Anthologie de la poésie du melhoun marocain - avec traduction
El kaoui interprété par Samy El Maghribi
EL KAWI - BOUAZZA DRIBGUI
Comprenez-moi mes frères ! pourquoi me critiquer ?
Laissez donc les choses à leur sort vaquer !
Je suis brûlé de braises occultes et incurables,
Leurs plaies après la guérison restent immuables !
Elles durent et me plongent dans de longues insomnies,
Où les tourments de l’amour sont infinis !
La bohème et les braises d’aimer m’accablent,
Fortifient ma douleur c’est incontestable !
J’en suis troublé ainsi le Ciel l’a décrété,
Je subis mon sort tout est réglementé !
Comme la sentinelle de nuit, je patiente,
Le poids de l’amour m’accable et me tourmente !
Pourquoi me critiquer entendez mes douleurs
Qui gémissent et pleurent mon cœur qui se meurt !
Comprenez-moi mes frères ! pourquoi me critiquer ?
Laissez donc les choses à leur sort vaquer !
Je suis brûlé de braises occultes et incurables,
Leurs plaies après la guérison restent immuables !
Elles durent et me plongent dans de longues insomnies,
Où les tourments de l’amour sont infinis !
La bohème et les braises d’aimer m’accablent,
Fortifient ma douleur c’est incontestable !
J’en suis troublé ainsi le Ciel l’a décrété,
Je subis mon sort tout est réglementé !
Comme la sentinelle de nuit, je patiente,
Le poids de l’amour m’accable et me tourmente !
Pourquoi me critiquer entendez mes douleurs
Qui gémissent et pleurent mon coeur qui se meurt !
L’amant erre souvent parfois il est serein,
Sans cesse troublé rien n’atténue son chagrin !
Saches que l’amour est un drame o toi qui me blâme !
Interroge donc ceux qui s’en réclament !
L’amour dompte les rois et ceux comme moi,
Fous de rage contre l’amant jamais ne ploient !
L’amour a dompté César et l’a laissé coi,
Il a asservi le sabre abbasside de surcroît !
Quelques-uns me critiquent avec démesure,
D’autres compatissent et disent c’est sa nature !
C’est ma nature ! j’aime et j’aimerai encore,
La splendeur des nymphes qui troublent mon corps,
Seuls les artistes m’apprécient sans remords,
Ils gémissent sur mes pleurs s’enquièrent de mon sort,
Mais les censeurs me critiquent avec outrance,
Vont même jusqu’à me sanctionner de démence !
Ils condamnent mes gestes ! que dire des leurs !
Demain chacun sera jugé sur sa valeur !
Que de gens m’ont critiqué ! j’en suis ahuri !
Mais par ces abus mes pêchés sortent amoindris.
On me connaît ! je ne veux de mal à personne,
Je n’agace point et la vindicte ne prône,
Je tiens mes distances et apaise mes tourments,
Je cogite sur l’amour et ses éléments,
Sans la passion point de conscience point de carence,
Ceux qui le renient connaîtront ses souffrances !
Mais qu’ils y gouttent ne serait-ce qu’une fois,
Ils verront sa ciguë ses lances qui foudroient !
Seuls me comprendront les foudroyés comme moi
Par les yeux mais quel sera leur désarroi !
Oui ! Les yeux ensorceleurs m’ont possédé,
Joues et grain de beauté m’ont inféodé,
Ils sont la source de mes maux et mon remède,
Ils sont la joie de l’amant ils le possèdent,
Ils sont ma raison d’être ils sont mon capital,
De toutes façons je leur voue une dévotion totale.
Mais montrez-moi donc qui soutiendrait le contraire,
Qu’il vienne donc et que nous levions ces mystères !
Mon ode s’achève et j’adresse mon salut,
Aux gens des Arts voue mon estime absolu.
Je leur suis fidèle je leur suis redevable,
Ils m’ont épanoui et c’est indéniable !
C’est par la grâce du Saint Patron de Fès
Que l’enchevêtrement de ma trame s’affaisse,
Je m’y rends et son eau désaltère ma muse,
Dès lors mon inspiration et mon verbe fusent !
J’ai atteint mon but que m’importent les potins,
0 chantre ! parle de moi cogne les pantins,
Mais laisse les ingrats à leur turpitude,
Et pour ceux qui montrent de la sollicitude,
Deux soixante-dix et sept* sont mon patronyme.
Je sollicite Dieu l’Auguste Magnanime,
Qu’il m’accorde son pardon et ne m’opprime.
(Anthologie de la poésie du melhoun marocain)-- F.Guessous.
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