Ch’ha et le perroquet
Ch’ha voit un jour au marche un homme vanter les merites d'un perroquet au
plumage multicolore :
- Achetez mon oiseau des îles, regardez ses couleurs rouge, vert, jaune, bleu,
et en plus il parle, il repete tout ce qu'on lui dit!
Il attire une foule autour de lui, mais personne ne peut
l'acheter, car il est trop cher.
Le lendemain, Ch’ha vient au marche muni d'un dindon tout noir au bec rouge.
Lorsqu'il annonce le prix, tout le monde s'etonne, car il demande encore
plus cher que le prix de l'oiseau exotique de la veille.
- Ch’ha, demande un des curieux, esperes-tu vraiement vendre ton dindon a ce
prix, alors qu'on peut acheter ailleurs mille dindons pour la meme somme ?
- Si l'oiseau d'hier on demandait cinq mille dirhams, mon dindon vaut bien les
dix mille dirhams que j'en demande!
- Mais l'oiseau d'hier etait extraordinaire, et puis il parlait.
- Justement, mon dindon fait beaucoup mieux, lui!
- Que fait-il mieux?
- Il pense!
Ch’ha et le riche du village
Il y a le riche du village qui est malade et tout le monde va le voir chez
lui, pour avoir de ses nouvelles.
Parmi tous les commerçants il y a Ch’ha et tout le monde autour de son lit lui
souhaite un prompt retablissement et une tres bonne sante.
Parmi la foule quelqu'un s'ecria: "je ne vois plus Ch’ha pourtant il etait
avec nous".
Alors le malade se leve prend sa canne et va voir si Ch’ha n'est pas dans la
chambre d'a cote et tout le monde le suit.
Et Ch’ha etait la effectivement, tambourinant sur le coffre fort et lance :
"ça va la sante vivement que tu te retablisses!!".
Alors le malade lance a Ch’ha : "mais mon ami tu es fou, tu parles avec le
coffre fort??"
Et Ch’ha de repondre : "mais mon ami ils sont tous venus pour ton coffre pas
pour toi alors moi je vais directement au coffre".
Ch’ha et le corbeau
La femme de Ch’ha s'est rendue a la riviere pour y laver son linge. Ch’ha,
qui l'accompagne, se charge de tendre entre les arbres le fil ou ils le
feront secher. Soudain, un oiseau noir surgit du ciel et, emporte le morceau
de savon dans son bec.
- Maudit voleur! s'ecrie-t-elle. Ch’ha, tu as vu ce corbeau ? Il m'a pris mon
savon.
- Laisse donc, fait Ch’ha, c'etait une colombe.
- Une colombe ? Toute noire ?
- Justement! Elle a encore beaucoup plus besoin que nous de se laver.
Ch’ha vend des anes
Ch’ha s'est mis a vendre des anes au marche. Il proposait des anes
magnifiques, tres bien entretenues et si peu cheres qu'aucun de ses
collegues ne pouvait le concurrencer.
Un jour, l'un d'eux vient le voir :
- Ch’ha, je suis vraiement intrigue par tes prix imbattables. Comment tu fais
? Moi, je vole le fourrage, je paie tres mal mes garçons d'ecurie et
pourtant je ne reussis pas a vendre moins cher que toi! As-tu un secret?
- J'en ai un, lui confie Ch’ha, et je vais te le dire, tout a fait entre nous
: moi, les anes, je les vole.
La logique suivant ch’ha
Un jour Ch'ha, qui etait un grand voyageur, arrive dans un village. Il se
rend a la place du marche et se met a l'endroit ou se tiennent les gens qui
ont quelque chose a dire et qui souhaitent se faire entendre. Lorsque tout
le monde l'entoure et fait silence il demande a la foule :
- Savez-vous
pourquoi je suis ici et ce que j'ai a vous dire ?
La foule repond :
- Non.
- Sachez que je
deteste les ignorants, je ne vous dirai donc rien ! dit Ch'ha tres en colere
avant de s'en aller.
Le lendemain il
revient dans le meme village et se remet au meme endroit.
- Savez-vous
pourquoi je suis ici et ce que j'ai a vous dire ?
Cette fois-ci la
foule repond :
- Oui !
- Sachez que je ne
supporte pas ceux qui pensent tout connaître, je ne vous dirai donc rien !
Et Ch'ha laisse a
nouveau les badauds eberlues.
Le troisieme jour
Ch'ha revient a nouveau et se met comme les jours precedents au meme
endroit.
- Savez-vous
pourquoi je suis ici et ce que j'ai a vous dire ?
Cette fois, les gens
ne savent plus trop que repondre. Alors certains repondent "Oui" et d'autres
"Non"...
- Fort bien, dit
Ch'ha, c'est mieux... Puisque c'est ainsi ceux qui savent n'ont qu'a le dire
a ceux qui ne savent pas !
Et il quitte
definitivement le village...
Le chien de Ch’ha
Le voisin de Ch’ha en a assez : le chien du Ch’ha aboie sans arret toute la
nuit et empeche tout le monde de dormir. Il vient s'en plaindre.
- Je comprends tres bien que tu sois incommode, lui repond Ch’ha, mais moi
aussi, figure-toi, j'ai besoin de dormir et je ne peux quand meme pas rester
debout toute la nuit aboyer a sa place.
Ch’ha a perdu ses cles
Un jour, un homme trouve Ch'ha en pleine nuit, a quatre pattes, cherchant
quelque chose dans le halo de lumiere d'un lampadaire.
- Tu as egare
quelque chose ? lui demande-t-il.
- Oui, j'ai perdu
mes cles, repond Ch'ha sans meme lever la tete.
- Et ou les as-tu
laissees tomber ?
- La-bas, dit Ch'ha,
en designant un porche obscur.
- Mais pourquoi les
cherches-tu donc ici, alors que tu les as perdues ailleurs ? C'est stupide !
- Pas si stupide que
ça ! repond Ch'ha, je prefere les chercher la ou il y a de la lumiere !
Ch’ha a des dettes
Ch’ha etait repute d'etre lourdement endette. Pourtant, au lieu d'avoir
l'air tourmente, il est toujours joyeux et insouciant.
- Ch’ha, lui dit un jour un ami bien intentionne, je crois que tu ne te rends
pas exactement compte de ta situation.
- Je m'en rends tres bien compte, au contraire.
- On ne dirait pas! Avec toutes les dettes que tu as!
- Justement! Je suis vieux et chaque jour que Dieu fait me rapproche de la
prescription.
La question de Ch’ha
Un jour Ch'ha etait chez lui, en train de preparer un Tajine sur le feu. Une
fois le plat rechauffe, il le retire du foyer et verse un seau d'eau pour
eteindre les flammes.
Pshhhhh...
Ch'ha reste interdit, comme si c'etait la premiere fois qu'il
remarquait la fumee et le bruit produits aux contact de l'eau sur le feu.
Il se precipite hors de chez lui et se rend a l'autre bout du village ou
habite un vieillard repute pour sa grande sagesse. Ch'ha deboule dans la
cuisine, ou l'homme venerable est assis a attendre que son Tajine soit
chaud. Ch'ha prend le plat, le renverse par terre et jette de l'eau sur les
flammes pour les eteindre. Pshhhhhh...
Ensuite il se retourne vers le sage :
- Dis-moi, noble sage, j'ai une question veritable a te poser. Peux-tu me
dire, de l'eau ou du feu, lequel a produit la fumee et le bruit ?
Le vieil homme s'assoit un moment, regarde Ch'ha, puis son repas repandu sur
le sol...
Enfin il se leve et assene une gifle retentissante sur la joue de Ch'ha :
- Dis-moi, Ch'ha, j'aimerais d'abord que tu repondes a ma question. De ma
main ou de ta joue, laquelle a produit le bruit que tu viens d'entendre, et
la douleur que as ressentie ?
Arielle
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