Il est presque impossible de déterminer une date précise pour
l'origine du Judeo-Arabe. Il est certain que les juifs dans la
péninsule Arabe ont employé une sorte de dialecte juif arabe
même avant les conquêtes islamiques. Désigné sous le nom d'
AL-YAHUDIYYA . Ce dialecte était semblable au dialecte arabe
dominant mais a inclus un certain vocabulaire hébreu et araméen,
particulièrement dans les domaines religieux et culturels.
Certains de ces mots d’emprunt sont passés dans le discours et
les écritures arabes. Nous n’avons pas de preuve que le
Judeo-Arabe Pré-Islamique ai produit une littérature spécifique,
différente de celle de ses contemporains arabes.
Après les grandes conquêtes de l'Islam, les juifs dans les
terres nouvellement conquises ont adopté la langue des
conquérants et ont commencé à incorporer l'arabe à leurs
écritures, développant lentement, parfois, leur propre dialecte
parlé.
Vers la fin du quinzième siècle, le Judeo-Arabe a subi un
changement important, car les juifs, ont commencé à se dissocier
des Arabes, aussi bien de la langue que de la culture. Ce
développement culturel s’est reflété dans la structure
linguistique et dans la littérature. Le Judeo-Arabe écrit à ce
moment-là a incorporé des éléments plus dialectaux, et de plus
en plus de travaux sont apparus en hébreu. Ce changement est
crucial dans la modification du Judeo-Arabe dans la période
médiévale.
La structure du Judeo-Arabe :
Comme d'autres langues juives, le Judeo-Arabe a une langue de
base, l'arabe et les dialectes locaux, et un grand composant
hébreu et araméen. Ce composant n'est pas limité à la sphère du
vocabulaire culturel-spécifique, mais est également trouvé dans
le lexique entier aussi bien que dans la phonologie, la
morphologie, et la syntaxe. Ces caractéristiques linguistiques
du Judeo-Arabe dans toute son histoire peuvent, avec une lecture
précise, être identifié dans les textes Judeo-Arabes. Voici
quelques exemples.
- Un exemple morphosyntaxique est l'utilisation de ILA arabe par
analogie au marqueur direct hébreu d'objet ET.
- L'insertion d'un mot hébreu ou arameen dans une expression ou
une phrase Judeo-Arabe :
Dans ליגי וקת אל משיח LI IJI OUKT MACHIAH 'de sorte que la
période du Machiah soit arrivée’ (Machiah est en hébreu)
Dans Had Gadia en judeo arabe remplacement du LI arabe par le DI
arameen (di zab li baba).
- Une traduction partielle d'un nom hébreu, בנאדר ברק
BNADIR BRAQ pour 'Bnei Brak'
- Une racine hébraique qui prend un modèle grammatical arabe
זכית 'que j'ai gagné '
- Orthographe rendant la prononciation des mots ou des noms
hébreux plus semblables à l'arabe: MASSA pour matsa en hebreux,
AMIN pour amen en hebreux
- Orthographe rendant la prononciation des mots ou des noms
arage plus semblables à l'hébreux: Zenzlane pour Jenjlane en
arabe, le son J n'existant pas en hébreux.
Orthographe :
Comme la plupart des autres langues juives, l’écriture
Judeo-Arabe emploie uniformément les caractères hébreux. Très
fréquemment les juifs ont adopté les conventions d'épellation de
l'orthographe Talmudique, utilisant les formes finales de
lettres hébreu et adaptant parfois des consonnes et/ou des
symboles existants comme signes de voyelle. Ainsi, l’écriture
hebraique symbolise la nature juive de la communauté ethnique.
Le Judeo-Arabe a utilise un orthographe spécifique pour
transmettre différents messages politiques, culturels, et
religieux , comme cela a été le cas dans d'autres langues
juives.
Il existe deux type d'écriture : une écriture majuscule et une
écriture en script. L'écriture dite "hetsi kolmos" est en
majuscule et est réservée pour les écrits officiels et les
écrits religieux. L'écriture en minuscule est utilisée pour la
correspondance journalière (voir les exemples ci après)
Particularités :
Les juifs du Maroc ont toujours considéré leur langage comme
différent de la langue locale, lui donnant un nom spécifique :
IL‘ARABIYYA DYALNA 'notre arabe’ par opposition a IL‘ARABIYYA
DILMSILMIN ‘ l’arabe des musulmans.'
En effet, le Judeo-Arabe parlé est parfois incompréhensible pour
les non juifs (il est évident que les langues juives écrites en
manuscrit hébreu soient incompréhensibles pour la plupart des
non-juifs).
Il arrive parfois que certains mots judeo arabes prennent
leur racine d'autres langues comme l'espagnol, ou même de
dialectes d'autres régions arabes qui ne peuvent pas être
trouvées dans les variétés non-Juives de l'arabe des musulmans,
du au fait que les juifs du Maroc ont migre par plein d’autres
pays.
Littérature :
Le Judeo-Arabe a beaucoup été écrit par les juifs pour des
traductions de textes hebraiques religieux. Cependant, il y a eu
également des traductions de la littérature non-Juive en
Judeo-Arabe incorporant souvent le langage figuré juif. Ceci
peut également être vu, par exemple, dans le Yiddish et le
Judeo-Espagnol.
Il existe aussi une littérature spécifique : textes parodiques
comme la ‘ketubbah’ et la ‘hashkabah’ de Haman associee a la
fête de pourim, complainte en judéo arabe sur l’incursion de la
tribu des Oudayas dans Fez el Jdid, poésies populaires comme Al
mahbub (l’amant) et Al Kaftan (le caftan), chroniques comme le
rabbin et le ‘fqih’ qui raconte une adecdote de Safi, et bien
d’autres.
Arielle
Tous mes remerciements a M. David Bensoussan qui m'a fourni les
illustrations de cette page et de la page suivante.
Ces documents ont été tirés de son livre Le Fils de Mogador,
Éditions Du Lys 5170 Hingston Montréal, Québec, H3X 3R4, Canada,
Tél /Fax : 514 483 5566.
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