Share |

RAPHAËL ENTHOVEN : UN DISCOURS REMARQUABLE AU TROCADÉRO

RAPHAËL ENTHOVEN : UN DISCOURS REMARQUABLE AU TROCADÉRO

 

Je ne suis pas venu vous parler du droit.

Fallait-il ou non juger le fou? Je ne sais pas.

Je ne suis pas juriste.

J’ai mon idée là-dessus, mais je laisse à d’autres le soin d’y répondre.

Ce que je sais en revanche, c’est que ce n’est pas parce que l’homme n’est pas jugé qu’il n’y a pas eu de crime! Et les gens qui se servent de la Cour de Cassation pour dire qu’on peut passer à autre chose sont des salauds.

En vérité, je suis venu dire 3 choses:

1) L’antisémitisme n’est pas soluble dans la folie. Si fou soit-il, l’assassin de Mme Halimi est d’abord antisémite. Et ce n’est pas la drogue qui rend antisémite, ni la bouffée délirante. Non. C’est l’environnement! L’assassin a vécu dans un environnement où on lui a appris à détester les juifs, à en faire des diables et à considérer que leur disparition est un bienfait. L’assassin n’ignorait rien de la religion de sa victime: c’était sa voisine, et sa propre sœur l’avait accueillie en crachant par terre aux cris de «sale juive». Peut-être l’assassin est-il fou mais alors sa folie n’est que le reflet de la haine où il a grandi. L’islamisme et l’antisémitisme frénétique qui gangrènent certains lieux de la République sont les vrais assassins de Mme Halimi. Et ceux-là, les vrais coupables, courent toujours pendant qu’on pleure.

2) Il est insupportable d’entendre systématiquement dire que les tueurs de femmes juives sont d’abord fous, que les agresseurs de juifs dans la rue sont d’abord des déséquilibrés, ou que les tueurs de Charlie Hebdo ont d’abord eu une enfance difficile. Dire ça, c’est esquiver la réalité dans ce qu’elle a de pire. Dire ça, c’est esquiver la haine. Dire ça, c’est pratiquer le déni. Et le déni tue, lui aussi. Alors il faut remettre les choses dans l’ordre. Quand on tue des juifs, on est d’abord antisémite et ensuite on est fou.

3) Contrairement à ce que disent certains élus, ce crime n’est pas seulement l’affaire de la communauté juive, mais bien l’affaire de la communauté nationale! Et la communauté nationale n’est pas une addition de chapelles plus ou moins concernées selon la catastrophe! Ce crime n’est pas le drame des juifs, c’est le drame de la République. C’est la tragédie de la France. «Pas un Français, écrit Sartre à l’issue de ses Réflexions sur la question juive, ne sera en sécurité tant qu'un juif, en France et dans le monde entier, pourra craindre pour sa vie.»

Commentaires

Publier un nouveau commentaire

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.
CAPTCHA
Cette question permet de s'assurer que vous êtes un utilisateur humain et non un logiciel automatisé de pollupostage (spam).
Image CAPTCHA
Saisir les caractères affichés dans l'image.

Contenu Correspondant