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Pour leurs dix ans de scène, Brigitte met l'Olympia à genoux

Pour leurs dix ans de scène, Brigitte met l'Olympia à genoux

  • Par  Julie Mazuet -  Mikaëla Samuel

 

NOUS Y ÉTIONS - Sœurs, mères, femmes, filles, Brigitte a envouté la scène parisienne avec son hymne à la famille et à l'amour. Un show très poétique pour le troisième album d'Aurélie Saada et Sylvie Hoarau, Nues, sorti en novembre.

Brigitte fête ses dix ans à l'Olympia et pour ces noces d'étain le duo a choisi, cinq soirs de suite, de convoquer les hommes de sa vie. «Pas les plus sympas, met en garde Aurélie Saada (la moitié chatain de Brigitte). Ceux-là, on n'écrit pas assez de chansons sur eux.» En invoquant ces mâles, et les maux qui vont avec, le groupe parle finalement à et de toutes les femmes: les amies, les sœurs, les mères, les filles, les épouses, les maîtresses ; les rocs, les faillibles, les cabossées, les toquées… Brigitte multiple, Brigitte féerique, comme un reflet de la gent féminine, massivement présente en ce mardi 22 mai dans la salle parisienne.

Le rideau se lève à 20h54. Sylvie Hoarau (la moitié brune de Brigitte donc) et Aurélie apparaissent sur scène - où leurs musiciens les ont précédées - dans deux robes d'un blanc immaculé, signées Alexis Mabille, leur couturier fétiche. Deux sirènes qui, dès Palladium, premier titre de leur troisième album, Nues, ondulent leurs corps. Un mouvement incessant, un déhanché cadencé, qui en disent parfois bien plus que des mots.

Sur scène, Brigitte expie ses pêchés, livre ses erreurs, danse sa peine, panse ses plaies et chante ses joies. Le plateau, semé de totems, est aussi surplombé d'une énorme tête de buffle fleurie (ou bien est-ce un taureau?). Nous sommes transportés dans un saloon des Alapaches. Le public boit les paroles de La Baby doll de mon idole, Tomboy manqué, Plurielles et Big Bang. Avec les premières notes de Zelda, Sylvie et Aurélie confirment leur statut de guerrière aux sentiments en bandoulière. Puis, Hier Encore, réveille les Claudettes qui sommeillent en elles. L'Olympia est debout, l'Olympia danse avec Brigitte, Hollysiz en tête.

Le calme revient avec Ma Benz déclamé a capella sur le devant de la scène. La deuxième partie du concert vient de commencer ; plus intimiste, moins orchestrée. Sur un banc, les quatre musiciens et les deux chanteuses déroulent le doux Cœur de chewing-gum avant d'entamer leur English song. Sylvie prend sa guitare pour Mon insomnie: les tam tam martèlent dans nos têtes. Un homme siffle. «Oh, ça va, tu es tout seul» C'est vrai qu'il est isolé, ce mâle, dans la salle. Monsieur je t'aime est joué au piano par Aurélie: sans rancune?

Parfois Claudettes, parfois France Gall

Dans la famille des hommes de la vie de Brigitte, elle demande à 21h34 son papa. Intime étranger place l'émotion un cran au-dessus. Est-ce une larme qu'Aurélie essuie d'un revers de doigts avant d'introduire le titre suivant? «Il paraît qu'on reproduit les schémas. Ma mère est psychanalyste, ça ne m'a pas empêché de reproduire les schémas, hein maman?». Puis, des sanglots dans la voix, elle précise: «Cette chanson est pour le père de mes filles.» Carnivore, dans ce contexte, prend aux tripes.

Sans transition, la troisième et dernière partie du concert commence par La Morsure. Le band est de retour, les chorégraphies aussi. Après son hommage aux attentats de Paris, Brigitte sauve sa peau. La salle attendait cette déclaration à la France Gall. Un interlude musical plus tard, À Bouche que veux-tu et Oh La La remettent le public sur ses pieds. Avec Battez-vous, il est en transe.

Pour le rappel, Brigitte se meut en louve puis en mère poule. Un jour sans, raconte Aurélie, sa fille d'environ trois ans lui demande: «Maman, tu n'as peur de rien, toi?» Elle répond non, bien sûr que non. Parce que, que pouvait-elle répondre d'autre? Ce «gros coup de pied au cul» l'incite à écrire Le Goût du sel de tes larmes, ode à ses filles autant qu'aux nôtres. En se tenant par la main, le duo malaxe nos cœurs de petites filles devenues mères à leur tour. «Le monde est fou, mais il en vaut la peine.» Pas vrai?

Et comme personne n'a véritablement envie de partir, Brigitte s'offre un bain de foule sentimental à 22h35. Des confettis blancs arrosent les spectateurs de la fosse, priés de s'asseoir pour un dernier tour au Palladium. En se mettant à nues, c'est nous que Brigitte parvient à mettre à poil. En quittant la salle, on se dit qu'au moins, on a pleuré et qu'on pissera moins cette nuit.

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