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LA LEPRE AU MAROC

LA LEPRE AU MAROC
04 décembre 2004, 15:57
SI JE VOUS PARLE, AUJOURD'HUI DE LA LEPRE, C'EST QUE J'AI CONNU , UNE FAMILLE DE LEPREUX, QUI ETAIENT ASSIS, AU ROND POINT SHELL AVANT DE TOURNER A LA RUE DUPLEIX, ET JE LES RENCONTRAIS , LORSQUE J'ALLAIS ACHETER MON PAIN A LA BOULANGERIE, QUI SE TROUVAIT SUR CE ROND-POINT LA VUE DE CES GENS, SANS DOIGTS, ENTRAIN DE DEMANDER L'AUMONE, PIEDS NUS, ET A MOITIE COUVERT AVEC DES GRANDS HABITS, A BOULVERSEE MON JEUNE AGE J'AVAIS 10-11 ANS.

Reportage au Centre national de Léprologie, à Casablanca
La maladie des pauvres

La lèpre, “maladie sociale” qui naît essentiellement du manque d’hygiène et de la sous-alimentation, demeure entourée de beaucoup de préjugés et de superstitions. Une visite au Centre national de Léprologie démontre qu’on peut facilement la guérir, si on la dépiste à temps.

Elle tend son bras, soulève la manche de sa chemise. Elle est charmante et adorable. Mais ce beau visage est pourtant rongé par la crainte, celle d’un terrible diagnostic qui ne tardera pas à tomber. Il y a de quoi s’inquiéter parce que, entre le coude et l'épaule, une petite auréole se dégage. Une minuscule partie insensible au toucher. Cela fait environ deux mois que la tache a fait son apparition. Pas de doute, il s’agit de la lèpre.
Fatiha, 25 ans, apprend le diagnostic en ce matin de janvier, dans la petite salle de consultation du Centre national de Léprologie, situé à Ain Chok, à Casablanca. Pour elle, c’est presque une confirmation, peut-être une délivrance. À Taza même, sa ville natale d’où elle n’est jamais sortie, elle savait déjà ce qui l’attendait.
Quelques jours avant qu’elle vienne à Casablanca, c’est le Centre régional de diagnostic de Taza qui avait fait le dépistage. Cette inquiétude est cependant teintée d’espoir. Parce que, en réalité, Fatiha, en apprenant sa maladie par la bouche de son médecin traitant, emprunte le chemin de la guérison. Cette terrible infection se soigne, à condition d’être dépistée très tôt. Sa maladie sera guérie après trois mois de traitement gratuit à base d'antibiotiques. D'autres ont eu moins de chance qu’elle.

Séquelles

Sous l’ombre d’un arbre, Fatima 42 ans, soignée il y a cinq ans, montre une main amputée de son pouce et des doigts atrophiés. Son visage est tout boursouflé. On ignore à quoi elle ressemblait avant d’attraper la lèpre. Atteinte depuis une dizaine d’années, elle ne s'est soignée que très tard: «Dans ma famille, on m'a dit de ne pas aller à l'hôpital, que la maladie était incurable et qu'on brûlait les mains». Issue de la région montagneuse du Rif, Fatima a vu sa peau se transformer et ses muscles fondre. Bien que l’évolution de la maladie ait été stoppée, puis guérie, elle en gardera à jamais les séquelles. Les marques du bacille de Hansen, germe causant la maladie, sont indélébiles. Elle en est la preuve.
Un peu plus loin, des enfants, eux aussi atteints par cette maladie à la fleur de l’âge, se préparent à quitter le centre dans une grande explosion de joie. Ils ont entre cinq et quinze ans. Ils s’apprêtent à rentrer chez eux pour passer l’Aid en compagnie de leurs familles. Cette sortie ne durera qu’une semaine, car ils devront reprendre les cours dans leur école, située à quelques pas de l’hôpital

En effet, la lèpre a toujours fait peur depuis l’aube des temps. Il y a une dizaine d’années, quand on évoquait cette maladie, les gens pensaient directement aux mutilations catastrophiques qu’elle entraîne. C’est la raison de l’exclusion des malades lépreux par la société.
Si la maladie n’a plus la gravité d’autrefois, la mentalité des gens n’a pas forcément suivi. Dans les alentours de ce centre même, l’avis de certains sur la lèpre équivaut à une malédiction divine: «Les lépreux sont dangereux pour les gens normaux. Ils transmettent leur maladie partout où ils sont. On devrait les enfermer loin de la ville pour protéger la société de leur mauvais sort», dit un voisin du centre, sûr de son fait.

Pourtant, la lèpre n’est plus une maladie terrifiante, comme c’était le cas par le passé. Elle guérit actuellement, en quelques mois de traitement, grâce à une poly-chimiothérapie moderne. Le lépreux n’est plus rejeté et marginalisé comme au Moyen-Âge. Les léproseries des temps passés, sortes de prisons pour lépreux, n’existent plus.
La dignité des patients est respectée. Le climat de compréhension et de tolérance qui règne dans ce centre en est le plus grand témoin.
Les médecins et les infirmiers sont en parfaite entente avec les malades. Ces derniers sont mis en confiance. Ils communiquent parfaitement et expriment la volonté de guérir.
Pour un responsable du centre, «la lèpre est une maladie comme les autres parce qu'elle se soigne, mais c'est une maladie «spéciale», parce qu'elle est sociale. Elle entraîne l'exclusion des personnes atteintes, qui sont condamnées à se cacher ou vivre de mendicité.»
Le traitement moderne guérit la lèpre en peu de temps, et les patients sont entièrement pris en charge par le ministère de la Santé. Les ONGs sont tout autant impliquées dans la lutte contre cette maladie. L’Association marocaine d’Application Agricole et de Formation (AMAAF), est un bon exemple. Elle assure une assistance sociale notable aux malades et à leurs familles.
L’AMAAF contribue également à l’alphabétisation des malades et assure leur réinsertion sociale après la guérison, pour une formation professionnelle appropriée. D’autres organisations internationales ont également consenti beaucoup de sacrifices dans cette lutte, telles l’OMS et l’ALES.
Les indéniables progrès enregistrés ces derniers temps pour la lutte contre cette maladie au Maroc nous rassurent, nous confortent et nous indiquent que nous sommes sur la bonne voie pour en finir définitivement avec cette maladie sociale. Cette situation exige de nous tous de demeurer vigilants et de redoubler d’effort; de tolérance, surtout.
Re: LA LEPRE AU MAROC
05 décembre 2004, 09:14


LES LEPREUX TISSEURS DE TAPIS.

L’Hôpital d’Aïn Chock voit le jour à Casablanca en 1966. Une fois le travail d’urgence médicale effectué, les bénévoles mettent en pratique une nouvelle thérapeutique de rééducation des doigts, basée sur la tapisserie au point.



Cette thérapeutique suggérée par le Professeur Rollier, au vu du travail d’Elisabeth Désveaux fondé sur un savoir-faire ancestral, a été élaborée progressivement. La pratique permet de stimuler et d’assouplir efficacement les doigts contractés et abîmés par la maladie.



Plus de 30 ans après, l’accueil et le suivi du travail de tapisserie effectué à domicile ont toujours lieu dans une salle de l’hôpital où d’anciennes patientes sont devenues monitrices.



De nombreux lépreux, quoique guéris, ne sont plus les bienvenus dans leur famille. Beaucoup de femmes se retrouvent isolées. Pour lutter contre cette exclusion, grâce à des dons divers et à leur travail, ces femmes et ces hommes ont pu acquérir des maisons situées près de l’hôpital.



Ainsi, les monitrices peuvent se loger dignement et poursuivre leur travail de formation et d’éducation en toute indépendance.



Ces structures permettent aussi d’accueillir les ouvrières de passage, venues parfois de très loin, et d’assurer les contacts ainsi que le suivi médical des anciens malades et de leur famille.



Aujourd’hui, l’atelier a atteint ses objectifs.



A l’issue des cinq années de formation, certains anciens malades sont devenus de véritables artistes aux qualifications étonnantes, comme en témoignent les œuvres présentées en photo sur cette page. Ainsi, ce qui au départ n’était qu’une technique d’ergothérapie est devenu une véritable formation professionnelle débouchant sur un métier hautement qualifié.
Re: LA LEPRE AU MAROC
05 décembre 2004, 09:17
Les lépreux ont toujours été l’objet de ségrégation.

La lèpre, maladie connue depuis l’antiquité, sévit encore dans plusieurs régions du monde, dont le Maroc. Certes, cette maladie infectieuse et contagieuse est en nette régression mais il n’en demeure pas moins vrai que le nombre des lépreux dans le monde reste encore élevé. 800.000 cas selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). L’Afrique noire occupe le deuxième rang après l’Asie en terme de prévalence de la lèpre (10 pour 10.000 habitants).

Selon l’OMS, les personnes handicapées par la lèpre sont actuellement estimées à 2 millions. L’organisation estime que la lèpre devient un problème de santé publique dans un pays ou dans une zone lorsque son taux de prévalence est au moins supérieur à 1 cas pour 10.000 habitants. Au Maroc, la lèpre sévit surtout dans les régions rurales montagneuses enclavées et touche particulièrement les populations à bas niveau socio-économique. Les régions les plus touchées sont Sidi Kacem, Larache et Chaouen.


Régression

Le nombre des lépreux suivis par des soins dans le pays s’élève à 800 cas. Selon des statiques du département de la Santé, l’incidence cumulée est passée de 0,80 pour 100.000 habitants en 1981 à 0,32 en 1999.

La prévalence est passée de 32 pour 100.000 habitants à la fin de 1990 à 3,82 pour 100.000 habitants en fin de 1999. Constat: La lèpre est donc en nette régression. Mieux : Le Programme national de Lutte contre la Lèpre (PNLL) prévoit l’éradication totale de cette maladie d’ici 2010. Pour rompre la chaîne de transmission de la maladie, ce programme a mené sur le terrain 55 enquêtes régionales et nationales de dépistage de masse. Des enquêtes qui ont intéressé de 1972 à 1998 près de 600.000 personnes.

L’unique hôpital spécialisé dans le traitement de ces malades est le Centre National de Léprologie à Casablanca, lequel centre accueille actuellement 110 patients. Les patients du centre sont à 90% des adultes et à 70% de sexe masculin.
Des enfants figurent aussi parmi par cette population lépreuse. Ce qui explique l’existence d’une classe d’enseignement fondamental. Initié en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale, ce programme vise à assurer une scolarisation normale et régulière à ces enfants touchés par la maladie. Ce centre qui existe depuis 1962 a enregistré durant l’année 2001, 74 nouveaux cas de lèpre.


Surveillance

Chacun de ces patients nécessite obligatoirement une hospitalisation de trois mois. Durant cette période, les malades subissent un traitement de polychimiothérapie. C’est seulement après ces mois d’hospitalisation, que le patient suit une monothérapie avec surveillance de deux à cinq ans. Ce traitement révolutionnaire à base de polychimiothérapie n’a commencé à être appliqué au Maroc que depuis 1982 et depuis lors, il n’y a pas eu de cas de récidive. C’est un traitement accessible à tous les malades et il ne coûte que 600 Dirhams par an. Au Maroc, il est fourni gratuitement par le ministère de la Santé.

Cette prise en charge par l’Etat est aussi soutenue par des ONG comme L’aide aux lépreux Emmaüs-Suisse (ALES).
Une ONG suisse qui couvre 120 projets dans le monde. Présente depuis1964, cette ONG a toujours apporté son appui au programme national de lutte contre la lèpre dans les domaines de la formation, de la logistique et de l’équipement médico-technique.

Un Programme qui est également soutenu par l’OMS. Du côté marocain, l’ONG la plus active en ce domaine est l’Association Marocaine d’Application Agricole et de Formation.

Elle appuie en effet ce programme par de multiples actions telles l’alphabétisation des malades lépreux, la gestion des ateliers de formation professionnelle des malades et l’acquisition des prothèses et appareillages nécessaires aux opérations chirurgicales ainsi que des médicaments. Grâce à l’action de ces ONG, le programme national de lutte contre la lèpre se voit renforcé et ne peut qu’aboutir à son objectif principal à savoir l’élimination d’ici 2010 de la lèpre.

Mais il n’en demeure pas moins que cette maladie suscite encore une crainte superstitieuse et d’aucuns continuent encore à considérer le lépreux comme impur, répugnant, victime d’une malédiction susceptible de propager le mal.

Cette peur inspirée par la lèpre pouvait se comprendre à une époque où cette maladie n’était pas curable. Une époque au cours de laquelle les lépreux faisaient l’objet de ségrégation. Pis, ils étaient groupés en dehors des villes dans les «Harats» comme c’était principalement le cas à El Jadida et à Marrakech. La vérité c’est que non seulement cette maladie est curable mais aussi pas très contagieuse comme elle semble en avoir la réputation. D’ailleurs, les responsables du centre national de léprologie assurent que depuis l’ouverture de cet hôpital, aucun cas de contagion du personnel médical ou paramédical en contact direct avec les patients n’a été signalé.

Aujourd’hui, grâce au traitement efficace qui guérit en quelques semaines et à une meilleure connaissance de la maladie, les lépreux retrouvent l’espoir d’une guérison sans trop de séquelles, leur permettant de réintégrer le foyer familial et de renouer avec leur occupation professionnelle.
La lèpre est donc curable et elle est, mieux encore, en perte de vitesse. Cependant, il ne faudrait surtout pas céder à la tentation de baisser les bras. Autrement, la maladie risque de faire un retour dévastateur, comme c’est le cas aujourd’hui de la tuberculose.
Sources : www.maroc-hebdo.press.ma
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