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Les semaines de Shobabim des Juifs du Maroc

Les semaines de Shobabim des Juifs du Maroc

Guershon Nduwa


 

 

 

 

5 premières parachiot du livre de l’Exode qui sont Shemot, Vaera, Bo, Beshalah, Ytro et Mishpatim ont pour initiales Shobabim.

Selon le minhag des Juifs du Maroc, la période de lecture de ces chapitres de la Torah sont des semaines de jeûne.
Une allusion est amenée par le passouk « Shouvou Banim Shobabim » ‘revenez enfants égarés’ (Jérémie 3, 14), pour signifier que cette période est propice au retour spirituel par la repentance, la Teshouva. Le but de ce processus est en fait de permettre d’entrer sereinement dans l’étude de la Thora.
Ces parachiot du nom de Shobabim nous parlent de l’esclavage en Égypte, de l’exode, et du don de la Torah.

Il s’agit donc d’un processus qui passe par l’exil et la rédemption, afin d’arriver à la sagesse. Pendant la durée des semaines de « Shobabim », ce processus devient à la fois individuel et volontaire. Il s’agit d’une immersion dans un état de conscience où le physique entre en exil par le jeûne, puis dans un état de redémarrage par la prière, qui est la redemption ou l’exode, pour enfin parvenir à pouvoir recevoir, c’est à dire étudier, la Torah correctement. Cette image nous dit qu’il existe un finalité à la purification. Celle ci est l’étude. Sinon l’individu n’en finirait pas de se purifier. Après Ytro, la station finale du don de la Torah est l’étude des Mishpatim, qui sont les lois de justice sociale. La connaissance de ces lois est fondamentale pour le Judaïsme. C’est par les lois de Mishpatim, développées dans le Talmud et la Halacha, qu’est établie la Dayanout. Ce sont les lois les plus importantes dans la Thora. Le reste est une introduction indispensable à cela. Tout Beth Din fonctionne à partir de ces lois et préceptes juridiques.

Cependant il est impossible d’accéder à ce niveau d’études, sans préparations sérieuses sur le plan de la pratique spirituelle et de l’étude. Pirkey Abot est une introduction morale aux lois de Mishpatim, qui correspondent aux traités de l’ordre de Nezikim, « les dommages ». Pour pouvoir intégrer une perspective correcte des dynamiques de dommages et compensations, le peuple Juif a dû passer par l’exil total, du côté des victimes de l’injustice, ou de l’absence de principes de justice qui devraient soutenir les droits des plus vulnérables. Ensuite vient la délivrance par la prière, qui veut dire un changement radical de langage, pour affirmer où se situe le pouvoir authentique, et le différencier nettement du pouvoir tronqué et corrompu. Ce travail de détachement est spirituel, il passe par le shabbat. Ensuite vient l’espace de la sagesse, qui est un espace vivant, où les voix multiples incluant tous les membres de la communauté, sont entendues. La place au dialogue est ici fondamentale.

Apprendre la Thora veut dire apprendre les règles du dialogue, permettant à toutes les voix de s’exprimer, et d’être entendues. C’est en effet ce qui se passe à l’arrivée de Mishpatim quand, dans les premières lois des tribunaux de justice, nous apprenons qu’il est interdit d’écouter un seul côté d’une litigation, sans la présence de l’autre côté.
« Al Pi Shnaym Edim Yaqoum Dabar » Selon (un minimum de) deux témoins sera la chose établie. La délibération, est ce qui fait évoluer toute une société moralement. La preuve en est que par la jurisprudence et ses délibérations, et par l’acceptation due au respect public de la Torah, la peine de mort fut annulée il y a deux mille ans par la loi juive. Ceci à cause de la difficulté d’honorer l’exigence de la Thora sur la qualification d’un témoignage véridique. Par conséquent, à travers la lecture des parashiot des Chobabim, on passe d’un système injuste, avec un un gouvernement pharaonique qui jetait les bébés à l’eau, à un système où on ne peut pas atteindre injustement à la vie humaine. La qualité de pensée a changé. C’est ainsi que les maîtres du Judaisme Marocain nous révèlent que par les pratiques d’austérité volontaire des semaines de Chobabim, nous pouvons finalement accéder à une étude plus qualitative.

PS:  A part Shabbat où on ne jeûne pas, on peut faire des jeunes de journées jusqu’au soir, ou bien même d’heures. Ou bien même de choses comme déranger un peu ses habitudes. Ceci sans assombrir la joie, car celle-ci doit être maintenue en permanence afin que le jeûne soit validé. C’est la qualité qui compte. En tous cas, se concentrer sur le résultat, qui est accéder à une meilleure étude.

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