demandé de lui donner des contacts à Rabat.
« Netanyahu m’a dit qu’il ferait un effort et il l’a fait », a dit Ohayon.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son épouse Sara fêtent la Mimouna à Hadera, le 17 avril 2017. (Crédit : Ido Erez/Pool/Flash90)
« C’est un accord très naturel parce que le Maroc est connu pour être un pays entretenant des relations de sympathie avec les visiteurs israéliens. Une fois que les Accords d’Abraham ont vu le jour, il a été clair que le Maroc serait le suivant », a-t-il continué, se référant aux accords de normalisation qui avaient commencé avec les Emirats arabes unis et Bahreïn.
Les députés d’origine marocaine ont, eux aussi, rapidement laissé éclater leur joie.
Aryeh Deri, le chef du parti Shas, accueille des militants alors que les résultats des élections israéliennes sont annoncées au quartier général du parti à Jérusalem, le 9 avril 2019. (Flash90)
« Dieu a permis ce grand jour. Réjouissons-nous et soyons heureux aujourd’hui, » a commenté Aryeh Deri, ministre israélien de l’Intérieur et chef du parti ultra-orthodoxe Shas.
« Nous qui sommes nés au Maroc, nous et tous les Marocains à travers le monde, attendions depuis si longtemps ce jour », a-t-il continué dans un communiqué. Deri est né à Meknès, au centre du Maroc.
« Je suis né en Israël mais le sang du Maroc coule dans mes veines », s’est pour sa part exclamé Michael Biton, ministre des Affaires stratégiques, qui appartient au parti Kakhol lavan. « Aujourd’hui est un jour de fête pour moi ».
« J’espère retourner rapidement au Maroc pour une visite officielle – cette fois-ci en tant que ministre du gouvernement israélien », a-t-il continué.
La ministre des Transports Miri Regev (Likud) a indiqué que « des générations entières de Marocains ont rêvé de la paix avec ce pays où ils avaient vu le jour et où notre culture est si profondément enracinée. Qu’Allah nous bénisse et les bénisse ».
La ministre du Likud Miri Regev lors d’une fête de la Mimouna, le 27 avril 2019. (Crédit : Flash90)
Les origines de la communauté juive, au Maroc, remontent à il y a 2 000 ans – avec la destruction du Second temple et l’exil qui a suivi. La communauté avait atteint son âge d’or au début des années 1940 avec 250 000 membres, quand le sultan Mohammed 5 avait résisté aux pressions exercées par les nazis qui réclamaient leur déportation. Ces chiffres ont chuté lors de la création de l’État d’Israël et il ne reste aujourd’hui que 2000 à 3 000 Juifs au Maroc, mais des centaines de milliers d’Israéliens conservent la fierté de leurs origines marocaines. Jared Kushner, l’envoyé du président Trump, a établi jeudi qu’ils étaient « plus d’un million ».
La fête de la Mimouna, que la communauté célèbre traditionnellement après Pessah, est devenue incontournable dans le calendrier culturel israélien, et les politiciens font acte de présence dans les nombreuses fêtes organisées à cette occasion, dégustant des mufletas et autres spécialités marocaines.
Si les touristes israéliens n’ont commencé à découvrir que très récemment le Golfe, ils ont afflué à Rabat, Marrakech, Casablanca, Tanger et Fès via des pays-tiers depuis des années. Une fois les relations diplomatiques mises en place entre les deux pays et la programmation de vols directs, ces chiffres devraient connaître une augmentation « spectaculaire ».
Après les accords d’Oslo en 1995, le Maroc et Israël avaient ouvert des « bureaux de liaison » respectifs. Ils avaient été fermés quelques années plus tard après le début de la Seconde intifada palestinienne, en l’an 2000.
Le roi marocain Mohammed VI et le Premier ministre Benjamin Netanyahu ont évoqué les liens profonds et de longue date qui unissent le Maroc et Israël dans leurs communiqués respectifs sur l’accord historique.
Raphael Ahren a contribué à cet article.
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