Share |

Médicaments contre le Covid : le point sur la recherche israélienne

Médicaments contre le Covid : le point sur la recherche israélienne (011911/21) [Analyse]

Par le Dr. Olivier Katz © Metula News Agency

 

Je vous avais entretenus au mois d’août dernier des espoirs que la médecine plaçait dans une molécule qui répond au doux nom de CD 24. Cet EXO-CD24, dont le mode d’entrée dans l’organisme se fait sous la forme d’exosomes, sortes de vésicules prélevées sur la membrane cellulaire contenant le produit actif et permettant de le déposer directement à l’endroit désiré. Par inhalation pour le poumon, par exemple, il a la faculté de traiter l’orage cytokinique à l’origine des aggravations respiratoires brutales des patients atteints de la Covid 19.

 

On est presque certain que l’essentiel de la mortalité due au SARS Cov 2 [Covid 19] résulte d’une réponse immunitaire disproportionnée de l’organisme qui survient entre le 6ème et le 10ème jour d’évolution de la maladie. Laquelle est à l’origine d’un « orage cytokinique » provoquant des atteintes respiratoires majeures et souvent létales, par destruction des cellules pulmonaires.

 

Le CD 24, étudié depuis des années par le Professeur Arbel à l’hôpital Ichilov de Tel-Aviv, avait passé avec succès les phases I et II de l’expérimentation clinique, en Israël puis en Grèce. La phase III a débuté en août, avec 155 patients, les deux tiers recevant de l’EXO-CD 24, et un tiers un placebo (préparation dépourvue de tout principe actif, utilisée à la place d'un médicament pour son effet psychologique).

 

Cette expérimentation se déroule tant en Israël, qu’aux Etats-Unis et au Brésil. Aucune information n’a encore filtré quant à l’évolution de cette expérience, mais les résultats sont attendus avec impatience pour le début de l’année prochaine.

 

Il y a actuellement une douzaine d’études engagées pour mettre en évidence l’action du CD24 et des exosomes dans le traitement du Covid 19. Visiblement, la piste semble intéressante, même si les preuves scientifiques sont lentes à obtenir. Il est cependant cité par le New York Times, sous la plume de Carl Zimmer [célèbre écrivain et vulgarisateur scientifique américain], dans un article récent recensant les produits prometteurs dans le traitement du Covid 19.

 

Tout le monde n’a pas les moyens de mener une phase III de type Pfizer, dont le coût est estimé à un milliard de dollars (environ huit-cent-quatre-vingt-cinq millions d’euros). Une expérimentation accélérée de ce type consiste notamment à recruter suffisamment de patients sur deux mois, pour obtenir à partir de 94 cas d’infection et sur la foi d’une étude intermédiaire, l’homologation d’un vaccin ARNm par la MHRA (Medicine and Healthcare Products Regulatory Agency) [ang.: Agence de Réglementation des Médicaments et des Produits de santé] en Angleterre, puis par la FDA (Food and Drug Administration) [ang.: Administration des Aliments et des Médicaments] aux Etats-Unis.

 

Toutes les sociétés pharmaceutiques ne sont toutefois pas Pfizer. Pour les autres, les laboratoires qui ne disposent pas des moyens de s’offrir une homologation accélérée, le processus est sensiblement plus long.

 

Actuellement, le seul traitement du Covid 19 approuvé sans restriction par la FDA reste le Remdésivir de Gilead, pour lequel un forcing avait été effectué en octobre 2020 avec l’aide de l’ex-Président Donald Trump. Certains produits étant rendus disponibles en raison de la situation pandémique d’urgence qui prévaut, se voyant octroyer une autorisation temporaire d'utilisation.

 

Nous avons un vaccin contre la Covid 19 (voire 5 ou 6 d’ailleurs), quel peut bien être l’intérêt d’un médicament pour combattre le Covid 19 ?

 

Et c’est là que pour comprendre, on va consulter les statistiques :

 

il y a en Israël 6,3 millions de personnes vaccinées, soit 66 % de la population (38 % ont déjà reçu 3 doses). En France 46,5 millions de personnes sont vaccinées, soit 69 % de la population (parmi les 31 % non-vaccinés, il y a les antivax… mais aussi les enfants). Mais seules 3,5 millions de personnes ont bénéficié de la 3ème dose !

 

Dans le monde 3,25 milliards de gens sont vaccinés, soit 41,6 % de la population de la planète, ce qui laisse un nombre de malades potentiels conséquent, de l’ordre de 4,5 Milliards. Et l’on sait maintenant que les personnes non-vaccinées ont 40 fois plus de risques de développer une forme grave de la maladie (d’après le Dr. Cyril Cohen, l’un des grands spécialistes du Covid 19 au niveau mondial).

 

Pour couronner le tout, on a découvert (et le Dr. Cohen l’a rappelé à plusieurs reprises) que l’efficacité du vaccin est altérée au bout de 5 mois (70% d’efficacité) et qu’au cours du 6ème mois, le taux de protection tend vers 0. A partir du 7ème mois, les personnes, souvent sans en avoir été avisées, ne sont plus du tout immunisées contre le virus.

 

Ainsi, le rappel [3ème dose] est absolument nécessaire pour toutes les couches de la population à partir de 6 mois après l’administration de la seconde injection du vaccin. Israël, dont la population était vaccinée 3 mois avant la France, a déjà entamé son nouveau cycle, mais la France renoue avec son approche segmentée, en limitant aux personnes de plus de 65 ans, atteintes de pathologies sévères, ou encore faisant partie du personnel médical, l’accès à cette troisième dose pourtant indispensable.

 

On n’oublie pas non plus que les vaccins actuels sont au mieux efficaces à 95 voire 90 %, et que le premier variant qui contournerait la voie choisie par la vaccination occasionnerait un reset complet et douloureux de nos statistiques.

 

Ce sont ces considérants qui expliquent que la vaccination, même très efficace comme c’est le cas pour le Covid 19, ne remplacera jamais l’administration d’un médicament radical contre cette pandémie ; et que l’humanité n’en sera définitivement débarrassée que lorsque la science aura isolé et vérifié la molécule idoine. C’est ce qui explique que l’on croise les doigts et que l’on observe avec un intérêt soutenu la recherche dans ce domaine, israélienne notamment.

 

Dans l’Etat hébreu, les avancées les plus prometteuses pour le moment sont les suivantes :

 

SaNOtize est un laboratoire israélien qui a mis au point une molécule utilisable par voie nasale, l’oxyde nitrique NONS, qui diminue la charge virale avec une efficacité proche des anticorps monoclonaux (le produit de référence dans le traitement du SARS Cov 2, dont l’efficacité est limitée et le coût prohibitif), pour un prix 1 000 fois inférieur. L’action de l’oxyde nitrique au niveau des voies aériennes empêche tout simplement le virus de se répliquer et d’atteindre les poumons. L’autorisation d’une prochaine mise sur le marché en urgence est envisagée au Royaume-Uni. Il est déjà disponible en Israël.

 

reg.jpg

Le Dr. Gilly Regev, PDG et cofondatrice de SaNOtize

 

Enlivex Therapeutics est le laboratoire qui a mis au point l’Allocetra, un médicament dont l’efficacité dans les formes graves a été testée à l’hôpital Hadassah à Jérusalem par le professeur Mevorach. Une étude de phase IIb est actuellement en cours en Espagne. Son mode d’action est assez proche de celui du CD 24 : il diminue l’orage cytokinique.

 

On peut également mentionner l’importante contribution des hôpitaux israéliens aux différentes études multicentriques (mises en place simultanément sur plusieurs sites) réalisées par des grands laboratoires américains. Notamment Merck et son Molnupiravir, Redhill Biopharma (entreprise israélo-américaine) et son Opaganib.

 

Enfin, il faut signaler le travail intéressant de Brilife IS, une société israélienne qui développe un type de vaccination par ARN messager - comme Pfizer et Moderna - mais qui ne fait fabriquer à la cellule-hôte que la fameuse protéine Spike [ang.: dague, pointe], la signature virale du Covid 19.

 

Après 18 mois d’évolution de la pandémie, et un an après la découverte du premier vaccin, on constate que les laboratoires pharmaceutiques anglo-saxons ont réussi des prouesses en matière de vitesse de développement et d’efficacité, et qu’Israël, une fois de plus, est resté dans la course.

 

On remarque aussi que seuls des moyens colossaux, de l’ordre de plusieurs milliards, issus du privé (pour Pfizer) ou du public (mise à disposition de l’industrie pharmaceutique par des gouvernements de plusieurs milliards) ont permis d’accomplir ces exploits.

 

Des « coups de pouce » politiques - à l’instar des autorisations d’utilisation en urgence, arrachées au forceps par les protagonistes américains -, ont rappelé aux autres que la concurrence loyale n’est pas dans le dictionnaire de la première puissance mondiale.

 

Enfin, si le monde « occidental » a rapidement pu bénéficier des traitements ad hoc (y compris par la mise à disposition de services de réanimation adaptés Covid), l’inégalité criante de traitement en fonction du lieu d’habitation a laissé sur le carreau des centaines de millions personnes. Heureusement, pour l’instant, pour une raison qui restera à déterminer, l’Afrique a été peu touchée par la pandémie.

Commentaires

Publier un nouveau commentaire

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.
CAPTCHA
Cette question permet de s'assurer que vous êtes un utilisateur humain et non un logiciel automatisé de pollupostage (spam).
Image CAPTCHA
Saisir les caractères affichés dans l'image.

Contenu Correspondant