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Interview avec la fondatrice de «Golda», le premier magazine israélien distribué au Maroc : « Le Maroc est le phare du Maghreb »

 

A la faveur de la reprise des relations diplomatiques avec l’Etat hébreu, le Magazine israélien Golda fait son entrée au Maroc. Entretien avec sa fondatrice.

 

- Qu’est-ce qui a motivé la création du nouveau magazine GOLDA ?

- Depuis 3 ans, Golda Magazine existe en Israël. J’avais remarqué à l’époque que les magazines féminins étaient exclusivement des magazines consacrés à la Mode. Je rêvais de créer un magazine glamour plus profond, qui couplerait les sujets de Société aux sujets Beauté. Je voulais qu’on parle des femmes fortes et charismatiques qui font ou ont fait avancer la cause féminine. Forte de son succès, Golda s’est exportée en 2021 en France, à Dubaï dans une version anglaise et au Maroc.

Mon deuxième rêve s’est réalisé : il existait enfin un magazine qui parle de la femme orientale dans son ensemble, sans distinction de religion ou d’origine. Je suis Marocaine, mon père vient de Casablanca et ma maman d’Essaouira (anciennement Mogador) et il me tenait à coeur de créer un magazine dans lequel toutes les femmes comme moi s’y retrouvent, qu’elles soient juives ou musulmanes.

- Pourquoi le nom « GOLDA » ?

- Golda est un hommage à la seule et unique femme élue Première Ministre en Israël en 1969, Golda Meïr. Une avant-gardiste dans un monde patriarcal. Impressionnante et avide de paix, elle n’a pas hésité à se déguiser en femme arabe pour aller négocier des accords avec le Roi de Jordanie. Ben-Gourion disait d’elle que c’était le seul homme de son Gouvernement. Femme de caractère, femme forte, la définition d’une Golda.

Je souhaitais rendre hommage à toutes les femmes fortes du monde quelle que soit leur origine. La première couverture d’ailleurs n’a pas été choisie au hasard, Negzzia, mannequin iranienne et musulmane nous a fait l’honneur d’être notre première Golda. Chez nous, toutes les femmes sont précieuses, il n’y a pas de distinction de religion.

- Le 25 avril 2021 est née une édition Maroc. Quel bilan en tirez vous ?

- J’en tire un bilan très prometteur. Ce n’est que le début d’une longue histoire si Dieu veut. C’est la première fois que la ligne éditoriale d’un magazine parle de toutes les filles d’Abraham. La femme orientale dans son ensemble. Par ailleurs, je suis très fière d’annoncer que Golda, à partir du prochain numéro, va être le premier magazine Lifestyle international en ligne 100% interactif grâce à Marevue.fr qui nous a sélectionné. En plus de la version papier, la version en ligne donnera accès à plein de contenus additionnels qui vous emmèneront dans les coulisses de notre Rédaction.

- Le magazine est disponible en France, en Israël, à Dubaï et au Maroc. C’est vrai que c’est assez précoce mais comment le public cible a-t-il accueilli le produit, au Maroc notamment ?

- Au Maroc, le magazine est distribué jusqu’ici dans les grands hôtels uniquement, mais bientôt il devrait être distribué dans tous les kiosques. Les premiers retours qu’on a reçus du Maroc sont très positifs et mêlés de curiosité et de bonheur. Ce qui a été mis en avant, c’est le côté très glamour, très classe du magazine. Les Marocaines sont fières et flattées qu’on parle d’elles et du Maroc dans le monde et que la culture marocaine y soit répandue partout ailleurs.

Elles sont aussi heureuses et agréablement surprises de voir que les juives marocaines en Israël ont gardé cet attachement à leur pays, à ses traditions et à sa mentalité.

- Un mot sur le tourisme israélien au Maroc et sur l’attachement des juifs marocains à leurs origines ?

- Le Maroc et Israël ne réalisent pas le séisme qui va se produire à partir du 25 juillet. Pour la première fois, des vols directs auront lieu entre les deux pays ! Tous les billets d’avion sont déjà vendus. Déjà avec les Emirats Arabes Unis, depuis l’ouverture des vols, des milliers d’israéliens ont afflué à Dubaï, pays avec lequel nous n’avions pourtant pas spécialement d’attachement historique ou culturel particulier.

A fortiori avec le Maroc, les échanges vont être incroyables tant en termes culturels, sociaux qu’économiques ! Les cartes du Moyen-Orient se redessinent et c’est ma plus grande joie et celle de Golda ! Quant à l’attachement des juifs marocains à leurs origines, je pense à une phrase de feu Sa Majesté le Roi Hassan II qui a déclaré en 1992 quand les juifs marocains sont partis vivre en Israël : “Peu de pays peuvent se vanter d’avoir, comme le Maroc, 750.000 fils comme ambassadeurs en Israël”.

Aujourd’hui, on reste Marocains avant tout, on a gardé nos coutumes, notre cuisine mais surtout notre amour pour le Maroc. Je voulais à cette occasion honorer la décision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI de faire inscrire le patrimoine juif dans le programme scolaire marocain. Je considère que le Maroc est le phare du Maghreb, une lumière parmi les nations et un vrai modèle de coexistence.

- Quelles sont les ambitions de «GOLDA» ?

- L’ambition du magazine est de créer une passerelle entre tous les pays des Accords d’Abraham et plus encore. Entre le Maroc et Israël, on a déjà une collaboration avec l’AFEM qui réunit des cheffes d’Entreprise marocaines. J’ai eu un véritable coup de foudre pour la présidente Leila DOUKALI et Djemila BERRADA. Entre Marocaines, on s’est tout de suite comprises.

On est actuellement en train de préparer un voyage pour créer des partenariats avec plusieurs Start-ups israéliennes grâce à Valérie ZARKA de « More than Digital » et faire découvrir Israël. Voyage d’échanges professionnels mais surtout voyage de plaisance entre Marocaines. J’ai hâte qu’elles viennent, qu’on fasse la fête et qu’on visite le pays ! Enfin, mon rêve ultime c’est qu’une cérémonie officielle soit organisée en Israël pour remettre une médaille au Roi Mohammed VI.

La médaille de Juste parmi les Nations qui a été attribuée à son grand-père à titre posthume, feu Sa Majesté le Roi Mohammed V qui a héroïquement protégé les juifs de son pays face aux nazis pendant la Shoa en déclarant « Il n’y a pas de citoyens juifs, il n’y a pas de citoyens musulmans : il n’y a que des Marocains ».
 

Au Maroc, le magazine est distribué jusqu’ici dans les grands hôtels uniquement, bientôt il devrait être distribué dans tous les kiosques.

- Par ailleurs, quelle place est accordée au féminisme dans votre magazine mensuel ?

- Selon moi, une Golda ne représente pas du tout le féminisme à l’occidental. Le troisième Millénaire sera celui de la femme orientale qui veut à la fois s’émanciper et garder ses coutumes. En tant que Marocaines, nous sommes attachées à nos valeurs. La femme occidentale rejette tout pour s’émanciper, tandis que la femme orientale essaie d’avancer sans renier son passé. Les orientales sont belles, pulpeuses, modernes et traditionnelles. Elles sont les plus belles femmes du monde et jouent de leur féminité. C’est un féminisme avec les hommes, pas sans eux.
 

Recueillis par Safaa KSAANI

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