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Présidentielle américaine : Axelrod, l'homme qui a fait Obama

 

Présidentielle américaine : Axelrod, l'homme qui a fait Obama

 

J - 30. Sous ses airs bonasses se cache un redoutable conseiller. Cheville ouvrière de l'élection de 2008, 2012 est sa dernière campagne.

Ne vous fiez pas à son air de Droopy mélancolique. David Axelrod, c'est plutôt l'inspecteur Columbo. Il a l'air inoffensif avec ses vestons fripés et ses cravates pleines de taches. Mais, derrière l'allure benoîte, le stratège de campagne de Barack Obama est un coriace qui ne lâche jamais sa proie. Mitt Romney en sait quelque chose. Depuis des mois, il l'attaque sans relâche avec des pubs au vitriol.

Axelrod, c'est l'homme du président, mais c'est aussi l'homme qui a fait le président. Personne n'a joué un rôle aussi important dans l'ascension politique de Barack Obama. Les deux hommes se rencontrent pour la première fois en 1992 à Chicago et sympathisent tout de suite. En 2004, Axelrod accepte de l'aider à briguer un fauteuil de sénateur. C'est lui encore qui orchestre une campagne quasiment sans faute en 2008 qui propulse Obama, alors illustre inconnu, à la Maison-Blanche.

Gourou

Ce juif new-yorkais, fils d'une journaliste et d'un psychologue, découvre la politique à cinq ans, en 1960, lors d'un meeting électoral de JFK. Il raconte qu'il a été "fasciné" par la "magie" de la scène et du personnage. À 13 ans, il distribue des tracts pour la campagne de Robert Kennedy. Après l'université de Chicago, il est embauché comme journaliste au Chicago Tribune. Très vite, il devient une vedette du service politique. Mais Axelrod ronge son frein. En 1984, il démissionne pour participer à la campagne d'un sénateur démocrate. Plus d'un quart de siècle plus tard, il est devenu un vrai gourou politique. Il a monté sa propre boîte de communication, AKPD (dont il a démissionné depuis), a travaillé pour des centaines d'hommes politiques, dont Hillary Clinton en 2000 lors de sa candidature au Sénat, John Edwards pour la présidentielle de 2004, et beaucoup de Noirs. Sa recette ? Bâtir la campagne sur la vie et la personnalité du candidat. Car le message, même brillant, ne passera pas, estime-t-il, s'il ne reflète pas l'homme. Or, avec Barack Obama, il tient une biographie de choc.

Il a aussi un flair indéniable pour saisir les tendances. Il est l'un des premiers à avoir compris et utilisé le microciblage, les réseaux sociaux, postant des vidéos sur YouTube et organisant une énorme mobilisation par Internet. Parfois, tout de même, il se trompe. Il a sous-estimé, par exemple, le sérieux impact des sermons incendiaires du révérend Wright, le pasteur d'Obama, dans la campagne de 2008

Idéalisme

À 57 ans, ce grand type à moustache dénote dans l'univers des conseillers politiques. Calme et courtois, il n'a pas le côté cabotin et je-sais-tout de ses confrères. Il a aussi gardé un brin d'idéalisme, chose rare dans ce milieu plutôt cynique. "Je crois qu'il y a de la noblesse dans la politique. Je crois qu'il y a beaucoup de bien à faire", confiait-il un jour. Qu'on ne s'y trompe pas : Axelrod sait à l'occasion manipuler les médias, a travaillé pour des candidats pas très purs et fait du lobbying pour toutes sortes d'entreprises.

Après la victoire de 2008, il devient conseiller d'Obama à la Maison-Blanche. Un titre vague qui cache une énorme influence. Il est l'oreille et la voix du président. Il a peaufiné le message sur la réforme de la santé, le plan de relance, fait la promotion de l'administration inlassablement dans les médias. Début 2011, il rentre à Chicago pour décompresser, retrouver sa famille, dont sa fille handicapée mentale, et préparer la campagne de réélection. 

Dernière campagne

De nouveau, il a la main sur tout, la stratégie, la création des pubs, la rédaction des discours... Mais le message a évolué. Finis le changement et l'espoir. Cette fois, l'objectif est de dézinguer l'adversaire et tous les coups sont permis. Ce n'est pas pour rien qu'on le surnomme "Axe" (la hache en anglais). C'est Axelrod qui est derrière les attaques qui accusent Romney d'être un capitaliste sans coeur, de cacher ses revenus en Suisse, d'avoir licencié des milliers de gens...

Va-t-il arriver à faire réélire son poulain ? Mystère, mais une chose est sûre, il n'a jamais été aussi motivé. Parce que, dit-il, c'est sa dernière campagne.

 

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